Centre Palestinien
d'Information
Quel
désastre attend notre armée dans les ruelles de Gaza ?
Tsfi Braïl
Photo CPI
27 décembre
2007
Nous
rentrons à Gaza, en fin de compte. « La grande frappe »
ou « l’opération de grande envergure » sera menée
pour pousser le million et demi d’âmes à se révolter
contre le Hamas. Mais, vivant sous le blocus et dans la nécessité,
ils n’ont rien à perdre. Le sentiment d’incapacité de les
pousser à bout existe déjà. Et c’est pour cette raison que
les sanctions insupportables ont été imposées en se basant sur
la même idée déformée qui avait montré ses limites au Liban.
Cette
vision croit que frapper des objectifs civils – il s’agit
cette fois de civils, et non pas des cibles matérielles –
enflammera une insurrection civile contre la dominance du Hamas,
et Sion sera sauvé ! Pourtant, il ne sera pas possible
d’exclure la contradiction. En effet, si les sanctions ont
vraiment donné leurs résultats, restriction de carburant,
coupure d’électricité, fermeture des passages et interdiction
d’entrée de produits, il n’aura eu besoin d’aucune attaque
militaire.
L’armée
israélienne sait que Gaza n’est pas le camp de réfugiés de Jénine
ou le Sud du Liban. Gaza est un labyrinthe de ruelles dans
lesquelles sillonnent des milliers de femmes, d’enfants, de
vieillards et des hommes normaux qui ne sont pas préoccupés par
le lancement de roquettes d’Al-Qassam ou l’implantation
d’obus explosifs. Cependant, ces dernières semaines, l’armée
a gavé les médias avec l’idée que Gaza contient une grande
quantité d’explosifs et d’armes de toutes sortes et couleurs,
et une grande capacité défensive qui est plus importante.
Toutes
ces considérations ne doivent pas contraindre l’Etat à
attaquer les bâtiments et les objectifs palestiniens qui
continuent le lancement de roquettes d’Al-Qassam. Cependant,
l’armée pratique ces attaques quotidiennement. Elle les
pratique dans les quartiers denses en habitations, utilise les
avions sans pilote qui ouvrent librement le feu sur les cellules
d’Al-Qassam. Une opération de grande envergure, que
pourra-t-elle faire de plus, si les opérations concentrées
n’avaient pas réussi à faire quelque chose ? Devons-nous
comprendre, par le choix d’une telle opération, que les petites
opérations concentrées, comme les sanctions collectives, n’ont
aucun intérêt ?
Il se
peut que « la vaste opération » ait lieu pour une
raison morale. L’Etat ne peut permettre des attaques
quotidiennes contre ses citoyens, sans rien faire. En tout cas,
quelque chose devra se passer. Rien ne sera refusé, même les opérations
spectaculaires destinées à rendre la confiance aux habitants de
Sderot en leur gouvernement, et à vaincre le sentiment que ses
habitants ont moins de valeur que les habitants de Tel-Aviv ou de
Netanya.
Cela
dit, les habitants de Sderot, eux-mêmes, ne veulent pas précipiter
une guerre contre Gaza. Ils souhaitent seulement que leurs maisons
soient protégées. Une protection dont le coût sera moins élevé
que la guerre que l’armée est sur le point d’engager contre
Gaza. Il faut savoir que la protection défensive n’est pas
seulement morale ; elle constitue un article du budget. La
guerre est tout simplement une exposition de force.
Quant à
cette protection défensive, le premier ministre pourra dire : « Nous
nous protégeons, mais pas seulement pour la protection ».
Quant à la guerre, il ne pourra dire : « Nous ne
combattons que pour le combat ». La dernière expression ne
possède pas le même écho démagogue que la précédente. De
plus, il faut soigner les blessures du Liban. Et il n’y a
d’autre soin pour les guerres ratées que des guerres réussies.
Et il n’y a pas de méthode pour mettre fin à une guerre avec
un maximum de réussite.
En résumé,
il faut engager la guerre, mais avec un œil sur le nouveau
partenaire palestinien, Mahmoud Abbas, pour prévoir ce qu’il
dira, si l’armée touche par erreur une école ou un cabinet médical.
Pourra-t-il encore serrer la main à Olmert ou faire la bise à sa
femme ? Naturellement, nous pourrions lui dire qu’il n’a
qu’à vaincre la violence lui-même. Il répliquerait que les négociations
sont là pour cela !
Article
paru dans le journal hébreu Haaretz
Traduit par le CPI
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