on Timeturk (édition anglaise) on-line, 7
février 2009
http://en.timeturk.com/gilad-atzmonisrael-needs-turkey-15323-haberi.html
Le musicien et célèbre
dans le monde entier Gilad Atzmon (né en Israël) déclare à
Timeturk : « L’amitié de la Turquie est fondamentale pour
Israël : c’est Israël, qui a besoin de la Turquie ! »
Hasan Uncular [HU] : Cher Gilad, quelle analyse faites-vous du
carnage israélien à Gaza ?
Gilad Atzmon [GA] : Cher Hasan, je ne pense
pas qu’il s’agisse réellement d’une question d’évaluation. Nous
avons tous conscience du niveau [incroyable] des destructions
infligées à des civils innocents par l’Etat juif. Gaza ressemble
à un paysage d’après-bombe atomique. Pourtant, comme nous le
savons, cette dévastation ne résulte pas du lâcher d’une seule
bombe atomique. Non, en réalité, il y a eu une campagne
impitoyable et interminable, conduite par une armée nationale et
populaire, qui a recouru à un enchaînement de bombardements
lourds, au moyen d’armes conventionnelles, mais aussi de
projectiles non-conventionnels. Le carnage, à Gaza, est le
résultat d’un raid aérien sinistre, continu et intensif contre
les civils vivant dans la région la plus densément peuplée sur
notre planète. Aussi, davantage que par l’évaluation du carnage
en lui-même, je suis très intéressé dans l’évaluation des gens
qui sont capables de causer une telle destruction. Autrement
dit, je suis intéressé à percer l’identité collective
israélienne, mais aussi l’identité collective juive. Je me
demande comment il est possible que les Israéliens, ce peuple
qui a « ressuscité de ses cendres », ait pu devenir,
collectivement, l’incarnation du mal moderne. Comment se fait-il
que les juifs de la diaspora soutiennent quasi unanimement
Israël et ses crimes contre l’humanité ?
« Israël se sent
totalement libéré d’une quelconque retenu morale ou éthique »
[HU] : Pourquoi Israël viole-t-il ainsi en permanence la
légalité internationale, et pourquoi ne respecte-t-il pas les
accords signés ?
[GA] : J’imagine que c’est parce que les
Israéliens sont imbus de sentiments de supériorité, qui ont sans
doute quelque chose à voir avec l’interprétation séculière de
l’Election juive. En fin de compte, Israël est bien l’Etat juif,
non ? Bien que la société israélienne soit dans une large mesure
une société laïque, elle réussit à perpétuer l’héritage judaïque
de la suprématie raciale. Il s’agit, de fait, de
l’interprétation laïque nationaliste de la tradition juive qui a
évolué en une inclination collective meurtrière. Il est
important de noter que tandis qu’à l’intérieur du contexte juif,
l’élection est interprétée comme un fardeau moral impartissant
aux juifs de représenter une exemplification du comportement
moral, dans l’Etat juif, l’élection est interprétée comme une
autorisation à dominer et à tuer. Dès lors que les Israéliens se
considèrent le peuple élu, ils se sentent manifestement libérés
de toute préoccupation éthique ou morale. A cela s’ajoute le
fait qu’ils ne sont absolument pas concernés par le jugement ou
la pensée des autres peuples ou des autres nations. Cette
philosophie arrogante a été définie par le Premier ministre
israélien David Ben Gourion, dans les années 1950, quand il a
déclaré : « Peu importe ce que les Goyim [les Gentils, les
non-juifs] disent ; seul importe ce que les juifs font ! »
« Il faudrait décerner à
Peres le prix Nobel de Physique ( nucléaire) ! »
[HU] : Quelle est, à vos yeux, l’importance de la réaction du
Premier ministre (turc) Recep Tayyip Erdoğan, à Davos ?
[GA] : Pour moi, il est évident que le
Premier ministre Erdoğan a été très courageux en s’opposant au
mensonge israélien sur une scène internationale. De plus, il a
réellement mis dans le mille en dévoilant le symbole suprême de
ce mensonge-même. Je fais allusion ici au criminel de guerre et
néanmoins Président d’Israël Shimon Peres, qui, en dépit de son
passé accablant [Kafr Kana, réacteur nucléaire de Dimona, etc],
a réussi à s’arroger un prix Nobel de… la paix ! Considérant sa
contribution fondamentale au projet de recherches en matière
d’armes de destruction massives de Dimona, un prix Nobel de
Physique (nucléaire) aurait été plus indiqué.
C’est Israël, qui a
besoin de la Turquie !
[UH] : De quelle manière
le lobby juif agit-il contre le Premier ministre Erdoğan et
contre les juifs dotés d’une conscience ; comment le peut-il ?
[GA] : C’est une excellente question ; mais
je ne suis pas expert ès-tactiques juives… Toutefois, j’ai
parfaitement conscience de l’influence qui est la leur. Dès lors
que les finances du parti Travailliste britannique sont gérées
par des sionistes aussi enragés que [le faux-noble]
Lord cash Machine Levy et que le secrétaire général [chief
of staff ] de la Maison-Blanche n’est autre qu’un sioniste
ultra, nous devons nous attendre à ce que ce soient les intérêts
sionistes qui donnent forme à notre réalité, et cela signifie
énormément de conflits, de carnages et le sang versé
d’innombrables civils innocents.
Toutefois, nous devons garder à l’esprit le fait que le vent est
en train de tourner. Ce que nous voyons et ce que nous
entendons, à Gaza, suscite une indignation gigantesque contre
Israël et ses séides, dans le monde entier. Pour moi, il est
difficile de prédire quelles seront les mesures que ne vont pas
manquer d’adopter les lobbies juifs à l’encontre du Premier
ministre turc Recep Tayyip Erdoğan. Il peut probablement d’ores
et déjà s’attendre à être présenté comme leur nouveau
protagoniste antisémite. Comme nous le savons, il ne faut pas
très longtemps pour en devenir un. Si, dans le temps, les
antisémites étaient les gens qui n’aimaient pas les juifs,
aujourd’hui, il s’agit de ceux que les juifs haïssent.
Il n’en reste pas moins que nous devons avoir à l’esprit l’idée
que l’amitié de la Turquie est très importante, pour Israël. La
Turquie était en effet, jusqu’ici, l’unique pays ami d’Israël
dans toute la région. Ces derniers temps, elle a joué un rôle
d’intermédiaire en vue de négociations (hypothétiques) avec la
Syrie. En bref, c’est Israël, qui a besoin de la Turquie…
[HU] : Comment les relations israélo-turques peuvent-elles être
affectées par le clash entre Erdoğan et Peres, à Davos ?
[GA] : Je préfère vraiment ne pas répondre
à cette question ; je ne suis pas précisément un expert, en
cette matière…
« Je suis simplement antiraciste »
[HU] : Avez-vous un message conclusif à adresser au monde, et au
peuple turc ?
[GA] : Je n’aime pas envoyer de messages
« conclusifs » et, ce, pour trois raisons :
1. Je n’aime pas les déclarations sans
appel ; je tiens à me réserver une option de regret, et je veux
être en mesure de réviser mes opinions, sur quelque sujet que ce
soit ;
2. Je pense que ceux qui envoient des
« messages finaux » doivent être des gens très importants et
très intelligents. Quand à moi, je suis avant tout un artiste ;
je procède à l’introspection, et je partage ce que je vois avec
mes auditeurs et mes lecteurs ;
3. Contrairement à ces hommes politiques
qui savent ce qui est bien et ce qui n’est pas bien pour les
autres qu’eux-mêmes, j’ai déjà du mal à savoir ce qui est bien,
pour moi-même…
Toutefois, ma politique, pour ainsi dire,
est très simple : je suis pour une expression éthique.
Cela signifie que dans telle ou telle circonstance, je
m’efforcerai de trouver, par moi-même, ce qui est bien et ce qui
est mal. Je ne crois pas au dogmatisme. Je le redis : pour moi,
la quête morale est un processus dynamique, consistant à
modeler, et à refaire.
Il y a environ une semaine, un ami, le
légendaire musicien Robert Wyatt, m’a aidé à mettre cela en
parole, de la manière la plus éloquente et simple qui soit. « Ma
politique », a-t-il dit, « est très simple : je suis simplement
antiraciste ». C’est vraiment ce autour de quoi tourne tout le
reste : être antiraciste…
Je suis totalement opposé à toute forme de
politique raciste, et c’est la raison pour laquelle je méprise
toute forme de politique juive, qu’elle soit de gauche, de
droite ou du milieu. J’en ai ras-le-bol de toutes ces
organisations « exclusivement juives ». Qu’il s’agisse des
« Juifs pour un seul Etat », ou des « Juifs pour la paix ». Je
suis contre ça, parce que ça ne vise qu’à promouvoir les
intérêts tribaux juifs, et non pas l’humanité, ni la fraternité.
L’expérience politique juive est, peu ou prou, toujours
racialement orientée, et chauvine jusqu’à la moelle.
Bien que je sois convaincu que les gens
sont fondés à lutter pour conquérir leur droits (comme, par
exemple, le combat des Palestiniens), je pense aussi que les
gens devraient savoir de quelle manière réinstaurer la paix et
l’harmonie. En ce qui concerne la politique israélienne et la
politique juive, c’est exactement ce qui dont nous avons besoin.
Tout ce que nous voyons, c’est la vengeance et la colère, qui
entraînent de plus en plus de violence. Il est parfaitement
évident que les Israéliens ne sont pas vraiment familiarisés
avec les notions de pitié et de compassion. La suggestion
spirituellement génératrice d’harmonie faite par Jésus, résumée
par l’expression « tourner l’autre joue », semble, aux oreilles
des Israéliens, un concept amusant et oiseux. Apparemment, pour
eux, « choc et terreur », « shock
and awe », voilà qui semble bien plus sexy. C’est
démocratiquement qu’ils ont voté en faveur du carnage, de la
destruction et du génocide.
Mais, après tout, ils ont bien le droit de voter… Ne sont-ils
pas la « seule démocratie au Moyen-Orient »
C’est, tout au moins, ce qu’ils prétendent…
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier