Les
actualités du droit
Lecture attentive
du discours du Premier ministre:
La France se perd...
Gilles Devers

Jeudi 5 septembre 2013
Il n’y a pas de
décisions plus importantes que celles
qui conduisent au choix des armes, et
j’ai voulu relire en détail le discours
du Premier ministre devant l’Assemblée
pour l’affaire de Syrie. C’est long,
mais il faut prendre le temps, pour
mesurer le dérèglement des esprits qui
voit la France rompre avec le système de
l’ONU pour suspendre sa décision au vote
de la chambre de représentants des Etats
Unis, et commettre un acte d’agression
militaire. C’est grave, et le vieux
militant de Gauche que je suis, même
s’il n’y croyait plus trop, voit toute
une culture politique s’effondrer.
Définitivement orphelin de la Gauche…
Face à un crime
possible, l'ONU avec ses meilleures
équipes, enquête: pourquoi ne pas
attendre le résultat de l'enquête ?
La France, membre
permanent, du Conseil de sécurité,
affirme que pour une intervention
militaire contre un Etat souverain, un
mandat de l'ONU est souhaitable : non,
il est obligatoire, et par cette
violation flagrante du droit, la France
perdra sa place au Conseil de Sécurité
alors que d'autres grandes puissances -
Brésil, Inde, Afrique du Sud - , qui
respectent le droit, doivent y siéger.
La France veut
attaquer... pour permettre le dialogue
politique ! Or, ce dialogue (Genève 2)
est refusé par la Coalition Nationale
Syrienne (CNS) et pas par El-Assad. Et
l'attaque n'appellera pas le dialogue,
mais un riposte. Pas un mot sur le
risque d'engrenage militaire...
Et des flagrants
mensonges... Le Premier ministre prend
pour preuve des 1 500 morts le rapport
de Médecins Sans Frontières, alors que
MSF a publié un communiqué pour dire
qu'elle avait compté 350 morts, et que
ces constatations ne permettaient pas
d'établir la réalité d'un crime.
Avec de discours
devant l'Assemblée, la France se perd,
et on le doit au gouvernement de la
Gauche. Il faut en prendre acte, et
réfléchir à toutes les implications.
Le PM
« Monsieur le
président,
« Mesdames et
Messieurs les députés,
« Aux premières
heures du 21 août, à quelques kilomètres
du centre de Damas, près de mille cinq
cents civils dont des centaines
d’enfants sont morts asphyxiés dans leur
sommeil. Assassinés par le régime
syrien, dans ce qui constitue, en ce
début de siècle, le plus massif et le
plus terrifiant usage de l’arme
chimique ».
Commentaire :
Personne ne connait
le nombre de victimes. Les faits datent
du 21 aout, et le PM prend la parole le
4 septembre. La réalité d’une attaque au
gaz parait bien établie, mais aucune
liste nominative des victimes n’a été
publiée. Le PM ne peut en aucun cas
accréditer le chiffre de 1 500 victimes.
Le PM
« Ces faits, chacun
d’entre nous a pu les découvrir presque
immédiatement après ce drame, sur des
dizaines de vidéos. Des vidéos tournées
par des médecins, des voisins, des
parents à la fois terrifiés et
conscients du devoir d’informer le monde
sur l’horreur de ce qui venait de se
passer. Chacun d’entre nous a pu voir
les images abominables de l’agonie des
victimes, de ces cadavres d’enfants
alignés. Sur ces cadavres, pas une
goutte de sang, pas une blessure. Juste
la mort silencieuse par l’emploi des gaz
dont plus personne ne nie qu’ils aient
été utilisés cette nuit-là ».
Commentaire :
Le PM nous donne sa
preuve centrale, à savoir des vidéos
amateurs. C’est nul. Il n’a donc aucune
des seules preuves valables, à savoir
les examens médicaux légaux. Pourtant
1.500 morts, ça permet de faire un grand
nombre d’autopsie. Les « vidéos » du PM
montrent bon nombre de survivants, et
nous attendons les éléments médicaux.
Depuis le 21 août rien.
On a très très peu
d’information, et cela ne veut pas dire
que rien n’a été fait. Mais une enquête
criminelle telle que celle-là, sur
plusieurs sites et temps de guerre, est
d’une immense difficulté, et j’imagine
bien volontiers que les médecins ayant
fait des constations les ont réservés au
seul processus valable, celui des
experts de l’ONU, et non aux petits
requins, sous-traitant des services
secrets monnayant les « preuves » contre
des artiches. Monsieur le PM,
merci de ne pas nous prendre pour des
béotiens.
Le PM
« Au-delà de ces
images terrifiantes, de quoi sommes-nous
certains ? C’est pour en informer la
représentation nationale que j’ai réuni
ce lundi, avec les ministres des
Affaires étrangères, de la Défense et
des Relations avec le Parlement, les
présidents des deux chambres, des
commissions compétentes et des groupes
politiques de l’Assemblée nationale et
du Sénat. Le gouvernement en est
convaincu, la gravité du moment exige
transparence et dialogue républicain ».
Commentaire
La transparence ?
La gravité du moment exige transparence
et dialogue républicain… Non, bonhomme,
on s’en tape de ta transparence. Vu
qu’on parle de crime, on a besoin de
preuves documentées, comme il est de
rigueur pour les enquêtes
internationales. Il y a des grands pros
qui passent leur vie à travailler sur la
recherche des preuves, lors des grands
conflits. Donc, parle-nous de preuves de
niveau criminel, et garde ta
transparence pour l’aéroport de
Notre-Dame-Des-Landes.
Le dialogue
républicain ? Arrête de nous saouler
avec cette République à laquelle tu ne
comprends rien. Toutes les démocraties
votent, pas la France. Tu es ridicule à
soulever des principes qui te dépassent.
Le PM
« Nous sommes
certains de l’ampleur du bilan qui
pourrait atteindre jusqu’à mille cinq
cents victimes. Des évaluations
indépendantes comme celle de MÉDECINS
SANS FRONTIÈRES le confirment ».
Commentaire
Flagrant délit de
mensonge !
Voici le communiqué
de MSF du 28 aout 2013 (qui évoque le
chiffre de 355 morts).
Syrie - Les
déclarations de MSF ne peuvent pas
cautionner une action militaire »
« Ces deux derniers
jours, le gouvernement américain et des
responsables d’autres pays ont fait
référence à des rapports émanant de
différents organismes, dont Médecins
Sans Frontières (MSF), tout en indiquant
que l’utilisation d’armes chimiques en
Syrie était « indéniable » et pour
désigner les auteurs de l’attaque.
MSF souligne
aujourd’hui que ses informations
médicales ne peuvent être utilisées
comme preuve pour attester l’origine
précise de l’exposition à un agent
neurotoxique ni pour attribuer une
responsabilité.
Le 24 août, MSF a
déclaré que trois hôpitaux soutenus par
l’ONG dans la région de Damas en Syrie
ont indiqué avoir reçu
3 600 patients souffrant de symptômes
neurotoxiques, dont 355 seraient morts.
Bien que nos
informations fassent état d’une
exposition de masse à un agent
neurotoxique, MSF a clairement déclaré
qu’une confirmation scientifique de la
nature de l’agent toxique était
nécessaire et qu’une enquête
indépendante était par conséquent
nécessaire pour faire la lumière sur ce
qui constituerait, en cas de
confirmation, une violation grossière et
inacceptable du droit humanitaire
international. MSF a également précisé
qu’en tant qu’organisation humanitaire
médicale, elle n’était pas en mesure
d’établir la responsabilité de cet
événement.
Alors qu’une
enquête est maintenant menée par des
inspecteurs des Nations-Unies, MSF
refuse que ses déclarations soient
utilisées comme un substitut à l’enquête
ou comme une justification à une action
militaire. MSF qui est une organisation
humanitaire médicale indépendante a pour
unique mission de sauver des vies,
d’alléger les souffrances des
populations plongées dans le conflit
syrien et de témoigner face à des
événements très importants, dans le
strict respect des principes de
neutralité et d’impartialité.
Cet afflux massif
de patients présentant des symptômes
neurotoxiques dans la région de Damas
vient s’ajouter à une situation
humanitaire déjà catastrophique à
laquelle est confrontée la population
syrienne. Cette situation est
caractérisée par une violence extrême,
des déplacements de populations, la
destruction de structures médicales et
de sévères entraves à l’action
humanitaire, voire même (sic) son
blocage. »
Evidemment que le
PM connait ce communiqué de MSF. C’est
un faussaire.
Le PM
« En analysant les
vidéos que nous avons authentifiées, nos
propres services sont parvenus au
constat que toutes les victimes étaient
localisées dans des quartiers contrôlés
par l’opposition. Tous les symptômes
observés sont cohérents avec une
intoxication aux agents chimiques. Nous
avons des éléments en notre possession,
comme en celle de nos alliés, qui
indiquent que du gaz sarin a été
utilisé. Nous sommes certains que la
Syrie dispose de l’un des stocks d’armes
chimiques les plus importants du monde :
plus de mille tonnes d’agents chimiques
de guerre et des dizaines de vecteurs ».
Commentaire
C’est tout le
travail de la commission d’enquête. Des
experts rodés à ce genre de situation
criminelle, qui ont passé une semaine
sur place, demande quinze jours à trois
semaines pour mesurer ce qu’il est de
l’attaque chimique. Il restera ensuite
l’enquête sur l’imputabilité, qui n’a
pas commencée. Ce sera une autre équipe,
et bon courage à ceux qui vont en faire
partie, pour faire la part du vrai et du
faux, dans cette guerre de propagande
conduite dans un pays dévasté par la
guerre depuis deux ans…
Eux n’ont pas
commencé leurs travaux. Le PM affirme
tout savoir, mais on voit qu’il ne sait
rien.
Par exemple : PM,
peux-tu nous donner les horaires des
tirs, et les photos radar des
trajectoires dans les minutes qui
concernent l’impact d’un tir, dans telle
rue à telle heure ? Non, tu ne peux
pas ? Alors, camembert…
Le PM
« Nous sommes
certains que le régime syrien a déjà
employé l’arme chimique à plusieurs
reprises ces derniers mois, à une
échelle beaucoup plus réduite, dans le
but de reconquérir des zones tenues par
l’opposition et d’y semer la terreur.
Nous avons récupéré, grâce à nos
services, et analysé des échantillons
qui ont confirmé à Saraqeb ou à Jobar
l’emploi des gaz toxiques. Ces éléments
ont été immédiatement transmis aux
Nations Unies ».
Commentaire
Quels
renseignements ont été transmis ? on
n’en sait rien, et l’ONU s’en
contrefiche. Elle n’en a tiré aucun
renseignement, et Ban Ki-moon n’en a
jamais parlé.
Ce mois de mai, la
magistrate suisse Carla
Del Ponte, ancienne procureur au TPIY,
membre de la commission d'enquête indépendante
de l'ONU sur les violences en Syrie avait
déclaré : « Selon les témoignages que
nous avons recueillis, les rebelles ont
utilisé des armes chimiques, faisant
usage de gaz sarin. Nos enquêtes devront
encore être approfondies, vérifiées et
confirmées à travers de nouveaux
témoignages, mais selon ce que nous
avons pu établir jusqu'à présent, pour
le moment ce sont les opposants au
régime qui ont utilisé le gaz sarin ».
Transmis au PM qui
n’a pas le temps de lire les communiqués
de l’ONU...
Le PM
« Nous sommes
certains que cette attaque s’inscrivait
dans le cadre d’une offensive pour la
reconquête d’une zone clé qui commande
l’accès à Damas. Elle avait fait l’objet
de préparatifs dans les jours
précédents, incluant des mouvements
d’agents chimiques depuis les principaux
points de stockage du régime ».
Commentaire
Nous sommes
certains… On s’en tape de tes certitudes
médiatiques. Quelles sont tes preuves ?
Le PM
« Après l’attaque,
nous sommes aussi certains que des
bombardements intenses ont tenté d’en
effacer les traces. Oui, nous sommes
certains que l’opposition n’a pas les
capacités de conduire une opération
d’une telle ampleur. Aucun groupe
appartenant à l’insurrection ne dispose
des quantités d’agents chimiques
nécessaires, des vecteurs ou des
compétences pour mener à bien une telle
attaque ».
Commentaire
Ça, c’est la salade
du rapport des services secrets non
secrets… C’est assez consternant au
regard de la gravité des faits, et des
conséquences.
Le PM ne dit rien
dans son discours. Il annonce 1 500
morts, et cite MSF qui donne le chiffre
de 355. Il est incapable de donner les
heures et les quartiers d’impact.
Ce rapport des
services non secret ne vaut pas un rond
devant un tribunal.
Le PM
« Mesdames et
Messieurs les députés, c’est donc une
certitude : il y a bien eu une attaque
chimique massive le 21 août dans la
plaine de la Ghouta. Le régime syrien en
porte l’entière responsabilité. Cette
certitude, nous la partageons avec nos
partenaires américains, britanniques,
allemands, turcs. La Ligue Arabe
elle-même l’a confirmé, à l’occasion de
sa réunion ministérielle de dimanche
dernier, en évoquant la responsabilité
du régime. La recherche de cette
responsabilité n’entre pas dans la
mission des enquêteurs des Nations
Unies, comme vous le savez, mais ses
enquêteurs ne pourront que confirmer
l’usage de l’arme chimique ».
Commentaire
Flagrant délit de
mensonge.
Hier au siège de
l’ONU, Ban Ki-moon a expliqué que
l’enquête se faisait en deux temps :
d’abord les scientifiques, sur la
matérialité ; ensuite, les enquêteurs,
sur l’imputabilité. La responsable de
l’enquête sera la Haute Représentante
des Nations Unies pour les affaires de
désarmement, Angela Kane.
Obligé de mentir à
ce point, il faut que tu sois bien
faible, petit PM.
C’est la base de
tout : ne rien faire sans des preuves
incontestables.
Le PM
« Mesdames,
Messieurs les députés, face à ces faits
incontestables, que choisir ? L’action
ou la résignation ? Pouvons-nous nous
contenter de condamner, d’en appeler à
un sursaut de la communauté
internationale pour qu’enfin s’ouvrent
des négociations de paix qui ne viennent
pas ? »
Commentaire
Les faits ne sont
pas incontestables. Attend l’enquête…
C’est pas compliqué… Mais qu’est-ce
qu’il a pour ne pas comprendre ? Il est
niais ou il prend des cachetons ?
Assad s’est déclaré
d’accord pour participer à des
négociations de paix, le fameux Genève
2. C’est la coalition nationale syrienne
(CNS) qui a refusé, estimant qu’Assad
était trop fort en début d’année 2013,
et qu’il fallait d’abord l’affaiblir
militairement, en recrutant à tour de
bras des djihadistes (la France les
pourchasse au Mali, et les soutient en
Syrie).
Le PM
« À ces questions,
le président de la République a apporté
une réponse claire et conforme à la
mobilisation de la France depuis le
début de la crise syrienne. En effet,
nous avons été les premiers, la France,
à reconnaître la coalition nationale
syrienne, à lui apporter notre appui, à
répondre à l’urgence humanitaire, à
promouvoir une solution politique. Sans
relâche, nous avons multiplié les
échanges, les contacts pour chercher des
solutions à cette tragédie avec nos
partenaires européens, nos alliés, les
pays de la région, la Russie ou la
Chine ».
Commentaire
Très fier d’avoir
si vite reconnu la « coalition nationale
syrienne »,… cette construction
off-shore que conteste les militants
démocrates syriens, Qui Depuis deux ans
demandent qu’on les laisse trouver une
solution politique en interne. Rien ne
rapproche la population syrienne
sunnite, si instruite et ouverte au
monde, des intégralistes moyen-âgeux
d’Arabie saoudite, qui ne s’intéressent
à la Syrie que pour combattre
l’influence chiite iranienne.
L’Arabie saoudite
est la pépinière des djihadistes les
plus frapadingues, avec en figure de
proue la famille Ben Laden. Quel jeu
joue la France en soutenant l’Arabie
saoudite (signature d’un contrat d’un
milliard d’euros d’arment la semaine
dernière) ???
Le PM
« Ne pas réagir, ce
serait tolérer que demeure impuni un
recours massif à l’arme chimique. Ne pas
réagir, ce serait adresser à Bachar El-Assad
et au peuple syrien un message terrible
: l’arme chimique peut être utilisée
demain à nouveau contre Damas, contre
Alep, de façon peut-être encore plus
massive ».
Commentaire
C’est tout ? Quel
nul ?
Qui parle
d’impunité ? Les gens sérieux parlent de
preuves. Hier Poutine a rappelé que si
des preuves étaient rapportée
(matérialité et imputabilité), toutes
les options étaient possibles devant le
Conseil de sécurité. PM, on te demande
d’attendre la fin de l’enquête.
Lâche-nous…
Le PM
« Ne pas réagir, ce
serait mettre en danger la paix et la
sécurité de la région tout entière, mais
aussi, au-delà, nos propres sécurités.
Car - je pose la question - quelle
crédibilité auraient, ensuite, nos
engagements internationaux contre la
prolifération des armes de destruction
massive, y compris l’arme nucléaire ?
Quel message enverrions-nous à d’autres
régimes ? Et je pense, bien sûr, comme
vous à l’Iran ou à la Corée du Nord. Ce
message serait malheureusement clair :
vous pouvez continuer ; la possession de
ces armes vous confère l’impunité ; la
division de la communauté internationale
vous protège. Ne pas réagir, ce serait
enfin fermer la porte à un règlement
politique du conflit syrien ».
Commentaire
Chères amies, chers
amis… Lisez de près cette propagande.
Le mec, qui s’est
mis dans le pétrin tout seul,
t’accuses : ne pas réagir, c’est tolérer
et encourager… Oui, c’est pile ce qu’on
déplore à propos d’Israël, et du rapport
d’enquête Goldstone, qui celui-là existe
depuis septembre 2009, mais dont la
France se contrefiche…
C’est fou cette
obnubilation… On ne leur demande pas de
« ne pas réagir », mais de réagir de
manière responsable face un crime
possible, et alors que les meilleures
équipes de l’ONU sont en plein travail.
Le PM se fout du monde, et j’imagine ce
que ces grands experts pensent de ce
dadais voulant lancer une guerre à
partir de vidéos…
La France est
entrain se sortir du monde du droit,
s’en est à pleurer.
Le PM
« Oui, Mesdames et
Messieurs les députés, la solution à la
crise syrienne sera politique et non
militaire. Mais regardons la réalité en
face. Si nous ne mettons pas un coup
d’arrêt à de tels agissements du régime,
il n’y aura pas de solution politique.
Car quel serait l’intérêt du dictateur
syrien, de Monsieur Bachar El-Assad de
négocier tant qu’il croit qu’il peut,
comme il l’a encore répété au début de
la semaine, « liquider » - ce sont ses
propres termes -, je le répète, des mots
terribles, « liquider » son opposition,
notamment au moyen d’armes qui sèment la
terreur et la mort ? »
Commentaire
La France n’a aucun
droit de punir. Punir, c’est le crime
d’agression. Ban K-Moon l’a redit hier à
l’ONU, et la Droite l’a rappelé hier à
l’ONU : « pas d’opération en dehors des
frontières, hors le cas d’accord de
coopération militaire, sans un mandat de
l’ONU. C’est trop compliqué à
comprendre ? C’est aussi ce que
dit Poutine, et 95% des Etats de la
planète…
Ensuite, le PM
peut-il nous expliquer quelle opération
militaire il va conduire, et comment
cette opération militaire, va ouvrir
vers le dialogue politique ? Une
punition ouvrira vers des représailles,
et que fera la France après les
représailles ? On veut une réponse !
Le PM
« Pour toutes ces
raisons, le président de la République a
fait le choix courageux de l’action, le
choix d’une action légitime, d’une
action collective, d’une action
réfléchie. Légitime, d’abord, car le
régime syrien a massivement violé ses
obligations internationales. En
employant l’arme chimique, Bachar El-Assad
a violé ses obligations au titre du
protocole de 1925, qui en prohibe
l’usage, et que la Syrie a ratifié en
1968. Il a bafoué le droit international
humanitaire en menant des attaques
indiscriminées, interdites par les
conventions de Genève. Il s’est rendu
coupable d’un crime de guerre. Il a
commis ce que le secrétaire général des
Nations Unies a qualifié lui-même de
crime contre l’humanité. En plus de ces
violations, le régime syrien a refusé
constamment de coopérer avec la
communauté internationale en empêchant
l’accès de la commission d’enquête
internationale sur les droits de
l’homme, en s’opposant, pendant cinq
mois, à la présence des inspecteurs sur
les armes chimiques, en écartant les
différentes tentatives de cessez-le-feu,
en multipliant les obstacles à l’action
humanitaire ».
Commentaire
Deux gros
mensonges, encore…
La Syrie a ratifié
le traité sur les armes chimiques de
1925… Oui, mais elle n’a pas ratifié le
traité de 1993 qui se substitue à celui
de 1925, et qui est opératoire. La Syrie
explique qu’elle refuse de ratifier, car
Israël n’a pas ratifié le traité…
Le PM ose
affirmer : « Il a commis ce que le
secrétaire général des Nations Unies a
qualifié lui-même de crime contre
l’humanité ». Ban a dit que si le fait
est avéré, et selon l’ampleur, ce peut
être un crime contre l’humanité. Mais il
s’est bien gardé de toute accusation,
avant le dépôt des rapports d’enquête.
Et puis, il
faudrait être franc. L’arrivé des
mercenaires djihadistes est une données
certaine, et sans ces combattants
étrangers, le sort de la guerre serait
très différent. Comment la France
peut-elle justifier le financement de
djihadistes pour renverser un
gouvernement légitime ?
Le PM
« Bien sûr, une
autorisation explicite du Conseil de
sécurité serait souhaitable. Mais,
Mesdames et Messieurs les députés,
regardons la réalité en face. Depuis
deux ans et demi, la Russie et la Chine
ont bloqué toute réponse à la tragédie
syrienne, y compris en opposant, à trois
reprises, leur veto. Notre tentative,
celle de la France, il y a une semaine,
d’un projet de résolution autorisant une
riposte ferme à l’attaque chimique du 21
août, a elle-aussi été stoppée net.
C’est malheureusement la réalité ».
Commentaire
Une autorisation
explicite du Conseil de sécurité n’est
pas souhaitable, elle est indispensable.
Lire cela, c’est très grave de la part
de la France. Ce n’est plus la France.
C’est Saddam Husein qui part attaquer le
Koweit… L’agression d’un Etat souverain…
La politique de la France devient
criminelle…
Le PM
« La gravité de la
menace, associée à l’emploi de l’arme
chimique, nous oblige à agir. L’action
que nous envisageons est réfléchie et
collective. Le président de la
République l’a indiqué, elle devra être
« ferme et proportionnée ». Ponctuelle,
elle devra viser des objectifs
significatifs mais ciblés. Il n’est pas
question, il ne sera jamais question
d’envoyer des troupes au sol. Il n’est
pas question d’engager des opérations
militaires pour renverser le régime.
Mais, bien entendu, nous souhaitons le
départ de Bachar El-Assad qui n’hésite
pas à menacer directement la France,
notre pays, et qui croit même, Mesdames
et Messieurs les députés, intimider la
représentation nationale ».
Commentaire
C’est vraiment nul.
Quelle est la politique de la France au
Moyen-Orient ? C’est cultiver l’émotion
devant des vidéos ?
« nous oblige à
agir » : oui, mais pas à violer le droit
international. « L’action que nous
envisageons est réfléchie et
collective » : accord avec les US,
l’Australie et l’Arabie Saoudite, et
c’est tout ! Et quid de l’ONU ? La
Fiance, membre permanente du conseil de
Sécurité depuis 60 ans oublie l’ONU ?
Qu’elle s’attende à des retours de
flamme cruels, quand les grandes
puissances du moment – Inde, Brésil,
Afrique du Sud – lui demanderont de
laisser la place, car elles auront
respecté le droit. Les Socialistes ont
tout vendu. Je suis écœuré.
Le PM
« Oui, nous
souhaitons son départ dans le cadre
d’une solution politique en faveur de
laquelle la France continuera à prendre
l’initiative. Notre message est clair :
l’emploi d’armes chimiques est
inacceptable ! Nous voulons à la fois
sanctionner et dissuader, répondre à
cette atrocité pour éviter qu’elle ne se
reproduise. Nous voulons aussi montrer à
Bachar El-Assad qu’il n’a pas d’autres
solutions que celle de la négociation ».
Commentaire
Redite
incantatoire. Toujours pas une référence
au droit international.
Si la France veut
donner l’exemple pour la « ligne
rouge », elle pourrait instituer par la
loi un régime de compétence universelle.
Ce serait là une réponse sérieuse. Mais
la Franc ne le fera pas, car la loi
menacerait ses alliés. Le PM qui prend
ses airs de chef de guerre est vraiment
un bouffon.
Le PM
« Certains nous
disent qu’une réaction compliquerait
encore la situation. Mais, là aussi,
j’en appelle à votre lucidité. La
déstabilisation des pays de la région,
qui font face à l’afflux de plus de deux
millions de réfugiés, est aussi une
réalité. L’inaction face aux souffrances
du peuple syrien fait le lit des
extrémistes. Ne pas laisser impunis les
crimes du régime syrien, c’est au
contraire le moyen pour nos démocraties
de conforter, comme il le faut,
l’opposition syrienne modérée. C’est
ainsi que nous serons fidèles à nos
valeurs, sur lesquelles se fonde
l’engagement de la France dans le monde.
La France a en effet une responsabilité
particulière. C’est une chance et c’est
aussi une exigence, qui contribue à la
grandeur de notre pays ».
Commentaire
Si la France a une
responsabilité particulière, c’est de
défendre le droit, et d’apporter dans le
monde une voix raisonnable, jamais
alignée sur les Eats-Unis. Or, ce sont
ces deux piliers que l’on voit sombrer
sous nos yeux.
Le PM
Après ça continue à
délirer… je n’en peux plus… Mais il faut
prendre le temps de lire, car c’est
grave, très grave. Parce que c’est le
premier ministre devant l’Assemblée
nationale… Parce qu’est la Gauche de
gouvernement.
Pas d’autre
solution que de s’opposer.
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