Par
Fériel Berraies Guigny. Paris
Question
coloniale « dans tous ses états » :
la Revue n°165 de Cultures Sud
Le passé
colonial, thématique qui réapparaît de plus en plus dans
l’horizon politique mais également littéraire français ces
derniers mois, est mis à l’honneur par la revue de l’Agence
Culture France ce mois de juin 2007.
Le numéro 165 de Culture Sud, n’est pas un mea culpa, mais un
hommage sur un pan de l’histoire de France qui a généré bien
des analyses et écrits. Cet ouvrage qui voit le jour au lendemain
de la nouvelle gouvernance française, est un acte littéraire
courageux. Car le sujet est resté très controversé, influencé
par les idéologies politiques et religieuses et souvent idéalisé
pour « déculpabiliser ».
L’Agence Culture France a voulu parler de cette dimension de la
condition humaine et dans ce numéro, la
revisite au travers de ceux qui l’ont vécue et ceux qui
réécrivent l’histoire. Loin de la nier, la revue aborde les
sujets tabous pour mieux les comprendre.
C’est au gré d’analyses pertinentes que d’éminents spécialistes
ont pu aborder des questions essentielles liées au colonial et
post colonial : quelle est la place à donner à tout cet héritage
humain ? Quelles ont été les idéologies du Nord au Sud,
qui ont tenté d’expliquer le fait colonial ? Et enfin,
quel en a été l’impact sur la littérature du Sud ?
Autant de
questions qui donneront peut être les réponses permettant de construire
et d’appréhender la nouvelle identité d’une France
plurielle. Voyage à la recherche de l’autre, pour une meilleure
compréhension d’un passé qui a forgé ce que nous sommes
maintenant.
Aujourd’hui la
part d’héritage se doit d’être assumée, et face aux
derniers événements dans les banlieues, revendications indigènes
sous couvert de résurgences d’un passé colonial, l’heure
n’est plus au déni d’une certaine responsabilité.
Littérature et sciences humaines aidant, les historiens essayent
d’amadouer un sujet encore douloureux mais dont l’actualité
est plus que jamais pertinente
Les
plus grands penseurs du Sud, sont issus des anciennes colonies ;
quel est leur regard aujourd’hui s’ils étaient encore parmi
nous ? Les penseurs actuels pourraient ils comprendre la
colonisation de la même façon ? L’analyser, s’y
projeter ?
Esclavage,
tirailleurs africains, guerre d’Algérie, indigènes en rébellion,
crise des banlieues, la France d’aujourd’hui est en quête de
son nouveau moi. Comment faire face à tout ce patrimoine culturel
et humain ? Que dire à cette descendance aujourd’hui en
quête de réponses ?comment tenter d’expliquer certaines dérives
de l’ancienne métropole, sans plonger dans de véritables procès
d’intentions ?
Pour beaucoup, parler de la colonisation est un tabou, pour
d’autres la colonisation a été porteuse de « richesses »,
tout comme le prétendait un certain
projet de loi. Autant de regards croisés qui abordent la
problématique du passé colonial. La vision plus cartésienne de
l’historien viendra se mêler aux questions sensibles, qui
restent du domaine de l’humain. Car l’on ne peut comprendre ou
aborder cette question sans éprouver de l’émotion et l’on ne
peut accepter de la rationaliser, sans avoir également une vision
« froide » de l’histoire.
Autant
d’interrogations laissées à la mémoire des descendants,
ballottées au gré d’idéologies et polémiques de toute sorte,
qui continueront de hanter les consciences populaires.
Comment s’est
faite la transition jusqu’à
aujourd’hui ? Si elle a été douloureuse pour
beaucoup, pourra t-elle un jour, devenir rédemptrice ?
Pour une appréciation
plus équitable du passé, les regards littéraires dans ce numéro, nous conduisent vers les trésors de la littérature africaine
de l’époque à aujourd’hui, fragmentés par des analyses
historiques, des
entretiens, des analyses et des réflexions littéraires.
Apports pertinents qui nous révèlent que cette époque
douloureuse de l’histoire a aussi généré toute une floraison
littéraire. Y sont nés les plus beaux écrits et œuvres théâtrales.
Le cinéma d’aujourd’hui, s’est également approprié le
fait colonial, apportant une
vision encore plus
moderne et réaliste, pour faire éveiller les consciences,
contribuant ainsi, à dé stigmatiser le problème.
Si les historiens
la content et que les scientifiques la rationalisent, que les
politiques et diplomates la reconstruisent,
que les cinéastes la filment, c’est bien parce que le
temps du procès et de la victimisation est révolu.
Aujourd’hui, il est primordial de
sortir de cette dialectique infernale du complexe et de la
culpabilisation.
Même si pour Pierre Boilley, c’est «… une goutte
d’eau dans un océan d’incompréhensions et d’inégalités … »
cela reste un passage nécessaire pour faire évoluer les mentalités,
appréhender l’avenir et se réapproprier l’identité
nationale.
La revue N°
165 de Culture Sud, ce mois de juin a été faite sous
la Coordination de Nicolas Bancel, historien et professeur à
l’université de Strasbourg II, auteur de « la Fracture
coloniale : la société au prisme de l’héritage post
colonial (Paris, la découverte, 2005).
Crédits :
Article de
Presse Courtesy of Fériel Berraies Guigny. F.b.g Communication.
www.fbgcom.net/
Cultures Sud :
Revue n°165. « Retours sur la question coloniale »
(juin 2007)
Agence Culture France.
1 bis, Avenue de Villars
75007 Paris
Rédactrice en Chef de la Revue Culture Sud : Nathalie
Philippe
www.culturesfrance.com
Publié le 10 juin 2007 avec
l'aimable autorisation de Fériel Berraies Guigny
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