Actualité
Syrie :
l'acharnement occidental à son paroxysme
Al-Manar
Photo:
al-Manar
Vendredi 20 avril
2012
L’Europe s’acharne
follement contre la Syrie. En tête la
France, dont le ministre des affaires
étrangères Alain Juppé ne laisse passer
aucun jour sans critiquer le régime, le
menacer, encourager les insurgés,
parfois même les fustiger lorsqu’ils
baissent les bras.
Sanctions et
menaces de sanctions
Preuve flagrante de
cet acharnement : 13 trains de sanctions
ont déjà été infligés à la Syrie depuis
l’éclatement de la crise, et un 14ème
est en cours de préparation.
Selon des sources diplomatiques citées
par l’AFP, ce dernier train concernera
des restrictions d'exportations vers la
Syrie de produits de luxe et du matériel
pouvant, selon ses termes, être détourné
à des fins de répression.
La décision devrait être discutée au
niveau des ministres européens des
Affaires étrangères lundi prochain.
« L'idée consiste à interdire d'une part
les exportations de produits de luxe et
de l'autre d'allonger la liste des
équipements qui peuvent servir à des
fins de répression interne de
l'opposition, ou qui peuvent servir à
l'élaboration de tels produits », a
souligné un responsable européen ayant
requis l’anonymat.
Certains de ces produits seront
interdits, d'autres nécessiteront un
processus d'autorisation spéciale, au
cas par cas, a précisé ce diplomate.
Il y a un mois, lors de leur dernière
réunion, les ministres européens avaient
resserré l'étau autour du président
syrien Bachar al-Assad en imposant des
sanctions à sa femme, Asma, et à trois
autres membres de sa famille dont sa
mère. Au total, 126 personnes et 41
sociétés sont visées par les sanctions
européennes.
D’autres sanctions européennes semblent
quant à elle viser les Syriens en
général : notamment celles concernant la
banque centrale, le commerce de métaux
précieux ou les vols de fret.
Rencontre de Paris
: encore des menaces
Cette annonce de
nouvelles sanctions intervient au
lendemain de menaces proférées par les
Occidentaux contre la Syrie si le plan
Annan échoue. Jeudi, les ministres des
affaires étrangères d’une quinzaine de
pays occidentaux et arabes invités par
Paris pour exercer une pression maximale
sur la Syrie, ont exigé le déploiement
rapide d'une force "robuste"
d'observateurs, et menacé de nouvelles
sanctions en cas d'échec du plan Annan
et évoquant une implication de l'OTAN.
La rencontre a été
l’occasion pour l’hôte français Alain
Juppé d’imputer au régime de Bachar al-Assad
la responsabilité du non-respect du
cessez-le-feu prévu par le plan de
l'émissaire international Kofi Annan, et
d’exempter l'opposition qui, selon lui
"a rempli ses obligations".
Dans la stratégie
de la France et des autres états
européens, seuls les actes de violences
des autorités syriennes sont
répertoriés, alors que ceux commis par
les insurgés sont omis. Sachant que
lundi dernier (16 avril), la Commission
d'enquête sur la Syrie, mise en place
par le Conseil des droits de l'homme de
l'ONU, a dénoncé les violations des
droits de l'homme commises par des
opposants engagés dans des combats
contre les forces armées syriennes. Le
communiqué de la Commission publié lundi
à Genève a fait notamment état de
"tueries extra-judiciaires de soldats
capturés lors de confrontations armées".
Préparer le
terrain à la prochaine résolution
La France se
prépare aussi pour influer sur la
prochaine résolution du Conseil de
sécurité qui devrait élever à 300 le
nombre des observateurs onusiens, dont
une trentaine seulement se trouve déjà
sur le terrain.
"Le Conseil de sécurité va devoir
adopter une nouvelle résolution pour
mettre en place la mission
d'observation. Celle-ci doit être dotée
du mandat et des moyens nécessaires pour
atteindre ses objectifs. La France, avec
ses partenaires du Conseil, proposera
très rapidement un projet de
résolution", a dit Alain Juppé à la
presse.
La mission d'observation doit disposer
de "moyens terrestres et aériens" pour
accomplir son mandat, a-t-il estimé.
Même son de cloche
de la part de la secrétaire d'Etat
américaine Hillary Clinton, qui a estimé
que le Conseil de sécurité devrait
envisager un texte prévoyant des
sanctions: interdiction de voyages pour
certains responsables du régime, mesures
financières et surtout embargo sur les
armes à destination de la Syrie.
"Nous devons nous orienter
vigoureusement vers le Conseil de
sécurité en vue d'une résolution sous le
chapitre 7", a dit Hillary Clinton. Ce
chapitre de la charte de l'ONU permet
d'imposer des mesures à un pays, y
compris par la force.
Mais il faudrait
pour ceci obtenir l’aval de la Russie et
de la Chine, dont les positions ne
bronchent toujours pas.
Mme Clinton a dû le reconnaitre une
nouvelle fois, affirmant que, durant ses
discussions jeudi à Bruxelles avec son
homologue russe Sergueï Lavrov, elle
n'avait pas perçu d'évolution de la
position russe.
Invitées à la rencontre de Paris, la
Russie et la Chine avaient auparavant
décliné, selon le Quai d'Orsay. Au nom
de la non-ingérence dans les affaires
intérieures d'un pays, Moscou et Pékin
s’opposent toujours à une approche
vigoureuse du Conseil de sécurité de
l'ONU.
Russie et Chine :
prendre les choses en main
La réponse de
Moscou aux regrets français a été que la
Russie fait "honnêtement" sa part du
travail, a assuré Sergueï Lavrov dans la
journée, à Bruxelles.
Après des mois de
discussions, Pékin et Moscou qui ont
opposé leur veto contre la Syrie à deux
reprises, se sont contenté d’accepter
qu'il y ait une résolution de l'ONU sur
la Syrie, la 2042, qui soutient le plan
Annan, instaure un cessez-le-feu et
prévoit l'envoi de la mission
d'observation.
de plus en plus, ces deux
superpuissances prennent les choses en
main au sein du Conseil de sécurité et
multiplient leurs initiatives. Alors que
les occidentaux s’emploient à préparer
leur résolution, les Russes aussi
commencent à faire de même. Exigeant une
nouvelle résolution qui puisse entériner
le mandat et les paramètres de la
mission des observateurs, et mettant en
garde contre tout retard dans son
déploiement.
Alors que la Chine a pris la décision de
participer à cette mission en y
dépêchant ses observateurs aussi.
Il s’agit,
semble-t-il pour ces deux puissances de
ne pas se laisser arnaquer par une
résolution rédigée par les Occidentaux
et qui puisse être un piège. Comme cela
s’est passé avec la Libye, lorsqu’une
résolution stipulant la protection des
civils a été le prétexte des occidentaux
pour frapper militairement le régime
libyen.
La menace de
l’Otan ?
Apres avoir exclu
tout recours à la force hors mandat de
l'ONU, (comme l'a demandé jeudi le
commandement de l'Armée syrienne libre
(ASL), qui coordonne les actions armées
des rebelles), les Ocidentaux laissent
planer de nouveau la menace de
l'intervention militaire.
Juppé a expliqué
qu'en cas d'échec du plan Annan en
Syrie, "d'autres options" seraient
envisagées, sans plus de détails.
"Le plan Annan, c'est l'assurance de la
paix et de la liberté. Son échec, c'est
le chemin vers la guerre civile", a-t-il
aussi estimé.
"Je regrette que la Russie continue à
s'enfermer dans une vision qui l'isole
de plus en plus non seulement du monde
arabe mais finalement de la communauté
internationale", avait déclaré Alain
Juppé, quelques heures avant de présider
la réunion de Paris.
Alors que Mme
Clinton a tenu à rappeler que le Premier
ministre turc Recep Tayyeb Erdogan a
évoqué la semaine derniere l’éventualité
de recourir à la force atlantiste, au
motif de protéger les frontières de son
pays avec la Syrie.
"La Turquie envisage d'invoquer
formellement l'article 4 du traité de
l'Atlantique Nord, qui déclenche des
consultations à l'OTAN si l'intégrité
territoriale, l'indépendance politique,
ou la sécurité d'une des parties est
menacée", a dit Mme Clinton.
Et l'acharnement
saoudien aveugle: Téhéran et non Israël
Du coté arabe,
l’Arabie saoudite met amplement du sien
en faveur de cette intervention,
appelant à "aider les Syriens à se
défendre" contre le régime
Dans l’appel lancé jeudi par la voix du
ministre saoudien des Affaires
étrangères le prince Saoud Al-Fayçal en
marge de la rencontre sur la Syrie de
Paris, le prétexte invoqué par le
responsable saoudien est :
"Je m'étonne que le régime qui opprime
ait la possibilité de continuer à
s'armer alors que les victimes
innocentes n'ont pas les moyens de se
défendre".
"Tant que la communauté internationale
n'arrive pas à arrêter l'hémorragie, la
moindre des choses serait que les
différents pays aident les Syriens à se
défendre", a-t-il prétendu.
Début mars, le chef de la diplomatie
saoudienne avait déjà estimé que
l'opposition syrienne avait le "droit"
de s'armer "pour se défendre".
Sacré poids lourd
du monde arabe, grâce à sa manne
pétrolière énorme, l'Arabie régie par la
dynastie des Saoud depuis plus d’un
siècle et demi, ne cesse de stigmatiser
le régime syrien sous prétexte qu’il
réprime la contestation en Syrie. Elle a
fermé son ambassade à Damas le mois de
mars dernier, après avoir rappelé son
ambassadeur en août dernier, une mesure
imitée par les cinq autres monarchies du
Golfe.
Selon de nombreux
observateurs, le courroux saoudien
contre la Syrie n’a rien à voir avec «
la répression du peuple syrien», dont la
majeure partie semble jusqu’à présent
soutenir le régime. Elle semble avoir
été attisée par l’alliance de Damas avec
Téhéran, perçue par Riad comme étant sa
principale rivale, vu son influence
grandissante au sein du monde
arabo-islamique.
Force est de
constater que dans sa stratégie
politique, Riad n'a affiché de
sensibilité que pour les rivalités
inter-islamiques alors que le projet
sioniste ne semble nullement
l'inquiéter!!
Le
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