C’est un assez gros pavé dans la
mare médiatique que vient de lancer,
sans peut-être l’avoir voulu,
l’ambassadeur américain à Damas
Robert Ford. Dans un entretien
accordé à la chaîne d’informations
saoudienne Al
Arabiya, le diplomate déclare
que selon l’attaché militaire
américain qui a visité Jisr al-Choughour,
théâtre de violences de groupes
armés, qui y ont tué 120 policiers
syriens, il est clair que « l’attaque
(contre le QG des forces de sécurité
de Jisr) a été
bien préparée, si l’on en juge par
le professionnalisme de son
exécution, et que ceux qui ont
perpétré l’attaque sur le
détachement (de policiers) avaient
une solide expérience des tactiques
de sécurité. »
Cette déclaration de
l’ambassadeur américain à Damas
marque peut-être un tournant, dans
la mesure où les Etats-Unis étaient
à la tête de la campagne de
propagande anti-Bachar, et niaient
que des groupes d’opposants armés
aient pu être à l’oeuvre, à Jisr ou
ailleurs. Même par inadvertance, le
représentant de Washington vient de
mettre sérieusement à mal la
fiction, largement véhiculée par les
médias occidentaux, d’une opposition
civile, pacifique et désarmée,
affrontant à mains nues les chars du
régime baasiste.
Il est intéressant de remarquer
que, dans un autre entretien –
récent – à Al
Arabiya, M. Ford affirme que
les Etats-Unis « soutiennent
le dialogue entre le gouvernement
syrien et l’opposition intérieure,
dans le but de définir un cadre
politique qui permettrait d’en finir
avec la crise que connaît le pays. »
Remarquons qu’on est loin, là
encore, de la ligne maximaliste
anti-syrienne illustrée jusqu’à
présent par Hillary Clinton. Alors,
erreur de communication, ou amorce
d’un « recentrage » de la diplomatie
américaine, confronté à la solidité
du régime de Bachar al-Assad qui a
reconquis la zone un temps occupée
par les rebelles, et qui, ces
derniers jours, a réussi à mobiliser
en sa faveur des foules
impressionnantes ? On le saura
bientôt, mais, dans les relations
internationales comme dans d’autres
domaines, la roue tourne !
To be continued
(à suivre)…
Publié le 25 juin
2011 avec l'aimable autorisation d'Info
Syrie