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El Watan
Rencontre Mahmoud Abbas-Ehoud Olmert
Le grand mensonge
israélien
Fares Chahine
7 mai 2008 Gagner le plus de temps possible
semble être la véritable stratégie du gouvernement israélien
dans ses « discussions de paix » avec les Palestiniens. Déclarer
qu’une avancée notable a été enregistrée lors de la dernière
réunion entre le président Abbas et le Premier ministre
israélien Ehoud Olmert, lundi, à Jérusalem ouest, sur le tracé
des frontières du futur Etat palestinien n’est qu’un leurre, un
de plus de la part des Israéliens.
Aux déclarations israéliennes assurant que les négociations de
paix progressent au point qu’on discute des tracés de frontières
du futur Etat palestinien, Nabil Abou Rodeina, conseiller du
président Mahmoud Abbas, a déclaré que les positions à ce sujet
demeurent très éloignées. Le but d’un tel mensonge ne vise pas
les Palestiniens qui sont au courant de ce qui se passe
exactement, mais plutôt la communauté internationale ou ce qu’il
en reste. De telles déclarations ne représentent qu’une sorte
d’anesthésie temporaire qu’Israël administre aussi bien à ses
alliés qu’à ses ennemis. Une fois l’effet de cet anesthésique
estompé, la machine propagandiste de l’Etat hébreu en trouvera
d’autres. Si les Israéliens voient qu’ils ne peuvent plus
continuer sur la même voie avec l’équipe au pouvoir, ils sont
capables de mettre au point pour une raison ou une autre des
élections anticipées, changer de négociateurs et revenir au
point zéro, au niveau des discussions, alors que se poursuit sur
le terrain la politique du fait accompli, et ainsi de suite
jusqu’au moment où il ne restera plus rien à négocier. Si les
Israéliens voient qu’ils sont acculés au niveau des pourparlers
de paix, ils peuvent facilement les troubler en commettant un
massacre ici et là, ou même en jouant sur les divisions
interpalestiniennes, comme c’est le cas aujourd’hui, entre le
mouvement Hamas qui s’est emparé de force de la bande de Ghaza
depuis l’été dernier, et le mouvement Fatah dirigé par le
président Abbas. Ce jour semble très proche avec l’extension
sans précèdent de la colonisation en Cisjordanie occupée, la
judaïsation de la ville sainte d’El Qods qui avance très
rapidement et l’achèvement proche de la construction du mur de
séparation raciste qui vise à boucler les Palestiniens dans des
bantoustans isolés. A ce moment là, les Israéliens viendront
eux-mêmes aux Palestiniens ainsi qu’au reste du monde et
diront : Aujourd’hui, les Palestiniens peuvent créer leur
entité, sur la portion de terre que « nous » leur laissons
(moins de 50% de la Cisjordanie occupée, l’étroite enclave
surpeuplée, la bande de Ghaza, sans la ville sainte d’El Qods).
Ils peuvent l’appeler Etat indépendant, royaume ou même empire,
peu importe. Ce jour-là, Israël aurait dans les faits et sur le
terrain mis un frein définitif à un rêve de tout un peuple qui
dure depuis 60 ans, celui de créer un véritable Etat indépendant
et souverain avec la ville sainte comme capitale et un retour
des réfugiés dans leur terre et dans leur foyer. Un Etat qui
dispose d’une continuité territoriale comme partout dans le
monde. Il faut tout de même souligner que sans une complicité
totale des Etats-Unis et de leur président, l’Etat hébreu serait
incapable de poursuivre cette politique mensongère. Il est vrai
que George Bush est le premier président américain à parler de
la nécessite de créer un Etat palestinien aux côtés d’Israël,
mais il faut dire qu’il n’en a jamais fait la description ni
évoqué les contours. Sans vouloir avoir l’air d’être empreint de
la théorie du complot, plus le temps passe et plus le président
américain semble trempé jusqu’au cou dans tout ce que
manigancent les responsables israéliens. Ce drame palestinien,
qui semble dépasser ce peuple qui n’a jamais abdiqué et qui ne
le fera jamais, quels que soient les sacrifices, n’aurait pu
s’éterniser de la sorte si le monde arabe, l’allié naturel de ce
peuple combattant, savait au moins défendre ses intérêts, pas
ceux de ses dirigeants. Faut-il attendre que le salut vienne de
l’Iran qui continue à aiguiser sérieusement ses forces afin qu,e
le moment venu, il puisse faire mal à Israël, non pas pour les
beaux yeux des Palestiniens mais dans la perspective d’une
guerre, à l’image de celle contre l’Irak, qui a anéanti toutes
les potentialités de ce pays arabe, que le président Bush
pourrait offrir en guise de loyauté à Israël avant de quitter la
Maison-Blanche à la fin de l’année. Divisés, ne donnant plus
l’impression de jouer les premiers rôles, les Palestiniens
pourraient tout perdre, sauf s’ils reprennent le-dessus sur
eux-mêmes, seule condition pour redevenir une pièce essentielle
dans ce jeu à très haut risque.
Droits de reproduction et de diffusion
réservés © El Watan 2006.
Publié le 8 mai 2008.
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