Rapport du CPI
Le grave accident
de Balaa :
la mort pour chercher une vie meilleure
!
CPI
Photo: CPI
Vendredi 31 août 2012
Jénine – CPI
Le village de Jabaa,
au sud de la ville de Jénine, vit
toujours le choc causé par la perte de
huit de ses enfants. En fait, onze
personnes, dont huit habitants du
village de Jabaa, ont perdu la vie sur
le carrefour de Balaa, du
sous-préfecture de Tulkarem.
Les victimes ne sont
que des ouvriers palestiniens qui
cherchent du travail, après avoir perdu
tout espoir d’en trouver en Cisjordanie.
Ces quêtes engendrent des histoires
humaines très tristes.
Mohammed Malaycha, du
village de Jabaa, certifie que toutes
les victimes font partie de ces simples
ouvriers qui ne trouvent pas de travail
en Cisjordanie et qui vont en chercher
dans les territoires occupés en 1948.
Ils ne trouvent pas d’autre moyen pour
se mettre quelque chose sous la dent,
pour nourrir leurs femmes et enfants.
Ils avaient l’habitude d’y aller en
empruntant le point de passage d’Al-Tiba,
au nord de Tulkarem.
Chaque victime,
ajoute-t-il, est le reflet de
l’histoire, de la misère, des conditions
impossibles dans lesquelles survivent
les ouvriers palestiniens qui
travaillent dans les territoires occupés
en 1948, des conditions auxquelles aucun
responsable ne fait attention.
Huit ouvriers ont
perdu la vie. Un bon nombre d’enfants du
village de Jabaa ont perdu leurs parents
et les sources de leur vie.
Histoires
douloureuses
Les victimes ont
laissé leur vie et beaucoup d’histoires
douloureuses. La femme du défunt
Mohammed Fayez Kanaan, 38 ans, raconte
comment elle a convaincu son mari
d’aller travailler, tandis qu’elle
devait rester auprès de leur nouveau-né
Rabï, à l’hôpital public de Jénine.
L’état de santé du bébé était très
délicat et ne devait pas quitter
l’hôpital avant un certain temps.
Le matin de
l’accident, la mère est partie à
l’hôpital où les médecins lui ont dit
que son enfant avait retrouvé la santé.
Elle a demandé à ses enfants de ne pas
contacter leur père pour l’informer de
la bonne nouvelle. Elle voulait lui
faire une surprise. Mais le père est
parti, sans connaître la bonne nouvelle,
la belle surprise. Par contre, la
famille a eu une surprise, une très
mauvaise surprise. La tristesse a
remplacé la joie. La famille est blessée
pour toujours.
Les histoires des
autres familles, celles qui ont perdu
leurs pères, ne sont pas beaucoup
différentes. La famille de Monir Youssef
Abou Aoun était contente de voir son
père Monir, 32 ans, obtenir une
autorisation de travail dans les
territoires occupés en 1948, après cinq
ans d’interdiction. Mais sa joie n’a
duré que trois jours. La mort a été trop
rapide.
Sa femme souligne que
la famille était prête à déménager à sa
nouvelle maison. Elle était contente de
l’autorisation de travail de leur père.
Le père pouvait désormais travailler et
payer les mensualités de la maison. La
catastrophe, c’est que la mère devra
désormais vivre et subvenir aux besoins
de ses trois filles.
Pour sa part, le
défunt Fathi Khaliliya s’était marié il
n’y a même pas un an. Il a laissé
derrière lui une petite fille de cinq
mois et sa mère, qui n’arrive toujours
pas à croire ce qui s’est passé.
Le défunt Jal Kamel,
47 ans, a laissé une femme et quatre
enfants. A sa demande, le jour de son
départ, sa femme avait préparé le
dessert qu’il aimait pour le repas du
soir au moment de la rupture du jeûne.
Mais le mari n’est pas revenu, il est
parti pour toujours, le destin en a
décidé autrement.
La scène se répète
chez le défunt Achraf Fathi Fachaficha ;
son père, bien malade, n’arrive pas à
comprendre le départ de son fils si
jeune.
Elle se répète aussi
chez le défunt Fares Arsan Hamamira, 38
ans. Ses enfants se réunissent autour de
son corps, innocemment, sans comprendre
les jours noirs qui les attendent. Cette
scène se répète aussi chez toutes les
victimes.
Les ouvriers
palestiniens dans les territoires de
1948
Le syndicaliste Abdou
Al-Hakim Nasser indique que cet incident
met sous la lumière du jour les
conditions difficiles des ouvriers de la
Cisjordanie qui se trouvent obligés de
travailler dans les territoires
palestiniens occupés en 1948 et qui sont
l’objet de toutes sortes d’accidents,
sans avoir aucun droit, aucune
assurance, ni de la part de leurs
employeurs, ni de celle de l’autorité de
Ramallah. Leurs familles sont laissées à
leur sort.
Nasser appelle à une
politique unique pour garantir un
minimum de droits aux ouvriers
palestiniens qui sont le sujet de tous
les dangers, dans leur transport, qui
sont l’objet de toutes les fraudes de la
part de leurs employeurs israéliens, qui
sont exposés aux agressions et à
l’humiliation des soldats de
l’occupation sioniste, surtout sur les
points de passage.
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