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Un ancien ambassadeur britannique :
la CIA envoie des personnes se faire torturer en Ouzbékistan
Daniel Tencer
Lundi 9 novembre 2009
La CIA se fiait à des renseignements obtenus sous la torture
dans des prisons d’Ouzbékistan, pays d’Asie centrale où les
suspects peuvent être violés avec des bouteilles cassées ou
ébouillantés vifs, affirme un ancien ambassadeur britannique
dans ce pays. Craig Murray, recteur de l’Université de
Dundee en Écosse, et jusqu’en 2004 ambassadeur britannique en
Ouzbékistan, a affirmé que non seulement la CIA se fiait à des
confessions extorquées par des pratiques de torture extrêmes,
mais envoyait des prisonniers suspectés de terrorisme en
Ouzbékistan dans le cadre de son programme d’ « extraordinary
rendition » (transferts illégaux de prisonniers dans des prisons
secrètes délocalisées, NDT).
« Je parle de personnes violées avec des bouteilles
brisées, » a-t-il affirmé à la fin du mois dernier lors
d’une conférence diffusée par
The Real News network. « Je parle de personnes qui voient
leurs enfants se faire torturer sous leurs yeux jusqu’à ce
qu’ils acceptent de signer une confession. Je parle de personnes
ébouillantées vives. Et les renseignements tirés de ces tortures
sont reçus par la CIA, et sont transmis pour être utilisés »
Des associations de Droits de l’Homme ont tiré la sonnette
d’alarme depuis longtemps sur le système légal en Ouzbékistan.
En 2007, Human Rights Watch a déclaré que la torture était une
pratique «
endémique » dans le système judiciaire ouzbek.
Murray a affirmé que ce n’est qu’en ayant travaillé comme
ambassadeur qu’il a réalisé que la CIA envoyait des personnes se
faire torturer en Ouzbékistan, pays qu’il considère comme un
état « totalitaire » qui ne s’est jamais relevé de sa période
communiste, quand il faisait partie de l’Union soviétique.
On demandait aux suspects enfermés dans les goulags ouzbeks
de « confesser leur appartenance à al-Qaïda. Ils devaient
avouer qu’ils s’étaient entraînés dans des camps en Afghanistan.
Ils devaient confesser avoir rencontré Oussama ben Laden en
personne. Et la CIA faisait constamment écho à ces thèmes »
Murray raconte : « J’ai été totalement abasourdi – cela a
changé ma vision du monde dans l’instant – d’apprendre que
Londres savait que les renseignements provenaient de personnes
torturées, que ce n’était pas illégal parce que les conseillers
juridiques avaient décidé que, dans le cadre de la convention
des Nations Unies contre la torture, ce n’était pas illégal
d’obtenir et d’utiliser des informations obtenues sous la
torture tant que nous ne pratiquions pas ces tortures
nous-mêmes. »
C’est pour le gazoduc, idiot !
Murray prétend que la motivation principale des militaires
américains et britanniques dans leur implication en Asie
Centrale est la présence d’importantes réserves de gaz naturel
au Turkménistan et en Ouzbékistan. Pour preuve, le projet de
construction d’un gazoduc à travers l’Afghanistan, qui
permettrait aux compagnies pétrolières occidentales d’éviter de
passer par la Russie ou l’Iran pour transporter le gaz naturel
hors de cette région.
Murray a prétendu qu’à la fin des années 90, l’ambassadeur
ouzbèke aux États-Unis avait rencontré George W. Bush, alors
gouverneur du Texas, pour discuter de l’implantation d’un
gazoduc dans la région. De cette réunion était sorti un accord
selon lequel la compagnie texane Enron avait gagné le droit
d’exploiter les réserves de gaz naturel ouzbèkes, et la
compagnie Unocal celui de déployer le
gazoduc transafghan.
« Le consultant qui organisait cela pour Unocal était un
certain M. Karzaï, aujourd’hui président d’Afghanistan »
fait remarquer Murray.
Murray a affirmé qu’une des motivations pour développer le
battage autour du terrorisme islamique en Ouzbékistan, à travers
des confessions forcées, était de s’assurer que le pays
resterait du côté des États-Unis dans la guerre contre le
terrorisme de sorte que le gazoduc puisse être construit.
« Il y a des schémas de ce gazoduc, et si vous regardez le
déploiement des troupes américaines en Afghanistan, au contraire
des autres pays de l’OTAN impliqués dans le conflit, vous verrez
qu’elles sont, de manière évidente, positionnées de telle sorte
qu’elles puissent surveiller la route du gazoduc. Ce n’est pas
autre chose. C’est une question de pétrole, pas de démocratie.
»
L’achèvement du gazoduc transafghan est prévu pour 2014, avec
un support financier de 7,6 milliards de dollars par l’Asian
Development Bank.
Murray a été renvoyé de son poste d’ambassadeur en 2004,
suite à ses
premières déclarations publiques accusant le gouvernement
britannique de compter sur la torture en Ouzbékistan pour
obtenir des renseignements.
Par Daniel Tencer, le 4 novembre 2009 pour
Raw Story
Traduction Spotless Mind pour ReOpenNews
Note ReOpenNews :
Copyright © 2007 ReOpen911
Publié le 16 novembre 2009
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