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Al-Ahram Hebdo
Sous le signe du scepticisme
Abir Taleb
La colonie Har Homa
à Jérusalem-est
Mercredi 10 mars 2010
Palestine.
C’est dans
un climat
de doute que
Palestiniens et Israéliens
ont entamé
lundi, sous
l’égide des Etats-Unis, de difficiles
négociations
indirectes. Un long chemin reste
à faire avant de remettre
sur les rails le processus de paix
bloqué depuis
plus d’un an.
Est-ce
par hasard
qu’Israël a donné son
feu vert
lundi à
la construction de 112 logements
dans une
implantation de Cisjordanie
occupée
? Est-ce par
hasard que
l’annonce a été
faite au moment
même de la reprise des discussions
indirectes entre les
deux parties via les
Etats-Unis,
mais aussi au moment de la
visite de deux
personnalités
politiques américaines venues
relancer le
processus de paix,
l’émissaire pour le
Proche-Orient George Mitchell et le
vice-président
américain Joe Biden ?
La réponse
est sans
doute par la
négation. En faisant
cette annonce,
Israël donne
le ton : il
ne faut
pas s’attendre
à la moindre concession.
C’est
donc le
scepticisme qui règne.
Dans un
tel climat,
et l’annonce
israélienne, on se demande
comment il sera possible
d’avancer sur
une question-clé,
notamment celle
des colonies. Sans compter les
autres dossiers
brûlants :
Jérusalem, le
tracé des frontières, le
droit de retour,
etc.
Dans
de telles conditions, les
Etats-Unis,
parrain principal du
processus de
paix, tentent
tant bien
que mal
d’intensifier leurs efforts.
L’objectif
se limite
désormais à
reprendre langue
uniquement.
D’ailleurs,
ce ne
sont ni
les Israéliens,
ni les Palestiniens qui
ont annoncé
la reprise des négociations,
mais les
Américains. « A ma
connaissance, (les
négociations)
ont commencé.
Elles
sont en cours.
Pour ce
qui est de leur
contenu, George Mitchell
est en train de
rentrer (à Washington).
Il rendra
compte à
la secrétaire »
d’Etat Hillary Clinton, a déclaré
dimanche soir
le porte-parole
du Département
d’Etat, Philip Crowley.
Cette semaine
a ainsi vu un
chassé-croisé
américain dans la
région. D’abord
George Mitchell, qui a quitté la
région dimanche
après des entretiens avec les
responsables des
deux parties,
ensuite Joe Biden,
actuellement
sur place.
Mais
les efforts américains font face
à
l’intransigeance israélienne.
En se félicitant
de la reprise des pourparlers, le
premier ministre
israélien a
rappelé les exigences
israéliennes.
Des exigences
qui n’augurent
rien de bon. Tout règlement
de paix doit
se fonder sur
deux principes
: « La reconnaissance d’Israël
par les Palestiniens
comme Etat
du peuple
juif et des arrangements
garantissant sa
sécurité », a-t-il
dit.
Avec ces
deux « conditions »
et avec
l’annonce de la construction de
nouvelles colonies à
Jérusalem, le
scepticisme est le mot
d’ordre. Déjà,
avant même
cette annonce,
c’est avec des
réserves que
l’Organisation de
Libération de la Palestine (OLP)
a accepté
dimanche de
mener pendant une
durée limitée
(4 mois) des «
négociations de proximité »
avec Israël via le
sénateur George Mitchell.
Si les
Etats-Unis sont parvenus
à franchir
un obstacle majeur en
arrachant cet
accord aux Palestiniens, les
analystes
restent très
sceptiques sur
les chances de succès,
notamment en raison des obstacles
israéliens sur
l’ensemble des questions
essentielles.
Comme
de coutume,
côté israélien, on
joue avec les
mots en tentant de
feindre la
bonne volonté.
« La secrétaire
d’Etat Hillary Clinton ainsi
que le vice-président
Biden savent
que l’essentiel
est que
le premier ministre
est prêt à
tout moment à engager des
négociations
directes, qu’il a
autorisé la
levée de barrages routiers en
Cisjordanie et
qu’il a décidé d’un gel de la
construction de logements », a
déclaré le
ministre israélien de
l’Environnement,
Gilad Erdan,
alors qu’il
annonçait la construction des
nouvelles colonies. « En
revanche,
Mahmoud Abbass (le
président
palestinien) veut limiter les
négociations
indirectes à 4
mois après
avoir posé des conditions
sans précédents pour accepter le
dialogue pendant des mois.
Ce n’est
pas de cette
façon que
l’on mène
des discussions de paix »,
a accusé
le ministre
israélien. Pour Tel Aviv, il
s’agit de faire porter le chapeau
à l’Autorité
palestinienne en
insistant sur
un seul point :
l’acceptation
israélienne de mener des
négociations
directes, et les réserves
palestiniennes
à ce
sujet.
Côté
palestinien,
Nabil Roudeina,
porte-parole de
l’Autorité palestinienne, a
averti
: « Il est
clair qu’Israël
continue à
saboter les efforts de paix.
L’Administration
américaine doit
faire en sorte
qu’Israël cesse
ses
activités de
colonisation en Cisjordanie
et à
Jérusalem-Est ». Quant à
Saëb Eraqat,
le principal négociateur
palestinien,
il a
prévenu que
ces discussions
indirectes étaient
celles de la
dernière chance pour parvenir
à « une
solution de deux
Etats pour deux
peuples »
palestinien et israélien. «
La relation s’est
détériorée au point
que les
Américains cherchent
à sauver
ce processus
de paix avec
une dernière tentative.
Je pèse
mes
mots :
c’est la
dernière tentative pour démontrer
qu’il s’agit
d’un outil susceptible de
donner lieu à
des décisions
entre Palestiniens et
Israéliens ».
Mais des pourparlers de la
dernière chance,
il y en a
déjà eu, et
toujours sans résultats.
Droits de reproduction et de diffusion
réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 10 mars 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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