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L'EXPRESSIONDZ.COM
LES TRAFICS D'ORGANES SUR LES VICTIMES DE TSAHAL
Souffrante
Palestine
Pr Chems Eddine Chitour
Photo CPI
Lundi 31 août 2009
«Notre armée est pure (...), elle ne tue pas d’enfants. Nous
avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale,
il y a peu de victimes [palestiniennes].»
Des généraux israéliens dans Tsahal, film réalisé par Claude
Lanzmann.
Le 25 septembre 1994, Claude Lanzmann
déclarait que son intention était de présenter une armée juive
pourvue, selon lui, de caractères moraux spécifiques par rapport
aux autres armées Examinons rapidement la spécificité de Tsahal.
Sans remonter loin dans l’histoire, dans un rapport adressé au
secrétaire général de l’ONU le 21 octobre 1994, le commandant de
la Force intérimaire des Nations unies au Liban a attiré
l’attention sur l’emploi par Israël, dans le sud du Liban,
d’obus antipersonnel, dits «obus à fléchettes», armes
interdites par la 4e convention de Genève (Le Monde, 25 octobre
1994).Depuis, Israël bafouant toutes les conventions a avoué,
récemment, qu’elle a utilisé du phosphore à Ghaza pour combattre
le Hamas. Voilà pour l’une des facettes de la moralité.
Examinons l’autre face de la pureté de Tsahal. Tout est parti
d’un article du plus grand quotidien suédois, Aftonbladet qui a
«scandalisé» Israël. Il concerne justement l’implication
de l’armée israélienne dans un trafic d’organes. L’auteur
suggérait que les soldats israéliens tuaient de jeunes
Palestiniens et volaient leurs organes. Israël a répondu avec
colère à cet article, accusant la Suède de publier un article
accusant ´´les Juifs de crime rituel´´ et demandant que les
autorités nationales condamnent officiellement l’article. ´´Dans
son article ´´Våra söner plundras på sina organ,´´ qui se
traduit par ´´ on pille les organes de nos fils´´ Donald Bostrom
raconte l’histoire du rôle d’Israël dans le ´´scandale
international de transplantation d’organes´´ et comment lui-même
a été témoin d’une attaque contre un jeune homme palestinien par
les soldats israéliens en Cisjordanie en 1992. ´´Des personnes
disparaissent et on les ramène après qu’une autopsie ait été
pratiquée sur eux. Nous pensons qu’ils volent leurs organes´´,
ont -ils dit à Bostrom, d’après lui. ´´En 1992, sur 133
Palestiniens qui avaient été tués, 53 avaient été autopsiés,
selon Bostrom. Les corps avaient été autopsiés à l’Israel’s Abu
Kabir Forensic Institute, (Institut médico-légal d’Abu Kabir
d’Israël) et plus tard rendus à leurs familles. (...)
Beaucoup de questions
Dans les années 90, il se souvient comment certaines mères
palestiniennes n’étaient pas autorisées à laver les corps de
leurs fils morts qui leur avaient été rendus. ´´Il y a
simplement trop de questions restées en suspens´´, insiste-t-il.
´´Tout spécialement quand c’est bien connu qu’Israël est - selon
des révélations faites dans un magazine du New York Times en
2001 - ´´l’une des nations les plus actives sur le marché
international du trafic d’organes´´. ´´ En Israël, et dans une
autre poignée de pays, dont l’Inde, la Turquie, la Russie et
l’Irak´´ selon les révélations faites par Michael Finkel, ´´ les
ventes d’organes sont menées presque ouvertement. En Israël, il
y a même un accord tacite du gouvernement sur cette pratique de
système national de santé - le programme d’assurance couvre une
partie, et parfois tous les frais de transplantations
arrangées.´´(1) Le même journal «récidive» le dimanche
soir 23/8. Le nouveau rapport montre les témoignages d’une
famille palestinienne du village d’Amatin. La mère du martyr,
Bilal Ghaneim, a dit dans ce rapport que les soldats sionistes
ont remis le corps de leur fils après avoir été tué, le 13 mai
1992, par un hélicoptère de l’entité sioniste et ont fait
retourner son corps après plusieurs jours. Elle a dit que le
corps de leur fils était dans un sac noir après qu’on a pris ses
dents et ouvert sa poitrine. Un autre scandale en son temps mais
qui a été «oublié» est l’affaire de l’hôpital Abu Kabir
qui disposait d’un grand stock d’organes dont on se doutait de
la provenance. Ceci a amené le procureur général de l’Etat,
Elyakim Rubinstein, à ordonner à la police de lancer une enquête
contre le professeur Yehuda Hiss, directeur de l’Institut
médico-légal d’Abu Kabir. Hiss est l’objet d’une longue liste
d’accusations depuis un comportement inapproprié en tant que
professionnel médical à des actes criminels comme la vente
illégale et des transactions d’organes et de parties du corps,
l’ablation d’organes de personnes décédées sans consentement et
de donner un état inexact des organes présents dans le corps
restitué. Une perquisition effectuée à l’institut a découvert
d’importants stocks d’organes prélevés illégalement sur des
cadavres. Ces dernières années, il s’avère que les dirigeants de
l’institut ont donné des milliers d’organes à la recherche sans
y être autorisés, tout en entretenant un stock d’organes à Abu
Kabir. L’article date de 2002, soit deux années après le retrait
des troupes sionistes du Sud Liban; retrait au cours duquel
l’armée sioniste n’aurait essuyé aucune perte. Alors d’où
viennent ces milliers d’organes si ce n’est des corps des
Palestiniens assassinés par l’armée la plus morale du monde?(2)
L’affaire ne s’arrête pas là. On s’aperçoit par ailleurs qu’il y
a des ramifications aux Etats-Unis. Pour le Jérusalem Post du 26
juillet: ´´Un retentissant scandale de corruption entre New York
et Israël. Cinq rabbins, trois maires de l’Etat du New Jersey et
deux députés ont été arrêtés jeudi par le FBI. Les charges sont
graves: pots-de-vin, extorsion de fonds, blanchiment d’argent et
même trafic d’organes. (...) Un autre suspect, Levy-Izhak
Rosenbaum, 58 ans, est accusé de trafic de reins, récupérés de
donneurs israéliens. Il les aurait obtenus pour 10.000 dollars
avant de les revendre 160.000 dollars. Le FBI a mis les moyens
pour ce gigantesque coup de filet: plus de 300 agents ont été
mobilisés pour arrêter les 44 suspects. D’après le procureur du
New Jersey: «Il semblait que tout le monde voulait prendre
part à l’action. La corruption était généralisée et
envahissante.» Les politiciens ont vendu leurs services aux
rabbins qui «masquaient leur activité criminelle de grande
envergure derrière une façade de rectitude». Les goniffs
achetaient des reins, en Israël, à des «personnes vulnérables»
pour 10.000 dollars et, ensuite, les acheminaient vers leurs
associés rabbiniques qui les revendaient 160.000 dollars aux
Etats-Unis. (Associated Press, 25 juillet 2009).(3)
Déjà en 2002, Nancy Scheper-Hughes, professeur à Berkeley, avait
alerté le FBI sur le fait que Rosenbaum était un intermédiaire
pour un gang international de trafic de reins. Il se servait de
villageois moldaves comme donneurs. Il leur promettait des
emplois aux Etats-Unis, puis les contraignait à «donner» leurs
reins à des receveurs qui se faisaient passer pour des membres
de sa famille, et il les menaçait avec un pistolet s’ils
résistaient.(4)
Dans le même ordre, deux médecins israéliens et trois autres
personnes, soupçonnés de trafic d’ovules humains, ont été
arrêtés et mis en détention en Roumanie. Les deux gynécologues
israéliens sont accusés «du trafic d’ovules humains, réunion
de malfaiteurs, et pratique illégale de la médecine,» a
indiqué à l’AFP ce mardi le procureur en chef du département du
crime organisé de la Roumanie, Codrut Olaru. Le consul général
israélien à Bucarest, Lili Ben-Harush, a identifié les
Israéliens détenus comme étant le professeur Nathan Levitt et Dr
Genya Ziskind. Ils sont suspectés de recruter des femmes
roumaines âgées entre 18 et 30 ans et de les payer 800 à 1000
leis ($271 $338) pour leur ovules, et revendent ensuite les
ovules entre 8000 à 10.000 euros ($11,339-$14,174) aux femmes
qui requièrent une fertilisation artificielle, a rapporté le
quotidien roumain Gardianul.(5) Toujours avec la Roumanie, le
journal israélien de gauche Haaretz faisait état, dès décembre
2001, des doutes des autorités roumaines vis-à-vis d’une une
agence israélienne d’adoption, soupçonnée de participer à une
conspiration de trafic d’organes à l’échelle internationale.(6)
Le trafic d’organes n’est pas la seule activité lucrative
illégale de la médecine israélienne. Toujours selon le quotidien
Haaretz (article de Zvi Zrahiya et Jonathan Lis du 23 octobre
2006), des docteurs du Kaplan hospital de Rehovot et du
Hartzfeld geriatric hospital de Gedera ont effectué des
´´expériences médicales´´ sur des patients, entraînant la mort
de douze d’entre eux. Et il ne s’agit pas de ´´cas isolés´´,
puisque douze médecins sont impliqués. Aucun de ces Mengele
israéliens n’a été arrêté - ce serait sans doute trop
´´antisémite´´...Le trafic d’organes a toujours été la marque
des guerres dissymétriques. Si l’idéologie du IIIe Reich
explique d’une certaine façon l’eugénisme à grande échelle, et
le travail «scientifique de Mengele», il est alors
compréhensible que des trafics d’organes soient faits en temps
de guerre. Ainsi, des prisonniers serbes ont eu certains de
leurs organes prélevés par des Albanais pendant la guerre du
Kossovo. Carla del Ponte l’ancienne procureur du TPI (Tribunal
pénal international) décrit cela dans son ouvrage: The hunt: Me
and the criminals. Ed. Feltrinelli 2008: «Les victimes un
rein en moins étaient enfermés jusqu’à ce qu’ils soient tués
pour prélever d’autres organes.» «Le ministre suédois
Carl Bildt, sur son blog, où il compare malicieusement la
nécessité de laisser s’exprimer toutes les opinions au sujet
d’Israël avec la tolérance accordée, par le Danemark en 2006, à
la publication des caricatures du Prophète Mohammed. Le Premier
ministre suédois Fredrik Reinfeld s’est impliqué sur la
question, estimant que "personne ne pouvait exiger du
gouvernement suédois qu’il viole sa propre Constitution".(...)
En 2006, la plupart des médias occidentaux invoquaient le
principe de la liberté de la presse pour publier les caricatures
du Prophète Mohammed, malgré les émois suscités dans la
communauté musulmane, inquiète d’y voir une forme déguisée
d’islamophobie. Dans les prochains jours, la controverse
sera-t-elle sérieusement traitée par les journalistes
occidentaux avec la même "envergure", malgré les accusations,
par certains, de sensationnalisme crypto-antisémite? Ou bien,
démontrant la loi récurrente, du "deux poids, deux mesures", le
scandale sera-t-il progressivement confiné aux médias
alternatifs et étouffé, dès lors, dans le débat public? L’avenir
proche le dira.»(7)
Il faut toutefois remarquer que le trafic d’organes n’est pas
une spécificité de tel ou tel pays. Cependant et comme nous
allons le voir dans le cas de la Chine que l’on brandit souvent,
ce pays assume «sa méthode». Brice Pedroletti écrit à ce propos:
«La Chine doit ´´mettre en place aussi vite que possible un
système adéquat pour les dons d’organes conformément aux
standards internationaux´´, a déclaré le vice-ministre de la
Santé chinois, Huang Jiefu, lors du lancement, le mardi 25 août,
d’un nouveau système, géré par la Croix-Rouge chinoise, pour
encourager le don d’organes après la mort. L’objectif est de
´´juguler le marché informel des organes et de remédier à la
pénurie´´, selon l’hebdomadaire Caijing, dans un contexte où
´´la vaste majorité des organes proviennent de prisonniers
exécutés et du marché noir´´. (...)Les prisonniers exécutés qui,
selon le China Daily, constituent 65% des ´´donneurs´´, ´´ne
sont certainement pas une source appropriée pour les
transplantations d’organes´´, a reconnu le vice-ministre de la
Santé».(8)
La vraie compassion croisée entre les
Palestiniens et Israéliens
Nous rapportons dans ce qui suit un cas de générosité qui
transcende la douleur. Dans le camp de Jénine, les photos de
martyrs s’affichent ostensiblement sur les murs. La grande
majorité des gens vivant ici ont perdu un ou plusieurs membres
de leur famille. Je m’arrête devant l’image d’un petit garçon,
un petit brun aux yeux brillants, il doit ne pas avoir plus de
12 ans. Juste en dessous, on peut lire: «Ahmed Khaldi, mort
sous les balles des soldats israéliens en 2005.» On me
propose de rencontrer le père de l’enfant. Celui-ci m’accueille
avec un grand sourire, les mêmes yeux que son fils, le visage
est serein. Je me demande comment on peut arriver à vivre après
que la chair de sa chair ait pu disparaître de la sorte? Ahmed
est mort en 2005 à l’âge de 11 ans. Comme chaque jour, il
sortait jouer avec ses potes dans les rues du camp. Il y a eu
cette incursion israélienne, Ahmed portait une arme en
plastique. Le soldat israélien a visé juste: trois balles sont
venues se loger dans le corps de l’enfant, des balles fatales.
Dans un hôpital, un enfant israélien attend une greffe du coeur.
Un médecin demande au père d’Ahmed de faire don du coeur de son
fils. Il accepte. «Le corps de mon enfant servira de symbole
de paix et montre à quel point nous voulons la paix», dira
le père de l’enfant décédé. Nous voici avec lui, quatre ans
après le terrible drame, ses yeux paraissent fatigués, mais
aucune «haine» qu’on puisse déceler dans son discours. Il
boit son café lentement.: «Ce n’est pas un problème de
personne ni de religion, c’est l’occupation qui nous empêche
d’avoir une vie normale.»(9)
Cet exemple n’est pas unique: une maman israélienne fait de
même, comme rappelé dans une célèbre allocution de Nouréini
Tidjani-Serpos de l’Unesco devant Yasser Arafat en 1997. [...]
Récemment, les parents d’un enfant israélien victime d’un
accident mortel de la circulation ont décidé de faire don du
coeur de leur fils à une fillette palestinienne qui, autrement,
aurait été condamnée à mort à cause d’une maladie cardiaque
irréversible. Quand la mère de la fillette arabe s’est rendue
chez la mère du garçon israélien pour la remercier de ce geste,
la maman juive a dit que, par ce don, son fils continuait à
vivre, à travers la fillette.(10)
Que peut-on en conclure? Le trafic d’organes est une
caractéristique de beaucoup de pays, c’est une industrie
florissante. Ce qui est nouveau, c’est l’implication d’une armée
que l’on nous dit pure et qui fait qu’elle se sert dans le
vivier de la banque d’organes ambulante constituée par les
Palestiniens. Est-ce moral de la part du peuple élu? La question
reste posée.
(*) Ecole nationale polytechnique
1.Donald Bostrom: Våra söner plundras på sina organ´´ (Aftonbladet
Kultur) 17 août 2009
2.http://www.allbusiness.com/middle east/israel/102262-1.html 4
janvier 2002
3.S.Landau: The Kidney Broker and the Money Laundering Rabbis.
CounterPunch, 7.08.2009
4.Science, medicine and anthropology. 27 juillet 2009,
http://www.somatosphere.net/
5.La Roumanie fait sauter un réseau israélien de trafic d’ovules
humains. Alterinfo 27.08.2009
6.http://www.haaretz.co.il/hasen/pages/ShArt.jhtml?itemNo=105107&sw=Romania.
7.Hicham Hamza: Israël accusé de trafic d’organes, 24 août 2009
site oumma.com
8.Brice Pedroletti. La Chine veut lutter contre le trafic
d’organes. Le Monde 28.08.09
9.Un enfant israélien reçoit le coeur d’Ahmed, tué par un soldat
de Tsahal Sanâa H. En voyage 24/08/2009
10.Unesdoc.unesco.org/images/0010/001099/109904f.pdf
Pr Chems Eddine CHITOUR,
Ecole nationale polytechnique
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Publié le 17 août 2009 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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