Opinion
La France d'après
la loi du mariage pour tous
Alexandre
Latsa
Photo: EPA
Mercredi 24 avril
2013 L’assemblée nationale française
a donc mardi 23 novembre voté la loi
autorisant le mariage pour tous, La
France devient ainsi le 9ème pays en
Europe et le
14ème dans le monde à rendre
légal le mariage pour les couples du
même sexe, qui, selon le dernier
sondage de l’Insee, représentent
donc moins
0,6% de la population de notre
pays.
Le texte aura donc
été adopté malgré prés de
5.000 amendements et une bonne
centaine d’heure de débats parfois
musclés donnant parfois
à
l’Assemblée nationale un air de Rada
ukrainienne, ou les pugilats sont
fréquents. Ce sont donc 331 députés
qui ont voté pour, 225 contre et 10
qui se sont abstenus. Un score sans
surprise compte tenu des
répartitions des sièges par
tendances politiques suite aux
dernières
élections législatives qui ont
vu une large victoire des forces de
gauche, celles-ci ayant obtenu 60 %
des sièges de députés.
La fébrile
opposition entre députés et de
droite et de gauche a brusquement
disparu lorsqu’après le vote, un
individu est venu perturber la
séance en tentant de déployer une
banderole pour finalement être
maîtrisé par le service de sécurité.
Claude Bartolone, président de
l’assemblée nationale a alors
rapidement appelé
à
expulser de l’assemblée les «
ennemis de la démocratie »
entraînant les applaudissements des
députés de droite comme de gauche.
Ouf, l’Assemblée nationale de
nouveau unie venait de se protéger
d’un immense péril !
Rue 89
livre un récit précis et assez
affligeant de chaque moment de cette
journée cruciale qui s’est terminée
par un discours d’une Christine
Taubira émue et inspirée puisqu’elle
a rappelé que «Les vérités
tuent, celles que l'on tait
deviennent vénéneuses ».
Ce
faisant, elle est sans nul doute
l’une des rares socialistes
françaises de l’histoire à citer
Nietzsche à la tribune de
l’assemblée nationale. Il faut noter
qu’aucun des députés de gauche
d’outre-mer n’a voté pour ce projet
de loi qui, selon les députés
concernés, «bouscule toutes
les coutumes, toutes les valeurs sur
lesquelles reposent nos sociétés
». Une remarque finalement assez
similaire
à
celle de Vladimir Poutine lors de sa
dernière visite en Hollande
lorsqu’il
affirmait que «
pour des raisons de traditions et de
coutumes de tels mariages entre
homosexuels ne pourraient avoir lieu
par exemple en Tchétchénie ».
L’après-midi fut il est vrai riches
de symboles.
Le
député des anti-mariages pour tous,
Henri Guaino, que certains lors des
manifestations appelaient à devenir
président de la république, a par
exemple lui voté « pour » le mariage
mais par erreur, puisqu’il a
expliqué aux journalistes s’être
trompé de bouton. Il n’est pas le
seul puisque Jean Louis Borloo a lui
voté contre, mais également par
erreur, ce dernier affirmant peu de
temps après «que son vote ne
reflétait pas sa volonté ».
On
pourrait en rire si l’UMP,
et la droite française en général,
était encore en mesure de faire rire
qui que ce soit, ce dont je doute
fortement.
L’égérie de la contestation, Frigide
Barjot, est quand a elle sortie sous
les quolibets et les
insultes d’une centaine de
partisans du mariage pour tous et
d’un député socialiste: Jean Luc
Romero. Ce dernier, en agressant
verbalement Frigide Barjot, a donné
une image assez claire de la
mentalité de certains partisans de
cette loi qui n’ont visiblement rien
à envier à leurs congénères du clan
opposé. Pendant que le député Romero
a annoncé qu’il allait se marier a
la rentrée, Frigide Barjot à elle
appelé à manifester les 5 et 26 mai
prochains et menacé que son
mouvement ne choisisse de présenter
des candidats aux prochaines
échéances électorales, afin sans
doute d’encore un peu plus
fractionner une droite déjà éclatée?
Sans trop de surprises plusieurs
milliers s’opposants au mariage pour
tous se sont réunis à Paris, la
soirée dégénérant en incidents
violents avec les forces de l’ordre.
Il est intéressant de voir quelle
sera désormais l’ampleur de la
mobilisation des anti-mariages au
cours de ce mois de mai 2013 et
maintenant que la démocratie
française a légalement permis le
vote de cette loi pourtant si
contestée.
On
peut imaginer que la contestation
prenne une forme différente mais une
chose est certaine, alors que le
pouvoir socialiste n’a jamais été
aussi critiqué ni faible, la
fracture française s’accroît et «
les Frances » sont désormais une
appellation à laquelle il va falloir
s’habituer.
Publié sur
La Voix de la Russie
Reçu de l'auteur pour publication
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