Mercredi 24 mars 2010
Palestine.
Israéliens et Américains sont en passe de
mettre un terme à la crise qui a refroidi leurs relations sur
fond d'un processus de paix dont on n'attend pas le dégel de
sitôt.
Le coup de froid, né il y a deux semaines entre les
Etats-Unis et Israël, semble s'être estompé. S'est estompé aussi
tout espoir de reprise sérieuse des négociations en vue d'une
paix véritable. Et la visite cette semaine à Washington du
premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, est plus
destinée à réchauffer les relations entre les deux pays qu'à
parvenir à des moyens de relancer le processus de paix. En
effet, à la veille de l'arrivée de M. Netanyahu à Washington, la
secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a réitéré le
ferme soutien de Washington à la sécurité de l'Etat hébreu.
« Pour le président (Barack) Obama, pour moi et pour toute
l'administration, notre engagement pour la sécurité d'Israël et
pour l'avenir d'Israël est inébranlable. Garantir la sécurité
d'Israël est plus qu'une position politique pour moi. C'est un
engagement personnel auquel je ne renoncerai jamais », a déclaré
Mme Clinton.
La sentence a été lâchée. C'est tout dire. Les
Palestiniens ont beau compter sur les engagements premiers de
M. Obama, qui avait fait du processus de paix l'une de ses
priorités à son arrivée à la Maison Blanche, ils n'obtiennent
toujours rien. Certes, la secrétaire d'Etat américaine a appelé
Israël à faire des choix « difficiles mais nécessaires » pour la
paix, il n'en demeure pas moins que Washington reste impuissante
face à Israël, incapable de lui imposer ces « choix
difficiles ». Suite à la crise diplomatique entre Washington et
Tel-Aviv, et sous la pression américaine, Benyamin Netanyahu a
dit accepter de faire des « gestes de bonne volonté » afin de
relancer les négociations avec les Palestiniens. Mais il n'a
rien cédé sur un point capital : un gel de la colonisation à
Jérusalem-Est, dont la communauté internationale ne reconnaît
pas l'annexion en 1967. A la veille de son départ pour la
capitale américaine, le premier ministre israélien a ainsi défié
le monde entier en déclarant : « La politique de construction à
Jérusalem est la même que celle qui prévaut à Tel-Aviv. Nous
continuerons de construire à Jérusalem, comme nous l'avons fait
depuis 42 ans ».
Quant à George Mitchell, l'émissaire américain
pour le Proche-Orient, actuellement dans la région, il fait
profil bas. Au terme d'une rencontre avec le président
palestinien, Mahmoud Abbass, lundi à Amman, ce dernier s'est
contenté d'appeler Israéliens et Palestiniens à la « retenue »
après les violences dans les territoires palestiniens et à
Jérusalem-Est, afin de permettre la tenue de pourparlers
indirects ; tout en affirmant qu'il poursuivrait « dans les
prochains jours » ses discussions avec les responsables
israéliens et palestiniens afin d'établir « les conditions qui
permettront de lancer les pourparlers indirects et d'avancer
vers la paix et la prospérité pour tous ». Mitchell attend sans
doute les résultats de la rencontre Obama-Netanyahu à
Washington.
L'heure des décisions
Côté palestinien, la
présidence de l'Autorité a accusé, dimanche, Israël de répondre
aux efforts diplomatiques par « l'assassinat » de Palestiniens
et d'entraver la reprise du dialogue par sa politique de
colonisation à Jérusalem-Est. « L'escalade israélienne et
l'assassinat quotidien des Palestiniens sont le message de
l'actuel gouvernement israélien aux Arabes et aux efforts
américains », a affirmé le porte-parole de la présidence
palestinienne Nabil Abou-Roudeina, après la mort de quatre
Palestiniens près de Naplouse (Cisjordanie) en 24 heures.
M. Abou-Roudeina a ajouté que les déclarations de M. Netanyahu
sur la politique de colonisation de son gouvernement à Jérusalem
« n'aident pas à la reprise des négociations ».
Pour sa part, le
négociateur palestinien, Saëb Erakat, a déclaré que « l'heure
est aux décisions. L'intervention d'une tierce partie pour
rapprocher les points de vues dans les négociations est un
mécanisme adéquat ». Soulignant que les Palestiniens et les pays
arabes ont approuvé les pourparlers indirects, il a ajouté que
« la responsabilité du blocage des négociations » incombe à
Israël.
Devant l'impossibilité de négociations de paix directes
interrompues depuis fin 2008, les Etats-Unis ont obtenu des deux
parties de participer à des pourparlers indirects, que doit
mener M. Mitchell. Le début de ces négociations a été différé
après le feu vert donné le 9 mars par l'Etat hébreu à la
construction de 1 600 nouveaux logements à Jérusalem-Est. Depuis
cette annonce, de fréquents accrochages ont eu lieu entre
manifestants palestiniens et forces israéliennes à Jérusalem-Est
et en Cisjordanie occupée, lors de protestations contre la
colonisation juive.
Aujourd'hui, ce sont avant tout les
Etats-Unis qui sont à l'épreuve. Le principal parrain du
processus de paix doit donner la preuve de sa capacité à
relancer ce processus, à faire pression sur Israël et à être
impartial. Les Palestiniens peuvent-ils encore y croire ?
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AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 24 mars 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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