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Opinion
Dernier conseil à
Monsieur Abdelaziz Bouteflika,
Chef de l'Etat algérien
Abdelkader Dehbi
Samedi 12 février 2011
Dans ma « dernière
lettre-ouverte » (1) datée du 5 Janvier 2011 – c'est-à-dire
juste une semaine avant la chute de votre homologue tunisien, le
tyran Ben Ali – je vous exhortais à prendre les devants, pour
épargner à notre pays, une nouvelle tragédie de la répression.
Je concluais cette lettre en vous écrivant :
« « « En ces moments graves pour notre pays, j’espère de tout
cœur que les émeutes populaires – les émeutes du ras-le-bol
contre la hogra et l’injustice sociale – qui se déroulent un peu
partout à l’heure qu’il est dans le pays, ne serviront pas de
prétexte aux ennemis du peuple algérien – planqués dans les
arcanes de l’Etat – pour ordonner des répressions sanguinaires
contre le peuple algérien, comme ce fut le cas en Octobre 1988
et au cours de la décennie noire des années 1990.
Le moment semble venu pour vous, M. le Président, de prendre
conscience de votre écrasante responsabilité, en faisant preuve
d’un dernier sursaut d’honneur, pour sauver ce pays en entamant
d’urgence, un processus d’auto-liquidation d’un pouvoir qui
porte désormais en lui, toutes les caractéristiques juridiques,
morales et matérielles d’un pouvoir en faillite.
A commencer par l’annonce solennelle de l’organisation – sous un
délai aussi court que possible – d’élections générales pour la
mise en place d’une Assemblée Constituante authentiquement
représentative de la volonté du Peuple. Assemblée à laquelle
seront immédiatement transférés tous les attributs de la
Souveraineté Nationale. » » »
Hier, en ce vendredi
béni du11 Février 2011, le régime traitre et corrompu de
Moubarak est tombé, en l’espace de quelques jours, grâce à la
magnifique révolution du vaillant peuple d’Egypte – que l’on
avait enterré un peu trop tôt – qui a réussi, malgré les
pressions des Etats-Unis et d’Israël, malgré les gesticulations
de l’Union Européenne et malgré le soutien honteux de la
monarchie des Al-Saoud et de quelques autres régimes supplétifs.
Je vous demande à vous
et à ceux qui vous ont fait roi – c'est-à-dire la clan des
généraux putschistes – qui avez spolié les libertés du peuple
algérien, qui avez pillé les richesses de l’Algérie et qui avez
détourné le patrimoine de la nation, de prendre conscience de la
réalité, en intériorisant le fait que le monde arabe – dont
l’Algérie fait partie intégrante – est entré historiquement dans
une phase de luttes révolutionnaires, au nom des libertés, de la
dignité et de l’honneur de nos peuples si longtemps trahis,
contre les dictatures corrompues, inféodées aux intérêts de
l’alliance impérialo sioniste constituée par les Etats-Unis,
Israël et l’Union Européenne.
Vous venez d’être les
témoins en direct, de l’échec des politiques du mépris et de
l’arrogance, de la hogra et de la répression. Vous venez d’être
les témoins du caractère irrésistible et inflexible de la
volonté populaire quand elle se met en branle.
Vous venez d’être
témoins que les soldats, les sous-officiers et les officiers
subalternes qui constituent la colonne vertébrale de toute
armée, ne sont ni plus ni moins que des enfants du peuple
endossant une tenue ; des enfants du peuple qui ressentent les
mêmes souffrances et les mêmes joies, les mêmes colères et les
mêmes indignations que leur peuple dont ils sont issus. Ce sont
ces hommes-là, qui, en Tunisie et en Egypte, ont refusé de tirer
sur leurs frères et sœurs, sur leurs pères et mères, sur leurs
enfants et ont privé leur hiérarchie supérieure de recourir à la
force aveugle. Ce seront les mêmes hommes qui demain en Algérie,
refuseront d’obéir aux ordres criminels de la répression
aveugle.
Pourquoi donc s’obstiner
devant l’évidence ? Pourquoi faudra-t-il encore arroser du sang
et des larmes des siens, cette terre d’Algérie qui en est tant
saturée, depuis les massacres sauvages d’un siècle et demi de
colonisation française, jusqu’au quasi génocide subi par notre
peuple, durant la Guerre de Libération ? Sans oublier les
200.000 morts de la décennie noire, dont la quasi-totalité est
imputable à ceux qui vous ont adoubé en 1999, en tant que Chef
de l’Etat, pour ensuite vous manipuler et vous compromette dans
cette grande mascarade-imposture de la soi-disant
« réconciliation nationale » qui est en fait une opération
clandestine d’auto-amnistie, de ceux qui ont commandité des
Crimes Imprescriptibles contre le peuple algérien et qu’aucune
loi scélérate ne peut protéger.
Serait-il écrit que
votre ego, votre inconscience, votre arrogance, vous et vos
semblables, vous aveugleront jusqu’à la seconde ultime d’une vie
de forfaitures, alors que d’un seul acte courageux, consistant à
vous démettre du pouvoir et à vous en remettre à votre peuple,
vous pourriez épargner à ce peuple une nouvelle tragédie, en
vous épargnant à vous-même, une nouvelle mise en accusation par
l’Histoire ?
(1)
http://www.hoggar.org/index...
Le dossier Algérie
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