Centre Palestinien
d'Information
Scènes
d'« Israël », soixante ans après
Mohammed Khaled Al-Az’ar
Photo CPI
9 janvier
2008
Mohammed Khaled Al-Az’ar
Le cabinet sécuritaire israélien restreint a approuvé, le 23 décembre
2007, un projet destiné à développer et à mettre en
fabrication un système qui pourra intercepter dans les airs des
missiles de courte portée, tels ces missiles lancés par les
factions palestiniennes à partir de la bande de Gaza en direction
des localités israéliennes avoisinantes.
Ce projet coûtera au
budget militaire israélien environ 210 millions de dollars. Et
pour justifier une telle dépense, des responsables disent que ce
système sera efficace pour paralyser les missiles du Hezbollah,
des missiles qui avaient montré leurs ompétences pendant la
guerre menée contre ce parti et contre le Liban pendant l’été
2006. Ils souhaitent que ces anti-missiles voient le jour dans
deux ans.
Un jour seulement après
la diffusion de cette nouvelle par la radio de l’armée de
l'occupation israélienne, le journal hébreu Maariv rapporte que
les milieux militaires israéliens vivent dans un grand état
d’inquiétude devant la possibilité que le mouvement du Hamas
acquièrent des moyens militaires lui permettant de venir à bout
du tank Merkava, une des fiertés de l’industrie militaire israélienne.
Cette inquiétude vient
de l’efficacité montrée par le Hezbollah contre cet engin, en
2006. On croit que le Hamas essaie d’obtenir une telle efficacité,
dit le journal.
En même temps, la
diplomatie israélienne entame des pourparlers secrets avec
Washington pour le persuader de ne pas suivre le rapport des
services américains qui avait innocenté le programme nucléaire
iranien de tout objectif militaire. En parallèle, le lobby
sioniste américain fait l’impossible pour tourner le dos audit
rapport et pour continuer sa campagne contre Téhéran, sans
exclure le choix militaire, sinon "Israël" traitera ce
"danger", toute seule. Cela explique la continuation de
l’administration américaine à mener le même discours fiévreux
contre l’Iran.
En parallèle aussi,
"Israël" a reçu un certain nombre de Juifs iraniens
qui y avaient immigré, via des pays tiers comme l’Autriche et
la Turquie. Il y a aussi le fait que le gouvernement d’Ehud
Olmert a approuvé la construction de colonies en Cisjordanie,
notamment aux alentours de la ville d'Al-Quds (Jérusalem), sans
faire attention à l’exaspération et aux protestations
palestiniennes, ainsi qu’aux interrogations « molles »
américaines sur l’effet de cela sur les négociations suivant
la conférence d’Annapolis.
La question qui se pose
actuellement est la suivante : quel est cet Etat dans lequel
se rencontrent des scènes à ce point contradictoires ?
D’abord, il y a la scène
de l’industrie militaire qui met tous ses efforts pour faire
face aux nouvelles données bien chaudes : l’inquiétude
que la résistance palestinienne puisse contrarier la supériorité
de l’armée israélienne, et l’inquiétude de voir la résistance
libanaise à portée de vue.
De plus, il y a la scène
de la diplomatie israélienne et ses lobbys qui travaillent de façon
assidue et intelligente, dans les coulisses politiques et civiles
américaines (et européennes) pour inciter les décideurs contre
un danger imaginaire dans la région.
Néanmoins, les Israéliens
ne donnent aucune importance à tous ces avertissements parlant de
toutes les catastrophes résultant de leur réussite à déclencher
une guerre contre l’Iran. Ils sèment le doute sur la véridicité
de seize services de renseignements américains dans le seul but
d’embaucher la force américaine pour les protéger.
En troisième lieu vient
la scène chaleureuse de joie pour la réception d’un soutien démographique,
pour seulement quelque quarante personnes venant d’arriver
furtivement d’Iran. La quatrième scène s’agit de ces Israéliens
qui continuent, avec leurs bulldozers et leurs engins, à détériorer
les territoires palestiniens occupés, surtout dans les zones les
plus chères pour les Palestiniens, les Arabes et les Musulmans
(la ville d'Al-Quds et ses faubourgs).
Tout cela se passe en dépit
des discours donnés jours et nuits d’une négociation pacifique
recherchant un accord final pour la question palestinienne, dans
un an, au plus tard.
En fait, nous sommes
face à un Etat inquiet. Il a peur des missiles qui menacent son
espace géographique et volent le sommeil et la sécurité de ses
habitants. Il a aussi peur de ces armes qui pourraient perforer
ses tanks. Il a peur des projets et des programmes nucléaires
engagés par des forces qui ne le reconnaissent même pas. Il a
peur d’une population, sa propre population, tant mole. Il a
peur d’une démographie palestinienne en croissance accélérée…
Cependant, il y a
plusieurs plans et alternatives pour une paix qui lui donnera
l’assurance pour son actuelle vie et son avenir, ainsi qu’une
légitimité juridique nécessaire pour pouvoir vivre dans son
environnement palestino-arabe.
Cela dit, "Israël"
a des choix sans risques soutenus par une légitimité
internationale et une alliance forte et assurée. Elle pourrait
alors se débarrasser de toutes ces sources d’anxiété,
nombreuses, chroniques et renouvelées avec le temps.
Paradoxalement, au lieu de profiter de ces choix peu coûteux en
argent comme en effort, "Israël" apparaît comme
quelqu’un qui voudrait que cet état d’inquiétude continue,
ainsi que la vie en danger permanente, en alimentant ses raisons !
Que signifient alors ces opérations destinées à attirer de plus
en plus d’immigrés juifs (et parfois non juifs) en les considérant
nécessaires pour éviter le danger d’un déséquilibre démographique
avec les Palestiniens ?
Et que signifie le souci
permanant de développer ses armes et ses engins militaires, ainsi
que les incitations faites auprès de ses alliés internationaux
pour l’aider à venir à bout des résistants, proches et
lointains ? Que signifie aussi l’accélération des opérations
de colonisation ? Ces agissements ne provoquent-ils pas plus
de réactions et d’inquiétudes palestiniennes, arabes et régionales ?
Le moment est peut-être
arrivé pour que les Israéliens se posent véritablement la
question fatidique : est-ce que leurs politiques leur avaient
ramené la sécurité et la stabilité ?
Il est vraiment ridicule
que les Israéliens ne profitent pas de leurs soixante années
d’expérience, de leur Etat resté sous les armes depuis sa
naissance. Toutes les données affirment que leurs politiques, déviant
tout effort sérieux de paix, ont échoué à réaliser ces
objectifs.
Est-il vrai que ces
gens-là ne remarquent pas que personne n’est plus dupe face à
leur discours répétés à l’ennui consistant à dire que la
paix sera pour 2008, comme c’est le cas depuis 1948 ?
Les élites politiques
israéliens ne remarquent-ils pas combien est contradictoire le
fait de chercher, depuis leur arrivée sur la terre de la
Palestine, tous les éléments de préparation à des combats
militaires à venir, et le fait d’adresser des appels aux Juifs
du monde entier pour venir vivre sur la même terre en paix et
pour se débarrasser des positions du peuple avec lesquels ils
vivent déjà en paix ?
En "Israël",
on dit que les colons qui vivent à côté de la bande de Gaza
n’ont plus de confiance en la capacité de leur armée d’arrêter
le lancement des « missiles palestiniens », en dépit
de toutes les mesures prises dont le système anti-missiles à
fabriquer.
On y dit aussi que les
nouveaux immigrés iraniens ne viennent en "Israël"
qu’en transit pour aller vers d’autres destinations, certains
d’entre eux ont déjà une nostalgie cruciale pour leur pays
natal, l’Iran. Malgré tout cela, il est difficile de croire que
les dirigeants et les politiciens israéliens se décampent vers
des alternatives pacifiques, car leurs calculs sont minés par des
complexités historiques, idéologiques et politiques qui dépassent
de loin toute pensé logique.
Article paru
dans le journal émirati Al-Bayan
Traduit et résumé par le CPI
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