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Ha'aretz
Ces Juifs américains qui sont un danger pour Israël
Akiva Eldar
Akiva Eldar - Photo
Ha'aretz
Article un peu ancien, mais qui garde toute son actualité pour
ce qui concerne le rôle néfaste de l'AIPAC, de ses amis
évangélistes et de tous ceux qui se proclament "amis d'Israël"
aux Etats-Unis.
Ha¹aretz, 25 janvier 2008
http://www.haaretz.com/hasen/spages/957533.html
A la question rituelle de savoir quel candidat aux
présidentielles américaines serait le meilleur pour les Juifs,
il existe une réponse juive, c'est-à-dire par une autre
question. En fait, par deux questions : « Qu¹est-ce qui est bon
pour les Juifs ? », et « Pour quels Juifs ? »
Par exemple, ce week-end, le New York Times rapportait que lors
de la conférence de la Ligue arabe qui doit se tenir le mois
prochain à Damas, l'offre d'une normalisation des relations des
Etats arabes avec Israël en échange de la fin de l¹occupation
serait réexaminée. Est-ce bon ou mauvais ? Cela dépend à quel
Juif on pose la question.
Le Premier ministre Ehoud Olmert dit que, pour les Juifs, le
plus important et le plus urgent est la création d'un Etat
palestinien sur la plupart des territoires occupés. Selon lui,
si nous ne trouvons pas une manière de
partager la terre en deux Etats, le plus vite possible, Israël
deviendra un Etat binational. En d'autre termes, si l'on suit
Olmert, un président américain opposé à un accord définitif avec
les Palestiniens est une menace pour le sionisme.
De son côté, le leader du Likoud Benjamin Netanyahou affirme
qu¹un président qui pousse à la création d¹un Etat palestinien
soutient en réalité la création d¹une « entité terroriste » qui
menacerait l¹existence d¹Israël.
Netanyahou se sent chez lui dans le camp des politiciens
américains proches de l¹évangéliste Pat Robertson, qui avait
déclaré, quelques heures après l¹accident cérébral d¹Ariel
Sharon, qu¹il s¹agissait d¹une punition divine « pour avoir
divisé une terre sainte qui n¹appartient qu¹à Dieu. »
Olmert est devenu le représentant le plus important de l¹opinion
selon laquelle les colonies sont un obstacle pour l¹avenir du
sionisme. De ce point de vue, le président Bush père était
meilleur pour les Juifs que son
fils. Le père avait gelé les promesses américaines d¹un prêt
destiné à financer l¹absorption des nouveaux immigrants pour
punir Itzhak Shamir qui avait refusé de geler la colonisation
pendant les négociations. De son côté, Bush fils se contente des
promesses traditionnelles d¹Olmert de respecter les engagements
de son prédécesseur Sharon et d¹évacuer les colonies illégales.
Entre les déclarations soigneusement rédigées des trois
candidats à la présidentielle, on peut remarquer que Barack
Obama, Hillary Clinton et John McCain ne proposent rien de très
différent : deux Etats séparés par la ligne de 1967, avec des
modifications mutuellement agréés quant à leur localisation
précise, et une solution équitable et réaliste au problème des
réfugiés.
L¹engagement pour la sécurité d¹Israël est depuis longtemps le
test décisif pour mériter le titre d"ami d¹Israël". Il y a
longtemps que les arabistes du département d¹Etat, qui doutaient
du droit d¹Israël à exister dans la sécurité, ont jeté l¹éponge.
Les trois candidats se sont entourés de conseillers qui
considèrent la paix avec le monde arabe comme la clé de la
sécurité d¹Israël. Pour eux, la résolution du conflit
israélo-arabe renforcera le camp pragmatique arabe dans sa lutte
contre l¹islamisme radical.
Si l¹on en croit le gouvernement israélien actuel, le titre
d¹"ami d¹Israël" serait réservé à un président américain qui ne
se contenterait pas de jolies paroles sur un "horizon
politique", et qui placerait le défi des deux Etats en haut de
son ordre du jour.
Tel n¹est pas le cas de l¹establishment juif américain. Pour
lui, un "ami d¹Israël" est un Américain qui laisse les Arabes et
les Israéliens se massacrer, sur le chemin d¹un Etat binational
ou d¹un régime israélien d¹apartheid. Un exemple d¹"ami d¹Israël"
serait par exemple quelqu¹un comme l¹évangéliste Gary Bauer,
candidat aux primaires républicaines il y a huit ans.
L¹AIPAC, le puissant lobby pro-israélien, de daigne pas vraiment
se mobiliser en faveur d¹une solution à deux Etats. Invité
d¹honneur de l¹AIPAC à l¹un de ses congrès annuels, Gary Bauer
avait rappelé à un public
enthousiaste : « Dieu a donné la Terre d¹Israël au peuple juif,
et il est absolument interdit de la donner à un autre peuple. »
Les caciques de l¹appareil juif américain (qui, d¹après les
sondages, sont loin de représenter la majorité des Juifs aux
Etats-Unis) considèrent Bauer comme un « ami d¹Israël ». En
revanche, Obama a perdu ce titre à leurs yeux quand Robert
Malley, l¹un des conseillers de Bill Clinton pour le
Moyen-Orient, a été vu à son QG de campagne.
Ehoud Olmert lui-même a affirmé que, sans une solution à deux
Etats, « c¹est la fin d¹Israël. » Les organisations juives
disent qu¹elles soutiennent le gouvernement israélien, quelle
que soit sa politique. Alors, qui est le bon Juif ? Celui qui
soutient un candidat qui appelle à la création d¹un Etat
palestinien, ou celui qui s¹y oppose ?
Trad. : Gérard
pour
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