Opinion
Algérie : le
nouveau cours des Etats-Unis
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 26 décembre
2011
On sait que
la politique des Etats-Unis ne dépend
pas du tout des programmes électoraux
des élus du peuple : membres du Congrès,
président… Dans ce pays, ce sont les
lobbies qui actionnent les institutions.
Cet état de fait est parfaitement légal
et connu de toutes et de tous. Le cas le
plus notoire et le plus médiatisé est
celui du lobby sioniste, AIPAC en tête,
qui fera qu'Israël pourra, le cas
échéant, bombarder l'Italie ou la France
sans que la Maison-Blanche y trouve à
redire, si elle ne soutient pas
l'initiative. Mais il en est ainsi de
tous les faits et gestes et de toute la
stratégie étatsunienne à l'étranger,
comme à l'intérieur du pays. Vis-à-vis
de l'Algérie, il s'agit donc, aussi, de
chercher ce qui dicte les positions de
Barak Obama et de son égérie, Hillary
Clinton. On se souvient que, il n'y a
pas si longtemps, quelques mois au plus,
les Etats-Unis avaient choisi de faire
les gros yeux à l'encontre de l'Etat
algérien et de soutenir ouvertement des
«démocrates» qui avaient table ouverte à
leur ambassade à Alger. Brutalement, ils
ont changé de registre et se sont
découvert des atomes crochus inédits
avec ce «régime», que remettaient en
cause leurs poulains d'hier, passés à la
trappe. Cette volte-face n'a pu se faire
gratuitement, par la grâce d'un retour
aux bons sentiments, au respect de la
souveraineté des pays ou par le fait
d'un habile travail diplomatique des
Algériens. On sait que la superpuissance
est en difficulté, on sait que ses
entreprises sont mises à mal et qu'elles
ont besoin d'élargir un espace vital,
fortement réduit par la crise mondiale
du capitalisme et par les changements
politiques intervenus dans sa chasse
gardée, l'Amérique latine. On sait que
ses hommes d'affaires se sont mis à
s'intéresser sérieusement au plus grand
marché d'Afrique. Les 286 milliards
d'investissements et la solvabilité
financière de l'Algérie ne pouvaient les
laisser indifférents. Il ne restait qu'à
convaincre les dirigeants algériens de
s'aligner, en échange d'une immunité
contre une «démocratisation» imposée.
Celle-ci ayant été, en fait, abandonnée
quand il a fallu se rendre compte que
les «démocrates», à l'inverse de la
Libye, étaient très loin de constituer
une force d'appoint, pas même aptes à se
faire entendre dans leurs cercles
familiers et en dehors d'une presse
complaisante à l'excès. Ajoutons le coût
d'une tentative de déstabilisation dans
des conditions défavorables et devant le
risque certain de renforcer les tenants
du pouvoir, grâce à l'inévitable
réaction patriotique et nationaliste
d'une population, très sensible à
l'égard des ingérences étrangères, sans
préjudice du risque militaire avéré. Fut
alors choisi le recours à des méthodes
plus douces, facilitées par la
disponibilité du gouvernement algérien à
coopérer, convaincu qu'il est de se
trouver en situation de faiblesse, car
acculé par une demande populaire
frondeuse et «encerclé» par des pays,
désormais hostiles. On n'en est qu'au
début du processus de reconfiguration
des rapports de force dans la région et
de l'irruption des Etats-Unis dans la
zone d'influence européenne. L'essentiel
des concessions qui ont été faites n'est
pas encore visible, mais on peut être
certains de facilités accordées aux
capitaux étasuniens, les pétroliers au
premier chef, auxquels s'ajouteront les
accords sur le plan militaire et
géostratégique, moins avouables.
Article publié sur
Les Débats
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