Actualités du droit
Assassinat de
Kadhafi : Où est la Justice ?
Gilles Devers

Mercredi 3 octobre
2012
Le quotidien italien
Il Corriere della Sera est l’un des
grands journaux européens, pilier de ce
que représente la liberté de la presse.
On est d’accord ou non, mais le journal
est respecté. Or,
Il Corriere della a publié lundi un
papier très documenté expliquant que le
chef d’Etat Muammar
Kadhafi aurait été tué par un agent
secret français, le 20 octobre
2011, près de Syrte.
L’assassinat de Kadhafi résulte des plus
graves illégalités.
D’abord, prétextant comme de la
résolution de l’ONU qui permettait une
zone d’exclusion aérienne, les petits et
grands nerveux de l’OTAN, et leurs
sponsors pétroliers, ont décidé de
renverser le pouvoir et de tuer le chef
de l’Etat libyen.
Ensuite, les conditions ayant permis de
localiser le convoi de Khadafi, et le
lynchage qui avait suivi… Tout puait la
mort programmée.
Bien des infos filtraient, mais cette
fois-ci c’est,
Mahmoud Jibril, ancien Premier ministre
du gouvernement transitoire, dont le
parti a gagné les élections législatives
et qui devrait emporter la
présidentielle à venir, qui a affirmé à
la chaîne égyptienne Deam TV : « C’est
un agent étranger infiltré dans les
Brigades révolutionnaires qui a tué
Kadhafi ».
La troïka – US, GB et France – voulait
la mort de Kadhafi pour éviter un procès
public.
Il Corriere della Sera
ne s’est pas contenté de reprendre la
déclaration de
Mahmoud Jibril. Le journal a enquêté en
Libye et a recueilli les explications de
Rami El-Obeidi, l’ancien responsable des
relations avec les agences de
renseignements étrangères pour le compte
du Conseil national de transition.
Celui-ci explique que Kadhafi s’était
réfugié dans son fief de Syrte et qu’il
a été localisé quand il a utilisé son
téléphone satellite Iridium. La suite,
c’est les tirs sur le convoi, la foule
qui débarque, et une balle tirée en
pleine tête, par un agent français
explique Mahmoud Jibril, le dirigeant de
la Libye et grand ami de la France.
Après, démarrent les hypothèses, genre
concours de mensonge et grosses manips,
diverses et variées.

Ici, je ne ferai que quelques rappels :
-
Kadhafi était le dirigeant légitime d’un
Etat, reconnu à l’ONU ;
-
il
n’existe aucune résolution de l’ONU
autorisant le renversement du pouvoir
libyen par une coalition internationale
;
-
l’assassinat commis dans le cadre d’un
conflit armé est un crime de guerre ;
-
la CPI avait délivré un mandat d’arrêt
contre Kadhafi, et le fait que son
accusé a été assassiné doit l’obliger à
enquêter sur les causes ;
-
alors même que le Liban est un pays
souverain et
démocratique, un consensus s’est
dégagé pour que le Conseil de sécurité
crée un tribunal international spécial
pour l’attentat contre Rafic Hariri ;
-
un Français qui commet un crime à
l’étranger relève de la juridiction
française ;
-
la justice libyenne n’enquête pas sur
ces faits, malgré les informations
publiques données par son dirigeant
politique.
Dans ce genre d’affaire, le but des
services secrets est la manip’ des
opinions publiques, oki.
Mais l’absence de réaction judiciaire à
cet assassinat d’un chef d’Etat – en
Libye, en France, à la CPI – rappelle
l’actualité de cette théorie funeste :
malheur aux vaincus.
Elle souligne aussi que, camouflé
derrière les discours bienheureux des
boboïstes affiliés à BHL, s’impose une
réalité beaucoup plus rude : toutes les
vies ne se valent pas.
Et çà, personne ne devrait l’accepter.

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