Centre Palestinien
d'Information
Interview
de Saïd Siyam
« Les meneurs du siège en payeront le prix cher »
Saïd Siyam - Photo CPI
29 novembre 2007
Gaza – CPI
Saïd Siyam, député éminent du Conseil législatif
palestinien, représentant le bloc du "Changement et de la réforme",
ancien ministre de l’intérieur, confirme que la délégation
palestinienne participant à la conférence d’Annapolis n’a
aucune procuration de son peuple. Les négociateurs sont prêts
– sous le prétexte de la souplesse politique – à aller trop
loin en cédant aux conditions et exigences américano-sionistes.
Le siège imposé sur la
bande de Gaza pourra faire exploser la situation. Mais le Hamas,
confirme Siyam, besognera pour que le prix de cette explosion soit
payé par les meneurs de cet injuste siège.
Saïd Siyam nous parle
des différents développements que connaît la scène
palestinienne, dans l'interview ci-après, traduite de l'arabe et
résumée par nos soins.
La
question palestinienne
CPI :
Actuellement, vers où va la question palestinienne ?
Siyam :
Ce n’est un secret pour personne que la question palestinienne
est le noyau de l’ensemble du conflit du Moyen-Orient. Elle est
aussi l’objet de toute conspiration. Conspiration contre
l’homme palestinien en voulant s’en prendre à son droit au
retour ou le vider de tout sens. Conspiration contre la terre
palestinienne à travers les colonies, le Mur et le changement de
terrain.
La cause palestinienne
passe un moment dangereux. Les négociateurs palestiniens ne sont
pas honnêtes. Ils sont prêts – sous le prétexte de la
souplesse politique – à aller trop loin en cédant aux
conditions et exigences américano-sionistes.
CPI :
Et le Hamas, est-il toujours aussi fidèle à la cause
palestinienne ?
Siyam :
Oui, et la guerre déclarée au mouvement n’a lieu qu’en
raison de sa forte position prise contre toute concession des
principes du peuple. Le Hamas paye cher cette position. Ils vont
jusqu’à le considérer comme étant un mouvement « terroriste »,
à considérer la bande de Gaza comme étant une « entité
ennemie ». Pire, le représentant de la Palestine aux
Nations Unies va jusqu’à présenter un projet contre le
mouvement du Hamas. Les indications sont nombreuses montrant que
le Hamas reste fidèle aux principes, à l’identité et à la
terre palestiniens.
CPI :
Nous approchant du vingtième anniversaire du Hamas, y a-t-il des
changements dans la politique du mouvement et dans son discours ?
Siyam :
Le mouvement se développe pour donner à chaque stade sa
politique. Il en a la capacité nécessaire, sans pour autant
toucher aux principes. Tout au contraire, le mouvement met tout en
œuvre pour les soutenir localement, régionalement comme sur la
scène internationale. Il devient un facteur non négligeable, non
seulement dans l’équilibre politique palestinien, mais aussi régional
et international. Le mouvement devient la première force sur la
scène locale après sa victoire dans les élections législatives…
CPI :
On dirait que des conflits existent au sein du mouvement ?
Siyam :
Le Hamas est un mouvement d’institutions et non de personnes.
Tout un chacun peut s’exprimer. Cela dit, il est tout à fait
naturel que des avis contradictoires s’entendent. En fin de
compte, tous les avis se canalisent vers une position unie qui
exprime l’avis de tout le monde.
CPI :
Mais dernièrement, des déclarations contradictoires ont été
entendues ?
Siyam :
Toutes les déclarations personnelles ne peuvent pas être soldées
sur le compte du mouvement.
Le
Hamas et le siège
CPI :
Qu’en est-il des scénarios du Hamas pour déjouer l’étouffant
siège imposé sur la bande de Gaza ?
Siyam :
Le siège n’est là que pour mettre le Hamas dans une position
des plus difficiles, pour provoquer les masses contre le
gouvernement à Gaza, par le blocus économique, la fermeture des
points de passage, l’interdiction d’entrée des nourritures…
Le mouvement résiste toujours et continue son travail avec
performance, après cinq mois. Cette résistance a mis en échec
l’objectif des meneurs du siège, Américains, Sionistes et même
Palestiniens. En outre, le mouvement n’arrête pas ses
communications avec les pays étrangers pour stopper le siège et
alléger les souffrances du peuple palestinien. Il est trop tôt
pour parler des engagements dramatiques. Toutefois, si une
explosion a lieu à cause de ce siège, le mouvement du Hamas
saura agir de sorte que son prix soit payé par les meneurs, pour
que cette explosion ne soit pas intérieure.
CPI :
Le peuple se demande jusqu’à quand ira cette résistance ?
Siyam :
Mais, je viens de le dire : résistance avec un travail
performant. Le mouvement et le gouvernement mettent tout en œuvre
pour approvisionner la vie quotidienne palestinienne, non
seulement apporter de la nourriture. Il faut se rendre contre que
nous vivons une guerre réelle autant avec l’occupant qu’avec
ceux qui appliquent ses politiques… Notre résistance et notre
endurance nous amènent vers la victoire… Nous avons été
victorieux lorsque nous avons poussé l’occupation israélienne
à se retirer de la bande de Gaza.
CPI :
Beaucoup de personnes sondées expriment une forte volonté pour
que le siège soit brisé par de fortes opérations pratiquées
contre l’occupation israélienne.
Siyam :
Le Hamas n’a jamais cessé la résistance… Toutefois, les
moyens de combat ne se restreignent pas à des opérations
martyres (kamikazes), bien que le Hamas et les autres factions de
la résistance donnent des martyrs, des blessés et des
prisonniers. Les brigades d’Al-Qassam frappent l’occupation
israélienne partout, surtout aux confins de la bande de Gaza,
plusieurs Sionistes y ont laissé la vie.
Alors quand nous disons
endurance et performance, cela sera sur le niveau intérieur comme
sur le niveau de la confrontation avec l’occupation…
CPI :
Y a-t-il des pays arabes qui continuent à soutenir le Hamas et
son cabinet ?
Siyam :
Les contacts avec plusieurs pays arabes ne sont pas coupés. Mais
ces pays ont aussi leurs propres considérations et leurs
acceptions politiques. Nous ne sommes pas là pour faire des ingérences
dans leurs affaires, tout en saluant toute aide, politique comme
financière, venant de leur part. Ils avaient une position solide
contre le projet de loi présenté aux Nations Unies par le représentant
de la Palestine.
La
situation intérieure
CPI :
Etant un ancien ministre de l’intérieur, comme voyez-vous la sécurité
à l’intérieur de la bande de Gaza ?
Siyam :
Incomparable est la situation sécuritaire actuelle avec celle qui
avait précédé. D’anciens crimes ont été révélés, des
conflits familiaux ont été résolus, les vols ont diminué,
ainsi que le contrebande de drogue. Mais plusieurs cellules dont
les objectifs étaient de semer l’anarchie ont été divulguées…Les
étrangers sont témoins de la sécurité régnante…
CPI :
Le ministère de l’intérieur, que fait-il contre les fauteurs
de troubles ?
Siyam :
Après la période d’investigation, ils seront transférés au
bureau du procureur, civil ou militaire, c’est selon…
CPI :
Si nous parlions de ce qui se passait au festival de Gaza le jour
de la commémoration du départ du président Arafat, le 12
novembre, des affrontements, des victimes, des blessés… La
police est accusée d’avoir ouvert le feu sur les festivités ?
Siyam :
Jamais la Bande n’avait connu une telle réussite, avec un tel
service policier, avant que des tirs ne viennent perturber cette
scène si belle. Les investigations avancent remarquablement…
Nous avons assez de courage pour déclarer les résultats de
l’enquête et pour inculper la police, si elle en était la
cause…
Le
dialogue avec le Fatah
CPI :
Pour entamer tout dialogue, Abbas exige du Hamas que les services
de sécurité retournent comme ils avaient été auparavant.
Avez-vous posé comment ?
Siyam :
Tout dialogue sans condition préalable est bienvenu. Cependant,
revenir à l’ancienne situation, même les enfants ne
l’acceptent pas, encore moins les adultes… Nous sommes avec le
fait de livrer les sièges à ces services et leurs directions,
mais après avoir revu la situation collectivement en se basant
sur des règles étudiées. Garder ces sièges n’est pas un
objectif pour le Hamas…
En fait, la décision de
tout dialogue est entre les mains des Américains et des
Sionistes. Une fois, un pays arabe avait demandé à Abou Mazen
pourquoi il refuse l’appel du Hamas au dialogue, il a tout
simplement répondu : « Essayez de convaincre les
Américains » !
CPI :
Le président Abbas dialoguera-t-il avec le Hamas, après
Annapolis ?
Siyam :
Le dialogue palestino-palestinien a la priorité sur le dialogue
palestino-sioniste. Nous pouvons tout discuter, sans aucun veto…
CPI :
Quelle est votre vision de la bande de Gaza avec le Hamas et cette
guerre menée contre elle ?
Siyam :
Une explosion à Gaza est un rêve cher pour l’occupant… Mais
la Bande reste comme toujours incassable. C’est le peuple qui
l’avait nettoyée de l’occupation israélienne. C’est lui
qui l’a ensuite nettoyée des collaborateurs. Il défira alors
toutes les difficultés et passera cette crise. Nous sommes sûrs
qu’Allah (le Tout Puissant) facilitera la chose pour notre
peuple et lui accordera la victoire sur les meneurs du siège et
sur les collaborateurs.
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