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Les
églises chrétiennes du Proche-Orient (2/2)
Rochdy Alili
L'Église de Bethléem
Vendredi 28 décembre 2007
Schéma général.
Nous avons ainsi dans l’orient arabe, pour nous
résumer schématiquement, deux grandes divisions essentielles
d’une chrétienté qui a survécu jusqu’à nos jours dans
l’espace musulman. Il s’agit des Eglises chalcédoniennes et
des Eglises non chalcédoniennes. Il s’y ajoute une autre catégorie,
celle des Eglises non chalcédoniennes qui se sont unies à Rome
entre le dix septième et le dix neuvième siècle.
Certains les nomment Eglises « uniates »,
selon un terme qui ne convient guère et auquel il faut préférer
« Eglises orientales catholiques » rassemblant sans
distinction toutes les Eglises de la région actuellement en union
avec Rome quelle que soit leur histoire.
Un autre rapprochement a eu lieu également, avec
l’Eglise orthodoxe grecque de Constantinople, à laquelle les
Eglises non chalcédoniennes se sont toujours opposées. Depuis
lors le terme « orthodoxe » est revendiqué par nombre
de ces Eglises qui l’utilisent désormais, de même que des
mentions nationales ou ethniques qui ne simplifient pas les
choses. Jusqu’alors l’on réservait le qualificatif « orthodoxe »,
par commodité, à l’Eglise grecque chalcédonienne de
Constantinople et aux Eglises d’Europe orientale issues des
populations slaves converties par Byzance.
Aussi peut-il être utile de se rappeler les
grandes divisions et les intitulés officiels qui demeurent les
plus clairs pour toutes ces Eglises du domaine arabe, le seul que
nous explorons ici, disons-le encore, à l’exclusion des Eglises
de l’Arménie et de l’Inde, qui constituent aussi une chrétienté
orientale originale.
Eglises chalcédoniennes du
monde arabe.
Eglise maronite
Pas d’évolution de l’intitulé ni de sa situation
fondamentale
Eglise « melkite »
ancienne
A. La majorité non
unie à Rome porte aujourd’hui le nom d’Eglise grecque
orthodoxe
B. Une forte minorité
unie à Rome depuis 1724 porte le nom d’Eglise melkite
Eglises non chalcédoniennes
du monde arabe
Monophysites d’Egypte
A. La majorité non
unie à Rome porte aujourd’hui le nom d’Eglise copte
B. Une minorité
unie à Rome en 1741 porte le nom d’Eglise copte catholique
Monophysites de Syrie
Palestine
A. La majorité non
unie à Rome porte aujourd’hui le nom d’Eglise syrienne
occidentale, mais le terme d’Eglise syrienne « orthodoxe »
commence à s’imposer.
B. Une minorité
unie à Rome porte le nom d’Eglise syrienne catholique
Chrétiens issus de l’Eglise
de Perse, improprement appelés « nestoriens »
A. Une minorité non
unie à Rome est désignée sous le nom d’Eglise syrienne
orientale, mais le terme Eglise assyrienne d’orient tend à prévaloir
B. La majorité des
chrétiens dit « nestoriens » se sont unis à Rome dès
1551, on les a nommés chaldéens
Nous pensons qu’à partir de ces éléments les
grandes lignes de la diversité chrétienne du monde arabe
apparaissent claires. Il reste à rappeler très brièvement,
l’histoire de ces quelques branches et leur situation actuelle.
Les Eglises chalcédoniennes.
Les Eglises chalcédoniennes rassemblent à
l’origine un grand nombre de fidèles en Syrie Palestine, dans
les patriarcats d’Antioche et de Jérusalem. Ce sont l’Eglise
maronite et l’Eglise melkite ancienne.
Les maronites
La première est de rite syriaque, c’est à dire
qu’elle utilise la langue sémitique parlée anciennement dans
le nord de la Mésopotamie, particulièrement dans la ville d’Edesse
(aujourd’hui Urfa, dans le sud de la Turquie). On appelle également
cette langue l’araméen, plus volontiers lorsque l’on fait référence
aux cultures païennes qui l’utilisèrent. longtemps
Depuis qu’ils existent, les maronites sont étroitement
liés à la papauté, à laquelle ils sont demeurés fidèles, même
après le schisme de 1054. Ils ont de ce fait accueilli les croisés
d’une manière qui a pu leur aliéner certains musulmans. Cette
longue connivence avec la chrétienté latine influença l’Eglise
maronite qui perdit certains de ses caractères liturgiques. Elle
tente de les retrouver aujourd’hui.
Mais à contrario, l’influence des maronites
s’est faite sentir au concile eocuménique de Latran en 1215,
dont certains canons sont rédigés en arabe et où l’on
retrouve la formule coranique du Dieu « non engendré et non
engendrant ». Malgré cela les maronites reçoivent plus de
l’Eglise latine qu’ils ne lui donnent. A partir du XVIe siècle
l’influence des jésuites est incontestable, un collège
maronite est créé à Rome en 1584, qui forme les membres du
clergé venu des monts du Liban. En retour les maronites initient
les humanistes à leur culture syriaque, toujours riche et vivace
dans leur communauté.
A cette époque s’élabore la thèse de la
« perpétuelle orthodoxie » de l’Eglise maronite,
bonne élève toujours dans l’opinion droite et fidèle au pape.
Elle est ainsi la seule Eglise orientale à n’avoir pas eu
besoin de s’unir à Rome à l’époque moderne puisqu’elle
n’en a jamais été séparée.
Pendant des siècles, à l’apogée de la
puissance ottomane comme à son déclin, les maronites sont des
intermédiaires du pape, qui leur conféra une primauté sur
toutes les autres Eglises orientales, primauté qui n’est plus
affirmée aujourd’hui. Ils sont au XVIIIe siècle à la pointe
de l’entreprise d’union des Eglises orientales séparées de
Rome. A la naissance de la nation libanaise, ils jouent un rôle
majeur par leur nombre, leur compétence et leurs appuis en
occident.
Aujourd’hui elle est dirigée par le patriarche
maronite d’Antioche et de tout l’orient, Nasrallah Pierre
Sfeir, qui réside à Bkerké au Liban et il existe une paroisse
maronite à Paris, à Notre Dame du Liban.
Les melkites.
Les melkites sont ainsi appelés par les partisans
d’Eutychès en référence au terme melek en syriaque, (malik en
arabe) parce qu’ils avaient accepté l’édit du souverain grec
de Byzance Marcien en 451. Les Arabes musulmans conquérants au
septième siècle les appelèrent aussi Rum (= romain d’orient,
c’est à dire byzantin), parce qu’ils utilisaient le grec dans
leurs rituels et demeuraient attachés culturellement à Byzance.
Au fil du temps l’arabe prend de la place dans
leur liturgie ainsi que les langues des lieux où ils résident.
Pendant presque toute leur histoire, les melkites gardent cette
fidélité à Byzance, dans les territoires musulmans où ils
vivent, sans être particulièrement persécutés.
Après le schisme de 1054 où le pape de Rome et
le patriarche de Byzance se séparent, les melkites demeurent fidèles
à Constantinople et restent dans le cadre de l’Eglise orthodoxe
grecque séparée de Rome. Ils constituent aujourd’hui les
patriarcats de « l’Eglise grecque orthodoxe » de
Syrie, du Liban, d’Israël, de Jordanie et d’Egypte, avec un
siège patriarcal à Antioche, un siège patriarcal à Jérusalem
et un siège patriarcal à Alexandrie, pour l’Egypte. Un seul
titulaire a juridiction sur tous ces sièges, il réside à Damas
depuis le XIVe siècle.
Ce n’est qu’au dix-huitième siècle, au cours
du mouvement général de rattachement de certaines Eglises d’Europe
orientale et du proche orient, qu’un tiers des melkites s’unit
à Rome, en l’année 1724. C’est ce que l’on appelle la
branche catholique, officiellement intitulée « Eglise
melkite ». Comme la branche grecque orthodoxe, elle est
dirigée par un seul patriarche, dit « d’Antioche et de
tout l’orient, d’Alexandrie et de Jérusalem », depuis
qu’en 1772 le pape a étendu sa juridiction à l’Egypte et Jérusalem.
Comme pour la branche orthodoxe, son siège est à Antioche, mais
le patriarche réside à Damas ou au Caire.
Il a autorité sur trois diocèses patriarcaux
(pays du Nil, Damas et Jérusalem) et treize diocèses
suffragants, sept au Liban, quatre en Syrie, un en Jordanie et un
en Israël. Le titulaire actuel est depuis novembre 2000 Grégoire
III Lutfi Lahham. En France, deux paroisses de l’Eglise melkite
existent à Paris, à saint Julien le pauvre et à Marseille à
saint Nicolas de Myre.
Il faut ajouter à ces Eglises chalcédoniennes la
minorité de chrétiens du patriarcat d’Alexandrie qui ont
accepté les décisions de Chalcédoine. Ils sont demeurés fidèles
à Constantinople après ce concile, en 451, et après le schisme
de 1054 qui consomme la rupture entre Rome et Constantinople. Ce
sont donc des membres de l’Eglise grecque orthodoxe d’Egypte.
Ils sont aujourd’hui sous l’autorité du patriarche grec
orthodoxe d’Alexandrie et d’Afrique, Sa béatitude Petros VII
Papapetrou.
Les Eglises non chalcédoniennes.
Les Eglises non chalcédoniennes dans le domaine arabe du
proche orient sont formées par les monophysites alexandrins, qui
ont toujours constitué « l’Eglise copte », laquelle
porte encore ce nom aujourd’hui, et rassemble la plus grosse
communauté chrétienne du monde arabe avec plusieurs millions de
fidèles, avec un siège à Alexandrie et un « pape »
au Caire.
Il y eut ensuite les monophysites de Syrie
Palestine, dits jacobites, qui forment « l’Eglise syrienne
occidentale », avec patriarcat théorique à Antioche et
patriarcat réel à Damas. Enfin nous trouvons ceux que l’on
appelle improprement les Nestoriens, habitants de l’Irak. Ils
composent aujourd’hui la « Sainte Eglise apostolique et
catholique de l’orient », avec un patriarcat à Baghdad.
Les coptes
Les coptes constituent presque toute la population
de l’Egypte à l’arrivée des conquérants arabes musulmans.
Ils parlent un ensemble de dialectes issus de l’égyptien
ancien, écrits en caractères grecs. Le christianisme a commencé
à s’implanter au nord de l’Egypte païenne au IIe siècle
puis descend vers le sud progressivement jusqu’à toucher la
majorité de la population seulement au VIe siècle, peu de temps
avant la conquête musulmane.
Pendant toute cette période, le monachisme se répand
et l’influence d’Alexandrie croît dans le monde chrétien.
Après la rupture de Chalcédoine, le monophysisme devient une
manière d’exprimer son identité égyptienne, avec un rituel en
langue copte. Mais le pays reste une province byzantine, soumise
à un lourd impôt et à une tutelle religieuse grecque, toujours
présente, pour surveiller l’Eglise copte naissante.
Lorsqu’arrivent les musulmans, aucune conversion
n’est imposée, le clergé garde un statut favorable, les églises
des Grecs enfuis sont données aux coptes. Mais peu à peu, au fur
et à mesure que l’afflux de richesse diminue, que les dépenses
publiques du califat augmentent, les coptes, clergé compris, sont
soumis à plus de pression fiscale et subissent jusqu’au XIXe siècle
le statut de dhimmi, qui leur paraît de moins en moins acceptable
au fur et à mesure que progressent les idées d’égalité
venues de l’Europe des lumières.
Pendant tout ce temps les coptes sont devenus
musulmans. On suppose que l’Egypte est restée majoritairement
chrétienne jusqu’au neuvième siècle et même jusqu’au onzième.
Mais même après ce basculement, il reste toujours une importante
proportion d’Egyptiens chrétiens, avec une liturgie originale où
survit la langue copte, même si l’arabe prend une place plus
grande.
Ils participent à la vie sociale, politique,
administrative et s’arabisent quand la langue du prophète
s’impose comme langue du pouvoir et de la culture. C’est un
architecte copte qui construit par exemple, au neuvième siècle
la mosquée d’Ibn Tulun.
A l’époque contemporaine, les coptes sont de même
engagés aux côtés de leurs concitoyens musulmans dans la lutte
de libération nationale et le développement du pays. L’action
des islamistes ces dernières décennies a pu leur porter préjudice
directement ou indirectement mais le mouvement d’ouverture
commencé au XIXe siècle n’a pas cessé.
Dès 1954, l’Eglise copte participe au Conseil
eocuménique des Eglises et elle envoie des observateurs au
concile de Vatican II. Son chef est depuis plus de trente ans
Chenouda III, patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique,
pape d’Alexandrie et patriarche de la prédication de saint
Marc. Il rencontre en 1973 le pape Paul VI avec qui il organise
une commission permanente de dialogue où sont discutées un
certain nombre de questions faisant litige depuis toujours. Il crée
en France à la même époque une « éparchie » dirigée
par un évêque.
Vint ans plus tard, en 1994, Chenouda III institue
cette éparchie en Eglise orthodoxe copte française dans la cathédrale
saint Marc du Caire. Il la confie dans la même cérémonie à un
métropolite, Abba Marcos, siégeant à Toulon, et le fait
assister par un évêque auxiliaire, Abba Athanasios. Il existe
ainsi treize lieux de culte copte en France et un en Belgique.
Celui de Paris est la paroisse saint Jean Cassien et sainte Geneviève
dans le neuvième arrondissement
Comme d’autres églises non chalcédoniennes,
l’Eglise copte a vu certains de ses fidèles et de son clergé
s’unir à Rome. Ainsi quelques dizaines de milliers de coptes
ont ils accompli cette union en 1741, formant « l’Eglise
copte catholique », avec son siège à Alexandrie. Son
patriarche depuis 1986 est Stéphanos II Ghattas, que le pape Jean
Paul II a créé cardinal en 2001. Les langues liturgiques de
cette Eglise sont le copte et l’arabe.
L’Eglise syrienne (ou
syriaque) occidentale
La chrétienté non chalcédonienne de Syrie
Palestine a été renforcée et organisée par Jaques Baradaï au
sixième siècle, nous l’avons déjà vu. Elle est implantée
depuis longtemps dans les tribus ghassanides qui gardent la frontière
désertique pour le compte de Byzance.
Il faut rappeler aussi que de nombreuses tribus
arabes nomadisent dans la région et y jouent un rôle bien avant
l’arrivée des musulmans, comme les Banu Kalb de Syrie
orientale, qui s’islamisent très vite et sont le principal
soutien des califes omeyyades pendant un siècle ou les Banu
Judham du golfe d’Akaba ou les Banu Thaqif de haute Mésopotamie,
qui restent chrétiens, vendent leurs chevaux au musulmans et
participent à leurs conquêtes.
Les fidèles de l’Eglise monophysite de langue
syriaque occidentale, accueillent aussi favorablement la nouvelle
religion et ses adeptes. Ils n’en sont pas persécutés mais
l’histoire est longue, il est plus avantageux d’être musulman
dans l’empire musulman et les royaumes qui en procèdent et les
conversions se multiplient. Il arrive aussi que la situation se
tende, quelques persécutions purent avoir lieu, mais les chrétiens
de cette région survivent jusqu’à nos jours où ils vivent en
Syrie et en Irak mais surtout aux Etats Unis et en Europe, dirigés
par le patriarche d’Antioche résidant à Damas, depuis 1980
Ignace XL Zakka Ier Eiwas.
Des fidèles de cette Eglise syrienne se sont unis
à Rome dès 1662 et le mouvement s’est accentué à une époque
de troubles dans l’empire ottoman, entraînant des persécutions
en 1783. Ils sont « l’Eglise syrienne catholique »,
avec siège à Antioche et responsable à Beyrouth. Ce dernier
dirige depuis 2001 les archevêchés du Liban, de Syrie, de
Turquie, de Jérusalem, d’Irak et d’Egypte. Il se nomme Ignace
Pierre VIII. Une église de ce rite syriaque existe à Paris,
c’est saint Ephrem, dans le cinquième arrondissement.
Les Eglises issues de la chrétienté
perse.
On se souvient enfin de cette chrétienté de
l’empire sassanide, cherchant à survivre face au mazdéisme
triomphant et à se démarquer de Rome et de Constantinople pour
ne pas apparaître complice de ces dernières quand de constantes
guerres opposent la Perse à ces puissances de la Méditerranée.
A l’arrivée des Arabes musulmans, qui défont
les Perses à la « reine des batailles », à Qadisiya,
vers 637, le catholicos de Ctésiphon peut continuer à exercer
son autorité sur ses ouailles et se transporte à Baghdad quand
la cité abbasside devient la plus grande ville du monde un siècle
et demi plus tard. L’Eglise « nestorienne » profite
alors de la prospérité de l’empire musulman pour s’implanter
très loin en Asie dans la Mongolie, le Tibet, la Chine et l’Asie
centrale.
Elle est prospère dans les tribus turques et
mongoles et jouit de la faveur des conquérants mongols qui détruisent
Baghdad en 1258, les khans Il Khan de Perse, eux même de
confession nestorienne ou mariés à des nestoriennes. C’est
ainsi qu’un turc ouighour est élu catholicos à la fin du XIIIe
siècle, sous le nom de Yabhallaha III.
Cette complicité avec les nouveaux maîtres
mongols, qui d’ailleurs s’islamisent au XIVe siècle, leur
vaut un certain ressentiment de la part des populations musulmanes
et la fortune des « nestoriens » décline au fil du
temps. Ils ne sont plus qu’une minorité dans l’espace
musulman d’Asie, après avoir été la plus puissante chrétienté
du continent.
Au XVIe siècle, la majorité des fidèles et du
clergé accepte de résilier la doctrine issue de l’école d’Antioche
et de l’école d’Edesse, tout en gardant la langue liturgique,
le syriaque oriental. l’Eglise est dénommée alors « chaldéenne »
et des accords avec Rome confirment l’union, au XVIIe et au
XVIIIe siècles. Elle a des diocèses surtout en Irak, mais aussi
en Iran, au Liban en Syrie et en Turquie. Deux vicariats
patriarcaux ont aussi été créés, l’un à Jérusalem,
l’autre à Paris, où l’église Notre Dame de Chaldée
pratique le rite en langue syriaque orientale. Le patriarche
actuel, siégeant à Baghdad, est Raphaël Ier Bidawid.
La branche restée séparée de Rome compte
environ moitié moins d’adeptes. Sa langue liturgique est la même
mais elle a voulu rester fidèle à la doctrine défendue par
Nestorius au Ve siècle. Elle perpétue le mode de succession pour
le catholicos, qui est désigné dans une même famille, les Ichay,
et dont la charge est transmise d’oncle à neveu En 1976 le
qualificatif de « nestorien » est officiellement rejeté
et prévaut peu à peu la désignation par le terme « Eglise
assyrienne de l’orient ».
Le catholicos est de moins en moins à Baghdad et
de plus en plus en Grande Bretagne et aux Etats Unis où se trouve
le siège, à Chicago. C’est à San Francisco que le dernier
patriarche de la famille Ichay est assassiné en 1975. Il est
remplacé par le métropolite assyrien d’Iran, Khananiya Dinkha,
qui n’est nullement son neveu, et devient le patriarche Mar
Dinkha IV en 1976.
Une autre branche non unie à Rome, plus ou moins
dissidente, a toujours son siège à Baghdad et garde juridiction
sur des fidèles en Irak, en Syrie et au Liban, mais surtout en
Inde, où ses adeptes sont les plus nombreux. Elle est dirigée
par le patriarche Mar Addaï II, qui réside à Baghdad.
Autorités ecclésiastiques
dispersées.
Il faut ajouter à cette complexité chrétienne
du proche orient arabe la présence de quelques autres autorités
ecclésiastiques dans des villes de l’espace traditionnellement
arabe depuis des siècles. C’est ainsi que le catholicos arménien
de la Cilicie, (région de Turquie), a sa résidence au Liban, il
est patriarche de Cilicie, catholicos arménien d’Antelias et réside
à Beyrouth, c’est sa sainteté Aram.
Il existe aussi un patriarche arménien de Jérusalem
pour Jérusalem, avec le titre de patriarche du trône apostolique
de saint Jacques. Enfin, un catholicos de « l’Eglise arménienne
catholique », unie à Rome en 1742, réside à Beyrouth,
avec autorité spirituelle sur la diaspora arménienne, c’est,
depuis 1999, Narsès Boudros XIX Tarmouni. Enfin la papauté a
ressuscité en 1827 un des patriarcats latins du temps des
croisades, celui de Jérusalem. Il était de tradition d’y
nommer un Italien jusqu’à ce que le pape y désigne un
palestinien, Sa Béatitude Michel Sabbah.
Du côté orthodoxe tel qu’on l’entend depuis
1054, c’est à dire ce qui procède de l’Eglise de
Constantinople, il existe un patriarcat de Jérusalem. Il est
dirigé par la Confrérie grecque du Saint Sépulcre, chargée de
la garde des lieux saints, avec autorité sur un certain nombre
d’archevêchés de la région, entourée d’un clergé arabe et
sous l’autorité d’un patriarche grec, élu parmi les membres,
actuellement sa béatitude Irénée.
Ce patriarcat coiffe un archevêché particulier,
celui du mont Sinaï, où vivent, dans le couvent de
sainteCatherine, une centaine de moinesorthodoxes, qui ont élu
leur archevêque il y a trente ans, sa béatitude Damianos. Enfin,
siège à Damas le patriarche orthodoxe arabe d’Antioche avec
autorité sur tous les orthodoxes arabes de Syrie, Liban, Irak et
même des Amériques, c’est depuis vingt cinq ans sa béatitude
Ignace IV Hazim.
Au-delà de tout cela, la presque totalité des
ordres chrétiens, des confréries diverses, ont des représentants
dans le monde arabe, et particulièrement dans les Lieux Saints.
Nous avons simplement voulu évoquer ici les Eglises qui ont vécu
la majeure partie de leur histoire dans le monde arabe et les
Eglises peut être venues de l’extérieur du monde arabe, mais
qui ont autorité sur des chrétiens arabes ou dont les
responsables ont trouvé refuge dans le monde arabe.
Que ce petit résumé, où sans doute des erreurs
n’ont pas manqué de se glisser, soit reçu comme une marque de
l’intérêt et du respect que des musulmans peuvent porter à
des chrétiens, en apprenant d’abord à les connaître dans leur
longue histoire et dans leur diversité. Qu’il soit un témoignage
d’amitié en cette fin d’année 2007, où la violence secoue
encore des terres arabes, patrie de musulmans et de chrétiens.
Rochdy ALILI est historien. Auteur de
nombreux articles dans diverses revues, il a publié en 1996, aux
éditions La Découverte, Qu’est-ce que l’islam ?
Un ouvrage d’initiation précis dont la lecture est vraiment
recommandée. Son dernier ouvrage a pour titre L’éclosion de
l’Islam paru aux éditions Dervy en 2005.
Rochdy
Alili. Les églises chrétiennes du Proche-Orient (½)
Droits de reproduction et de diffusion réservés
© Oumma.com
Publié le 28 décembre 2007 avec l'aimable autorisation d'Oumma.com
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