Rapport
« Le rêve du retour » : Des serrures
attendent leurs clés
CPI
Photo: CPI
Dimanche 29 mai 2016
Al-Quds occupée – CPI
Des symboles forts, des
anciennes clés sont suspendues partout
dans un magasin. Elles parlent de
l’occupation de la Palestine, il y a
quelque soixante-huit ans.
C’est le quartier d’al-Nassara,
un des plus grands quartiers de l’ancien
bourg d’al-Quds, qui abrite ce magasin.
Et le magasin abrite des clés, rangées
l’une à côté de l’autre représentant les
milliers de Palestiniens chassés de
leurs villages par la force en 1948.
Triste héritage
Le commerçant Mourad Ozghilo
informe l’agence Quds Press que ces clés
sont cherchées et accumulées par son
père depuis trois décennies. « Ce sont
de vraies clés, non des copies, des clés
de maisons, de locaux commerciaux, de
boutiques d’avant l’occupation
sioniste », dit-il.
Mourad vend des souvenirs
destinés aux touristes. Il consacre un
coin spécial du plafond de sa boutique,
une boutique vieille de plusieurs
dizaines d’années, dans l’ancien bourg
d’al-Quds, héritée de son père.
Au jour de la commémoration de
la Nakba (la tragédie de 1948), les
Palestiniens se rappellent des jours
difficiles où les occupants sionistes
avaient détruit leurs maisons sur leurs
têtes. Ils se rappellent des occupants
sionistes qui avaient démoli, brûlé,
explosé tout ce qui est beau dans la
patrie extorquée : la Palestine. Ils
s’en rappellent chaque année.
Ce jour-là de 1948, les
Palestiniens sont restés attachés à leur
terre, défiant le bombardement, la
destruction, les balles. Cependant, les
massacres sionistes les ont finalement
obligés à partir ; un départ provisoire,
croient-ils.
Le symbole du retour
La clé reste le symbole du
retour, un retour tant attendu ; les
réfugiés avaient cru qu’ils
retourneraient à leurs maisons une
semaine, deux semaines ou un mois plus
tard dans le pire des cas, mais voilà
que soixante-huit ans se sont écoulés et
on attend toujours.
Jadis, on disait : « Les pères
meurent et les enfants oublieront. »
Pourtant, de nos jours, ce sont les
enfants qui célèbrent le jour de la
Nakba (la tragédie de 1948) et restent
attachés à leur terre et leur droit d’y
retourner.
L’homme de lettre Ibrahim
Jawher attire l’attention sur ce beau
rêve du retour ; les enfants dans les
camps, en Palestine ou à l’extérieur,
savent et disent de quel village ils
sont originaires, bien qu’ils ne l’aient
jamais vu, mais qu’ils en aient entendu
parler de leurs pères et leurs mères.
Leurs pères et leurs mères ont
quitté leurs maisons par la force, sous
le poids et la menace de l’arme, du feu,
de la destruction. Ils sont partis avec
un petit baluchon sur la tête, un
document dans la poche et une clé à la
main. Porter la clé est une bonne
application de « l’instinct de survie »,
pense Jawher.
C’était une bonne chose de
prendre la clé. Le Palestinien a réagi
selon son « instinct de survie » ; c’est
le même instinct qui les pousse à
s’attacher à leur droit.
Le rêve, soixante-huit
ans plus tard !
Soixante-huit ans après la
Nakba (la tragédie de 1948), la
situation des Palestiniens est encore
plus difficile, sur le niveau politique
et sur le niveau militaire. L’OLP n’est
désormais qu’un ensemble de bureaux.
La tradition arabe dit : « Le
droit ne sera perdu s’il y a un
demandeur. » Et les nouvelles
générations s’attachent à leur droit au
retour, coûte que coûte. Le rêve du
retour restera pour l’éternité.
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