Actualité
La France vendra-t-elle des armes à la
Russie ?
Réseau Voltaire
Jeudi 20 mars 2014
Emportée par son
propre discours sur l’indépendance de la
Crimée et son adhésion à la Fédération
de Russie, la France tente d’imaginer
des sanctions contre Moscou. Dans cette
perspective, et alors que le Premier
ministre Jean-Marc Ayraut avait précisé
à son ministre des Affaires étrangères
Laurent Fabius qu’il ne fallait pas
toucher aux navires de débarquement
« Mistrals », ce dernier a évoqué, le 17
mars 2014, sur TF1 la possible
annulation du contrat : il n’est pas
question que la France arme une Russie
expansionniste.
Or, comme nous l’avons indiqué dans
ces colonnes, l’acquisition de
« Mistrals » par le ministère russe de
la Défense n’a aucun sens côté russe :
ils ne correspondent pas aux besoins de
l’armée russe, ni à ses techniques de
combat. Cette décision avait été prise
par l’ancien ministre Anatoli Serdioukov,
aujourd’hui poursuivi pour la vente
frauduleuse de biens militaires. Il
s’agissait d’assurer des dessous de
table conséquents à la fois en faveur du
président d’alors, Dmitry Medvedev et de
son homologue français, Nicolas Sarkozy,
pour que les deux hommes financent leur
campagne électorale présidentielle
respective [1].
Si le contrat a été plusieurs fois
renégocié, il reste économiquement très
désavantageux. Les chantiers navals
russes, qui se sont considérablement
développés depuis, seraient aujourd’hui
capables de les fabriquer à moitié prix.
Par conséquent, la Russie verrait cette
sanction avec soulagement et la France
devrait trouver un autre acquéreur pour
ses navires déjà presque entièrement
construits, évalués à 1,2 milliards
d’euros. Ce contrat était le plus
important jamais conclu entre un État
membre de l’Otan et la Russie. 400
marins russes devraient venir
prochainement en France pour s’entraîner
sur ces bateaux. Le premier navire
devrait être livré en 2014 et le second
en 2015.
La construction des « Mistrals » a
employé plus d’un millier de personnes
depuis quatre ans à Saint-Nazaire, ville
proche de Nantes dont le Premier
ministre Jean-Marc Ayrault fut maire.
[1]
« France-Russie :
les "Mistral" font des vagues »,
Réseau Voltaire, 23 juillet 2010.
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