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GEOPOLITIQUE ET POLITIQUE AFRICAINE
Françafrique et réseaux Foccart :
La fabrique des barbouzes (partie 1)
Luc Michel
Mercredi 20 mai 2015
Luc MICHEL (Coord.) pour EODE Think
Tank/
Avec EODE-BOOKS - lire - s’informer – se
former
Un service du Département EDUCATION &
RESEARCH
de l’Ong EODE
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Partie 1
« Contrairement aux idées reçues, les «
barbouzes » ont tiré les leçons des
guerres coloniales et de leur longue
lutte anticommuniste : en adeptes de la
guerre psychologique, ils savent que la
guerre ne se gagne pas que sur le
terrain, mais aussi sur la scène
internationale »
- Jean-Pierre Bat.
I – L’ANALYSE. FRANCAFRIQUE ET RESEAUX
FOCCART.
OU COMMENT MAINTENIR LE « PRE
CARRE FRANÇAIS » DANS LORBITE DE PARIS
Avec le temps, la « Françafrique » est
devenue l’ensemble du système
néocolonial de la France en Afrique et
FOCCART son concepteur. Mais les
« Réseaux FOCCART » furent au départ
toute autre chose : un service secret
parallèle au service de la politique
gaulliste en Afrique, des réseaux de
« barbouzes », lancés dans une croisade
occidentale anticommuniste au service de
Paris. Et c’est leur redoutable
efficacité qui forgeront la légende du
diable FOCCART ! C’est ce que décrit le
livre LA FABRIQUE DES BARBOUZES, qui
entend « mesurer le rapport entre la
stratégie élaborée par Paris et la
tactique mise en oeuvre sur le
terrain ».
« Foccart s'impose naturellement comme
le point d'équilibre de cette
problématique, explique l’auteur,
Jean-Pierre Bat. Charles de Gaulle,
devenu président de la République, le
désigne comme responsable de la
décolonisation. » L’enjeu est simple,
garder à la France son empire en dépit
de la décolonisation, que de Gaulle juge
à raison inévitable.
Alors intervient le cynisme
machiavélique du genéral. On notera que
la politique du général est
machiavélique en Afrique. Et
néo-machiavélienne en Europe, en Asie
(discours de Knom-Peng) et au Québec.
« La décolonisation de l’Afrique a été
synonyme, pour la France gaullienne, de
lutte anticommuniste et de défense de
son domaine réservé », écrit l’auteur.
Alors qu’en Europe, c’est
l’anti-américanisme qui va vite
prédominer, tentations pro-russes (le
général dit la Russie et jamais l’URSS),
recherche d’alliance avec le
national-communisme de la Roumanie de
Ceaucescu ou la Yougoslavie titiste.
Cynique, de Gaulle l’est sans limite
dans les affaires de la décolonisation
française, comme il le sera en Algérie.
« Dérogeant à la rigueur protocolaire de
sa fonction, le fondateur de la Vième
République éclaire par une de ses
saillies, relevée par Jean Lacouture,
les enjeux de la transmission d'un
appareil d'Etat impérial vue de
l'Elysée ». « Ne me dites pas
l'indépendance. On dit que l'abbé
Fulbert est indépendant. Mais c'est moi
qui paie sa solde. Fulbert Youlou
(dirigeant anti-communiste du Congo
Brazzaville) n'est pas indépendant », se
serait écrié Charles de Gaulle.
« Au-delà du « style du Général », cette
citation
provocatrice pose la question de
la nature des indépendances, précise
Jean-Pierre Bat. Le problème des
colonies et de leur devenir se situe au
centre du projet politique gaulliste,
intégré au « grand dessein » national.
Cet impératif s'inscrit pour l'Afrique
dans une nouvelle institution,
spécifiquement créée à cette fin: le
Secrétariat général des Affaires
africaines et malgaches, nouvelle
titulature du secrétariat général de la
Communauté. Cet organisme est confié en
mars 1960 à Jacques Foccart, conseiller
Afrique de Charles de Gaulle depuis
1949,qui l'a accompagné dans ces
fonctions du RPF à l'Elysée en passant
par Matignon. »
Les objectifs fixés par de Gaulle à
FOCCART en Afrique sont de maintenir le
« pré carré français » dans l’orbite de
Paris : « Sa mission consiste à faire de
la décolonisation de l'Afrique tout le
contraire d'une rupture. Au contraire,
l'esprit de sa feuille de route repose
sur le maintien de l'influence française
dans ses anciennes colonies, en pleine
guerre froide. » Dans un contexte de
Guerre froide, de déstabilisation des
indépendances africaines et des
politiques panafricanistes, de « grand
jeu » africain, de « course contre la
montre en Afrique centrale, aux portes
du grand Congo belge, point de fixation
continental de la guerre froide ».
Ce qui conduit FOCCART à agir dans les
deux Congo : celui de Brazzaville et
l’ex belge en pleine crise et où il
s’agit de contrer Lumumba. « Car si
c'est au Cameroun que la France a mené
une guerre coloniale (ndla : bien
méconnue en Europe et en France même),
c'est bel et bien au Congo qu'elle se
prépare à mener son « Grand Jeu » en
Afrique postcoloniale, nouveau théâtre
de la guerre froide. Des agents du
SDECE, missi dominici de Foccart et
autres spécialistes de la lutte
anticommuniste, son mandatés par la
France à Brazzaville pour se tenir aux
avant-postes de cette guerre secrète
menée au coeur de l'Afrique.
Dans ces conditions, ces « Barbouzes » -
terme impropre mais employé pour le
moment faute de mieux - s'imposent comme
des chevilles ouvrières de la mise en
oeuvre de cette politique. » Et cest là
que les hommes de FOCCART vont
participer au grand jeu géopolitique
pour le contrôle de l’Afrique, petites
cheville ouvrière au service de la
grande politique africaine de de Gaulle.
Face à eux, les soviétiques, Lumumba et
ses alliés, Nasser et le Ghana de Kwame
N’Krumah.
LM
II – QUI ETAIT JACQUES FOCCART ?
« Les archives répondront à votre
question », avançait Jacques Foccart
dans ses entretiens (Foccart parle) pour
ne pas répondre à une question
embarrassante. Surnommé « l'homme de
l'ombre », Jacques Foccart a été le
premier « Monsieur Afrique » de la Ve
République en devenant le secrétaire
général des Affaires africaines et
malgaches des présidents de Gaulle et
Pompidou. Il incarnait simultanément la
part sombre du gaullisme et le mythe de
l'homme sans archive : en somme, le
secret absolu de l'exercice du pouvoir
au cœur de l'Élysée.
Pourtant, dès les années 1980, les
Archives nationales ont collecté les
archives de son secrétariat général,
laboratoire de la politique française en
Afrique. L'une des grandes
particularités de ce fonds d'archives
présidentielles est de mettre au jour le
tissu humain qui anime ce que la
postérité a qualifié de « réseaux
Foccart ». Il apparaît aussi varié que
dense, à la croisée des réseaux issus de
la Résistance, des amitiés gaullistes,
des services de renseignement, des
relations interpersonnelles et des missi
dominici, dans une dimension quotidienne
longue d'une quinzaine d'années. Les
sources officielles y croisent les
sources officieuses.
III – LE LIVRE.
LA FABRIQUE DES BARBOUZES, HISTOIRE DES
RÉSEAUX FOCCART EN AFRIQUE
Auteur: Jean-Pierre Bat
Editeur: Nouveau Monde
Dès la fin des années 1950, les services
secrets français préparent leur
politique africaine en vue des
indépendances. Mais, même eux ne peuvent
pas tout se permettre et c'est là que
les « barbouzes » entrent en scène, pour
assumer cet illégalisme d’État.
Leur passé importe peu, seules leurs
compétences anticommunistes (car la
Guerre froide est le paramètre
déterminant) constituent le critère de
sélection. Cependant leur liberté
d’action et leur pouvoir ont un revers :
la République française niera
officiellement avoir eu connaissance de
leurs agissements. Et pour cause, ils
représentent la face cachée de
l’histoire de France depuis la
Libération : ce sont d’anciens épurés,
des employés des officines clandestines
de la IVe République, des activistes des
complots du putsch d’Alger, des
collaborateurs de Foccart ou des agents
clandestins.
La décolonisation de l’Afrique a été
synonyme, pour la France gaullienne, de
lutte anticommuniste et de défense de
son domaine réservé. En 1960, le Congo
ex belge, celui où Lumumba mène un
combat révolutionnaire et
panafricaniste, devient le point de
fixation de la guerre froide. Face aux
Américains (que détestent le général et
qui le lui rendent bien), aux
Soviétiques et à la Tricontinentale
(organisation regroupant les forces
anti-impérialistes d’Afrique, d’Asie et
d’Amérique latine), la France entend
mener sa politique depuis Brazzaville.
Où les hommes de FOCCART encadrent le
très anti-communiste abbé Fulbert Youlou.
Soutenant notamment au Congo
Léopoldville (devenue Kinshasa en 1966)
la sécession katangaise de Moïse Tchombé.
L’AUTEUR :
Jean-Pierre Bat est historien (agrégé et
docteur en histoire de l’université
Paris I Panthéon Sorbonne) et
archiviste-paléographe (Ecole nationale
des chartes). Membre de l’Institut des
mondes africains (CNRS), il est
également chargé d’études aux Archives
nationales, en charge du « Fonds Foccart
».
ISBN-10 2-36942-195-9
ISBN-13 978-2-36942-195-5
GTIN13 (EAN13) 9782369421955
EODE / LM (Coordination) / 2015 05 19 /
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