Opinion
Le sujet en cours
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 25
décembre 2012 Il faut croire que la démocratie va bien
être le grand sujet de ce début de
siècle. Rappelons-nous. Durant le siècle
dernier, les Etats-Unis et leurs
satellites préféraient les Augusto
Pinochet, Jorge Rafael Videla et autre
Alfredo Stroessner, comme dirigeants
chez les indigènes. Plus tard, les
Sud-américains, qui n'avaient pas du
tout apprécié ce choix, ont fini par
décider par eux-mêmes de leur destin
contre le grand voisin du nord. Et puis
vint le tour des Arabes et assimilés qui
devaient, bien au contraire des
sud-américains, se débarrasser des
dictateurs. On sait ce qu'il en fut en
Irak, en Libye et ce qui est en cours en
Syrie. Mais, dans le même temps, en
Europe la démocratie est devenu
indésirable pour les gouvernants, tout
mobilisés qu'ils sont pour satisfaire
les spéculateurs de la finance. En
réponse l'idée que la démocratie en
vigueur doit être revue a commencé à
faire son chemin. Et pour cause, les
mesures qui sont prises portent sur la
destruction systématique de tous les
acquis démocratiques et, pire, les
électeurs sont menacés par les banques
et par l'Union européenne s'il leur
venait de voter pour des partis hostiles
à l'austérité et au système en place. A
ce propos, l'ancien président de la
république française, Valéry Giscard
d'Estaing, vient de révéler ce qui se
passe dans la tête des dirigeants
politiques actuels. Sans sourciller, il
a déclaré ceci : "Les Français ne
peuvent pas se gouverner. Par contre
quand ils sont bien gouvernés, ils
suivent. Mais si vous dites,
gouvernez-vous vous-mêmes, c'est le
désordre et l'affrontement. C'est un
peuple individualiste et extrêmement
tourné vers l'intérêt personnel et qui
donc ne recherche pas l'intérêt
collectif". Ainsi ce peuple devrait être
plutôt mené à la baguette. Passons sur
la question de savoir comment il peut
être, à la fois, individualiste et dénué
d'intérêt collectif tout en réussissant
à mener des actions de masse. Le fait
est donc bien clair. La démocratie
n'existe pas dans l'absolu de son
étymologie mais dans la relativité des
systèmes qu'elle doit servir. Giscard
d'Estaing nous donne, à ce propos, l'une
des raisons illustratives de son opinion
: "Prenez le cas des retraites. Tous les
pays d'Europe ont changé leur régime de
retraites. Ça s'est fait sans grève et
sans débat violent. En France pour
passer de 60 à 62 ans, regardez ce qui
s'est passé !" D'après lui, il fallait
que les Français acceptent de verser
plus de cotisations, en travaillant deux
années de plus que prévu, sans
rechigner. Par conséquent, ils "ne
peuvent pas se gouverner", conclusion :
il faut les gouverner autrement pour
qu'ils "suivent", l'ex président ne dit
pas comment. Pour ce qui est des Arabes
et assimilés, là où la démocratie est
introduite, ils en sont à expérimenter
son efficacité avec, chose inédite et
insolite, les Frères en prime. Selon les
premiers résultats d'un référendum, le
peuple égyptien aurait voté à 64% pour
la Constitution du pays. Dans le détail
qui ne comptent pas dans la démocratie
en vigueur, ces 64% ne représentent en
fait que 20% des électeurs inscrits,
soit 10 586 465 de votants, alors que
68%, plus du triple, soit 34.739.538
n'ont pas voté. Se pourra-t-il que ces
derniers ajouté à ceux qui ont dit non
(6.006.372) acceptent la chose. Rien
n'est moins sûr dans le violent
apprentissage qui est train de se
dérouler.
Article
publié sur
Les Débats
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