http://www.geneva-accord.org/...
Ce sondage indique que, malgré la déception qui
a suivi la réunion d’Annapolis, environ la moitié des Israéliens
et des Palestiniens sont en faveur d’un accord sur les principes
de l’Initiative de Genève, et que deux tiers des deux côtés
un processus de réconciliation pleine et entière si un accord de
paix était signé. Voici les résultats d’un sondage effectué
conjointement, entre le 11 et le 19 décembre 2007, par le Harry
S. Truman Research Institute for the Advancement of Peace
(université Hébraïque de Jérusalem) et le PSR (Palestinian
Center for Policy and Survey Research de Ramallah).
Ce sondage simultané a étudié l’opinion des
Israéliens et des Palestiniens sur la conférence d’Annapolis,
et ce qu’ils en attendaient. Les résultats indiquent une extrême
déception et un grand scepticisme concernant la capacité de
leurs dirigeants à tenir leurs engagements, y compris sur le plan
du calendrier.
Le sondage a également étudié les attitudes des
Palestiniens et des Israéliens à l’égard d’un accord de
paix définitif sur les principes des paramètres Clinton et de
l’Initiative de Genève.
Les résultats indiquent globalement une stabilité
favorable à ces solutions chez les Palestiniens, et un déclin en
Israël depuis 2005. Toutefois, malgré ce déclin, il y a
toujours une majorité de 53% qui soutient ce type d’accord.
Chez les Palestiniens, ce chiffre est de 47%.
Méthodologie : l’échantillon palestinien
est composé de 1270 adultes de Cisjordanie et de Gaza. Interviews
en face-à-face. Marge d’erreur : 3%. Du côté israélien :
570 adultes interviewés par téléphone en hébreu, arabe ou
russe. Marge d’erreur : 4%. Sondage conçu et supervisé
par le Dr Yaakov Shamir (Truman Institute) et le Dr Khalil Shikaki
(PSR).
Principaux résultats
(A) La conférence d’Annapolis
Seuls
16% des Israéliens et 11% des Palestiniens considèrent
qu’Annapolis a été un succès, et 74% et 59% respectivement la
considèrent comme un échec.
Les espoirs des deux côtés mis dans la capacité potentielle de
la conférence à tempérer la violence du conflit sont très
faibles. 3% des Israéliens et 18% des Palestiniens pensent
qu’après Annapolis, des négociations vont se mettre en place
et les confrontations armées s’arrêter. 39% des Israéliens et
42% des Palestiniens pensent que des négociations vont débuter,
mais que les confrontations armées ne vont pas s’arrêter. Et
55% des Israéliens et 32% des Palestiniens pensent qu’il n’y
aura ni négociations ni arrêt des confrontations.
Les opinions des deux côtés sont également sceptiques à l’égard
de la capacité de leurs dirigeants à respecter leurs engagements
pris lors de la déclaration commune. Dans leur déclaration
conjointe, Olmert et Abbas ont déclaré que les deux côtés
chercheraient à conclure les négociations de pax avant la fin de
l’année 2008. Mais seuls 23% des Palestiniens et 8% des Israéliens
pensent qu’ils ne réussiront pas à tenir ce calendrier.
Dans leur déclaration commune, Olmert et Abbas s’étaient également
engagés à mettre immédiatement en œuvre leurs obligations
respectives dans le cadre de la Feuille de route. Mais seuls 18%
des Palestiniens et 21% des Israéliens pensent que l’autre côté
remplira ses obligations. D’autre part, 67% des Palestiniens et
59% des Israéliens pensent que leurs propres dirigeants les
rempliront si, de l’autre côté, elle sont également remplies.
(B) Paramètres Clinton, Genève
Les paramètres Clinton relatifs à un accord israélo-palestinien
définitif ont été présentés par le président Clinton lors
d’une réunion avec des représentants israéliens et
palestiniens le 23 décembre 2000 [à Taba], après l’échec du
sommet de Camp David en juillet 2000. L’Initiative de Genève,
qui reprend globalement les mêmes idées, a été rendue publique
fin 2003. Ces paramètres traitent des questions les plus
essentielles du conflit : frontières et échanges de
territoires, réfugiés, Jérusalem, une Palestine démilitarisée,
dispositifs de sécurité et fin du conflit. Depuis décembre
2003, nous avons traité à plusieurs reprises de ces questions
cruciales, et le présent sondage les aborde à la suite de la
conférence d’Annapolis et de la reprise des pourparlers entre
les parties. Les résultats obtenus indiquent une stabilité du
soutien à un accord global (« package deal ») chez
les Israéliens par rapport à 2006, avec une légère majorité
(53%) en faveur de cet accord. 2006 marquait un fort déclin par
rapport aux années 2005 et 2004, où ce soutien approchait les
2/3. Chez les Palestiniens, on constate une même stabilité, avec
une minorité (47%) en faveur de cet accord. Depuis 2003, année où
nous avons commencé à suivre ces questions, nous n’avons
constaté une majorité favorable des deux côtés qu’en décembre
2004, peu après le décès d’Arafat, qui avait donné lieu à
un sursaut d’optimisme et de modération dans les deux opinions
publiques. Chez les Israéliens, il y a toujours eu une majorité
en faveur des paramètres Clinton depuis 2004, mais cette majorité
se réduit peu à peu. Chez les Palestiniens, le soutien à ces
propositions semble avoir été davantage affecté par le désengagement
et la déception qui a suivi que par l’arrivée du Hamas au
pouvoir. Le soutien des Israéliens a décliné à la suite des événements
politiques intérieurs palestiniens, et ne semble pas avoir été
affecté par le désengagement. Ci-dessous, nous revenons en détail
sur les attitudes à l’égard de chacun des paramètres Clinton
1. Frontières définitives
et échanges de territoires
56% des Palestiniens sont très favorables ou
favorables (42% défavorables) à un retrait israélien de la
Cisjordanie et de la bande de Gaza, à l’exception d’un
certain nombre de colonies dont la superficie représenterait
moins de 3% de la Cisjordanie, superficie échangée contre une
superficie équivalente en Israël, en accord avec une carte présentée
aux personnes palestiniennes interrogées. Cette carte était
identique à celle qui était présentée en décembre 2006, alors
que le soutien à cette solution de compromis, avec cette carte,
s’établissait 61% (37% d’opposition). Du côté israélien,
46% sont favorables à cette solution (50% opposés). En décembre
2006, 44% des Israéliens l’approuvaient, 54% la désapprouvaient.
2. Réfugiés
39% des Palestiniens (contre 57%) soutiennent un règlement
de la question des réfugiés où les deux côtés seraient
d’accord pour que la solution soit fondée sur les résolutions
194 et 242 des Nations unies. Dans ce cadre, les réfugiés
auraient le choix entre 4 lieux de résidence : l’Etat
palestinien, y compris les zones israéliennes échangées dans le
cadre d’un échange territorial mentionné plus haut, où aucune
restriction ne serait imposée à un éventuel retour ; et
trois autres lieux (dans des pays hôtes, tiers et Israël) où la
résidence serait soumise à l’accord de ces pays. Pour fonder
sa décision [d’accueillir ou non des réfugiés], Israël
tiendrait compte le nombre moyen de réfugiés accueillis dans des
pays tiers, en Australie, en Europe, au Canada, ou autres. Tous
les réfugiés auraient droit à des indemnités pour leur statut
de réfugiés et la perte de leurs biens. En décembre 2006, 41%
des Palestiniens se déclaraient favorables à un compromis
identique (contre 54%). Du côté israélien, 44% y sont
favorables (contre 54%). En décembre 2006, on notait 38%
d’opinions favorables (contre 60%).
3. Jérusalem
Dans l’opinion publique palestinienne, 36% des
personnes interrogées (contre 63%) soutiennent un compromis dans
le cadre duquel Jérusalem Est deviendrait la capitale de l’Etat
palestinien, les quartiers arabes passant sous souveraineté
palestinienne et les quartiers juifs sous souveraineté israélienne.
La Vieille Ville (y compris al Haram al Sharif, ou Mont du Temple)
passerait sous souveraineté palestinienne à l’exception du Mur
des Lamentations et du Quartier juif, sous souveraineté israélienne.
En décembre 2006, ce même compromis recueillait 39% d’opinions
favorables chez les Palestiniens (contre 59%). Chez les Israéliens,
36% des personnes interrogées se déclarent d’accord avec cette
solution, contre 63%. En décembre 2006, les pourcentages étaient
de 38% (favorables) et 60% (défavorables).
4. Etat de Palestine démilitarisé
Chez les Palestiniens, 23% soutiennent (contre 76%
qui s’y opposent) la création d’un Etat palestinien indépendant
qui ne disposerait pas d’armée, mais d’une force de sécurité
importante, ainsi du déploiement d’une force multinationale
chargée d’assurer sa sécurité. Dans ce cadre, Israël et la
Palestine s’engageraient à stopper toute forme de violence
contre l’autre côté. En décembre 2006, le même compromis bénéficiait
du soutien de 28% des personnes palestiniennes interrogées
(contre 70%). Sur cette question, le soutien des Palestiniens est
au plus bas. Au contraire des réfugiés et de Jérusalem, cette
question n’a pas fait l’objet du débat public qu’elle méritait,
car pouvant devenir un obstacle majeur aux efforts de parvenir à
un accord. Du côté israélien, 61% sont pour, et 38% contre ce
compromis (en décembre 2006, 62% pour, 36% contre).
5. Dispositifs de sécurité
51% des Palestiniens (contre 47%) soutiennent un
compromis où l’Etat palestinien aurait la souveraineté sur son
espace terrestre, aérien et maritime, mais où Israël aurait le
droit d’utiliser l’espace aérien palestinien pour y effectuer
des manœuvres, et maintiendrait pendant 15 ans deux stations de détection
précoce en Cisjordanie. Une force multinationale demeurerait postée
dans l’Etat palestinien et à ses points de passage frontaliers
pour une période indéfinie. La tâche de cette force
multinationale serait de surveiller l’application de l’accord,
ainsi que les frontières et la côte de l’Etat palestinien. En
décembre 2006, 42% des Palestiniens se déclaraient d’accord
avec cette solution (contre 55%). Au sein de l’opinion publique
israélienne, 53% soutiennent ce dispositif (contre 44%). En décembre
2006, 51% étaient favorables (contre 47%).
6. Fin du conflit
66% des Palestiniens (contre 32%) soutiennent un
compromis sur une fin du conflit, qui stipulerait qu’à partir
du moment où l’accord de paix définitif serait pleinement
appliqué, cela signifierait la fin du conflit pour les deux
parties, qui ne pourraient faire valoir aucune autre
revendication. Les parties reconnaîtraient la Palestine et Israël
comme patrie de leur peuple respectif. En décembre 2008, du côté
palestinien, 62% répondaient favorablement, contre 34%. Au sein
de l’opinion publique israélienne, 67% soutiennent cet aspect
du règlement définitif (contre 30%). En décembre 2006, 68% étaient
favorables (contre 30%).
Chez les Palestiniens, cet accord global qui
combine tous ces éléments est soutenu par 47% des personnes
interrogées, contre 49%. Ce niveau de soutien est comparable à
celui observé en décembre 2006 (48% pour, 49% contre). Cette
stabilité constatée dans l’opinion palestinienne mérite
qu’on s’y arrête, compte tenu des positions officielles et déclarées
du Hamas à l’égard d’un accord de paix avec Israël. Il est
tout aussi important de noter l’augmentation de 4% concernant la
question de la fin du conflit, en contradiction flagrante avec le
refus du Hamas d’accepter une clause de ce genre, préférant
offrir à Israël une hudna (trêve) à long terme. Chez les Israéliens,
53% (contre 43%) sont favorables à un accord global comprenant
toutes les composantes citées plus haut. En décembre 2006, 52% y
étaient favorables, contre 46%.
Il est important de faire remarquer que cette
forme de soutien à un accord global représente davantage que la
somme de ses parties, ce qui suggère que les peuples se livrent
à des calculs et à des marchandages. En dépit de fortes réserves
à l’égard de certaines de ses composantes, cet accord global bénéficie
toujours d’un soutien plus important, au sein des deux opinons
publiques, quand les composantes souhaitées et les chances de
parvenir à un accord définitif paraissent compenser les
composantes non souhaitées.
37% des Israéliens estiment que la majorité de
leurs compatriotes soutient les paramètres Clinton dans le cadre
d’un accord global, alors que 51% pensent que la majorité s’y
oppose. Ces perceptions erronées montrent la facette normative de
l’opinion publique et indiquent que, malgré le soutien constant
dont a bénéficié cet accord global, celui-ci n’a pas acquis
une légitimité normative dans l’opinion publique israélienne.
Chez les Palestiniens, 45% pensent aujourd’hui qu’une majorité
de leurs compatriotes soutient les paramètres Clinton dans le
cadre d’un règlement définitif global, et 46% pensent que la
majorité s’y oppose. En outre, une majorité de Palestiniens
estime à tort que la majorité des Israéliens est opposée à
cet accord global, et une majorité d’Israéliens estime, à
raison, qu’une majorité de Palestiniens y est opposée.
C) Autres questions liées au conflit et à sa résolution
66%
des Israéliens sont en faveur de négociations entre Israël et
Mahmoud Abbas sur un accord de paix définitif. Mais, malgré ce
niveau de soutien, seuls 41% des Israéliens pensent qu’il est
possible (contre 57% qui pensent qu’il est impossible) de
parvenir actuellement à un compromis entre Abbas et Olmert. Chez
les Palestiniens, 32% pensent que c’est possible (contre 63%).
58% des Israéliens sont en faveur de négociations avec un
gouvernement palestinien d’union nationale qui comprendrait le
Hamas, si cela était nécessaire pour parvenir à un compromis.
Quant à des négociations avec un gouvernement dirigé par le
Hamas si cela est nécessaire à un accord de compromis, 46% des
Israéliens y sont favorables et 52% opposés,
65% des Israéliens et 49% des Palestiniens sont d’accord avec
la proposition selon laquelle, une fois intervenu un accord définitif
sur toutes les questions touchant au conflit, il y aurait une
reconnaissance mutuelle d’Israël en tant qu’Etat du peuple
juif et de la Palestine en tant qu’Etat du peuple palestinien.
32% et 49%, respectivement, ne sont pas d’accord. C’est la
première fois depuis juin 2003 que cet aspect ne recueille pas
une majorité chez les Palestiniens. On peut raisonnablement
supposer qu’il s’agit d’une réaction aux déclarations
publiques des dirigeants palestiniens contre la reconnaissance de
l’identité juive d’Israël, déclarations qui constituaient
eux-mêmes une réaction aux tentatives par Israël de soulever
cette question et d’en faire une condition préalable à la
reprise des pourparlers.
69% des Palestiniens et 74% des Israéliens affirment soutenir les
efforts de réconciliation pleine et entière entre Israël et la
Palestine si un accord de paix est conclu et qu’un Etat
palestinien est créé et reconnu par Israël.