Depuis dimanche une quarantaine de Palestiniens
ont été tués.
Le ministre de l’Intérieur, impuissant, a démissionné
de même que le chef de la police de Rafah qui proteste ainsi
contre la reprise des violences internes. C’est le Premier
ministre Haniyeh qui a pris la responsabilité des forces de sécurité.
On se rappelle que les difficultés depuis l’été passé
provenaient, entre autres raisons, de la rivalité sur la maîtrise
des forces de sécurité [1].
Elle éclate à nouveau au grand jour.
A de nombreuses reprises depuis dimanche les
forces armées du Hamas ont attaqué des responsables et des
locaux du Fatah, y compris cet après midi les bureaux de la Présidence.
Les combats ont été mortels.
Alors, pourquoi ?
Si les rivalités politiques et partisanes,
voire claniques ou même mafieuses, sont indéniables [2]
malgré la création du gouvernement d’union, et en dépit des
contacts quasi quotidiens entre le président Abbas et Khaled
Mechal, le chef du Hamas en exil à Damas, (ils viennent de
conclure un nouveau cessez le feu et ont ordonné à leurs
groupes armés de quitter les rues de Gaza), la responsabilité
est bien plus large.
Qu’est ce que Gaza
aujourd’hui ?
La terrible prison à ciel ouvert souvent décrite
est le mouroir d’un peuple opprimé et occupé depuis des décennies.
Ainsi du moins le veut l’occupant qui dit s’en être
« désengagé » en 2005 mais qui a fermé les
cadenas des portails et emporté les clés en partant.
Tous les rapports des organisations
internationales, humanitaires, médicales ou onusiennes
s’accordent à dire qu’on frôle le désastre humanitaire à
Gaza dont la situation économique tient du coma dépassé.
De plus les forces d’occupation -toujours
dramatiquement présentes chaque jour en Cisjordanie- ne se
privent pas de frapper Gaza. Ainsi des tirs israéliens
aujourd’hui à Rafah ont tué des militants du Hamas, tandis
que des navires de guerre israéliens qui patrouillent au large
de Gaza -et empêchent les pêcheurs d’accéder aux lieux de pêche
qui sont leur seule garantie de subsistance- ont encore une fois
tiré sur les bateaux gazaouis.
De même, des chars d’assauts israéliens
stationnés au nord de la bande de Gaza ont bombardé plusieurs
maisons de Beit Lahia et Beit Hanoun.
La responsabilité israélienne
est donc indéniable. Mais la puissance occupante de la
Palestine n’est pas seule responsable, loin s’en faut.
Le boycott inique contre le gouvernement
palestinien -le premier, dirigé par le Hamas, issu d’élections
démocratiques unanimement saluées pour leur transparence,
comme le deuxième, d’union nationale, qui répond pourtant
aux exigences de la communauté internationale- imposé par les
Etats-Unis et l’Union européenne notamment, a installé le désespoir
et le chaos à Gaza.
Sans salaires depuis un an passé, les Gazaouis
doivent recourir à des expédients pour survivre. Les
infrastructures ont été détruites une fois encore pendant la
violente offensive israélienne de l’été puis de l’automne
derniers. Outre le chaos sécuritaire qui se répand à Gaza,
c’est maintenant la survie du gouvernement d’unité
nationale, incapable de ramener le calme, qui est actuellement
en jeu [3].
Mais comment concevoir que l’état de droit puisse
s’installer dans une société volontairement déstructurée
par l’occupant et ses alliés ou complices ?
Au Bois de Boulogne
aujourd’hui
Loin de Gaza, à Paris, M. Sarkosy, nouveau
président de la République française, a été investi
aujourd’hui des pouvoirs de représenter la France. Il a fait
un beau discours en hommage aux résistants tombés -en 44- sous
les balles indignes de l’occupant qui tentait alors de réduire
un peuple, le peuple de France. Le nouveau président a fait
montre de nobles sentiments et nous pouvons saluer sa
reconnaissance du droit d’un peuple à résister debout pour
ses droits, sa liberté et sa vie, contre l’occupation.
Il se trouve que c’est justement ce que fait
le peuple palestinien. Depuis 59 ans, depuis la Nakba, à
travers l’exil ou dans le déracinements des camps de réfugiés,
puis depuis 40 ans d’occupation de la Cisjordanie et Jérusalem
et de la bande de Gaza.
Malgré l’Europe, malgré la France -qui
contribuent lourdement à l’asphyxie économique, au désastre
humanitaire et au chaos sécuritaire en Palestine, notamment à
Gaza, en ayant imposé et en maintenant l’embargo- debout,
pour ses droits, sa liberté et sa vie, le peuple de Palestine résiste
à l’occupation.
Aussi M. Sarkosy doit-il reconnaître la légitimité
de ce combat qu’il glorifie, à juste titre, au nom de Guy Môquet
et de ses camarades. Aussi doit-il exiger la libération des résistants
palestiniens emprisonnés par l’occupant.
Aussi M. Sarkosy, président de la France
qui a su alors résister à l’occupation, doit-il refuser de
participer à l’écrasement du peuple palestinien occupé.
Aussi M.Sarkosy doit -il rétablir immédiatement
les contacts officiels avec le gouvernement palestinien
injustement ostracisé et en reconnaître la légitimité, qui
lui permettra de s’imposer aussi à l’intérieur.
Aussi M. Sarkosy doit-il peser de tout son
poids auprès de l’Union européenne pour que les sanctions
criminelles imposées à l’ensemble du peuple palestinien à
travers ses représentants élus, soient levées et que l’aide
financière au gouvernement palestinien soit immédiatement rétablie.
Aussi le président français doit-il peser de
tout le poids de la France, dont il nous dit qu’elle est forte
et juste, pour faire appliquer le droit international, les
droits humains et le droit humanitaire en Palestine occupée,
seuls garants d’une solution juste à un long conflit colonial
dont l’Europe porte une lourde responsabilité historique.
Alors il n’y aura plus de chaos à Gaza...