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Mon
cadeau, Ma prière
Tariq Ramadan
Vendredi 12 octobre 2007
Ma sœur, Mon frère,
C’est une courte lettre…tu sais. Quand parfois tu as
tellement à dire et si peu de mots alentours, dans ton cœur,
dans ton esprit.
Il n’y a pas de silence mais un univers
d’émotions, de sensations, d’images, de couleurs, de voix
et de sons. Tu sais, cela à avoir avec le bien-être, la paix
intérieure, le discernement.
C’est un instant…comme un cadeau que
tu aimerais partager mais qui ne t’appartient pas. Tu ne le
possèdes pas. La sensation était si forte, pendant une
seconde, tu pensais que tu serais capable de dire quelque chose,
de le décrire, de le donner…donner de ce que tu sentais avoir
reçu. Mais déjà cela t’a échappé.
Tu es ma sœur, mon frère, n’est-ce
pas ? Bien ! c’est fête et j’aimerais te donner
quelque chose que je n’ai pas… c’est en moi, sans que cela
soit à moi. C’est tout autour de moi, et cela me colonise. Je
ne sais pas. C’est un sentiment profond, et rien à dire, pas
de mots pour traduire.
Ramadan est fini. Un mois, proche de l’Etre le plus riche,
proche des êtres les plus pauvres. Jeûner était si bon, si
profond. J’avais accédé au sens, je voulais te transmettre
les sensations. Je n’y arrive pas, je suis désolé. Larmes de
joie. La tranquillité, la paix. La fraternité et l’amour.
Mes mots sont si vides, mon cœur si plein. Hier, j’étais
triste de me sentir si bien. Tu arrives à comprendre cela ma très
chère sœur, mon très cher frère ? Ramadan nous quitte,
me quitte. La fête arrive, le ‘Eid, belles journées, bénies
et sacrées. Je me sens si fort, si fragile alors que Ramadan
s’en va. L’histoire de la vie…accueillir ceux que l’on
aime et un jour apprendre à partir.
Quelques mots pour te dire mon amour, mes prières, mes
sentiments… sans mots. Un peu comme la lumière appelant Moïse
ou enveloppant Muhammad, paix et bénédiction soient sur eux.
Quand j’ai commencé cette lettre, je voulais te dire quelque
chose comme « Bon ‘Eid ! » et j’en suis à
confesser mon impuissance…très chère, très cher, tiens !
voilà mes prières, voilà ma tendresse, mon affection et mon
amour…Tiens, prends-les de mon cœur car ils ne sont pas
miens…Prends-les, et comme ils ne sont pas tiens, essaie
s’il te plait de m’aimer davantage. C’est mon cadeau,
c’est ma prière. C’est de la fraternité, c’est de
l’amour, vrai, en vérité, très cher(e)
Aujourd’hui ou demain, ‘Eid Mubârak
Ton frère
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