Centre Palestinien
d'Information
Priver
Gaza d'électricité et de carburant nous pousse vers le gouffre
de l'immoralité
Ouzi Benziman
Photo CPI
8 novembre 2007
Dans la même semaine où l’on récite, dans
les temples juifs, les commandements de notre seigneur Ibrahim
avec lesquels ils implorent le Dieu pour qu’Il n’impose pas
ses sanctions collectives à la population de Sedom, le service de
sécurité d’"Israël" décide d’imposer des
sanctions dures et méchantes contre la population de Gaza, et de
les harceler en coupant l’électricité et en leur restreignant
les fournitures en carburant. L’argumentation donnée par Ehud
Barak et ses conseillers n’est pas absolue, comme dans
l’histoire ancienne de la Torah. Ils considèrent cette mesure
comme une « expérience ». Si elle ne réussit pas,
ils penseront à autre chose.
Ceux-là oublient la
portée morale d’une telle décision. Ils se focalisent surtout
sur ses résultats matériels. Il faut tout simplement
l’annuler, immédiatement. Il y a quelques jours de cela, le
journal Haaretz rapportait que l’armée israélienne recommande
ces sanctions en sachant d’avance qu’elles ne produiront pas
l’effet escompté et déclaré : stopper les roquettes et
les obus. En réalité, ces sanctions collectives si dure n’ont
qu’un seul but : préparer l’opinion publique à une opération
terrestre de grande envergure et de longue durée, et la
convaincre – notamment les habitants de Sdirout et ses alentours
– de l’idée que l’armée israélienne « emploie tous
les efforts » pour arrêter le lancement des roquettes d’Al-Qassam.
Si le service de sécurité
sait dès le départ que le moyen dur qu’on veut utiliser ne
pourra atteindre son objectif, pourquoi recommande-t-il alors de
l’utiliser, malgré tout ? Cette question prendra une autre
tournure lorsqu’on sait que le chef qui est derrière cette décision
est Ehud Barak, l’homme qui avait accusé Olmert et son cabinet
(avant de le rejoindre) d’imprudence en prenant la décision
d’entamer la deuxième guerre du Liban. Cette personne garde un
sang-froid et une tête vide, militairement et politiquement
parlant, au moment où l’Etat vit des conditions très
sensibles.
L’expérience nous
apprend que les sanctions collectives, dans tous leurs aspects,
imposées sur la masse palestinienne, n’ont jamais donné les
effets recherchés : ni les barrages, ni les fermetures, ni
la pression économique. Tout au contraire, ce moyen a accentué
la volonté des organisations « terroristes » de
frapper "Israël" et de multiplier le nombre de
kamikazes voulant se venger d’elle.
L’affaire ne s’arrête
pas là. Les sanctions collectives porteront des préjudices à
"Israël" et auront de lourdes conséquences sur ses
efforts et actions visant à attirer une compréhension
internationale pour sa vision dans le conflit avec les
Palestiniens. La logique nous demande d’arrêter de recourir à
un tel moyen, et encore plus d’arrêter de l’utiliser à
l’extrême.
En quelques mots, et
selon le principe de gain et de perte, il faut enterrer l’idée
d’harcèlement des habitants de Gaza en arrêtant l’électricité
et le carburant de leur parvenir. Il faut prendre en considération
le prix qu’on doit payer pour l’application d’une décision.
Nous savons que Olmert avait promis à son hôte Abbas de ne pas
provoquer une crise humanitaire dans la Bande. Quel intérêt
alors d’une déclaration parlant d’imposer des sanctions
collectives fortes et dures sur la population de cette Bande ?
Soit ils veulent les harceler de façon insupportable. Dans ce
cas, la promesse d’Olmert n’aura aucun sens. Soit ils ont
l’intention de les harceler de façon supportable. Dans ce cas,
l’harcèlement n’aura aucun effet.
Ladite décision a aussi
une portée morale : lorsqu’"Israël" assassine
les « terroristes », en faisant mal aux gens en parallèle,
elle se défend en disant qu’elle n’en avait pas l’intention et
que les moyens utilisés par les organisations « terroristes »
l’oblige à réagir ainsi. En réalité, l’Etat tombe dans un
piège légal et moral lorsqu’il fait du mal à des dizaines de
milliers d’innocents. Que fait-on alors contre les roquettes
d’Al-Qassam ? Au lieu de raser les terrains, de détruire
les territoires ouverts, d’assassiner… pourquoi
n’arrive-t-on pas avec les Palestiniens à une résolution
totale basée sur une vraie volonté israélienne de se retirer
des territoires ?
Article paru dans
le quotidien israélien Haaretz
Traduit et résumé
par le CPI
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