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Interview de Leuren Moret, spécialiste des sciences de la Terre
Un holocauste nucléaire mondial nous menace
Leuren Moret
Jeudi 9 juillet 2009
Par W. Leon Smith et Nathan Diebenow,
journalistes au « Lone Star Iconoclast », Texas
Leuren Moret est une spécialiste des sciences de la Terre qui
passe tout son temps à informer les citoyens, les médias, les
membres des parlements et du Congrès ainsi que d’autres
responsables sur les problèmes posés par la radioactivité.
Elle a commencé à tirer la sonnette d’alarme en 1991 au
Livermore Nuclear Weapons Lab après avoir été témoin d’une
fraude scientifique importante sur le Yucca Mountain Project.
Elle travaille actuellement en tant que scientifique
indépendante spécialiste de la radioactivité dans différents
groupements de par le monde.
Elle a participé à la sous-commission des Nations Unies qui a
enquêté sur l’uranium appauvri (UA).
Elle a été témoin au Tribunal pénal pour l’Afghanistan au Japon
en 2003, présenté un exposé à la Conférence mondiale sur les
armes à l’uranium, à Hambourg, en octobre 2003, et est
intervenue en janvier 2004, à Bombay, au Tribunal mondial des
femmes sur les crimes de guerre des Etats-Unis ainsi qu’au Forum
social mondial.
http://www.grainvert.com/IMG/jpg/du...
Iconoclast :
Quels sont les derniers développements en matière de réduction
de l’exposition des troupes américaines à l’UA ?
Leuren Moret : Une
jeune ancienne combattante, Melissa Sterry, a déposé dans son
Etat du Connecticut un projet de loi demandant des examens
médicaux indépendants pour les vétérans des guerres du Golfe et
d’Afghanistan jusqu’en 2001. Elle a dit l’avoir fait parce
qu’elle était malade et que ses amis étaient morts pour avoir
servi lors de la guerre de 2003. Je me suis intéressé à cette
loi et je lui ai parlé. Hier, elle a témoigné deux fois aux
Nations Unies. J’ai dit : « Pourquoi ne pas introduire cette loi
dans la législature de tous les Etats américains, car elle
informe le public et incite les médias à en parler ? »
Les USA refusent
toute responsabilité aux niveaux international ou national. Ils
ont totalement étouffé l’affaire, comme pour l’agent Orange, les
« vétérans atomiques »1 et le projet Mkultra.2
C’est le même phénomène, mais le problème est beaucoup plus grave,
parce qu’il concerne l’avenir génétique de tous ceux qui ont été
contaminés. Maintenant, de vastes régions du globe sont
contaminées par l’UA. On en a utilisé une telle quantité ! En
nombre d’atomes libérés dans l’atmosphère – un professeur
japonais a fait le calcul – cela représente plus de 400 000
bombes de Nagasaki. Et ce nombre est sous-estimé.
La plus grande tragédie
de l’histoire du monde
Je suis allée en
Louisiane en avril 2005, invitée à parler pendant trois jours à
l’université de la Nouvelle-Orléans. Un des vétérans présents
m’a demandé de participer à leur manifestation dans les rues de
la ville. Il a présenté la loi du Connecticut aux législateurs,
appuyé par deux d’entre eux, et il leur a dit : « Il vous suffit
de remplacer Connecticut par Louisiane. » Eh bien, vous n’allez
pas me croire, la loi a été adoptée hier par 101 voix sans
oppositions ni abstentions.
Je souhaite que vous
en parliez, car nous avons besoin de cette loi au Texas. Le
Nevada est sur le point de la proposer. Le député au Congrès Jim
McDermott va l’introduire dans la législation de l’Etat de
Washington. Nous voulons que le gouverneur du Montana le fasse
également car c’est le premier gouverneur à demander le retour
de sa Garde nationale. Je crois que la moitié de ses membres est
de retour. Il a dit : « J’en ai besoin dans mon Etat. »
Le problème de l’UA est
vraiment épouvantable. Je ne crois pas qu’il y ait une plus
grande tragédie dans l’histoire du monde.
Y a-t-il un risque que
les armes à l’UA utilisées ailleurs contaminent l’atmosphère
ici ?
L’atmosphère est
contaminée partout dans le monde. Il suffit d’une année pour que
le mélange se fasse complètement. Je suis une spécialiste des
poussières atmosphériques, une spécialiste des sciences de la
Terre, une géologue, et c’est pourquoi j’ai étudié la question.
C’est vraiment un sujet fascinant. Nous avons de gigantesques
tempêtes d’un million de miles carrés qui transportent des
millions de tonnes de poussières et de sable chaque année dans
le monde.
Le principal centre
de ces tempêtes est le désert de Gobi, endroit où les Chinois
ont fait des essais atomiques si bien que tout est contaminé par
la radioactivité. Les poussières vont directement au Japon,
traversent le Pacifique et viennent se déposer aux Etats-Unis.
Elles contiennent des isotopes radioactifs, des suies, des
pesticides, des produits chimiques, des champignons, des
bactéries, des virus, etc.
Le désert du Sahara
est une autre énorme zone de poussières qui montent en Europe,
traversent l’Atlantique, arrivent aux Caraïbes et de là sur la
côte Est des Etats-Unis. Bien sûr, elles parviennent au Texas
avec les ouragans.
La troisième région
est l’Ouest des Etats-Unis, où est située la zone d’essais du
Nevada. Les Américains y ont fait 1200 essais d’armes nucléaires
si bien que cette radioactivité, qui est toujours là, a provoqué
une épidémie mondiale de cancers depuis 1945. Le total de ces
radiations représente l’équivalent de 40 000 bombes de Nagasaki.
Aujourd’hui, il doit être dix fois plus élevé.
En
avril 2003, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré
qu’elle s’attendait à ce que le taux mondial de cancers augmente
de 50% d’ici à 2020. La mortalité infantile, indicateur de la
pollution radioactive, augmente de nouveau dans le monde.
Lorsque les Etats-Unis et la Russie eurent signé le Traité
d’interdiction partielle des essais nucléaires en 1963, la
mortalité infantile recommença à baisser, ce qui est normal.
Cancers, malformations,
atteintes du cerveau
Un
de nos correspondants m’a envoyé une série de photos de la
tempête de sable Al-Asad du 28 avril en Irak.
C’est justement de ces poussières que je parle.
On
y voit une gigantesque muraille de sable.
Je
possède 16 photos de cette tempête qu’on m’a envoyées avec
celles d’enfants atteints de cancer et de leucémie prises par
des médecins irakiens. Qu’est-ce que vous avez pensé de cette
tempête ?
J’ai pensé que c’était spectaculaire.
Cela déplace toute la radioactivité, mais ce sont les plus
grosses particules. L’UA brûle à des températures très élevées.
Les projectiles de gros calibre sont déjà en feu quand ils
sortent du canon parce qu’ils sont enflammés par le frottement à
l’intérieur du canon. 70% de l’UA se transforme en vapeur
métallique. Il s’agit là en réalité d’armes à gaz radioactif qui
contamine le terrain. Je vais vous indiquer le site Internet où
vous trouverez la note de 1943 adressée au général Leslie Grove
dans le cadre du Projet Manhattan. Ils ont largué les bombes
atomiques mais ils n’ont pas utilisé les armes à l’UA parce
qu’ils les trouvaient trop effroyables. J’ai voyagé dans tout le
Japon avec un pédiatre de Bassora et un oncologiste. Ces
malheureux médecins, leurs familles tout entières sont en train
de mourir d’un cancer. Et il ne s’agit là que des effets de la
première guerre du Golfe, mais les Forces armées en ont utilisé
beaucoup plus en 2003, dans tout le pays.
A quoi les soldats
peuvent-ils s’attendre quand ils rentrent chez eux ?
S’ils se trouvaient
dans des blindés Bradley, ils rentrent chez eux avec des cancers
du rectum parce qu’ils étaient assis sur des caisses de
munitions. Les jeunes femmes souffrent de graves endométrioses
et elles n’arrêtent pas de saigner. Certaines d’entre elles ont
un cancer de l’utérus, des filles de 18, 19, 20 ans. L’Armée ne veut même pas les examiner ni les traiter. Elle
les renvoie sur les champs de bataille. 20 soldats ont été
transférés du Koweït à Bagdad en 2003 : ils souffrent tous de
tumeurs malignes.
Est-ce que le fait
d’avoir été exposés à l’UA affecte leur psychisme quand ils
rentrent chez eux ?
L’UA forme, à des
températures très élevées, des particules d’oxyde d’uranium
qui ne sont pas solubles. Elles sont au moins 100 fois plus
petites qu’un globule blanc. Les soldats les absorbent en
respirant. Elle traversent le nez, puis le bulbe olfactif et
pénètrent dans le cerveau où elles s’attaquent aux processus
cognitifs. Cela affecte les mécanismes de contrôle de l’humeur.
Quatre soldats de Fort Bragg rentrés d’Afghanistan ont tué leur
femme dans un délai de deux mois.
Selon une étude de
l’Association des Vétérans, sur un groupe de 251 vétérans de la
première guerre du Golfe originaires du Mississipi, 67 avaient à
leur retour de l’UA dans leur équipement, leur organisme, leur
sperme. En outre, alors qu’ils avaient eu des bébés sains avant
de partir, ceux nés après la guerre présentaient de graves
malformations congénitales – absence de cerveau, d’yeux, de
bras, de jambes, d’organes internes – et souffraient de
terribles maladies de sang. C’est horrible.
Le magazine Life a
publié un article illustré de photos intitulé « Les toutes
petites victimes de Tempête du Désert. Vous devriez voir ça, ces
enfants d’après la guerre du Golfe jouant avec leurs frères et
soeurs normaux. Au fond, c’est comme fumer du crack, sauf qu’ici
la substance est radioactive. Elle pénètre directement dans la
circulation sanguine et atteint les os, la moelle épinière, le
cerveau et également le foetus. C’est un poison systémique et
radiologique.
L’UA tue tous les êtres
vivants
Qu’en est-il des gens
ici, aux Etats-Unis ? Vous dites que l’UA se mélange et se
répand dans le monde entier.
Oui, il se mélange
dans le monde entier. Nous respirons ici la fumée secondaire,
comme les non-fumeurs,
dans une pièce, respirent celle des fumeurs.
Est-ce que cette
fumée secondaire s’épaissit tandis que nous parlons ?
Oui, la concentration
de particules d’UA dans l’atmosphère dans le monde entier est en
train d’augmenter. On a des raisons de penser que les Etats-Unis
ont l’intention de bombarder l’Iran. Nous surveillons les usines
d’armement américaines. Elles ont reçu d’importantes commandes
de ces énormes bombes antibunker dont les têtes contiennent 5000
livres d’UA.
Donc le pronostic
pour l’Amérique n’est pas vraiment bon. Non, il est vraiment
mauvais.
Et si ça continue ?
Cela tuera la
population du monde entier. Cela a déjà commencé, et cela
n’affecte pas seulement les hommes, mais aussi les plantes, les
animaux, les bactéries, tout.
Ainsi, notre
nourriture, par exemple, si elle contient de l’UA, celui-ci va
pénétrer dans notre organisme puis cela va polluer les océans et
affecter toute la vie sous-marine ?
Oui, l’UA est dans
l’air, l’eau et le sol. La demi-vie de l’UA, l’uranium
238, est de 4,5 milliards d’année, l’âge de la Terre.
Pouvons-nous revenir en
arrière en ce qui concerne les dommages déjà causés ? Peut-on
procéder à une décontamination ?
Non. C’est
impossible. Ce qui se passe, c’est que ces toutes petites
particules flottent dans l’atmosphère tout autour du globe. Il y
a déjà des particules de plutonium et d’uranium
qui flottent depuis les essais de bombes atomiques. Elles sont
si petites que les molécules qui viennent les heurter les
maintiennent en suspension dans l’air si bien que seuls la
pluie, la neige, le brouillard et la pollution en débarrassent
l’atmosphère en les déposant dans l’environnement. La surface de
ces particules devient humide, elles tombent sur les matières et
y collent comme de la glu. Vous ne pourrez jamais détacher ces
particules. Avez-vous jamais essayé de faire tomber une goutte
d’eau sur une autre goutte d’eau se trouvant sur la lame
porte-objet d’un microscope ? Vous ne pouvez plus les séparer.
C’est ce qui se produit avec les particules radioactives. Une
fois qu’elles ne circulent plus dans l’atmosphère, elles collent
à toutes les surfaces sur lesquelles elles atterrissent. On ne
peut pas les laver. S’il pleut continuellement ou qu’elles se
trouvent dans une rivière, sur un rocher, sur une pierre, etc.
elles y resteront. Vous ne pensiez pas que c’était aussi grave.
Non, pas à ce point.
Je croyais que c’était un phénomène assez isolé.
Non. Ce qui était
là-bas, en Irak, un jour donné apparaît chez nous au bout de
quatre jours environ. Je ne sais pas si vous avez suivi la
catastrophe de Tchernobyl. Ce gros nuage radioactif a fait
plusieurs fois le tour du globe, il fait partie maintenant de la
poussière atmosphérique. Elle va partout, comme la poussière de
la tempête que vous voyez sur cette photo.
Se trouve-t-elle dans la
couche supérieure ou inférieure de l’atmosphère ?
Dans la partie
inférieure de l’espace orbital. Ils ont ramené à terre la
station orbitale Mir quand ils eurent fini de l’utiliser. Il y
avait une sorte de filet qui recouvrait l’électronique à
l’extérieur de la station qui la protégeait de la radioactivité
solaire car l’électronique y est très vulnérable. Ils ont
analysé la surface de ce filet et ont trouvé de l’uranium
et des produits de désintégration de l’uranium. Ils ont dit
qu’ils provenaient des essais nucléaires atmosphériques ou de
stations orbitales ayant des matériaux nucléaires ou des
réacteurs nucléaires à bord et qui avaient brûlé. L’uranium
peut également provenir de supernovae mais on a pensé que
l’origine la plus probable étaient les essais dans l’atmosphère
et la matière nucléaire que nous y mettons.
Des armes utilisées
depuis 1973
Vous voulez dire
avant tout que nous sommes en train de mener une guerre
nucléaire.
Oui, exactement.
Depuis 1991, nous avons mené 4 guerres nucléaires. L’UA est une
arme nucléaire.
A votre avis en tant
que scientifique, que faut-il faire pour remédier à cela ?
Il faut cesser de
l’utiliser. Nous avons créé un mouvement international pour
faire cesser la fabrication, le stockage, le commerce et
l’utilisation des armes à l’UA.
Les munitions que nous
vendons aux autres pays contiennent-elles de l’UA ?
Oui. Le premier
système d’armes à l’UA pour lequel nous ayons trouvé un brevet
est apparu soudain en 1968 au Bureau américain des brevets. Il
était destiné à la marine. C’était une sorte de
canon Gatling à monter sur des
navires. Il tirait rapidement environ 2000 projectiles à la
minute.
Il en tire plus de
3000 maintenant, car on l’a amélioré. Puis, en 1973, les
Etats-Unis ont donné des armes à l’UA aux Israéliens et ils en
ont surveillé l’emploi. Ces derniers les ont utilisées dans la
guerre israélo-arabe et ils ont anéanti leur adversaire en cinq
jours. Et c’était parti. C’était la première véritable
démonstration de cette nouvelle arme sur un champ de bataille.
Hughes Aircraft a mis
au point le système destiné à la marine, le
canon Gatling, qui est encore
utilisé. Il a été fabriqué et testé en 1974. En l’espace de 6
mois, le gouvernement américain avait vendu ces armes à l’UA à
de nombreuses divisions des Forces armées notamment. Il en a
vendu en outre à environ une douzaine de pays ou peut-être un
peu plus. Normalement, elles auraient dû être vendues à 80, 100,
120 pays. Or la bonne nouvelle, c’est que, en raison des risques
radiologiques, biologiques et environnementaux, des quantités de
pays ne les achètent pas et que ceux qui les ont achetées ont
peur de les utiliser. Les seuls pays dont nous savons qu’ils les
ont utilisées sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël.
En 1996, les Nations
Unies ont adopté une résolution aux termes de laquelle les armes
à l’UA sont des armes de destruction massive, des armes
illégales au regard de la totalité des lois et des traités
internationaux.>
En 2001, le Parlement
européen a adopté une résolution sur l’UA. C’est que les force
de l’OTAN, en 1998 et 1999, avaient effectué en Yougoslavie 39
000 attaques aériennes qui avaient laissé des amas de décombres
radioactifs. Ce sont les Etats-Unis et l’Allemagne qui ont
réalisé le plus de profits avec ces armes et qui se sont
arrangés pour qu’on envoie dans les régions les plus contaminées
les soldats des pays qui ignoraient tout de l’UA, comme l’Italie
et le Portugal. Ils envoyèrent leurs propres troupes dans les
régions les moins contaminées. Ces malheureux soldats rentrèrent
chez eux et moururent au bout de quelques jours, de quelques
semaines ou de quelques mois. Leurs parents, furieux,
s’adressèrent aux Parlements et aux médias et il y eut un déluge
d’articles au sujet de l’UA.
Le pot aux roses fut
découvert à la suite de l’invasion de la Yougoslavie par l’OTAN,
mais les troupes japonaises d’autodéfense furent envoyées à
Samawa, zone la plus contaminée parce que c’est là qu’avaient eu
lieu les combats les plus violents. On peut supposer que ces
soldats sont très malades.
Des pays inhabitables
Qu’en est-il de
l’Irak même. Qu’est-ce qui a été fait jusqu’ici ?
Il est inhabitable.
La Yougoslavie, l’Irak, l’Afghanistan sont totalement
inhabitables.
Mais il y a des gens qui
y vivent, qui y vivront et souffriront ?
Quand on est au
courant des maladies et des malformations congénitales des
bébés, on se rend compte que c’est grave. Chaque année, le
nombre des malformations et des maladies croîtra parce que le
niveau de contamination total chez tous les êtres vivants
augmentera étant donné qu’ils respirent un air contaminé,
boivent de l’eau contaminée et mangent de la nourriture
provenant de sols contaminés. Nous sommes condamnés à une mort
lente, comme en Yougoslavie et en Afghanistan.
L’UA est une arme
biologique extrêmement efficace. C’est d’ailleurs la raison
principale de son utilisation. Marion Falk, un
physicien-chimiste à la retraite qui a construit des bombes
nucléaires pendant plus de 20 ans au laboratoire Lawrence
Livermore, scientifique du Projet Manhattan avec qui j’ai
travaillé, m’a presque tout appris sur la radioactivité, les
particules et l’UA. Il m’a dit que l’objectif des armes
utilisées par l’armée n’est pas seulement de blesser et de tuer
les soldats ennemis, mais de tuer, de mutiler et de rendre
malade la population civile parce que cela diminue la
productivité du pays et qu’il ne tardera pas à utiliser une
quantité importante de ses ressources pour soigner ses malades.
Il y a de moins en moins de travailleurs en bonne santé.
Evidemment, une fois
que vous provoquez des mutations de l’ADN, les dommages
affectent les générations futures, et cela concerne aussi bien
les animaux et les plantes que les êtres humains. L’ADN ne se
répare pas lui-même. Les maladies sont transmises à toutes les
générations futures.
Un génome endommagé à
jamais
Ainsi les mutations
seraient probablement plus destructives que constructives.
Ce sont les mutations
qui provoquent ces malformations congénitales.
Alors si la
radioactivité m’a prédisposé aux maladies cardiaques, mes
descendants auront le même problème ?
Si vous endommagez la
cellule ou des parties de cellules ou si vous portez atteinte au
fonctionnement des cellules, cela n’endommage pas forcément
l’ADN. Il y a deux sortes de dommages. Les premiers concernent
les cellules des organismes vivants et cela peut ne pas se
transmettre aux descendants ; les autres concernent l’ADN dans
l’ovule ou le sperme et ceux-là se transmettent. Ainsi, le
sperme des soldats qui reviennent de la guerre est probablement
…Détérioré. Ils ont de l’UA dans leur sperme et lors des
rapports sexuels, ils contaminent leur partenaire. Les femmes
tombent également malades. Elles ont de l’UA dans leur
organisme. On appelle ça « syndrome du sperme brûlant ». C’est
horrible. µ
David Rose a écrit un
article à ce sujet dans le numéro de novembre 2004 de Vanity
Fair que l’on peut lire sur Internet. Il est intitulé
Weapons of
self-destruction. Une amie à moi est la veuve d’un ancien
combattant de la première guerre du Golfe. Dans une interview
accordée à David Rose, elle s’est plainte du sperme brûlant :
« J’avais constamment 20 préservatifs remplis de pois gelés dans
mon congélateur et après les rapports sexuels, j’en introduisais
un dans mon vagin. C’était le seul moyen de supporter les
douleurs provoquées par le sperme brûlant. Ajoutons que ce
sperme brûlant passe à travers les préservatifs.
Ça alors !
Oui, vous devriez
voir les réactions des classes de high schools lorsque je leur
parle du sperme brûlant et de la contamination interne. Les
bouches des filles forment un O et les garçons sont paniqués,
eux qui s’imaginent ne jamais tomber malades.
Conséquences des essais
nucléaires
Quelle quantité d’UA
faudra-t-il pour tuer toute vie sur cette planète ?
La quantité de
radioactivité va certainement avoir un effet global extrêmement
important. Ainsi, la mortalité infantile augmente déjà dans le
monde. Le foetus est ce qu’il y a de plus vulnérable à la
radioactivité parce que toutes les cellules se divisent
rapidement, que le corps se développe, si bien que si vous
commencez à introduire des substances toxiques et des
radiations, cela affecte le processus naturel du développement
foetal.
C’est à cause de
l’augmentation de la mortalité infantile que l’on a pu
convaincre le Sénat de signer le Traité d’interdiction partielle
des essais nucléaires en 1963. Elle avait diminué de 3 à 4% par
année pendant une longue période en raison de l’amélioration des
soins prénataux et de l’éducation des mères. Elle avait
recommencé à augmenter après Hiroshima et Nagasaki et
particulièrement dans les années 50 lorsque commencèrent les
grands essais atomiques.
En 1963, il était
devenu évident que les essais avaient, dans le monde entier, des
effets sur les enfants à naître. Les Etats-Unis et la Russie
signèrent le Traité et mirent fin aux essais dans l’atmosphère.
Le taux de mortalité infantile baissa tout de suite. Mais
maintenant, il croît de nouveau. C’est une pollution radioactive
planétaire. Personne ne sait combien de temps il faudra pour
éliminer toute vie, mais il est certain que l’UA est une arme
biologique extrêmement efficace.
Je le répète,
l’utilisation des armes vise deux objectifs : le premier est de
tuer les soldats ennemis et le second, tout aussi important, de
détruire la population ennemie. En provoquant des maladies, de
longues maladies, on s’attaque à la productivité et à l’économie
d’un pays. C’est Tchernobyl et d’autres catastrophes nucléaires
qui ont en réalité provoqué l’effondrement de l’Union soviétique
parce que ses habitants étaient très malades à la suite de toute
la radioactivité dégagée. Ils ont été beaucoup plus négligents
que nous.
J’ai une enquête sur
la santé dans le monde que l’OMS a publiée dans le Journal of
American Medical Association en juin 2004. Les effets des essais
atmosphériques apparaissent de manière très nette quand on
considère le pourcentage de personnes souffrant de maladies
mentales dans les différents pays étudiés. Par exemple 8,8% au
Japon, mais 4,7% au Nigeria, ce qui est très bas. Il n’y a
presque pas de radioactivité au Nigeria. En Ukraine, où s’est
produit l’accident de Tchernobyl, le taux est de 20,4%. Il est
de 9,2% en Espagne et de 8,2% en Italie. Ces deux derniers
chiffres sont relativement bas, car ces pays n’ont pas de
centrales nucléaires. La France dépend à 75% de l’énergie
nucléaire et son taux de maladies mentales est de 18,4%. Le
Mexique se situe à 12, 2% et les Etats-Unis à 26%. C’est le taux
le plus élevé au monde.
George W. Bush et ses
frères et soeurs ont tous été exposés in utero aux retombées des
essais atomiques effectués aux Etats-Unis. Il avait une petite
soeur qui est morte d’une leucémie vers l’âge de trois ans.
J’ai travaillé dans
une équipe appelée Radiation and Public Health Projet (cf.
www.radiation.org). Nous sommes tous des
scientifiques indépendants, des spécialistes renommés. Nous
avons recueilli 6000 dents de bébés à proximité de centrales
nucléaires et avons mesuré leur radioactivité. Et l’un de nos
membres est le voisin de la femme qui a aidé les enfants Bush, y
compris le Président, parce qu’ils avaient tous de graves
problèmes d’apprentissage.
Comment savons-nous que
les enfants Bush ont été exposés ?
D’après l’année où
leur mère les ont portés. Vous n’avez qu’à voir combien de
matières radioactives ont été dégagées dans l’atmosphère et vous
trouverez une corrélation directe entre les résultats aux tests
d’intelligence SAT auxquels on soumet les adolescents et l’année
où leur mère les a portés. Ce sont des effets différés de
l’exposition in utero aux radiations.
Vivant dans le
Connecticut, ils ressentaient les effets des radiations du
Nevada ?
Il y a deux ans, le
gouvernement américain a reconnu que tous ceux qui avaient vécu
aux Etats-Unis entre 1957 et 1963 avaient été exposés de manière
interne aux radiations. Le foetus de toutes les femmes enceintes
était donc exposé
Pas un génocide, un « omnicide ».
De quels niveaux de
radiations parlons-nous ?
Ce sont de bas
niveaux et les principaux vecteurs sont l’eau potable et les
produits laitiers. Cela a suffi à tuer des petits poissons dans
l’Atlantique. Le strontium-90 est un isotope artificiel dégagé
par les bombes et les réacteurs nucléaires. En Norvège, on a
mesuré les taux de strontium-90 dans le lait des années 1950 aux
années 1970 et le volume de pêche durant la même période. A
mesure que le taux de strontium-90 augmentait dans le lait, le
volume de pêche diminuait.
En 1963, lorsque les
Etats-Unis testaient la bombe nucléaire (ils ont effectué 250
essais en une année parce que le Traité allait être signé), le
volume de pêche a diminué de 50%. Dans le Pacifique, il a
diminué de 60% parce que c’est là que les Russes, les Chinois,
les Français et les Américains ont procédé à leurs essais.
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