L’ambassadeur
de Syrie au Liban, Ali Abdulkarim
Ali, a félicité le peuple libanais,
à l’occasion de la douzième
commémoration de La Libération et de
la Résistance.
Il a réitéré dans un entretien
accordé à Alintikad, l’appui de la
Syrie au Liban, face au danger
israélien. Il a affirmé que son pays
était et sera toujours partenaire de
la résistance dans sa lutte contre
l’ennemi israélien, soulignant la
nécessité de l’attachement au
trinôme armée, peuple, résistance.
A propos de l’enlèvement de onze
Libanais, par un groupe terroriste
armé en Syrie, l’ambassadeur a
indiqué que son pays est en
coordination permanente avec les
responsables libanais, afin
d’assurer leur libération le plutôt
possible.
Le diplomate a répliqué aux
campagnes menées par des parties
libanaises contre la Syrie, qui
prétendent qu’elle tente d’étendre
sa crise vers le Liban par les
récents développements au Nord et à
Beyrouth. Il a souligné dans ce
contexte, l’hypocrisie de cette
campagne, assurant que la Syrie,
tout comme le Liban, est lésée par
ces développements et que son
intérêt réside dans le contrôle des
frontières pour qu’elles ne soient
des passages aux armes et aux
terroristes vers ses territoires.
Le diplomate a dans ce contexte
affirmé que des forces occidentales
et régionales planifient pour
établir une zone tampon au Liban
nord, de laquelle le terrorisme et
les armes seraient exportées en
Syrie. Il a signalé la dernière
visite du responsable américain
Joseph Lieberman à la région, où des
personnes armées de différents pays
se sont déployées.
Ces questions et d’autres ont été
abordées avec l’ambassadeur de Syrie
et ci-dessous le texte de
l’entretien :
-
Nous célébrons de ces jours la
commémoration de la victoire de mai
2000 et la fête de Résistance et la
Libération. Comment percevez-vous
cette commémoration, surtout que la
libération du Liban en l’an 2000, a
eu un impact particulier chez le
président syrien défunt Hafez Assad
?
L’impact de cette victoire doit
durer toujours, car la réalisation
de la résistance au Liban, a
confirmé l’attachement des Arabes
aux valeurs de la dignité, de la
souveraineté et de la sacralité de
la terre. Elle a de même confirmé le
refus de toute tolérance vis-à-vis
des droits et des lieux saints. Des
valeurs que cette commémoration et
victoire ont incarné. La Syrie était
et sera toujours un partenaire, et
un soutien fidèle aux objectifs de
la résistance. Et c’est pour ces
raisons que la libération du Liban a
eu ce grand impact chez le président
immortel Hafez Assad. Cette
commémoration a été de même incarnée
dans les prises de position du
président Bachar Assad durant la
guerre de 2006, et dans la
complémentarité entre la Syrie et le
Liban. Une complémentarité qui a
abouti à la victoire de 2006, qui
couronne celle que nous célébrons de
ces jours. En cette occasion, je
salue la lutte de la résistance et
les valeurs sur lesquelles elle
élève les nouvelles générations. Ces
valeurs qui ont joué un rôle dans la
réalisation de la victoire de 2006
et dans l’insistance sur
l’attachement aux constantes, aux
droits, à la dignité, à la
souveraineté, ce qui représente une
dissuasion aux agressions
israéliennes et à l’hégémonie
américaine qui cherche à renforcer
ces agressions et à saper toutes les
valeurs de liberté, de dignité, par
le chaos qu’elle tente de diffuser
dans la région.
-
Les autorités syriennes disposent-
elles de données précises sur le
rapt des pèlerins libanais par des
groupes terroristes et sur
l’identité des auteurs du rapt ?
La Syrie est en concertation et
coordination permanente avec les
personnalités libanaises concernées
par l’affaire. Les informations dont
je dispose, ne diffèrent pas de
celles des responsables qui suivent
l’affaire de près. Nous espérons que
les kidnappés soient libérés le
plutôt possible. Mais il serait
mieux de ne pas évoquer les détails
de l’affaire, afin de parvenir aux
résultats escomptés que nous
souhaitons rapides.
-
Des forces politiques, relevant
notamment du 14 Mars, avaient accusé
la Syrie de vouloir exporter sa
crise vers le Liban, via les
derniers développements au Nord et à
Beyrouth. Comment répliquez-vous à
ces accusations ?
Je souhaite que les faits soient
analysés et examinés, pour déduire
que les accusations vont à
l’encontre de la vérité. L’intérêt
de la Syrie réside dans la
consolidation des frontières
libanaises, pour que ce cher Etat ne
soit un passage pour les armes et
les combattants et que les régions
libanaises ne soient un lieu
d’hébergement à des forces qui
guettent le Liban et la Syrie. Une
situation de laquelle avaient averti
des leaders, des écrivains et des
intellectuels libanais, syriens,
arabes et étrangers. Ils avaient mis
en garde du fait que ceux qui
planifient pour frapper la Syrie et
son rôle, exploiteront
l’environnement libanais pour
nourrir des idées de division,
visant à semer la discorde et à
profiter de ce qui a trait aux
Droits de l’homme et aux déplacés,
pour développer et ancrer la pensée
extrémiste, le trafic des armes , et
attirer et entrainer des foyers
d’extrémistes.
Ces faits sont évoqués par les
médias libanais et étrangers et
reconnus par la Justice libanaise et
les institutions officielles,
lorsqu’elles se sont parvenues à
saisir des véhicules chargées
d’armes et de combattants, à
démanteler des réseaux de
trafiquants et d’éléments
extrémistes et puis à émettre des
verdicts à leur encontre. Ces
efforts s’ajoutent aux interviews
effectués par les medias
internationaux avec des membres de
ces forces, dont les activités ont
été filmées, et aux informations
diffusées par les medias libanais et
suivies par les institutions
officielles, sur les mouvements
d’éléments syriens armés qui
exploitent l’environnement qui
prévaut au Liban. Ces faits
devraient inciter à une autocritique
sur la scène libanaise interne, afin
d’empêcher la croissance de telles
menaces, désignées par des noms
inexactes et erronées, qui nuisent à
la Syrie, par l’appuie aux plans
étrangers et l’usage des
informations fausses, diffusées par
des medias opérant loin des vérités,
de la transparence et du
professionnalisme. De ce fait, une
simple révision, permet à
l’observateur de déduire que la
Syrie est lésée par les
développements du Liban, tout comme
le peuple libanais, et que le terme
« transporter la crise » vers le
Liban est sans fondement et
contraire aux vérités.
-
Croyez-vous qu’il y ait un plan pour
établir une zone tampon au Liban
nord, afin de faciliter le passage
des armes et des terroristes vers la
Syrie ?
Cette intention a été exprimée
par des forces occidentales et
régionales, sous plusieurs
désignations, comme « les couloirs
humanitaires » ou la zone tampon.
Ces tentatives se sont manifestées
de différentes manières. Nous devons
évoquer dans ce contexte les visites
de délégations américaines,
notamment celle de Lieberman, et les
visites des délégations européennes.
Ces mouvements suspects dans les
régions du Nord, de Akkar, de
Tripoli et de Wadi Khaled et dans
toutes les régions frontalières,
dépourvues depuis longtemps des
attentions et du développement,
suscitent des interrogations, plus
qu’ils ne causent la satisfaction.
Ces mouvements visent à nourrir et à
entretenir un environnement propice
à des combattants recrutés
d’ailleurs. Ces informations ne
peuvent être niées, puisqu’un nombre
de ces combattants a été tué durant
sa participation à des actes
terroristes contre le peuple et les
institutions syriens. La
contribution à l’effusion du sang
syrien a pris plusieurs formes…
Pour ces raisons, chercher à
établir une zone tampon n’est pas un
secret. Ils avaient tenté de le
faire sur le territoire syrien, et
près des frontières avec la Turquie
et la Jordanie. Mais toutes ces
tentatives ont été vouées à l’échec,
à cause de l’ampleur de la cohésion
syrienne interne et de la force
incarnée par l’armée, les
institutions et l’union nationale
syrienne, qui ont fait échouer les
paris. J’estime que le pari sur la
zone tampon échouera à son tour,
tout comme les anciens paris dont
les auteurs prévoyaient la mise en
œuvre depuis des mois. Un an et deux
mois se sont écoulés, et la Syrie
est toujours forte, grâce à son
armée, son peuple, ses amis, ses
frères et à sa vision des faits.
Elle sortira de sa crise et souhaite
que cher Liban fait face à ses
problèmes par la sagesse, le respect
des institutions, en préservant le
trinôme armée, peuple, résistance et
en empêchant la discorde au pays que
nous souhaitons fort et uni. Leurs
paris sur la zone tampon ont été
avortés par l’éveil des Libanais et
des Syriens, et par l’effondrement
des paris étrangers et le
bouleversement du clan qui était à
leur origine. Comme le retrait
américain de l’Irak a été une
victoire pour la résistance et un
recul de l’hégémonie, s’ajoutant au
symbolisme de la chute de Sarkozy,
au rôle de la Russie, au retour du
président Poutine au pouvoir et à
L’Iran qui défend son droit de
détenir l’énergie nucléaire
pacifique et à la diminution des
pressions internationales et à la
hausse du niveau de l’entente. Tous
ces indices montrent que l’avenir
sera en faveur des forces du bien,
de l’unité et de la dignité de la
région, alors qu’Israël révise la
logique de l’insolence et de
l’agression.
-
Etes-vous satisfait de l’attitude du
gouvernement libanais, à l’égard du
dossier syrien ? Et comment
évaluez-vous la performance de
l’armée libanaise ?
La satisfaction est un terme
fort. Mais les mesures prises par
l’armée libanaise et des leaders
libanais à l’encontre des
trafiquants d’armes, notamment la
saisie du bateau Loutfallah 2 et
puis l’arrestation des membres d’un
réseau par la Sûreté générale, sont
positives, même si nous aurions
préféré que ces mesures jouissent
d’une entente libanaise plus large
et d’une fermeté qui permet
de désigner les faits explicitement.
C’est ce que nous espérons toujours.
Je ne veux pas entrer dans les
détails, mais il faut contrôler les
frontières et vérifier l’identité de
tous ceux qui les traversent en tant
que blessés. De telles personnes qui
ont reconnu en public avoir commis
des crimes et avoir tué plus de 300
Syriens. Ceux-là se trouvent dans
des hôpitaux libanais et se disent
fiers d’avoir égorgé des victimes
par des couteaux.
Les responsables libanais
devraient sentir les dangers qui
découlent de cette situation,
puisque plusieurs d’entre eux
affirment que les Syriens sont
derrière plusieurs incidents au
Liban. Pour ces raisons, il faudrait
contrôler les extrémistes qui
affluent au Liban, appartenaient-ils
à Al-Qaeda ou à d’autres
organisations, en provenance de
Lybie, d’Afghanistan ou d’autres
nationalités arabes. Cette situation
nécessite un haut niveau de
vigilance. Pour notre part, nous
sommes optimistes quant au maintien
de la présence du Liban, de l’estime
et du respect de l’armée et des
forces de l’Ordre et nous appelons
au dialogue entre les différentes
parties et factions au Liban.
-
Comment commentez-vous le message
adressé par le monarque saoudien au
président libanais Michel Sleiman ?
Les pays qui soutiennent
l’extrémisme, et dont certains ayant
annoncé avoir armé l’opposition
syrienne, doivent interpréter la
globalité de la situation et mettre
les points sur les i. La paix
civiles doit être un objectif dans
tous les pays arabes, tout comme la
coopération en face de l’unique
ennemi qui est Israël. Ils ne
doivent occulter les vérités et ce
partout dans le monde arabe. Ce qui
est requis au Liban et en Syrie,
concernant le respect des Droits de
l’homme, la pluralité, le respect
des compétences, la lutte contre la
pauvreté, l’ignorance et la
discorde, doit avoir lieu dans tous
les pays arabes. Celui qui appelle
au dialogue au Liban est censé
appeler au dialogue dans tous les
pays arabes, notamment chez lui. Où
est le dialogue en Arabie saoudite ?
Où en est l’union nationale dans ce
pays ? Nous sommes pour l’accord de
tous sur les points communs, loin du
confessionnalisme et des discordes.
Il est dans l’intérêt des Arabes de
s’unifier autour de leurs droits, au
moment où Israël et le sionisme
cherchent à mettre la main sur les
lieux saints musulmans et chrétiens.
Il faut que l’avenir des Arabes soit
convenu par les Syriens, les pays du
Golfe, les Egyptiens et les
Libanais, puisque la cause
palestinienne ne concerne pas les
Palestiniens uniquement. Les
musulmans et les Chrétiens sont
invités à réfléchir loin de
l’intolérance. Et lorsque tout Etat
révise ses positions selon une
logique claire, franche et
explicite, l’ennemi israélien et les
Etats Unis se trouveront contraints
de remettre en question leurs
positions. L’approche des grandes
causes devraient être en harmonie
avec les positions et les lignes de
conduite. La Syrie est sérieuse et
compte effectuer une révision
critique transparente à propos de la
crise nourrie par des parties
étrangères. Les réformes instaurés
par le président Bachar Assad sont
sérieuses et la Syrie se redressera
avec tous ses fils, contrera le
complot et sortira plus forte de sa
crise.
-
Comment interprétez-vous la
modification de l’attitude
américaine à l’égard des évènements
en Syrie, après les attentats
perpétrés par el-Qaëda ?
Les images atroces des crimes et
des attentats perpétrés à Damas, à
Alep, à Deirezzour et dans d’autres
localités, sont une réalité qu’on ne
peut occulter. Ce fait a placé
l’administration américaine dans la
confusion, surtout après son ancien
appel aux opposants à ne pas
remettre leurs armes. Mais cette
administration qui se prépare aux
élections présidentielles, sent le
danger qui découle du maintien du
même discours qui lui coûte des
pertes dans plusieurs lieux.
L’ambassadeur de Syrie a finalement
affirmé que la fête de la Résistance
et de la Libération, est une
occasion solennelle pour tous les
Arabes, car la victoire a eu des
impacts sur le plan arabe, islamique
et international. « C’était une
victoire de la liberté dans les
quatre coins du monde », a-t-il
conclu.
Source: Alintiqad,
traduit par: moqawama.org