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Al-Ahram Hebdo
La polémique vide de sens
Abir Taleb
La colonie de Maale
Adomim - © Photo: PCHR
Mercredi 14 juillet 2010
Palestine.
Avec l'appui de
Washington, Israël accentue la pression pour une reprise des
négociations directes sans pour autant donner la moindre
garantie ni faire la moindre concession.
Dix ans après les accords
d'Oslo, le processus de paix s'est réduit à une seule question :
effectuer des négociations directes ou indirectes. Au lieu de
discuter des questions-clés dont le règlement est un préalable
obligatoire à toute solution finale incluant la création d'un
Etat palestinien, telles que les frontières, Jérusalem, les
réfugiés ou encore le partage de l'eau, le différend se limite
désormais à la simple question de la modalité des négociations.
Fidèle à sa politique de
tergiversation, Israël a tout fait pour réduire la polémique à
cette question. En se montrant prêt à reprendre les négociations
directes et en rendant les Palestiniens responsables de la non
reprise de ces discussions en raison de leur refus, Israël tente
de gagner un point en faveur. Plus encore, Tel-Aviv renverse la
situation en passant pour le bon élève et en pointant du doigt
le « mauvais comportement » des Palestiniens. Ainsi, concernant
la question des colonies, le premier ministre israélien Benyamin
Netanyahu a regretté que le moratoire sur les constructions de
colonies en Cisjordanie occupée n'ait pas permis, jusqu'à
maintenant, d'amener les Palestiniens à reprendre des
discussions directes pour la paix. Si le dirigeant israélien n'a
pas dit clairement qu'il n'y aurait pas d'entraves à l'érection
de nouvelles constructions à l'issue du moratoire qui expire le
26 septembre, tout porte cependant à croire que la construction
de colonies reprendra. « J'ai décidé, contrairement à tous les
gouvernements précédents, de geler les constructions dans les
nouvelles colonies pour une durée de dix mois, afin d'encourager
les Palestiniens à entamer des discussions sur la paix », a dit
le premier ministre israélien, faisant porter la responsabilité
du blocage actuel aux Palestiniens.
Alors que les Palestiniens et
les Etats-Unis estiment que les colonies israéliennes sont des
obstacles à la paix, le moratoire est mal vécu par les membres
de son parti, le Likoud et des partis de sa coalition
gouvernementale qui défendent une politique dure envers
l'Autorité palestinienne. Le ministre israélien de la Culture et
des Sports, Limor Livnat, a ainsi indiqué qu'il n'y avait pas
« le moindre doute » que la construction reprendra dans les
colonies de Cisjordanie occupée à l'issue du moratoire.
Bloquées depuis l'offensive
israélienne contre la bande de Gaza de l'hiver 2008-2009, les
discussions ont repris le 9 mai sous la forme de discussions
indirectes, dites de « proximité », par l'intermédiaire de
l'émissaire américain George Mitchell. Autre tergiversation,
M. Netanyahu a indiqué qu'il était prêt à faire des concessions
aux Palestiniens. Pourtant, dans la réalité des faits, aucune
concession n'est accordée côté israélien et, quand bien même ces
négociations reprendraient, elles ne risquent pas d'aboutir à
des résultats positifs concrets. Pour preuve, le premier
ministre ne s'est pas prononcé franchement sur une prolongation
du gel des colonies. Or, sans cela, il ne faut pas espérer une
reprise des pourparlers.
Pour les Palestiniens, en effet,
des progrès dans les discussions de proximité sont nécessaires
avant d'engager les discussions directes souhaitées par Israël,
mais aussi par les Etats-Unis, l'allié éternel de l'Etat hébreu.
« Nous disons que s'il y a des progrès, nous entamerons des
discussions directes. S'il n'y a aucun progrès, quel serait le
bénéfice de négociations qui seront futiles et inutiles ? », a
dit le président palestinien Mahmoud Abbass. Ce dernier a
souligné que les Palestiniens souhaitaient des discussions
indirectes pour progresser sur deux dossiers : les dispositions
de sécurité et les frontières de l'Etat que les Palestiniens
entendent fonder en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à
Jérusalem-Est.
La semaine dernière, lors de sa
visite à Washington, M. Netanyahu a réussi à obtenir le soutien
du président américain, Barack Obama, sur cette question. Ce
dernier a exhorté les deux parties à reprendre des discussions
directes d'ici septembre. Il a également assuré, vendredi, le
chef de l'Autorité palestinienne de son engagement en faveur de
l'établissement d'un Etat palestinien. Un engagement qui, même
émanant du président du principal parrain du processus de paix
et de la plus grande puissance mondiale, ne garantit absolument
rien aux Palestiniens.
Droits de reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 16 juillet 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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