Le monde imaginaire du « Monde »
Déconstruction
d'un discours journalistique
François Belliot
Samedi 25 août 2012
« Le Monde »
a consacré un éditorial et une page
complète pour affubler le Réseau
Voltaire de positions ridicules dans son
traitement de l’affaire Mohammed Merah.
Problème : à la date de publication de
la pseudo enquête du « Monde », le
Réseau Voltaire n’avait rien publié sur
ce sujet. Les positions qui lui sont
attribuées par « Le Monde » sont de pure
invention et illustrent l’hystérie de la
rédaction du quotidien atlantiste à
notre égard. Au demeurant, le problème
est plus vaste et plus profond qu’il n’y
paraît : depuis une décennie, « Le Monde
» supporte mal la concurrence
intellectuelle non-commerciale de
certains sites internet. À défaut de
pouvoir leur opposer des arguments, il
tente donc de les discréditer par
l’injure, en les qualifiant abondamment
de « complotistes » ou de «
conspirationnistes ». Dans une analyse
précise de la production du journal
auto-proclamé « de référence », François
Belliot dissèque cette rhétorique
diffamatoire.
C'est avec stupeur et
indignation que j’ai découvert, le 21
juin dernier, l’éditorial du Monde
intitulé « L’affaire Merah et les
ravages du complotisme » [1],
et le dossier associé en page 13 signé
Soren Seelow, composé de deux articles :
« Voyage au pays des
conspirationnistes » [2],
et « Tentative de déconstruction d’un
discours conspirationniste » [3]
[L’ensemble de ces articles est
téléchargeable au bas de cette page.].
Je comprends qu’un dossier un tant soit
peu développé comporte des errances et
des approximations, maintenant, que dans
un journal « de référence » comme
Le Monde, on puisse relever des
erreurs, des mensonges, des outrances,
et des amalgames tendancieux dans des
quantités aussi prodigieuses, voilà qui
est plus inattendu et scandaleux.
Dans un contexte où la méfiance des
citoyens envers les médias de masse est
grandissante, il m’a semblé à propos de
faire une mise au point sur les
manquements gravissimes que manifeste ce
dossier du Monde prétendant, via
les polémiques suscitées par l’affaire
Mohamed Merah, faire le procès des
prétendus « complotistes », et
autres « conspirationnistes ». Je
pourrais céder à la tentation, de la
même façon que nombre de «
journalistes » évoquent les «
conspirationnistes » comme une armée
de clones sans visages reliés à un
cerveau unique, primaire, et antisémite,
d’englober dans ma critique l’ensemble
des journalistes et contributeurs du
Monde. Cependant, je sais que chaque
être humain a sa complexité, et qu’il
existe (même dans une armée de clones),
des nuances entre les opinions. J’ose
aussi espérer que certains journalistes
au Monde ont été choqués par
cette agression en règle d’une grande
violence à l’encontre d’une catégorie de
citoyens englobés dans le terme de «
conspirationnistes ».
Les seules cibles de cet article sont
donc l’auteur anonyme de l’éditorial,
Soren Seelow, le président du directoire
du Monde, Erik Israelewitz, et
l’ensemble des 20 membres du conseil de
surveillance de ce « journal ».
Comme vous le remarquerez, je parle
peu de l’affaire Merah en elle-même dans
cet article. Partant du constat que
l’ensemble d’auteurs ayant contribué au
dossier ne font que la survoler, je me
suis senti autorisé à les imiter en me
concentrant sur la façon qu’ils avaient
choisi de traiter le sujet suivant : «
L’affaire Merah et les ravages du
complotisme ». J’analyserai dans un
premier temps l’éditorial non signé
occupant la Une de l’édition du 21 juin
du Monde, dont le but est de
faire le procès du « complotisme
», relativement à l’affaire Merah,
éditorial qui ne contient aucun fait, et
que des accusations. Dans un second
temps je reviendrai longuement sur deux
articles de Soren Seelow, le premier en
particulier, dont la fonction est
apparemment de donner des arguments et
des faits à l’appui de ces accusations.
Un
éditorial incitant à la haine contre les
«
conspirationnistes
»
La première chose qui frappe à la
lecture de cet éditorial est le nombre
impressionnant de termes et expressions
péjoratifs et insultants à l’encontre
des prétendus « complotistes ».
Cela commence fort avec le titre qui
évoque les « ravages du complotisme
». À la quatrième ligne, l’auteur
s’indigne de ce qu‘ « une partie de
la blogosphère française se repaît déjà
d’infâmes théories conspirationnistes
». Aussitôt après il annonce que «
sur nombre de sites fleurissent les
théories du complot les plus délirantes
». En bon médecin il met en garde contre
cette « pathologie » et avertit :
« Ce n’est pas inoffensif ni
confidentiel, c’est grave et dangereux
». L’éditorial se conclue dans la même
veine moralisatrice tout en accusant à
mots à peine couverts les «
complotistes » d’être des criminels
: « On a trop critiqué le principe
des lois mémorielles pour justifier la
moindre censure. Ce n’est pas à la loi
d’intervenir, mais à la presse de
décrypter ces sites, de les prendre au
sérieux et de démonter les fariboles
qu’ils véhiculent. Parce qu’il y a des
fariboles qui tuent. »
Comme si cette sémantique abondante
et hostile ne suffisait pas, il n’hésite
pas à accuser insidieusement l’ensemble
des sites indépendants qui remettent en
cause la version officielle de l’affaire
Merah d’être mus par l’obsession du
complot juif : « Dans un cas comme
dans l’autre, les sites désignent le «
vrai » responsable : « les Israéliens »,
le « sionisme international »,
l’impérialisme occidental anti
islamique, etc. C’est la version 2.0 des
sinistres Protocoles des sages de Sion :
le Complot Juif. »
Conscients peut-être que cette
abondante et violente sémantique
pourrait donner l’impression qu’il n’est
mu que par la haine, et le désir de
jeter en pâture à la vindicte populaire
toute une catégorie de citoyens, il
prend soin péniblement de lui donner un
semblant de base solide. Le Monde,
dit-il, va procéder à un travail de «
décrypt(age) » des sites «
complotistes ». « La presse,
assure-t-il, a déjà pointé les
contradictions des récits de la police
». Il reprend le verbe « décrypter
» à la fin de l’éditorial, que suit en
bas à droite la promesse d’une « web
enquête ».
En plus de ce vocabulaire «
technique », il s’abrite sous l’aile
d’un intellectuel en pain d’épice en la
personne de Pierre-André Taguieff, qui
dans son essai La foire des illuminés
aurait « bien montré » le
caractère délirant de la pathologie
conspirationniste. Avec une grande
hardiesse, l’éditorialiste annonce,
alors que les juges n’ont pas clos leur
enquête, que « la réalité des crimes
de Merah ne fait aucun doute ». À
titre personnel, je ne tiens pas du tout
à prendre le risque, comme il le fait,
de me substituer à la justice (tout en
adoptant le ton du policier politique).
Néanmoins, cet éditorial m’a donné, au
moins, l’envie de vérifier la solidité
des deux articles pleine page de M.
Seelow, dont le dessein est d’appuyer ce
réquisitoire envers les dénommés «
complotistes ». Ces derniers,
prétend l’éditorialiste, « n’ont que
faire des détails sur les crimes
perpétrés par Mohamed Merah. » Ah
bon ? Chiche… Entrons donc dans le «
détail » de l’article de M. Seelow,
et voyons si, pour commencer, les
journalistes du Monde appliquent
à eux-mêmes les règles que les gens
comme M. Seelow prétend enfreintes sur
les fameux « sites conspirationnistes
».
L’article de
Soren Seelow, un tissu d’approximations,
d’erreurs, et de mensonges
Pour information, je me dois
d’avertir le lecteur que Soren Seelow
est le journaliste du Monde qui a
été chargé de suivre le siège de
l’appartement de Merah par le RAID à
Toulouse. En confiant toute la page 13
du numéro du 21 juin à M. Seelow, la
direction du Monde pensait donc
s’appuyer sur l’un de ses journalistes
les mieux informés sur cette question.
Cette précaution s’est malheureusement
révélée insuffisante.
Je mettrai successivement en lumière
les points suivants :
1) l’analyse des sites internet réalisée
par Soren Seelow est partiale et
truquée.
2) Les « autorités » sur
lesquelles il s’appuie, loin de
légitimer l’argumentation de l’article,
jettent sur lui le doute et le
discrédit.
3) Loin de faire la lumière sur
l’affaire Merah, sous bien des aspects
cet article peut être regardé comme un
article « conspirationniste. »
4) La façon dont les conspirationnistes
sont évoqués est réductrice et
tendancieuse.
5) la comparaison entre l’affaire Merah,
de la VO du 911, et de l’affaire Strauss
Kahn n’a aucun sens et est très mal
faite.
6) Le second article de M. Seelow
présente les mêmes erreurs de méthode et
de parti pris que le premier
Entrons à présent dans le « détail ».
Une analyse
partiale et truquée des sites internet
remettant en cause la version officielle
de l’affaire Merah
L’éditorial promettait un «
décryptage » des sites dits «
conspirationnistes » remettant en
cause la version officielle de la mort
de Mohamed Merah, tout en annonçant
d’emblée que « dans un cas comme dans
l’autre », ils désignaient comme «
vrai responsable » « les
Israéliens ». L’article de Soren
Seelow devait donc passer en revue
l’ensemble des sites «
conspirationnistes » et justifier de
la façon la plus circonstanciée une
accusation aussi précise. C’est ainsi
que le journaliste commence par énumérer
un certain nombre de sites : «
Sott.net, le Réseau Voltaire,
Mecanopolis, Oulala.net ou
Legrandsoir.info ».
Cette liste semble annoncer une «
webenquête » exhaustive, mais… un
seul site, finalement est passé au
crible, Sott.net, et pour être
précis un seul article de Sott.net,
rédigé par Joe Quinn [4].
Au vu de la pléthore d’articles
perplexes consacrés aux zones d’ombre de
l’affaire Merah, jusque dans des
quotidiens comme Libération (voir
par exemple la Une du numéro du 23
mars), ce n’était pourtant pas le choix
qui manquait. M. Seelow a-t-il procédé
ainsi par manque de place dans la pleine
page mise à sa disposition pour asseoir
les fondations de l’éditorial ?
Apparemment pas puisque ce journaliste
consacre pas moins de 20 lignes à cet
article, qu’il cite et commente à trois
reprises, et dont il se sert comme fil
directeur, comme si Sott.net et
cet article en particulier étaient
représentatifs de ce qu’il appelle la «
complosphère ».
«
Libération » du 23 mars 2012 souligne en
Une les zones d’ombres de l’affaire
Merah.
Le quotidien a t-il eu raison de se
poser des questions ou a t-il été
contaminé par le « conspirationnisme » ?
M. Seelow, pour
justifier sa focalisation sur cet
article et ce site explique qu’il «
occupe une place de choix dans la
complosphère ». J’ai procédé à un
petit sondage parmi celles de mes
connaissances qui fréquentent à
l’occasion les sites d’information
alternative indépendants. Je leur ai
demandé a) s’ils connaissaient le site
Sott.net b) si oui ce qu’ils en
pensaient. Résultat : 70/80 % d’entre
eux ne le connaissaient pas, et quant à
la crédibilité qu’ils lui accordaient,
les opinions étaient systématiquement
nuancées. Pour résumer, cela revenait à
« il y a du bon et du moins bon…
» Bref, M. Seelow a délibérément choisi
un site certes correctement fréquenté
sur la toile en France, mais dont la
crédibilité est mitigée auprès de ceux
que M. Seelow appelle les «
conspirationnistes ». Pour
information, le site Alexa indique que
Sott.net est au 7 000ème rang en
terme de fréquentation en France, quand
Legrandsoir.info et le Réseau
Voltaire se situent autour du 2-3
000ème (Mécanopolis : 15 000ème)
Classement Alexa au 20
août 2012
Domaine |
Rang
international |
Rang
français |
Legrandsoir.info |
98 206 |
2 865 |
Mecanopolis.org |
170 423 |
15 800 |
Sott.net |
23 446 |
7 246 |
Voltairenet.org |
19 153 |
2 068 |
Suite à la campagne de
dénigrement dont son directeur de
publication, René Balme, a fait
l’objet, le site Oulala.net a
été fermé le 21 juin 2012,
c’est-à-dire le jour même de la
publication de la « web-enquête
» du Monde.
Pourquoi avoir choisi Sott.net
? Peut-être parce qu’aucun des autres
sites ne pointe la responsabilité
d’Israël dans l’affaire Merah ? Bingo !
De fait, ni Legrandsoir.info, ni
le Réseau Voltaire, ni
Mécanopolis ne pointent cette
responsabilité. Pas un article publié
par ces trois sites sur les zones
d’ombre de l’affaire Merah ne va dans ce
sens.
Il faut remarquer d’ailleurs
l’absence de lien hypertexte sur le site
du Réseau Voltaire, qui
s’explique par le fait qu’à la date de
rédaction probable de cet article, ce
site n’avait pas publié un seul article
sur l’affaire Merah (le premier article
de M. Seelow date du 19 juin sur
Lemonde.fr). Lacune réparée depuis
avec une excellente série d’articles en
cours rédigée par Jean-Claude Paye et
Tülay Umay (1 et 2, le premier article
publié le 18 juin), article dans lequel
là encore aucune responsabilité d’Israël
n’est pointée [5].
Pour justifier l’assertion de
l’éditorial selon laquelle tous les
sites « conspirationnistes » sont
obsédés par le « complot juif »,
M. Seelow isole dans l’article de
Sott.net le début de phrase suivante
: « D’ailleurs - les véritables
cerveaux du terrorisme à l’échelle
mondiale - les Israéliens… », qui
s’inscrit dans un développement sur le
terrorisme intellectuel et la pensée
unique dans les médias de masse, pour
soutenir que l’article tout entier est
sous tendu par « l’arrière-plan »
que l’on imagine. Cela est léger,
d’autant que c’est l’unique occurrence
dans un article très long, et que
l’auteur, Joe Quinn, ne la relie pas à
son analyse de l’affaire Merah dont il
fait une analyse par ailleurs fouillée.
Ajoutons que ce détail isolé est le seul
qui a suffisamment attiré son attention
pour le pousser à prendre une position
extrêmement engagée, tandis qu’il entre
très peu dans les détails troublants de
l’affaire Merah évoqués par l’auteur de
l’article.
Le cas d’Oulala.net est plus
complexe et mérite un développement plus
ample. Le site Oulala.net était
un site d’information alternative fondé
par René Balme il y a une dizaine
d’années. Collaboratif et indépendant,
ce site présentait, jusqu’à sa fermeture
récente, une ligne éditoriale beaucoup
plus libre et ouverte que des journaux
commerciaux comme Libération ou
Le Monde. Or le 31 mai dernier,
en pleine campagne pour les élections
législatives, une pigiste de
Rue89.com, Ornella Guyet, publiait
une attaque féroce contre René Balme, le
maire de Grigny (Rhône) candidat aux
élections législatives pour le Front de
Gauche. Dans un article dénonçant «
une tache rouge brune dans la campagne
du front de gauche » [6],
elle l’accusait de collaborer à un site
à la « ligne éditoriale complotiste
», proche de « l’extrême droite la
plus sale », publiant des textes «
à connotation négationniste », «
antisionistes », aux « relents
homophobes ». Cette campagne lancée
par Ornella Guyet a été relayée les
jours suivants par des organes de presse
comme France Inter [7],
Streetpress.com [8],
Le Monde [9]
, ou Le Figaro [10].
Déstabilisé par ces accusations d’une
extrême agressivité, et s’estimant trop
mollement soutenu par son parti, René
Balme décide de démissionner du Front de
gauche à la fin des élections
législatives.
René Balme ayant décidé auparavant de
fermer le site Oulala.net, les
articles qui y ont été publiés sur
l’affaire Merah ne sont plus
accessibles. Maintenant, il suffit de
savoir d’où vient la rumeur pour se
convaincre de sa totale inconsistance.
Comme le rapporte Legrandsoir.info,
Mme Guyet, dans son « analyse » a
soigneusement sélectionné une poignée
d’articles sur les près de 6 000 publiés
depuis 10 ans qu’existait le site, elle
en a délibérément sortis certains du «
contexte de l’époque », elle en a
outrageusement surinterprétés d’autres
pour en faire des parangons de
l’extrémisme le plus échevelé, elle n’a
pas tenu compte du fait que certains de
ces articles avaient par la suite été
retirés par le comité éditorial d’Oulala.net.
Constatant toutes ces manipulations et
le contexte électoral dans lequel elles
interviennent, Legrandsoir.info
dénonce « une tentative d’assassinat
politique qui ne dit pas son nom ».
Ayant fait l’expérience cruelle et
directe des malversations dont Mme Guyet
est spécialiste, les journalistes du
Grandsoir.info sont bien placés pour
faire cette analyse. Le 28 mars dernier,
prenant pour cible ce site d’information
indépendant, elle avait écrit un article
incendiaire et calomnieux dénonçant «
les dérives droitières d’un site alter
» [11].
Une polémique s’était ensuivie avec
Acrimed dans laquelle Mme Guyet était
rédactrice et membre du Conseil
d’Administration [12].
Ornella Guyet ayant refusé de
s’expliquer devant le CA d’Acrimed, ses
membres se sont penchés sur ses méthodes
et ont reconnu cette pigiste multipliait
« les erreurs factuelles et amalgames
confusionnistes, extrapolations et
généralisations abusives », et l’a
virée pour dévoiement professionnel.
Legrandsoir.info relève pour sa part
dans les textes de Mme Guyet « des
fausses références, autocitations sous
différents pseudos ; faux dossiers
montés pour l’occasion et se renvoyant
les uns aux autres. »
M. Balme a par ailleurs démonté point
par point, le 2 juin sur son blog, et
dans son discours de fin de campagne le
6 juin, les calomnies propagées par Mme
Guyet [13].
M. Seelow, en publiant son couple
d’articles le 21 juin, avait forcément
en main tous les tenants et aboutissants
de la polémique. Or le site
Oulala.net est le seul avec
Sott.net sur lequel il en remet une
couche dans son premier article : Après
avoir cité Rudy Reichstadt, l’une de ses
autorités (voir point suivant), qui
énonce que « La complosphère est une
galaxie rouge/brune, qui s’agrège de
l’extrême gauche à l’extrême droite
autour d’un fond idéologique
anti-impérialiste », il enchaîne : «
Une collusion illustrée récemment par
le cas René Balme, candidat du Front de
gauche aux législatives qui hébergeait
sur son site, Oulala.net, des textes
d’extrême droite, antisémites et
complotistes. »
M. Seelow, plutôt que de rétablir la
réputation d’un homme au parcours
remarquable, a pris le parti de redonner
du crédit à une rumeur infâmante lancée
par une « journaliste » dont les
méthodes frauduleuses ont été
irréfutablement mises à jour. Il est
savoureux, au passage, de remarquer que
c’est précisément Legrandsoir.info
qui a apporté le plus de lumières dans
cette polémique, Legrandsoir.info
que M. Seelow ne pouvait évidemment pas
mentionner dans ce contexte puisqu’il
l’a situé au début de son article
(mensongèrement a-t-on vu), dans la
liste des sites « conspirationnistes
» obsédés, selon l’auteur de
l’éditorial, par le « complot juif
». Ce faisant il aurait été amené à
dire du bien du Grandsoir.info et
de M. Balme, ce qui était inconcevable
puisqu’ils faisaient partie de la
charrette de ceux qui étaient condamnés
d’avance.
Pour résumer sur ce premier point et
la « webenquête » du Monde.
L’un de ces sites, le Réseau Voltaire,
n’a rien publié sur l’affaire Merah au
moment où Le Monde publie son
dossier et n’a rien à faire dans cet
article. Deux de ces sites,
Legrandsoir.info et Mécanopolis
ont certes publiés des articles
remettant en cause la version officielle
de l’affaire Merah, mais aucun n’a
publié de texte dénonçant un «
complot juif », comme avancé dans
l’éditorial.
Pour le site Oulala.net, M.
Seelow a par erreur ou à dessein
prolongé une rumeur calomnieuse lancé
contre un homme à la réputation établie,
rumeur il est vrai relayée par le
journal qui l’emploie.
Il n’est finalement allé dans le
détail que d’un seul site parmi les 5
énumérés au début du premier article ;
circonstance aggravante, il n’est allé
dans le détail que d’un seul article de
ce site, et l’ensemble de cet article
allait si peu dans le sens de la thèse «
Mohamed Merah a été victime d’un coup
du Mossad », qu’il a été réduit à en
extraire un morceau non représentatif et
sorti de son contexte.
Ca commence bien…
Des autorités
extrêmement mal choisies
Passons maintenant aux diverses
autorités sur lesquelles l’auteur
anonyme de l’éditorial et M. Seelow
s’appuient pour asseoir leur propos.
Elles sont au nombre de trois :
l’essayiste Pierre André Taguieff, le
directeur du site
Conspiracywatch.info Rudy
Reichstadt, et le grand reporter de
guerre et spécialiste du terrorisme
Frédéric Helbert.
À tout seigneur tout honneur,
commençons avec Pierre-André Taguieff, à
qui l’éditorialiste a fait l’honneur de
faire référence en Une. Quand on cite
une autorité dans un emplacement aussi
royal, c’est qu’on a en lui une absolue
confiance, que l’on pense tenir là une
pointure incontestable dans son domaine
de compétence.
Pierre André Taguieff aurait donc «
bien montré », dans son livre
La foire aux illuminés, que pour les
« conspirationnistes » « les
faits n’ont guère d’importance » [14].
Un jugement aussi vague et succinct n’a,
si l’on y réfléchit, aucune espèce de
poids. À défaut de comprendre ce que
montrerait M. Taguieff, maintenant, on
peut se pencher sur certains éléments de
son CV, qui pourront utilement nous
renseigner au moins, sur la légitimité
de cet homme à être invoqué comme
caution intellectuelle dans ce genre de
polémique.
M. Taguieff s’est récemment signalé
par des positions d’une grande violence
envers Stéphane Hessel, a qui il
reprochait d’avoir appelé au boycott des
produits israéliens. Il n’a pas hésité à
accuser l’homme de n’avoir été, pendant
la Seconde Guerre Mondiale, qu’un simple
« résistant de bureau » au
prétexte qu’il aurait passé l’essentiel
de la guerre à Londres (de mai 1941 à
mars 1944) [15].
Certes, comme le remarque M. Taguieff,
l’homme n’a été un résistant de terrain,
que du début avril 1944 au 9 juillet
1944 ; mais dans l’intervalle il a tout
de même été arrêté par la Gestapo, qui
lui a fait subir le supplice de la
baignoire (même forme de torture que
celle systématisée à Guantánamo avec
l’onction de ses cousins
néoconservateurs au pouvoir aux
États-Unis), et Le 8 août il a été
déporté à Buchenwald, puis par la suite
à Dora. Comment interpréter autrement
ces positions outrancières sinon que M
Taguieff estime que, pour se revendiquer
résistant, Stéphane Hessel aurait dû
être torturé plus sévèrement et rester
prisonnier dans les camps plus longtemps
et dans des conditions plus rigoureuses
? M. Taguieff a relayé ces prises de
position sur le site Dreuzz.info,
auquel il participe en tant que
rédacteur, et dans le trombinoscope
duquel il s’affiche. Il est intéressant
de remarquer que dans la liste des
rédacteurs de ce site à l’orientation
pro israélienne évidente (M. Taguieff
est par ailleurs conseiller du CRIF),
apparaît le nom de l’historienne Bat
Ye’or, auteure en 2005 du livre
Eurabia : l’axe euro arabe [16].
Dans ce livre elle affirme qu’il existe
une entente entre les élites européennes
et les pays arabes afin de créer une
nouvelle unité géopolitique nommé «
Eurabie ». L’un des objectifs
majeurs du projet serait de battre en
brèche l’influence des États-Unis dans
la région. Les pays européens rompraient
avec l’alliance transatlantique
traditionnelle, opèreraient des
transferts de technologie massifs de
l’autre côté de la Méditerranée,
encourageraient l’immigration arabe en
Europe et la diffusion de la culture
arabo musulmane, et s’aligneraient sur
leur politique anti israélienne. Pour
certains commentateurs, la ressemblance
est saisissante avec le discours
antisémite traditionnel. Le journaliste
Johann Hari remarque par exemple qu’«
il y a des intellectuels britanniques de
Droite qui propagent une théorie du
complot sur les Musulmans qui ressemble
à s’y méprendre à un "Protocole des
Sages de Mahomet" du XXIème siècle.
Voyez Bat Yeor, une "universitaire" qui
explique que l’Europe est à la veille
d’être un continent conquis nommé
Eurabie ». Monsieur Taguieff a le
droit de s’associer avec qui il veut et
d’écrire ce qu’il veut, où il veut, sur
le ton qu’il veut ; maintenant, c’est
évidemment une énorme erreur de la part
de l’éditorialiste d’avoir invoqué comme
autorité, dans un article dénonçant «
les ravages du complotisme » un
intellectuel peu sérieux associé à des
gens qui défendent des théories
complotistes.
Rudy Reichstadt est, comme M. Seelow
l’indique, le fondateur du site
Conspiracywatch.info, un site qui se
propose de dénoncer les « théories du
complot » en tous genres. Avant
d’enfourcher ce cheval de bataille,
l’homme n’était cependant pas aussi
hostile que cela à certains angles
d’attaque conspirationnistes. Voyez par
exemple la façon dont il explique, en
2006, dans la Revue Républicaine
l’un des aspects de la stratégie du
futur président Sarkozy pour se faire
élire : « Il faut toutefois s’arrêter
un instant sur l’enjeu que représente la
communauté juive dans la stratégie
sarkozienne. En avril 2004, en visite à
Washington, celui qui était alors
ministre de l’Économie et des Finances,
n’a pas hésité à répondre favorablement
à l’invitation à déjeuner de
représentants de l’influent American
Jewish Comitee (AJC). Cette visite, qui,
selon les termes d’Esther Benbassa, "a
eu un impact très fort en France", prend
place dans une stratégie de conquête du
"vote juif" — aussi contestable que
puisse apparaître ce type d’expression —
qui ne doit rien à l’improvisation.
C’est que "beaucoup de juifs éprouvent
de la gratitude pour Nicolas Sarkozy",
comme l’affirme Roger Cukierman, le
président du CRIF. Le 30 mars 2006,
Nicolas Sarkozy s’est ainsi vu décerner
le prix de l’homme politique de l’année
par l’Union des patrons et
professionnels juifs de France (UPJF).
Accueilli avec enthousiasme jusque parmi
les rangs de l’Hachomer Hatzaïr,
association sioniste pourtant classée à
gauche, Nicolas Sarkozy doit sa
popularité auprès des organisations
communautaires juives à ses prises de
position fermes sur l’antisémitisme, à
son intransigeance sur la délinquance,
et à sa démarcation de la ligne
traditionnelle des gaullistes en terme
de politique étrangère. Il est en effet
l’un des rares présidentiables à
proposer aussi clairement de réorienter
la politique proche-orientale de la
France, jugée pro-arabe, en faveur d’un
soutien plus franc à l’État d’Israël,
comme peuvent en témoigner ses récents
propos sur la guerre du Liban. » [17]
Nicolas Sarkozy entretiendrait des
relations privilégiées avec la
communauté juive, et se serait appuyé
sur des lobbies pro israéliens pour
favoriser son élection ? Que cette
réflexion sonne étrangement de la part
du directeur d’un site qui répète à
longueur d’articles que les «
conspirationnistes » sont obsédés
par l’idée du « complot
judéo-maçonnique ».
Par ailleurs, puisque j’ai été amené
à évoquer l’affaire René Balme, il est
intéressant de noter que M. Reichstadt
est l’un de ceux qui a relayé avec le
plus d’enthousiasme et le moins de recul
critique la campagne de déstabilisation
du maire de Grigny. Sur son site
Conspiracywatch.info, il a consacré
pas moins de 5 articles (1, 2, 3, 4, 5)
à cette affaire dans lesquels il renvoie
un écho plus que complaisant aux rumeurs
calomnieuses lancées sur Rue89.com
par cette trouble Mme Guyet dont il a
été question plus haut [18].
Le poids de Rudy Reichstadt dans cet
article est très important. Dans le
premier article M. Seelow le cite à 6
reprises, longuement parfois ; une fois
dans le second. Dans ces citations,
aucun détail sur rien, simplement des
jugements psychologiques vagues, des
allusions perfides, des soupçons de
collusion avec les tenants du complot
judéo maçonnique, des généralisations
grotesques, du vent, et du vent mauvais
pour résumer. Ce morceau en donnera une
idée : « [Les conspirationnistes]
n’enquêtent pas, ils collationnent ce
qu’ils trouvent et le mettent en scène
de façon plausible. Ils agissent par
sous-entendus, pointent les zones
d’ombre comme autant de preuves et
excluent de leur démonstration ce qui
les gêne. Il arrive bien sûr que la
parole officielle mente, mais les
discours conspirationnistes sont
eux-mêmes mensongers et manipulatoires.
»
Preuve de l’admiration et de la
confiance que M. Seelow témoigne à M.
Reichstadt, signalons au passage que la
présente citation est copiée collée à
l’identique dans les deux articles ; à
moins que ce ne soit encore un des
innombrables indices qui indiquent que
nous avons là affaire à un dossier
inconsistant et bâclé.
Un trait
d’union entre Pierre-André Taguieff et
Rudy Reichstadt
Pour en finir avec ces deux «
autorités », je tiens à attirer
l’attention sur un point qui leur est
commun. Messieurs Taguieff et Reichstadt
sont tous deux liés à un think tank
nommé le Cercle de l’Oratoire, M.
Taguieff en tant que membre, M.
Reichstadt en tant que rédacteur dans la
revue qui en est l’émanation : Le
Meilleur des Mondes [19],
dont la raison d’être explicitement
affirmée, dans son premier numéro, est
de combattre les thèses de Thierry
Meyssan et d’Annie Lacroix-Riz. M.
Taguieff est par ailleurs membre du
comité éditorial de cette même revue et
fait partie des personnes les plus
relayées par M. Reichstadt sur son site.
Le monde est finalement petit, chez les
anticonspis…
Le Cercle de l’Oratoire, fondé peu
après les attentats du 11 septembre
2001, a pour vocation la défense de la
politique étrangère étasunienne. C’est
ainsi que le Cercle de l’Oratoire a été
un ardent promoteur de la très
controversée invasion de l’Irak en 2003.
On peut le qualifier de «
néoconservateur », au sens étasunien
du terme, dans la mesure où le Cercle de
l’Oratoire est lié au think tank
étasunien Project for a New American
Century (PNAC), qui regroupe des
personnalités comme Paul Wolfovitz,
Richard Perle, Dick Cheney, Donald
Rumsfeld. Des membres de ce think tank
avaient signé en 1999 un manifeste
intitulé Reconstruire les défenses de
l’Amérique, dans lequel était exposé
un projet de domination mondiale des
États-Unis au XXIème siècle par la voix
militaire.
Frédéric
Helbert
M. Seelow cite à trois reprises dans
son premier article une autorité que
pour le coup on peut qualifier de
pertinente, en la personne du grand
reporter et spécialiste du terrorisme
Frédéric Helbert. Depuis le tout début
l’homme suit l’affaire de près et
communique régulièrement sur son blog
sur les évolutions et rebondissements de
l’affaire [20].
Première citation : « On est dans une
histoire où tous les officiels mentent.
La communication est totalement
verrouillée. C’est du pain béni pour les
complotistes ! » Deuxième citation :
« Aucune de ces balles n’a atteint
Merah ni un seul membre du groupe
d’assaut [...] On peut supposer que les
policiers susmentionnés sont tombés en
état de choc lorsqu’ils ont réalisé que
trois cents cartouches tirées avec des
armes automatiques dans un 38 m2 avaient
toutes manqué leur cible ».
Troisième citation : « Le récit
officiel de l’assaut est incohérent. Six
à sept minutes de mitraillage dans 40
m2, 300 cartouches, 28 impacts de balles
sur le corps de Merah, c’est difficile à
croire. J’ai moi-même du mal à
comprendre. Rien n’a été clairement
expliqué, et ça ressort comme une hydre.
Quand on ne sait pas, on invente. À quoi
il faut ajouter que la mère de Merah n’a
pas pu voir le corps de son fils, qui
était dans un cercueil plombé. Et ça,
les complotistes adorent... » Nous
ne comprenons sans doute pas le français
de la même façon. Ce que ces citations
veulent dire, à mon humble avis, c’est
que Frédéric Helbert n’accorde qu’une
crédibilité très mince à la version
officielle de la mort de Mohamed Merah.
M. Seelow sur ce coup fait d’ailleurs
peut-être une erreur factuelle ;
commentant la seconde citation il dit en
effet : « Cette affirmation est
fausse ; près de trente impacts de
balles ont été retrouvés sur le corps de
Merah, qui portait un gilet de
protection. » En effet depuis une
photo du cadavre a été publiée qui, si
elle est authentique, le contredit
absolument, et je serais curieux de
savoir s’il est d’accord avec ce qu’en a
dit depuis M Helbert sur son blog, à
savoir que : « En prétendant apporter
une "pièce" (cette photo), qui
permettrait d’en finir avec les théories
complotistes, ou de clore tout débat sur
les conditions de l’assaut final du
tueur au scooter, le magazine
Entrevue, loin d’atteindre son but,
ouvre un nouveau chapitre sur les
mystères, les contradictions flagrantes,
et les invraisemblances de la version
officielle quant à l’issue de l’assaut
lancé il y a un peu plus de trois mois
contre le tueur jihadiste d’enfants et
de militaires. » L’homme est allé
encore plus loin quelques jours plus
tard en suggérant la possibilité d’un
mensonge d’État, et en affirmant que
Claude Guéant avait sans doute, en
considération de nouvelles informations
(les fameux enregistrements divulgués
par « 7à8 », qui eux aussi ne sont pas
encore authentifiés), menti. Je partage
la perplexité de Frédéric Helbert, que
M. Seelow a été décidément bien mal
inspiré d’invoquer comme autorité.
Un article à
la sémantique conspirationniste
Les trois citations qu’il fait de
Frédéric Helbert en donnent déjà une
petite idée : la version officielle est
tellement bancale qu’il est obligé, à
son corps défendant, de semer le doute
dans l’esprit des lecteurs. Dès la
première phrase M. Seelow concède que
l’affaire comporte des « zones
d’ombre », et que « les services
de renseignement ont eu "un rôle
trouble" ». Plus loin, il reconnaît
que « rien n’interdit de s’interroger
sur les innombrables questions laissées
ouvertes par cette affaire complexe et
les lenteurs de l’enquête » Il cite
le sociologue Pascal Froissard qui dit
que « toute thèse alternative n’est
pas délirante. » En effet, «
l’appareil d’État nous a abondamment
menti par le passé. Tchernobyl, la
maladie de Mitterrand, le doute est
plutôt sain. » Il évoque justement
la réaction d’Yves Bonnet, ancien
responsable de la DST, selon qui (sans
avancer de preuves, rappelle-t-il) : «
Merah a pu être un indicateur de la
DCRI ». Il concède plus loin que «
cette suspicion à l’égard de la
parole officielle a été largement
renforcée par la fantastique confusion
qui règne dans cette affaire. »
Frédéric Helbert va infiniment plus
loin dans la méfiance et la suspicion à
l’égard de la version officielle, mais
oui clairement, on sent que dans cette
version officielle il y a quelque chose
qui dérange M. Seelow, et qu’il ne
faudrait pas grand chose, finalement,
pour qu’il vire à son tour «
conspirationniste ».
En même temps on se pose des
questions sur la façon dont il
fonctionne. Quand la plus solide des
autorités sur lesquelles il s’appuie, à
savoir M. Helbert affirme ouvertement
que dans cette affaire « tout le
monde ment », il suggère en même
temps que tout individu qui émet une
interprétation alternative à la version
officielle s’appuie sur une méthode
faible ou est mue sur des motivations
idéologiques douteuses.
Cela n’est pas sérieux. Si tout le
monde ment, notre méfiance la plus
profonde ne doit-elle pas derechef se
mettre en éveil, et n’est-on pas fondé à
nourrir la plus méfiance la plus
profonde envers les fonctionnaires qui
ont menti, ce parfois au plus haut
niveau de l’État ? Pourquoi jeter la
pierre à je ne sais quels «
conspirationnistes », et ne pas
porter la suspicion, plutôt, sur les
menteurs en question ?
Une manière
réductrice et tendancieuse d’évoquer
ceux qui doutent de la version
officielle
Je mettais en garde, dans le
préambule de cet article contre une
manière simplificatrice et injurieuse
d‘englober, avec force termes péjoratifs
et insultants, toute une catégorie de
personnes sous une même étiquette ; je
parlais, pour rappel, de la façon dont
les « conspirationnistes » sont
généralement nommés et évoqués par les
journalistes du PAF.
Je suis maintenant obligé de pointer
que M. Seelow tombe abondamment dans ce
travers dans son article. À sa décharge,
certaines des expressions de la liste
suivante ne sont pas de lui, mais de
Rudy Reichstadt et de Frédéric Helbert.
Dans l’ordre donc : « les
conspirationnistes », « la
nébuleuse complotiste », «
l’idéologie conspirationniste », le
« complotisme systémique », «
les sites conspirationnistes », «
les conspirationnistes »
(Reichstadt), « ils… ils… ils… »
(idem), « les complotistes » (Helbert),
« l’idéologie conspirationniste »
(Reichstadt), « inutile d’être un
conspirationniste avéré », « les
conspirationnistes » (Reichstadt)
À vrai dire je tords un peu la vérité
en avançant que M. Seelow n’utilise que
des expressions vagues et généralisantes,
car il lui arrive, dans ce long article,
de donner des visages aux «
conspirationnistes »… des visages
bien choisis : ainsi, si l’on met de
côté la citation de Philippe Poutou qui
quelques heures après le triple meurtre
de l’école juive, suggère que « ce
n’est peut-être pas un hasard si ça
arrive en pleine campagne [électorale]
» et qu’ « il y a peut-être un calcul
politique derrière pour faire diversion
par rapport à la crise », les seules
personnes ou communautés de personnes
nommées pour représenter la «
complosphère », sont des gens qui
remettent en cause la version officielle
des attentats du 11 septembre 2001, des
citoyens français pouvant être rattachés
à la communauté arabo musulmane, ou les
deux en même temps. L’éditorial avait
déjà pris soin de préciser que « ce
message [la remise en cause de la
version officielle de l’affaire Merah]
était couramment partagée dans le monde
arabo musulman », et avait fait dès
la première colonne le parallèle avec
les sceptiques de la version officielle
des attentats du 11 septembre 2001.
M. Seelow se saisit de cette base de
travail et la précise à 4 reprises.
1) « Dernier exemple en date de ce
complotisme systémique, le réalisateur
Mathieu Kassovitz, qui avait déjà
publiquement mis en cause la version
officielle du 11-Septembre, s’est fendu,
la semaine dernière, d’un tweet
dubitatif (supprimé depuis) sur la
culpabilité de Mohamed Merah ; »
2) « La prise de position de Mathieu
Kassovitz fait suite à la publication,
mardi 12 juin, par le quotidien algérien
arabophone Echourouk, de la
traduction en arabe des propos qu’aurait
tenus Merah dans deux vidéos tournées
durant l’assaut du RAID. Selon la
transcription en français du contenu
supposé de ces vidéos, le jeune homme
aurait découvert peu avant de mourir
qu’il avait été manipulé par les
services secrets. "Je suis innocent",
affirme-t-il, selon la transcription.
»
3) « En témoigne ce clip du rappeur
Alif (qui se présente lui-même comme le
chanteur "le plus boycotté du rap
français"), dans lequel il se glisse
dans la peau de Merah : "La France m’a
pris pour cible et m’a collé une affaire
d’État. (...) En période électorale,
tous les coups sont permis. (...) Ils
m’accusent de tous ces meurtres que je
n’ai pas commis. (...) Ce que nous
vivons est un deuxième 11-Septembre à la
française. (...) J’pisse le sang dans
leur complot. (...) Je sais que tuer des
enfants est horrible, mais le plus
horrible est d’en avoir reçu l’ordre."
»
4) : « Sur Mecanopolis, Hani
Ramadan, le frère de Tariq, défend ainsi
la thèse d’un attentat sous fausse
bannière, destiné à faire monter
l’islamophobie, qu’il met en relation
avec la mort de Ben Laden et les
attentats du 11-Septembre : "À propos de
Mohamed Merah, nous pouvons être sûrs
qu’il est l’auteur des crimes de
Toulouse et de Montauban. Du moins,
aussi sûrs que nous avons la certitude
que le corps de Ben Laden gît au fond
des mers, écrit le directeur du Centre
islamique de Genève. Comment ne pas
ressentir un malaise devant la version
officielle des faits, en cette période
électorale ? Comment ne pas faire la
comparaison avec le 11-Septembre ?"
»
Le moins que le l’on puisse dire,
c’est que ce choix de douteurs n’est pas
très habile, et que M. Seelow fait son
marché dans une optique bien précise…
Évidemment, Mohamed Merah étant, par la
force de son nom, de son faciès, et de
ses revendications religieuses, propre à
jeter le discrédit sur toute une «
communauté », il est naturel que
ceux qui se sentent reliés à cette «
communauté » soient plus portés à
douter de la version officielle que
d’autres. Évidemment, encore, ceux qui
doutent de la version officielle des
attentats du 11 septembre 2001,
connaisseurs qu’ils sont de la fréquente
instrumentalisation de l’islamisme
radical dans les affaires de terrorisme
d’État, sont également plus portés à
douter de cette version officielle que
la moyenne, maintenant c’est extrêmement
réducteur, stigmatisant et dangereux de
se borner à n’évoquer comme douteurs que
des individus pouvant être reliés à
l’une et/ou à l’autre de ces catégories.
Un parallèle
grossier et infondé entre les théories
alternatives sur l’affaire Merah et
celles qui se ont développées pour
expliquer les attentats du 11 septembre
2001, et l’affaire Strauss Kahn
Dès la première colonne de
l’éditorial, son auteur anonyme énonçait
avec assurance que « comme au
lendemain des attentats du 11 septembre
2001, la "conspirationnite" s’épanou(issai)t
sur la toile, son vecteur idéal. »,
parallèle nullement gratuit, comme on va
le voir, puisqu’il va constituer l’un
des fils directeurs de l’article de M.
Seelow. Le parallèle n’est pas affirmé
mais simplement suggéré, à travers les
propos des personnes citées comme
autorités ou comme « visages du
conspirationnisme ». Il rapporte
ainsi les propos de Hani Ramadan qui se
demande « comment ne pas faire la
comparaison avec le 11 septembre ?
», et de Rudy Reichstadt qui synthétise
: « La complosphère s’est engouffrée
dans cette affaire avec sa célérité
habituelle, dès les premiers jours,
comme pour le 11-Septembre. », M.
Seelow rappelant dans la foulée que M.
Kassovitz, qui a exprimé ses doutes sur
la version officielle de l’affaire Merah
dans un tweet « avait déjà remis
publiquement en cause la version
officielle du 11-Septembre. » Je
rappelle enfin la fin de l’article on
trouve cette référence à une chanson de
M. Alif que j’ai déjà citée dans
laquelle il lance : « Ce que nous
vivons est un deuxième 11-Septembre à la
française. »
Les internautes qui découvriraient
cet article uniquement par le biais du
Monde.fr doivent en outre savoir,
pour disposer de toutes les pièces du
puzzle, que l’article de M. Seelow était
illustré d’un vaste dessin en deux
vignettes dans lequel le dessinateur
mettait en scène (très sommairement),
deux employés de bureau. Sur la première
l’un demande : « Il était où Mohamed
Merah le 11 septembre 2001 ? » Son
collègue confessant son ignorance, dans
la seconde, une lueur de folie dans le
regard, il spécule : « Bah moi non
plus. Étrange, non ? »
L’effet de ce rapprochement est
censé être imparable. Comme les
médias de masse martèlent depuis des
années que ceux qui remettent en
cause la version officielle des
attentats du 11 septembre 2001 sont
des gais lurons ou des gens mus par
des motifs idéologiques douteux,
sans donner l’occasion à ceux-ci
d’exposer régulièrement leurs vues
dans le cadre de débats vraiment
impartiaux et sérieux, la majorité
de la population a un préjugé très
défavorable et ressent presque de la
frayeur quand quelqu’un prétend
instiller le doute à ce sujet. En
mettant sur le même plan l’affaire
Merah et l’affaire du 11 septembre
2001, M. Seelow capitalise sur la
méfiance entretenue dans le public
par les médias à propos du 11
septembre 2001, pour susciter une
méfiance instinctive à l’encontre de
ceux qui trouveraient louche de
nombreux aspects de l’affaire Merah.
L’argument est purement
psychologique.
Ce rapprochement aurait à la
limite un semblant de pertinence si
M. Seelow, dépassant le «
décryptage » ultra primaire de
l’illustrateur de son article,
essayait d’expliquer en quoi ces
deux affaires d’une grande
complexité sont comparables. On peut
faire la même remarque sur le
rapprochement qu’il fait avec
l’affaire Strauss Kahn, qu’il
survole d’aussi haut et avec autant
de hâte.
Je m’attarde un peu sur le
rapprochement 11 septembre/affaire
Merah. Je ne veux pas discuter de
l’affaire Strauss Kahn que je ne
connais pas du tout, mais je peux
dire que je connais très bien la
version officielle du 11 septembre
2001, et ses innombrables zones
d’ombre et incohérences. Si un
journaliste du Monde daignait
entrer en controverse avec moi sur
ce point, assurément je serais
comblé.
La version officielle des
attentats du 11 septembre 2001,
actée par le rapport de la
commission d’enquête Kean/Hamilton,
dont les conclusions ont été rendues
fin 2004, constitue, pour moi et
pour bien d’autres, une des plus
graves injures collectives jamais
faites à l’esprit humain. Il est
impensable que M. Seelow ignore
qu’aux États-Unis se sont montées
d’innombrables associations
(pompiers et secouristes, agents de
renseignement, pilotes, architectes
et ingénieurs, universitaires, etc),
demandant la réouverture d’une
nouvelle enquête au vu des anomalies
abondantes et monstrueuses que cette
version comporte. Comme l’a remarqué
M. Seelow dans un article, repris,
fait exceptionnel, par le site
reopen911, les attentats du 11
septembre ont été suivis de la mise
en place de lois liberticides qui
ont été systématiquement prorogées
ces dernières années au nom de la «
guerre contre le terrorisme
».
Les zones d’ombre de cette
affaire sont innombrables, parmi
lesquelles, l’effondrement de la
tour WTC 7 à 17h20, l’impact sur la
façade du Pentagone qui ne
correspond pas à celui d’un Boeing,
l’inexistance de la défense aérienne
le jour des attentats, la
trajectoire impossible effectuée par
le vol AA77, le fait que les pirates
de l’air étaient de mauvais pilotes
selon les instructeurs, les
transactions financières suspectes
la semaine précédant les attentats,
l’usage de la torture pour obtenir
des aveux des prisonniers de
Guantánamo. Je ne prolonge pas une
liste qui deviendrait vite
interminable et réitère ma
proposition de débat ou d’échange
avec un journaliste du Monde
sur ce point.
Je m’étonne que M. Seelow se soit
montré aussi sagace dans cet
article, et qu’il manifeste,
apparemment, dans ce dossier du 21
juin 2012, une confiance aussi
appuyée dans la version officielle
de cet événement.
Le seul point commun apparent
dans cet article entre les attentats
du 11 septembre 2001 et l’affaire
Merah, finalement, c’est que M.
Seelow n’entre que très
superficiellement dans le détail de
ces deux affaires (et à un degré nul
pour la première). Il l’évoque comme
il évoque René Balme,
Legrandsoir.info, le Réseau
Voltaire, en faisant des
amalgames sommaires et des
insinuations perfides, sans jamais
entrer dans le détail. Cette seule
remarque suffit à montrer l’inanité
totale du rapprochement avec le 11
septembre opéré par M. Seelow et
l’auteur anonyme de l’éditorial, et
vient enrichir la longue liste
d’errances professionnelles que
manifeste ce dossier du Monde
sur « L’affaire Merah et les
ravages du complotisme ».
Le deuxième article
de Soren Seelow
Le second article de M. Seelow
intitulé « tentative de
déconstruction d’un discours
conspirationniste » étant une
récapitulation des défauts du
premier, je redonderais en
l’analysant en détail. Je me
contenterai d’une poignée de
remarques.
Il est intéressant de
déconstruire un discours
conspirationniste, mais dans le
cadre d’une « web-enquête »
prétendant faire la lumière complète
sur l’ensemble des sites «
conspirationnistes », cela est
totalement insuffisant. Je pourrais,
en imitant M. Seelow, et dans le
cadre d’un dossier pointant « les
ravages du journalisme » écrire
un article intitulé « tentative
de déconstruction d’un discours
journalistique ». Je prendrais
pour base de mon « enquête »
l’article de M. Seelow et
l’éditorial anonyme du Monde,
et j’étendrais mon angle à la
totalité des journalistes, dans le
cadre d’un autre article intitulé «
voyage au pays des journalistes
», en avançant que ce sont des
gens qui dans leur ensemble (sans
aucune nuance) n’hésitent jamais à
truquer l’information, qui se
moquent des détails, qui sont rendus
fous par un arrière plan idéologique
obsessionnel, etc. Mais c’est une
méthode sale…
M. Seelow a choisi une source
anonyme « bloodz97111 » [21]
alors qu’il avait à disposition des
articles écrits par des gens
identifiables, sur les sites mêmes
qu’il présente en échantillon au
début du premier article. La plupart
des « conspirationnistes »
sérieux publient sur des sites où
des gens relisent et contrôlent
leurs articles (ce qui n’a pas l’air
d’être fait avec beaucoup de rigueur
au Monde…), et ils tiennent
souvent à être identifiés. Il avait
tout ce qu’il fallait dans les sites
énumérés par lui dans l’article
précédent mais dont il n’avait «
décrypté » aucun article. Il
aurait pu par exemple étudier plus
en détail l’article de Sott.net,
qui à côté des éléments qu’il a
partialement relevés et déformés,
pose un certain nombre de questions
de bon sens qui demeurent à ce jour
sans réponse. Cela lui aurait en
outre permis, mais à l’évidence ce
n’est pas l’esprit qui l’animait, de
faire une présentation beaucoup plus
équilibrée de cet article.
Dans le titre de ce second
article il évoque « un discours
conspirationniste », alors que
le titre du précédent évoquait le «
pays des conspirationnistes
», ce faisant il opère un amalgame
suggérant que le discours qu’il va
analyser est représentatif de tous
les discours « conspirationnistes
», le singulier étant englobé dans
le pluriel. Ce faisant, il est vrai,
il ne fait que suivre le fil
directeur de l’éditorial dont le
titre dénonçait les « ravages du
complotisme ». Martelage et
amalgames en jouant sur les titres ;
efficace pour le lecteur paresseux.
Quitte à étudier un seul exemple
il aurait fallu que M. Seelow le
dissèque profondément, comme je
dissèque profondément le dossier du
Monde dans cet article. Le
minimum eût consisté à en donner sur
le site Lemonde.fr une
version beaucoup plus détaillée. M.
Seelow a préféré faire une analyse
orientée et tronquée de la vidéo «
conspirationniste », en
ciblant les passages les plus
faibles et qui l’arrangeaient. Il
relève quelques erreurs dans une
vidéo, et suggère trompeusement,
puisqu’il ne « décrypte »
aucun autre « discours », que
la totalité (sans la moindre nuance)
des articles et vidéos pointant vers
une explication alternative sont des
gloubi-boulgas d’erreurs et
contrevérités fondés sur des
motivations idéologiques. Je suggère
à M. Seelow de parcourir cette liste
de 72 questions non résolues
concernant l’affaire Merah, établie
par Hicham Hamza sur le site
Oumma.com [22]
]]. Comme cette liste est beaucoup
plus étendue que celle donnée par le
désormais célèbre bloodz97111, il
est statistiquement probable d’y
rencontrer plus d’approximations.
Ainsi si 10 de ces questions se
révèlent fragiles, M. Seelow, en bon
journaliste, pourra déduire que les
62 restantes sont dépourvus de
pertinence et à dénigrer en vrac.
Comme pour l’article de
Sott.net, il est allé chercher
dans ce « discours » les
rares éléments qui étaient propres à
renforcer l’interprétation la plus
rassurante de l’affaire Merah.
Pour conclure, comme par hasard,
il laisse la parole une dernière
fois à M. Reichstadt (c’est la
fameuse citation doublée, qui
constitue donc la chute de ce second
article), que l’on pourrait
qualifier de « gourou » de ce
dossier tant il est abondamment
cité, et qui comme d’habitude, dans
cette citation, fuit le terrain des
faits, pour celui des insinuations
calomnieuses.
Ainsi M. Seelow, montrant en cela
une cohérence dans sa méthode, de
nouveau choisit un exemple unique
qu’il présente de façon réductrice
et orientée. Voulant donner du corps
aux généralités de son premier
article, il se résout à employer la
même méthode, à peine plus étoffée,
que pour son analyse de l’article de
Sott.net.
Cette dernière remarque me fait
penser que le titre du second
article aurait pu correspondre dans
une certaine mesure au premier,
puisque cet article de Sott.net
est le seul à y être un peu
détaillé.
Bilan
Le moment est venu de faire le
bilan de ce long « décryptage
».Je rappelle qu’il n’entrait pas
dans mes intentions de trancher dans
cette affaire Merah. Des
spécialistes comme M. Helbert s’en
chargent beaucoup mieux que moi, et
je n’avais aucune raison de
m’imposer un travail que
l’éditorialiste et M. Seelow avaient
eux-mêmes négligé.
Maintenant, de la même façon que
M. Seelow et M. X prétendaient faire
le procès des «
conspirationnistes » à travers
cette polémique, il est très facile
en retour de faire leur propre
procès, puisque, trébuchant presque
à chaque ligne, ils donnent toutes
les verges pour se faire battre.
Résumons : Dans ses deux articles M.
Seelow a fait une analyse
délibérément partiale et
tendancieuse des sites remettant en
cause la version officielle de
l’affaire Merah ; pour ce faire il
s’est appuyé sur des autorités, soit
qui n’en sont pas dans ce contexte,
soit qui disent le contraire de ce
qu’il leur fait dire. Il a contribué
à flétrir la réputation de gens au
parcours remarquable. Il a présenté
les « conspirationnistes »
sous un éclairage grossier et
tendancieux. Il a effectué un
parallèle trompeur et superficiel
entre les doutes sur l’affaire Merah
et l’affaire du 11 septembre 2001.
Bref le dossier du Monde est
bâclé, par endroits mensongers, et
non seulement ne manifeste pas assez
de solidité intellectuelle pour
prétendre donner une interprétation
de l’affaire Merah ou des attentats
du 11 septembre 2001, mais encore
n’a aucune légitimité pour faire par
la même occasion le procès des «
conspirationnistes ». On peut
aller encore plus loin en avançant
que le journal Le Monde, avec
ce « pack » comprenant
l’éditorial de M. X et les deux
articles de M. Seelow, en terme de
qualité journalistique est tombé
aussi bas que le site «
conspirationniste » le plus
fragile.
Cette situation paradoxale
appelle une interprétation qui ne
peut qu’être psychologique : ce
dossier du Monde, dans son
ensemble, ressemble furieusement à
ce qu’on appelle en psychologie une
« projection ». On peut
parler de projection quand « le
sujet usant de ce mécanisme de
défense attribue à autrui des
pulsions, pensées, conceptions ou
intentions qui sont en fait les
siennes. »
Il semble bien que dans ce
dossier, M. X et M. Seelow, en
prétendant faire le procès des «
conspirationniste », ait fait de
façon inconsciente leur
autoportrait.
De façon extrêmement frappante,
il suffit de prendre certaines
phrases ou morceaux de phrases dans
lesquelles M Seelow critique les
méthodes des « conspirationniste
» et de remplacer les productions
qu’il dénonce par les siennes pour
obtenir la fiche complète de ses
propres errances et de celles de M.
Reichstadt dans ce dossier.
Quand M. Seelow dénonce dans
l’article de Sott.net «
une démonstration truffée de
contrevérités », c’est de
l’article qu’il est en train
d’écrire dont il parle. Quand il
dénonce, avec l’éditorialiste,
l’obsession des Israéliens et du
grand complot juif, il ne fait
qu’étaler sa propre obsession qui
consiste à voir des complots anti
juifs partout. Quand il rapporte
(via Reichstadt) que « les "conspirationnistes"
agissent par sous-entendus, pointent
les zones d’ombre comme autant de
preuves et excluent de leur
démonstration ce qui les gêne.
», il résume admirablement sa propre
méthode. Quand il dit que pour eux «
l’autorité de la source importe
peu », il fait référence à la
façon dont il s’appuie sur M.
Reichstadt, et dont M. X s’appuie
sur M. Taguieff. Quand il cite M
Reichstadt disant que « les
conspirationnistes se méfient de
tout sauf de leur propre méfiance
», il veut dire que les journalistes
comme lui ne se méfient de rien,
sauf de leur propre confiance. Quand
il conclut en disant que «
Prisonniers de leur idéologie ou de
leur réflexes défensifs, "ils sont
le contraire d’un esprit libre".
», il nous fait part de l’idéologie
dont il est prisonnier, de ses
réflexes offensifs, et du fait qu’en
tant que salarié d’un journal non
indépendant, il n’est pas un esprit
libre.
Bref, les employés du Monde
qui ont composé ce dossier, en
voulant montrer la différence de
qualité entre la production d’un
journaliste du soi-disant quotidien
« de référence » à
l’étranger, et celles de
journalistes citoyens publiant sur
des sites d’information alternative,
sont parvenus à l’effet exactement
inverse. Les sites calomniés et
amalgamés nonchalamment à la
mouvance antisémite, n’accepteraient
jamais de publier un dossier aussi
orienté et friable que celui-ci. Je
pense en particulier à l’éditorial.
Il n’y a finalement que dans des
journaux comme Le Monde que
l’on peut lire ce genre de trucs
incitateurs à la haine. La seule
production comparable qui me vient à
l’esprit est celle des trolls qui
viennent polluer les fils de
commentaires des articles de fond
rédigés par des plumes de qualité
sur des sujets sensibles et publiés
sur les sites d’information
indépendants.
Je clorai cet article en
m’exprimant au nom de tous les
prétendus « conspirationnistes
». Je vous remercie, en
particulier M. Seelow, d’être venu
nous rendre visite dans notre «
pays » à l’occasion d’un «
voyage ». Nous vous avons vu
passer en avion, très haut dans le
ciel, et à peine vous avions-nous
aperçu, que vous aviez disparu. Si
vous aviez atterri et si vous vous
étiez promené, ne serait-ce que
quelques heures, dans les rues de
nos villes et les sentiers de nos
campagnes, vous auriez constaté que
la majorité d’entre nous ne sommes
en rien des « conspirationnistes
», mais, pour la plupart, des libres
penseurs.
Vous n’avez pas appris grand
chose sur les «
conspirationnistes », en
revanche vous avez beaucoup appris
pour vous.
Vous pouvez continuer de
dénigrer, de diffamer les gens, de
leur interdire de se poser des
questions. Encore quelques années,
et le journal Le Monde
ressemblera à la Pravda
d’autrefois. Je plains du fond du
cœur les authentiques journalistes
qui sont embarqués dans cette galère
que semble devenir Le Monde.
Document joint
Extraits du Monde du 21 juin 2012 :
éditorial et webenquête
(PDF - 567.2 ko)
Je tiens à signaler à l’attention
des lecteurs deux parutions récentes
du journal Le Monde qui
montrent avec éclat, si besoin
était, que ce journal n’a pas la
moindre légitimité pour faire le
procès du « complotisme ».
1) A l’occasion de l’anniversaire de
l’indépendance de l’Algérie, Le
Monde a publié un dossier (1, 2,
3) faisant l’éloge de la junte
militaire au pouvoir depuis 1992.
Certains journalistes du Monde
se sont plaint d’avoir été utilisés
à leur insu pour participer dossier
publicitaire financé par le régime
algérien, dont le rôle pendant la
guerre civile des années 1990 est
extrêmement trouble [23].
Il y a des « fariboles qui tuent
», comme l’énonce justement
l‘éditorialiste.
2) Le Monde a fait une
curieuse interprétation de
l’attentat qui a récemment décapité
le pouvoir syrien. Cet attentat
n’aurait pas été fomenté par les
rebelles mais par le pouvoir syrien
lui-même, dans le cadre d‘une
opération sous fausse bannière : «
Parmi les morts, il y a Assef
Chawkat et le général Hassan
Tourkmani, dont les noms circulaient
pour participer à l’après Assad. Le
régime a préféré prendre le risque
que leur disparition ne démoralise
l’armée plutôt que d’être poignardé
dans le dos. » Source de cette
interprétation, Ayman Abdel Nour.
Ayman Abdel Nour, ancien rapporteur
du parti Baas, a participé en 2005 à
la conférence Axis for Peace
organisée par Thierry Meyssan. Par
la suite, ce personnage a accepté de
travailler pour des think tanks
étasuniens liés à la CIA. L’homme
vit à présent en Amérique du nord et
édite le site Syria4all, dans
lequel il prétend, chaque jour,
révéler les « intrigues internes
du régime ». Il invente des
histoires à dormir debout dans
lesquelles il met en scène les
terribles haines intestines qui
secoueraient de l’intérieur le clan
Assad.
Plus rapidement dit Le Monde
a fait, avec précipitation et sans
recul, une interprétation
conspirationniste de l’attentat de
Damas en s’appuyant sur une source «
complotiste ».
[1]
«
L’affaire Merah et
les ravages du complotisme
», éditorial de la rédaction,
Le Monde,
21 juin 2012.
[2]
«
Voyage au pays des
conspirationnistes
», par Soren Seelow,
Le Monde,
21 juin 2012.
[3]
«
Tentative de
déconstruction d’un discours
conspirationniste
», par Soren Seelow,
Le Monde,
21 juin 2012.
[4]
«
Attaques de
Toulouse : la version officielle de la
mort de Mohamed Merah est un mensonge
», par Joe Quinn,
Sott.net,
23 mars 2012.
[5]
«
De Ben Laden à
Merah : de l’icône à l’image
» et «
Un effet de
sidération : de la donation de sens au
non sens
», par Jean-Claude Paye, Tülay Umay ,
Réseau
Voltaire,
18 juin et 6 juillet 2012.
[6]
«
Une tache rouge
brune dans la campagne du front de
gauche
», par Ornella Guyet,
Rue89.com,
30 mai 2012.
[7]
Entretien de
François Delapierre avec Pascale Clark,
« 5 minutes avec… », France Inter, 1er
juin 2012 (7h50).
[8]
«
Oulala, un
conspirationniste chez Mélenchon
», par Robin d’Angelo,
StreetPress.com,
31 mai 2012.
[9]
« Le Parti de gauche embarrassé par un
candidat conspirationniste », par
Raphaëlle Besse Desmoulières,
Le Monde,
7 juin 2012.
[10]
« Un candidat conspirationniste investi
par le Front de gauche »,
Le Figaro,
31 mai 2012.
[11]
«
Le Grand Soir :
les dérives droitières d’un site alter
», par Marie-Anne Boultoleau (pseudonyme
d’Ornella Guyet) et Joe Rashkounine,
Article11.info,
28 mars 2011.
[12]
«
Rue89 découvre
l’existence de Oulala.net, présent sur
la toile depuis 2001... et de René Balme
», par la rédaction de Oulala.net,
Legrandsoir.info,
31 mai 2012.
[13]
«
Droit de réponse à
Rue89 »
et «
Discours de fin de
campagne
», par René Balme, Rene-Balme.org, 2 et
7 juin 2012.
[14]
La Foire
aux illuminés : Esotérisme, théorie du
complot, extrémisme,
par Pierre-André Taguieff, Mille et une
nuits, 612 pp., 2005.
[15]
«
Stéphane Hessel,
une courte mise au point sur ce grand
méconnu
», par Pierre-André Taguieff,
Dreuz.info,
28 septembre 2011.
[16]
Eurabia :
l’axe euro arabe,
par Bat Ye’or, Jean-Cyrille Godefroy
Editions, 347 pp., 2006.
[17]
«
Du communautarisme
au républicanisme incantatoire : que
penser du revirement rhétorique de
Nicolas Sarkozy ?
», par Rudy Reichstadt,
Revue-republicaine.fr,
20 décembre 2006.
[18]
«
"L’antifasciste"
Boutoleau et la très américanophile "Professor"
Ornella Guyet
», par Union Populaire Républicaine,
U-P-R.fr,
14 juin 2011.
[19]
Le Meilleur des
Mondes,
Site internet des Editions Denoël.
[20]
Frédéric helbert –
Le Blog.
[21]
«
Mohamed Merah -
Les dessous de l’affaire - Complot de l’etat
pour la présidentielles ?
», par bloodz97111,
YouTube.com,
4 avril 2012.
[22]
«
Les 72 anomalies
de l’affaire Mohamed Merah
», par Hicham Hamza,
Oumma.com,
25 juillet 2012.
[23]
Voir Lounis Aggoun,
La Colonisation
française en Algérie, 200 ans
d’inavouable,
éditions Demi-Lune
François
Belliot. Écrivain, administrateur du
site
Observatoire des mensonges d’État,
et coauteur en 2010 avec Charles Aissani
d’un pamphlet inversé sur les attentats
du 11-Septembre, J’accuse la pandémie
conspirationniste.
Article sous licence creative
commons
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