Rapport
Al-Qods menacée
par la judaïsation et la colonisation
Jeudi 16 février
2012 Rapport du département de
l’information de l’Institution
internationale al-Qods (octobre –
décembre 2011).
La
colonisation a occupé la première
place de la scène maqdisie au cours
des trois derniers mois de l’année
2011. En effet, l’occupation a
décidé, au cours de cette période,
de construire plus de trois mille
unités coloniales, au moment où la
presse dévoilait un plan de la
municipalité de l’occupation
consistant à construire plus de 60
mille unités locatives coloniales au
cours des 20 prochaines années, dont
88% dans la partie orientale de la
ville, ce qui correspond au total à
l’ensemble des unités locatives
possédées par les maqdisis. Malgré
l’ampleur des projets coloniaux
décidés ou planifiés, aucune partie,
ni palestinienne, ni arabe, ni
internationale, n’a réagi de manière
appropriée ou de manière efficace
contre l’occupation. Au moment où il
semble que les colonies iront en
s’élargissant ou se multiplieront
dans le cours terme, une seule
vérité peut être confirmée , c’est
la supériorité de l’occupation grâce
à sa force écrasante, qui agit sans
rencontrer de dissuasion véritable.
Sur le plan de la
judaïsation religieuse et
culturelle, l’occupant a tenté, au
cours de la période couverte par le
rapport, de mettre un terme au
dossier du pont et de la colline al-Maghariba,
dossier ouvert depuis l’effondrement
de la route conduisant à la porte
al-Maghariba, dans la mosquée al-Aqsa,
en 2004. Le 25/10/2011,
l’association semi-gouvernementale «
pour la protection du patrimoine du
mur occidental » ferme le pont en
bois installé provisoirement
conduisant à la mosquée al-Aqsa, par
la porte al-Maghariba, sous le
prétexte qu’il menace la sécurité
générale. Ce pas entrepris par
l’occupant a été accueilli par des
réactions vives en Egypte et en
Jordanie, où des manifestations ont
eu lieu dans les deux pays pour
refuser les plans de l’occupant, et
qui ont réclamé la mobilisation des
gouvernements arabes afin de
l’empêcher. Ces mouvements eurent
lieu au moment où le sheikh
d’al-Azhar, dr. Ahmad At-Tayyib,
appelait les dirigeants arabes à
faire cesser les plans de
l’occupation. Son appel fut suivi
par celui du président de l’Union
mondiale des Ulémas, dr. Yousef
Qardawi au roi jordanien, Abdallah
II, lui demandant d’agir
immédiatement et faire pression sur
le gouvernement de l’occupation pour
l’empêcher de détruire la colline
al-Maghariba.
Ces actions ont
finalement abouti aux pressions
officielles jordaniennes et
égyptiennes sur l’Etat de
l’occupation, et le 27 novembre
dernier, le premier ministre de
l’occupation a stoppé la destruction
du pont al-Maghariba. Cependant, le
responsable de la municipalité de
l’occupation, Nir Barakat, a ordonné
le 11 décembre la fermeture à
nouveau du pont, empêchant les
colons juifs et les touristes de
l’emprunter, en vue d’exercer des
pressions sur Netanyahou et
l’obliger à poursuivre le projet de
destruction. Mais la réaction
massive et populaire dans les pays
arabes limitrophes à cette mesure a
eu un effet contraire, puisque les
peuples réclament que l’occupation
cesse définitivement de s’ingérer
dans la porte Al-Maghariba, qui doit
revenir à l’Autorité des awqaf
islamiques d’al-Qods, placées sous
la tutelle jordanienne, comme c’est
le cas pour toutes les portes de la
mosquée al-Aqsa. Netanyahu a alors
ouvert le pont le 14 décembre. Mais
le dossier de la colline al-Maghariba
et du pont qui mène à la porte al-Maghariba
est toujours ouvert, l’occupant
ayant la possibilité de l’agiter
lorsqu’il le jugera nécessaire. Visant également la
mosquée al-Aqsa, le député de
l’extrême droite Anastasia Michaelli
a proposé un projet de loi
interdisant l’appel à la prière dans
les lieux et quartiers « mixtes »
entre musulmans et juifs dans l’Etat
de l’occupation, y compris la ville
ancienne d’al-Qods et la mosquée al-Aqsa.
Machaelli a justifié sa demande par
le fait que l’appel à la prière
empêchait les juifs de dormir. Le
premier ministre israélien a déclaré
son soutien à cette proposition,
considérant qu’Israël ne devait pas
être plus libérale que l’Europe qui
a interdit l’appel à la prière par
le biais de porte-voix sur le sol
européen.
Sur le plan de la
judaïsation démographique, la
période couverte par le rapport a vu
la proclamation par l’Etat de
l’occupation, pour la première fois
depuis 15 ans, de la fondation d’un
nouveau quartier colonial dans la
ville occupée d’al-Qods, qui
contient 2610 unités locatives, sur
une terre ayant pour superficie 950
dunums, au sud de la ville, qui aura
pour fonction de séparer entièrement
la ville d’al-Qods de son
environnement palestinien que
représente la ville de Bethlehem. De
plus, le comité régional de la
planification et de la construction
dans la région d’al-Qods a approuvé,
au cours de la première semaine du
mois d’octobre, le plan de
construction de 300 unités locatives
nouvelles dans la colonie Pesgat
Zeev, au nord d’al-Qods, comme il a
approuvé la construction, fin
novembre, de 650 autres unités dans
la même colonie. De son côté, le
ministère du logement de
l’occupation a évoqué son intention,
au mois de décembre, de construire
500 unités locatives dans la colonie
de Gilo, au sud d’al-Qods.
Le 19 novembre, le
gouvernement de l’occupation annonce
son projet de construire un « jardin
biblique » d’une superficie de 706
dunums sur les pentes du mont al-Masharef,
qui se trouve au bas de l’Université
hébraïque et qui comprend les terres
des quartiers at-Tur et Issawiya. En
construisant ce jardin, l’occupant
vise à relier la colonie de
l’université hébraïque au projet
colonial E1, et par conséquent,
rattacher les blocs coloniaux
installés à l’est à ceux installés à
l’ouest de la ville, et séparer les
quartiers de Beit Hanina, Issawiya
des quartiers arabes qui se situent
dans le centre de la ville. Le
gouvernement de l’occupation a
également approuvé la construction
du complexe touristique au cœur du
quartier de Silwan, au sud de la
mosquée al-Aqsa, qui incluerait 250
places de parking, un jardin
archéologique, des salles d’accueil
et une librairie sur une superficie
de 8400 m2.
Les réactions à
cette vague colonisatrice furent
nombreuses, mais rien n’a émané des
Etats-Unis. Cependant, les réactions
de dénonciation furent vaines
puisqu’elles se sont contentées de
déclarations de rejet et
d’inquiétude, tout en rejetant la
responsabilité sur les autres. Quant
à l’Etat de l’occupation, il a
poursuivi ses plans, défiant à la
fois les Palestiniens, les Arabes et
la communauté internationale, comme
l’a fait le premier ministre
Netanyahu qui a déclaré : « nous
construisons dans al-Qods parce que
c’est notre droit et notre
engagement, et non par mesures
punitives, mais en tant que droit
fondamental pour notre peuple de
construire dans sa capitale
éternelle… al-Qods ne retournera
jamais à l’Etat dans lequel elle se
trouvait à la veille de la guerre de
6 jours ».
La question centrale
est : que feront les Palestiniens
pour affronter cette situation ? La
solution des deux Etats dans le
cadre de ces plans coloniaux est
devenue impossible, d’autant que
l’expulsion des maqdisis se poursuit
à un rythme aussi rapide que celui
de la colonisation. Les autorités de
l’occupation ont en effet inauguré
officiellement le premier décembre
2011 le centre « international » de
passage de She’fat, qui est devenu
la seule voie reliant les quartiers
arabes du nord d’al-Qods avec le
centre. En construisant ce centre de
passage « frontalier », l’occupant
parachève l’isolement des quartiers
palestiniens situés au nord d’al-Qods
du centre ville, ces quartiers ou
bourgades étant Aynata, Dawahi
Salam, Shehade, Ras Khamis, ainsi
que l’agglomération la plus
importante que représente le camp de
She’fat. Ceux qui possèdent la carte
« bleue » (droit de résidence dans
al-Qods) et vivent dans ces
quartiers s’élèvent à 50-55 mille
palestiniens, alors que d’autres
sources estiment le nombre à 22
mille palestiniens. Le nouveau barrage
installé à She’fat n’est pas un
barrage militaire, et le danger
qu’il représente n’est pas de couper
la liaison entre le nord et le
centre d’al-Qods, et il faut
indiquer ici qu’il est installé à la
place d’un barrage militaire qui se
trouvait près de She’fat, mais le
danger réside dans le fait que
l’occupant considère qu’il s’agit
d’un barrage « international »,
c’est-à-dire qu’il trace la
frontière de l’Etat de l’occupation,
ce qui signifie que tout Palestinien
qui réside hors de ce barrage n’est
pas citoyen et ne peut résider dans
l’Etat, bien qu’il vive dans les
limites administratives de la
municipalité de l’occupation. Ce qui
signifie une menace contre tous les
maqdisis vivant hors de ce barrage,
consistant à les expulser et les
dépouiller de leur carte de
résidence.
Même les
agglomérations bédouines situées
autour d’al-Qods n’ont pas échappé à
cette campagne de judaïsation subie
par la ville. Le 31 octobre 2011,
l’administration civile israélienne
accompagnée par l’armée de
l’occupation, a détruit trois
logements en tôle et confisqué les
biens de deux d’entre eux, dans la
zone d’habitation de Khan al-Ahmar,
à l’est d’al-Qods. Les bulldozers de
l’occupation ont également détruit
trois enclos pour animaux dans la
même zone, dans le seul but de gêner
leurs propriétaires et les pousser à
s’en aller. Les agglomérations
bédouines situées à l’est d’al-Qods
dans les régions comprises entre le
complexe colonial Adomim et la
région de Nabi Moussa avaient été
menacées par les autorités de
l’occupation en septembre 2011, qui
leur demandaient d’abandonner leurs
logements sinon elles seraient
expulsées de force, pour appliquer
le plan israélien visant à expulser
2500 bédouins de cette région.
Outre
l’intensification de la violence
officielle et le ciblage des maqdisis, la période couverte par le
rapport fut le théâtre d’une série
d’agressions menées par les colons,
dans le cadre de ce qu’ils ont
appelé « le prix à payer ». Les
Maqdisis ont été victimes de plus de
4 opérations de vengeance menées par
des groupes de colons, la plus
importante étant l’incendie de la
mosquée Akkacha, à l’aube du 14
décembre, endommageant les murs
externes de la mosquée et laissant
derrière eux des graffitis racistes
contre les Arabes, les musulmans et
le prophète Muhammad. Les auteurs de
ces crimes demeurent inconnus ou
alors les autorités de l’occupation
libèrent les quelques suspects,
avant qu’ils ne soient poursuivis.
Même les Maqdisis
restés dans leur ville, malgré les
campagnes d’expulsion et les
agressions, sont soumis à des
politiques visant à rendre
impossible leur vie quotidienne,
pour les pousser à partir
volontairement. Le rapport de la
sécurité « nationale » israélienne
concernant la pauvreté dans l’Etat
de l’occupation, publié au mois de
novembre, indique un taux de
pauvreté dans la partie orientale
d’al-Qods jamais atteint jusque là.
Le taux des pauvres parmi les Arabes
de la ville d’al-Qods a augmenté de
12% par rapport à celui de 2008, ce
qui signifie que ce taux est proche
de 75% de la population globale
d’al-Qods. Le rapport indique
qu’environ 84% des enfants arabes
d’al-Qods sont pauvres, et le taux
de chômage a atteint 22%. Ces
chiffres signifient la présence de
plus de 180.000 pauvres dans la
ville occupée d’al-Qods, en majorité
des enfants, dont le revenu est
inférieur au minimum. Sur le plan
politique, l’Etat de l’occupation
accélère le rythme des faits en vue
de trancher le sort de la ville et
d’empêcher tout changement de la
situation, sauf celui d’accélérer la
colonisation et la judaïsation. Deux
députés de la Knesset sioniste ont
proposé un projet de loi considérant
la ville d’al-Qods « capitale
d’Israël et du peuple juif ». Ce
projet insiste sur la centralité
d’al-Qods pour l’occupation et pour
le peuple juif, tout comme il
renforce la domination israélienne
sur la ville, dans ses deux parties,
orientale et occidentale, sous
prétexte d’unifier la ville en tant
que capitale « d’Israël et du peuple
juif ». La discussion de ce projet
qui devait avoir lieu le dimanche 25
décembre a été reportée à une date
non précisée. Ce n’est pas la
première fois qu’un tel projet est
présenté, il avait été proposé par
quatre députés il y a quelque temps. La question des
députés et de l’ancien ministre
d’al-Qods a été aggravée, lorsque le
tribunal militaire de Ofer a décidé
d’extrader le député maqdisi Ahmad
Attoun, vers la ville de Ramallah.
Une heure et demi après la décision,
le député Attoun est emmené, par
surprise, vers le poste militaire de
Qalandia. De son côté, le député
Ahmad Tawtah a déclaré que les
services de renseignements
israéliens l’ont contacté, ainsi que
l’ancien ministre Khaled Abu Arfa,
le mercredi 7 décembre, pour leur
signifier la nécessité de quitter,
sous 48 heures, la tente de
protestation installée au siège de
la Croix Rouge internationale, dans
sheikh Jarrah.
Loin d’al-Qods,
c’est aux Etats-Unis que les
déclarations se succèdent pour
appuyer les politiques de
judaïsation menées par l’occupation,
dans la ville d’al-Qods. Le candidat
républicain Gingrich a déclaré
devant « la coalition juive
républicaine » au mois de décembre
son appui à la reconnaissance d’al-Qods
en tant que capitale unifiée
d’Israël, à laquelle peuvent se
rendre et visiter les lieux saints
les fidèles de toutes les religions
dans le monde. D’autre part,
Gingrich a déclaré qu’en cas de
victoire aux élections
présidentielles, il transfèrera
l’ambassade américaine de Tel Aviv à
al-Qods. Et le candidat républicain
Mit Romni a confirmé sa position de
soutien à la reconnaissance de la
judaïté de l’Etat d’Israël,
annonçant que sa première visite à
l’étranger serait en Israël. Il
avait auparavant insisté sur les
liens étroits qui unissent les
Etats-Unis et Israël, considérant
que toute critique à Israël devrait
être « interne », mais en public, il
faut se tenir à ses côtés et le
soutenir. D’une manière plus
générale, tous les candidats
républicains à la présidence
américaine sont d’accord pour
rejeter la proposition du président Obama concernant le retour aux
frontières de 1967, et al-Qods est
aussi absente de leurs programmes
que le sont les droits palestiniens.
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