Palestine

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Le
cercle vicieux
Rania Adel
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Palestine.
La secrétaire d’Etat américaine, en visite au Proche-Orient
pour la troisième fois en six semaines, s’est efforcée de
rapprocher Israéliens et Palestiniens avant la conférence de
paix attendue dans la dernière semaine de novembre à Annapolis,
aux Etats-Unis.

Condolezza Rice et Mahmoud Abbas
Mercredi 7 novembre 2007
Plus la date de la
conférence de paix au Proche-Orient s’approche, plus les
tractations s’intensifient et plus les visites de responsables
se multiplient. Objectif : tenter de concilier les positions bien
divergentes des Israéliens et des Palestiniens mais surtout
sauver la face des Etats-Unis qui, vu l’imbroglio iraqien,
veulent se donner l’impression qu’ils ont contribué à la résurrection
du processus de paix. C’est dans ce contexte que la secrétaire
d’Etat américaine Condoleezza Rice a effectué sa huitième
visite dans la région, dimanche et lundi derniers. Suite à sa
rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne
Mahmoud Abbass, elle a estimé lundi que la réunion
internationale sur le Proche-Orient, prévue avant la fin de
l’année aux Etats-Unis à Annapolis, pouvait être un «
tremplin » pour la conclusion d’un accord de paix avant la fin
du mandat du président George W. Bush.
De son côté, M.
Abbass a souligné qu’« il y a des progrès dans les préparatifs
en vue de lancer des négociations sur le statut final à la conférence
d’Annapolis et la transformer en une réelle opportunité pour
lancer un processus de paix significatif ».
Des vœux pieux ?
Beaucoup ont tendance à le croire d’autant plus que rien de
concret n’a été mis en exergue. A son arrivée en Israël,
Rice a reconnu que des « discussions difficiles »
l’attendaient sur l’élaboration d’un document de travail
commun aux deux parties, censé édicter les principes sur
lesquels reposera un futur Etat palestinien. D’ailleurs, elle
avait indiqué auparavant qu’elle ne s’attendait pas à
un accord dans l’immédiat sur le document commun que les deux
parties doivent soumettre à l’approbation des participants à
la réunion internationale d’Annapolis, près de Washington,
supposée lancer des négociations formelles sur la création
d’un Etat palestinien.
« Ils y
travaillent encore et comme toujours dans ce genre de situation,
ils passent par des discussions compliquées. Je pense qu’elles
vont se poursuivre pendant un moment, mais je vais voir si je peux
faire quelque chose pour les aider à avancer », a-t-elle ajouté.
Exigence israélienne
La secrétaire d’Etat
américaine, s’est heurtée de plus aux exigences sécuritaires
d’Israël, lors de ses entretiens à Jérusalem. D’entrée de
jeu, la chef de la diplomatie israélienne, Tzipi Livni, a souligné
que les impératifs de sécurité d’Israël passaient avant la
création d’un Etat palestinien.
« Ce qui signifie
: sécurité pour Israël d’abord et, ensuite, création d’un
Etat palestinien. Parce que personne ne veut d’un nouvel Etat
terroriste dans la région », a poursuivi Mme Livni qui dirige
l’équipe de négociateurs israéliens.
« Même si nous
devons trouver un terrain d’entente avec les dirigeants
(palestiniens) pragmatiques, ils doivent eux-mêmes comprendre que
la mise en œuvre de futurs accords n’interviendra que conformément
aux phases de la Feuille de route », a-t-elle déclaré, en référence
au seul plan de paix international encore valide.
Le premier ministre
Ehud Olmert a également souligné qu’il fallait s’en
tenir à la Feuille de route lors de sa rencontre avec Mme Rice.
Celle-ci prévoit
dans sa première phase d’application que les Palestiniens «
mettent fin à la violence » d’une part, et de l’autre qu’Israël
« gèle toutes les activités d’implantation de colonies ».
Ironie du sort :
Israël qui se dit attaché à ce plan de paix n’a jamais cherché
à l’exécuter et se dit opposé à tout Etat palestinien tant
que sa sécurité n’est pas garantie. Les Palestiniens pour leur
part soulignent que s’il y a insécurité, c’est en raison
d’Israël qui refuse de discuter de leur Etat.
Avec ce cercle
vicieux, peut-on espérer une réussite de la conférence ? Les
analystes en doutent fort. Au-delà des premières difficultés
sur une définition de la Feuille de route, d’autres
complications existent. Théoriquement, la conférence doit servir
de tremplin pour des négociations sur les principaux problèmes
au cœur du conflit, tels que la question des frontières,
l’avenir de Jérusalem et le sort des millions de réfugiés
palestiniens et de leurs descendants. Mais Israël refuse de
fournir un calendrier, comme le demandent les Palestiniens, pour
le traitement de ces questions, arguant que l’irrespect de ce
calendrier pourrait déclencher de nouvelles violences.
Il paraît donc que
pragmatiquement parlant, l’Etat hébreu n’est pas prêt à
faire le moindre pas en avant d’autant plus que le premier
ministre israélien Ehud Olmert est confronté à une forte
opposition, au sein de sa coalition, à toute concession sur le
tracé des frontières et à une division de Jérusalem.
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Hebdo
Publié le 7 novembre 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo

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