La guerre contre la Syrie
De la déroute
imminente des forces arabo-occidentales
‘Ennosra’ à la Conférence de
Genève II
Amar
Djerrad
Photo:
Sana
Jeudi 23 mai 2013 Une
lecture politique de ce qui se
déroule actuellement en Syrie montre
un bouleversement des données, des
visions et des objectifs, mais
également un effondrement visible
des projets et espérances des
agresseurs. Les
ballets diplomatiques surtout vers
la Russie et les réponses de Poutine
et de Lavrov qui ne souffrent
d’aucune ambiguïté, ainsi que les
déclarations, devenues plutôt
sensées, des responsables américains
- par leurs références à la réalité
et à la légalité, quoique encore
équivoques, sûrement pour ne pas
contrarier ses alliés en inquiétude
- montrent que pour l’Amérique la
limite est atteinte sans percevoir
le minimum de ce qui est planifié,
comme résultat sur la Syrie, se
réaliser. Deux
années de guerre contre un peuple,
son armée, ses institutions et son
histoire sans l’apparition ne
serait-ce qu’une faille
significative dans l’édifice syrien
; deux années de destruction des
infrastructures de toutes natures
sans voir la déliquescence prévue
malgré les dizaines de milliards de
dollars «investis» dans un contexte
de récession ou de faillite des
économies occidentales sachant que
les bailleurs sont de riches
monarchies arabes sous tutelle
américaine. La
volonté d’exister, la détermination
et la patience des syriens ont eu
raison sur l’agresseur, ses ruses et
son aliénation. En arriver à
mobiliser des groupes terroristes
intégristes disséminés à travers le
monde, surtout musulmans, que l’on
traquait hier, pour en faire
aujourd’hui, contre de l’argent, des
combattants «de la liberté»
et «de la justice» sous la
fausse bannière de l’Islam, au motif
fallacieux du ‘‘Djihad’’,
sans résultats probants, ne peut
qu’obliger les puissants
commanditaires, aussi déraisonnables
qu’ils soient, au pragmatisme et au
renoncement de cette aventure
belliqueuse, onéreuse et sans
horizon, qui virait vers une
déflagration régionale, voire
mondiale ! L’échec de l’aventure semble bien
consommé et les cartes jouées au
regard surtout des résultats
militaires sur le terrain des
combats. Depuis l’annonce, par les
deux «Grands», les USA et la Russie,
d’une conférence «internationale»
sur la Syrie, prévue à Genève, qui
se veut ultime round pour celer cet
encombrant et dangereux dossier, il
ne reste plus chez les autres
protagonistes, impliqués dans le
versement du sang syrien, que de
s’aligner malgré leurs murmures,
leurs agitations trahissant une
profonde désillusion. Quand Moscou
et Washington ont décidé que la
conférence aura lieu les 14 et 15
juin à Genève, au niveau des
ministres et vice-ministres des
Affaires étrangères, suivi de Ban Ki-Moon,
position que Berlin ‘partage’, les
autres seront contraint de suivre, y
compris la funeste et félonne «Ligue
arabe» que dirige le Qatar. En
effet, dans le cas d’une guerre,
toutes les décisions d’ordre
politique s’inspirent ou se réfèrent
aux résultats sur le terrain des
combats; c’est une condition sine
qua non. Et ces résultats c’est
l’armée syrienne qui les imprime.
Il n’y
a que la France, inféodée à Israël,
qui dévoile, sans pudeur, son
incompétence. C’est précisément au
moment où les deux «Grands»
envisagent d’y mettre fin, suite à
un accord, en y convoquant cette
Conférence, pour juste entériner la
décision, que la France, honteuse et
confuse, se sentant marginalisée,
s’incruste pour manifester sa
présence par un ‘m’as-tu-vu’ en
déclarant, pour la galerie, que «l’Iran
ne doit pas participer» tout en
reprenant le refrain désuet «Bachar
al-Assad doit partir», narguant
la Russie qui trouve sa
participation essentielle. L’Iran,
qui est aussi visé, est lié par un
accord de défense mutuel avec la
Syrie. Selon Reuters, Lavrov a
haussé le ton ainsi : «La chose
principale est que l’Occident veille
à la participation à la conférence
des groupes d'opposition sans
condition préalable et de faire
pression pour que les adversaires d'Assad
n’exigent pas des choses irréalistes»
ajoutant «aucun doute qu'il est
obligatoire d'inviter tous les
voisins de la Syrie, sans exception.
L’Iran, comme vous le savez, est un
pays voisin de la Syrie». La
France justifie sa position par une
tromperie (qui s’appliquerait plutôt
sur elle) en claironnant : «Il y
a un enjeu de stabilité régionale,
on voit mal qu’un pays [l'Iran]
qui représente une menace pour
cette stabilité participe à cette
conférence ». Prôner la paix en
refusant les principaux
protagonistes est non seulement
insensé, mais motif de
disqualification. C’est la France
aussi qui soutient et arme les
terroristes en Syrie en éloignant la
solution. C’est donc la France qui
représente une menace à la paix dans
cette région, qui lui est étrangère,
dont la participation est superflue,
voire problématique, par ses
accointances douteuses! Elle
persiste encore, à reconnaitre un
CNS, issu du néant, sans ancrage et
sans élection, comme «le seul
représentant légitime du peuple
syrien». Quel cynisme !
Surprise de taille, au même moment,
elle ‘perd’ une de ses colonies, la
Polynésie, par un vote de
l’assemblée générale de l’ONU qui
l’inscrit territoire à décoloniser
par une résolution - présentée par
trois minuscules pays - affirmant «le
droit inaliénable de la population
de la Polynésie française à
l’autodétermination et à
l’indépendance». Elle crie
maintenant à «l’ingérence
flagrante…un détournement des
objectifs que les Nations Unies se
sont fixées en matière de
décolonisation» (rien que ça ?)
alors qu’elle ne cesse de s’immiscer
dans les affaires des autres
peuples, en s’employant à choisir à
leur place, tels la Côte d’Ivoire,
la Libye, le Mali, la Syrie est bien
d’autres ! Finalement, cela n’arrive
pas qu’aux autres. La France se rend
compte, à ses dépens, qu’elle ne
vaut pas grand-chose sur la scène
internationale. Le front ‘Ennosra’ qui
constitue le groupe «djihadiste»,
composé de wahabo-takfiro-sionistes,
le plus puissant de Syrie semble en
débâcle, selon les derniers
développements sur le terrain
militaire, sous les coups de boutoir
de l’armée syrienne et/ou en
s’entre-tuant suite à des conflits
intestins et sur le terrain
politique en déchéance puisqu’il
vient d’être classé désormais,
perfidement , par son parrain,
groupe «terroriste» après
avoir misé sans succès sur lui en
lui ‘‘déléguant’’ sa sale besogne
par le truchement d’une «opposition
syrienne à l’étranger»
fragmentée, aux intérêts
antinomiques.
Les Américains, qui ne visent que
leurs intérêts, y verraient
certainement d’un bon œil l’armée
syrienne la débarrasser de toute
cette racaille au risque de les voir
retourner dans leurs pays poursuivre
leurs méfaits. Les services
européens de sécurité demandent même
l’aide des services syriens pour les
identifier, d’autant que le ministre
allemand de l’Intérieur reconnaît
l’existence d’environ 700
terroristes. La Syrie avait, en effet, présenté à
l’ONU une liste de terroristes,
issues de 28 pays (dont EU et
Européens), actifs en Syrie. Ces
terroristes ne peuvent être traqués
sans une coordination étroite avec,
surtout, les services syriens,
libanais et iraniens.
A Al Qseir, dans la banlieue de Homs
près de la frontière libanaise et à
15 km de Homs,
est considéré point
hautement stratégique pour les
américano-sionistes - par sa
position de carrefour et importante
porte d’entrée des groupes armés et
des armes venant de l’étranger -
pour envahir Damas,
est finalement sur le point de
tomber entre les mains de l’armée
syrienne ainsi que
36
villages situés dans sa banlieue.
Toutes les voies
d'approvisionnements d' «Ennosra»
seraient coupées. Le député
libanais, Assam Ghansou, a confié à
‘‘Al Nachra’’ que des
dizaines d’officiers
français, britanniques, belges,
hollandais, qataris auraient été
capturés. Ne reste important, selon
lui, que la libération de l'aéroport
Al Zabgha qui permettra d'annoncer
zones sûres les frontières
syro-libanaises. La chute d’Al Qseir
sera un tournant décisif
de la guerre; un coup rude à l’axe
wahabo-takfiro-occidentalo-sioniste.
Du coup, le Conseil national syrien
appelle à une réunion
urgente de la Ligue arabe pour
arrêter cette «tentative de faire
disparaître la ville et ses
habitants de la carte» suivie de
cris d’orfraie des commanditaires
dont les
EU qui
‘‘condamnent’’ l’assaut de l’armée
syrienne pour libérer cette ville.
Ce qu’ils autorisent chez eux, ils
le dénient à la Syrie. De la
fantaisie ?
On
parle aussi de «nettoyage»
par ratissages, depuis quelques
semaines, des zones et
autres banlieues de Damas, d'Idleb,
de Lattaquié, d'Alep,
de Deir Ezzor, de Daraa
et de Hama essentiellement -
beaucoup sont déjà sous leur
contrôle - où l’on rapporte des
centaines de tués par jour parmi les
groupes armés composites pour la
plupart des mercenaires étrangers et
ce, sans possibilités d’être
approvisionnés, remplacés ou
renforcés. Un enfer où il ne reste
que la mort ou, avec chance, la
fuite ou la reddition. Cette
dernière, qui est considérée
trahison, a pour réponse l’exécution
immédiate par les pairs. Cependant,
devant la mort certaine, des
milliers ont choisi de se rendre.
Cette bataille d’Al Qseir
précipitera, sans aucun doute la
tenue de cette Conférence que les
analystes syriens assurent qu’elle
sortira avec un résultat en deçà de
ce qui est programmé par les
autorités syriennes.
Forcément ! Selon les observateurs,
l´armée syrienne, majoritairement
sunnite, qui a une doctrine et
l’expérience, aidés par les forces
de «défense nationale », procède par
intelligence, discernement, méthode
et patience : informations, étude,
stratégie, contre stratégie,
tactiques, contre-tactique,
offensive contre-offensive
contrairement à la horde mercenaire,
hétéroclite, indisciplinée, sans
conviction, qui répond par les
assassinats de civils, le lancement
des obus sur les villes, les
attaques des concentrations de
personnes par des voitures piégées,
les destructions des infrastructures
économiques, sociales et
culturelles, les attentats-suicides,
l’éviscération
des
cadavres, les kidnapping dont des
vieillards amnésiques pour les
utiliser sûrement comme monnaie
d'échange, l’embrigadement des
enfants. Ils s’autorisent aussi de
décréter le ‘‘Djihad sexuel’’
(forme de prostitution), de rendre
licite le viol et le vol. Les
planificateurs de cette conquête de
la Syrie doivent être atteints d’une
grave déchéance mentale pour engager
et compter sur ces barbares-là !
Dans ces situations, la guerre
contre la Syrie ne peut que toucher
à sa fin, en faveur de la Syrie, au
regard de la débandade qui règne
dans leurs rangs d’une part et de la
fébrilité et l’agitation sur le plan
diplomatique qui saisit les États
impliqués d’autre part. Cette
certitude se vérifie d’abord par les
incontestables succès de l’armée
syrienne, ensuite par le
«coup
de grâce» porté suite à
l’acquisition récente par la Syrie
de moyens de défense redoutables -
tels les S300 et les nouveaux
missiles de pointe, sol-mer, du type
‘Yakhont’, des antinavires
équipés de radars sophistiqués - qui
ont ôté tout espoir de poursuivre la
guerre encore moins de la gagner !
Le tout pris en tenaille par une
armada de navires de guerre russes
dont 12, au moins, ont
accosté récemment au port Tartus.
Ceci a fait réagir de façon curieuse
le
général Martin Dempsey, chef de
l’état-major interarmes américain,
qui estime que cela «risquait
d’encourager
l’armée régulière syrienne et de
prolonger le conflit»
(?!). Plutôt mettre fin aux
provocations si l’on se
réfère à Nick Brown, rédacteur en
chef de la revue IHS Jane’s, qui
fait autorité en matière de défense,
qui affirme que ces missiles sont «difficiles
à détecter et encore plus difficiles
à abattre…[qu’ils sont] de
taille pour tenir les bâtiments de
guerre à distance des rivages
syriens». L’intention cachée est
révélée par d’autres responsables US
qui pensent que ces engins «empêchent
un blocus maritime de la Syrie et
bloquent toutes possibilités de
ravitaillement des groupes armés via
la mer». La dissonance,
toutefois, vient du secrétaire
américain à la Défense Chuck Hagel
qui a déclaré que les États-Unis
allaient «continuer à discuter
avec la Russie» et que les deux
pays «ont un intérêt commun à
empêcher une guerre régionale
potentiellement explosive».
Les
autres éléments qui ont accéléré les
choses vers leurs fins sont
notamment le raid israélien qui a eu
pour conséquence un effet inverse de
celui projeté; une aggravation de la
«sécurité» d’Israël par
l’ouverture du front du Golan -
auquel adhère l’Irak avec l’annonce,
par le conseiller de Maliki, Heydar
Al Lami, de la création de comités
pour la libération de ses hauteurs
occupées par les sionistes - la
fourniture d’armes plus
sophistiquées au redoutable
Hezbollah et, enfin, la sortie
fortuite de Carla Del Ponte qui a
démoli l’argument de l’utilisation,
par l’armée syrienne, des armes
chimiques qui allait justifier une
intervention militaire extérieure.
C’est les groupes armés, que
soutient l’Occident, qui l’ont
utilisé affirme-t-elle, sans
ambages, après enquête.
La dernière menace d’Israël d’user
d’un autre raid sur la Syrie a non
seulement reçu déjà la mise en garde
ferme de la Russie, mais fait réagir
l’ex-chef du renseignement sioniste,
Amos Yadlin, qui a mis en doute le
succès des raids prochains en
affirmant que «cette
entreprise ne peut être couronnée…de
succès vu les tensions que créerait
une telle campagne…et les réactions
que le camp d'en face manifesterait»
ajoutant que «les S300 sont
capables de viser les avions
israéliens à des dizaines de
kilomètres». Selon ‘Haaretz’,
une autorité militaire aurait confié
qu’Israël a «sous-estimé la
puissance militaire du régime syrien
et l'attitude à suivre fait toujours
débat au sein de la hiérarchie
militaire». Il faut toutefois
rester vigilant avec cet Israël
connu pour sa vilénie et ses coups
tordus!
On ‘’réfléchit’’ même à un ultime
(?) stratagème qui consiste en
l’envoi de «Casques bleus» afin,
dit-on, de «rassurer certains
groupes ethniques» et «aider
à stabiliser le pays», alors que
ce genre de force ne se déploie
qu’en cas d’accord de paix d’une
part et lorsqu’il y a conflit entre
groupes ethniques d’autre part ; ce
qui loin d’être le cas en Syrie
contrairement à la propagande de
l’Occident ! Et puis, le monde
connaît maintenant le rôle des
«Casques bleus» de l’ONU…des espions
déguisés onusiens pour la plupart !
Rien
n’y fera. Tout est fini. Il n’y aura
plus d’hégémonie américaine sur la
région ni de supériorité sioniste.
Le multilatéralisme est désormais
établi. Le couplet monotone rabâché
à la nausée «communauté
internationale» ne prendra plus,
l’attrape-nigaud «Ligue des États
arabes» ne piégera et ne
trompera plus. Nous verrons que le
monde reconnaîtra, l’héroïsme, les
sacrifices et la résistance du
modeste peuple syrien face à la
puissante alliance qui voulait le
sacrifier pour l’intérêt et la
suprématie. L’écrivain et philosophe
russe, proche de Poutine, Alexander
Prokhanov fait cette remarque
d’importance «ceux qui ne veulent
pas voir l’occupation rampante de la
planète par les Américains feraient
bien d’observer la Syrie et le rôle
qu’y joue l’Occident » (
‘hebdo.ch’, du 16 mai 2013).
Terminons par un extrait de
l’entretien donné, par Bachar al-Assad,
au journal argentin ‘Clarin’ qui
nous renseigne sur les principes
qu’il ne faudra pas toucher et sur
des faits qui battent en brèche les
versions tronquées occidentales:
«Je
ne sais pas si Kerry ou les autres
ont reçu un pouvoir du peuple syrien
pour parler en son nom, à savoir,
qui devrait partir et qui devrait
rester. Cela sera déterminé par le
peuple syrien par les élections…la
présence d’observateurs est une
décision nationale». Sur le
terrorisme, il a déclaré «soyons
clairs…il y a confusion dans le
monde entre la politique et la
solution au terrorisme. Ils estiment
qu’une conférence politique peut
arrêter le terrorisme sur le
terrain. C’est irréel». Sur les
armes chimiques et les accusations,
il explique ainsi «ces
déclarations de nos ennemis…changent
tous les jours. Les armes chimiques
sont des armes de destruction
massive. Ils disent que nous les
avons utilisés dans des zones
résidentielles. Si je vous dis
qu’une bombe nucléaire a été larguée
sur la banlieue et qu’il a dix ou
vingt personnes victimes, vous allez
me croire ? L’utilisation des armes
chimiques dans les zones
résidentielles signifie…des dizaines
de milliers de personnes tuées en
quelques minutes. Qui pourrait
cacher une telle chose ?». On
comprend, en effet, pourquoi les
Américains corrigent l’accusation en
disant, maintenant, «en petite
dose» à défaut de se renier.
Dans
peu de temps, il ne restera que les
stigmates et les ondes d’une guerre
psychomédiatique sans précédent,
perfide, mensongère et vengeresse
qui nourriront, durablement, plus de
haine surtout pour les États
compromis dans cette guerre injuste
et prédatrice. Une haine, bien sûr
envers tous ces pseudos politiciens,
ces pseudos journalistes ou
chroniqueurs avec leurs
médias-mensonges, ces pseudos
organisations dites des «droits de
l’homme», ces pseudos philanthropes
qui font passer ces assassins,
ces gueux, ces lâches, ces
ignorants, ces obscurantistes, ces
dégénérés pour des vertueux ou de
«bons
samaritains»,
des
épris de justice, de paix et de
liberté.
Djerrad Amar
Le
dossier Syrie
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