Opinion
Algérie et Ligue
pétromonarchique
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 17 novembre
2011
La nouvelle
configuration de la Ligue dite arabe est
un excellent indicateur des rapports de
force internationaux. Un diagnostic
peut-être rapidement fait, qui nous
éclaire sur le profond recul des
nationalismes et sur la montée en
puissance de monarchies, à l'origine,
soutenues pour ne pas dire installées
sur leur trône par les puissances
coloniales. Ainsi, on peut constater
l'affaiblissement ou la disparition des
voix de l'Irak, de la Syrie, de la
Libye, de l'Algérie et même de l'Egypte,
quand celles des féodalités,
profondément réactionnaires, sont
désormais les seules qui comptent et qui
se font entendre. Conséquemment, cette
ligue gagne en «efficacité» et en
audience, ce qui est loin d'être un
paradoxe. Son fusil a changé d'épaule et
s'est retourné contre ses propres
membres, ceux désignés pour la
«démocratisation». Sous sa formule
rénovée elle est en position de pouvoir
se revendiquer comme ayant des
prérogatives réelles. Constituée par les
pays du Conseil de Coopération du Golfe
(CCG), elle mène à la trique la plupart
des pays et fait taire les
récalcitrants, au nom des résolutions
onusiennes qu'elle peut introduire. Ce
faisant, les monarques du CCG se sont
renforcés en paraphant l'appartenance à
leur camp des royaumes du Maroc et de
Jordanie. Reste une attente, celle de
l'issue, encore problématique, du
processus de normalisation de la Libye
dans le sens de son intégration à
l'ensemble «arabe» reformulé. Mais,
s'agit-il toujours de la même structure
? On peut oser répondre non et affirmer
que le formalisme ancien ne fait que
sauver les apparences, le temps d'une
transition qui risque d'être courte et
qui dépendra, tout de même, du temps que
prendra la mise sous coupe réglée ou
l'exclusion de ceux, des Etats, qui
doivent choisir entre prêter allégeance
aux «Bachaghas» ou se voir isolés sur la
scène internationale, sinon risquer
plus... Durant cette phase, toutes les
décisions seront imprimées, et on le
sait, par les pétromonarchies et seront
imposées à ceux qui voudront jouer le
rôle de comparses. Cela permettra
d'opérer les décantations nécessaires et
de tracer les éventuelles lignes de
fracture. On s'est donc bien écarté des
conditions qui ont présidé à la
naissance de la ligue et à des lieues de
ses grands principes. Et on est plutôt
en présence d'une organisation
supplétive des Etats-Unis et de leurs
satellites. A telle enseigne que le
Secrétaire général, nouvellement en
poste, n'a pas hésité à user de la
formulation utilisée par l'OTAN en
déclarant (à Tripoli, en présence du
chef du CNT) que son organisation
«étudie la mise en place d'un mécanisme
pour protéger les civils en Syrie».
Certains médias, faussement naïfs, ont
rapporté qu'il n'a pas «ajouté de
précisions». L'agitation vis-à-vis de la
Syrie détonne, bien sûr, avec le silence
sur le Bahreïn, sur le Yémen et sur la
répression des Chiites en Arabie. La
«protection des civils» palestiniens,
quant à elle, doit être absente même des
prévisions les plus pessimistes. Se pose
alors la question de la présence de
l'Algérie dans cette succursale chargée
de donner une caution politique à
l'endiguement des résistances au marché,
voire à la destruction des pays
irréductibles, dont le dernier
représentant dans la région est l'Iran.
Les dossiers libyen et syrien ont été
des tests. Dans l'avenir les débats
seront de moins en moins possibles. A ce
moment là, l'Algérie, l'Africaine,
doit-elle se satisfaire d'un pouf de
courtisan, au nom de sa seule arabité en
lambeaux, ou redonner cette fierté à son
peuple qui lui a permis de défendre sa
dignité et son indépendance ?
Article publié sur
Les Débats
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