Dossier Salah Hamouri
Communiqué
21 octobre 2008
Suite à la présentation
au Sénat, le 16 octobre dernier, du « Comité
national de soutien à Salah Hamouri » et de ses retombées
médiatiques, on constate que le Quai d’Orsay multiplie les
déclarations pour tenter de justifier son positionnement dans
cette affaire. Mais plus il parle et plus il confirme ce que je
ne cesse de dire avec d’autres, à savoir qu’il n’a pas fait de
la libération de Salah Hamouri une affaire de principe, une
affaire d’Etat, contrairement à bien d’autres situations.
Dans un communiqué en
date du 20 octobre, le Quai assure qu’il saisit « chaque
occasion » pour demander à Israël un « geste
de
clémence » en faveur
de Salah Hamouri. Mais comme notre jeune compatriote est
toujours malheureusement en prison cela ne fait que souligner du
même coup l’inefficacité des demandes entreprises. Et cela tient
à une raison simple : les autorités françaises estiment légitime
et conforme au droit ce qui arrive à Salah. C’est cela le fond
de l’affaire et tout le reste en découle, y compris le
vocabulaire.
Ainsi, après avoir
demandé aux autorités israéliennes un « procès rapide » pour Salah, les autorités françaises demandent-elles
aujourd’hui un« geste de
clémence » tout en se gardant bien d’exiger sa libération
pure et simple. Ainsi, encore, dans ce même communiqué, le Quai
explique que Salah Hamouri « a
choisi de plaider coupable » et qu’il
« n’a pas souhaité faire
appel de sa condamnation ni demandé une remise de peine ou une
amnistie ». Ces affirmations sont très graves car totalement
contraires à la réalité. Elles confirment en tout cas le fond
des choses.
Le Quai d’Orsay sait
parfaitement que Salah n’a pas choisi de plaider coupable. Il
sait parfaitement que Salah a été l’objet d’un chantage
consistant en ceci : « Ou
vous plaidez coupable et ce sera 7 ans de prison ou si vous
refusez ce sera beaucoup plus ». C’est cela la vérité. Le
Quai le sait qui ment sciemment aujourd’hui.
De même le Quai sait-il
aussi parfaitement qu’il n’a absolument pas d’appel possible
devant un tribunal militaire (« militaire » étant un
qualificatif jamais employé par le Quai qui parle uniquement de
« justice israélienne »).
Le Quai d’Orsay sait également qu’une « remise de peine » ne
peut intervenir qu’aux deux tiers de la peine effectuée. Quant à
la demande d’amnistie nous avons demandé à la France qu’elle le
fasse au titre de ce qu’elle a fait par ailleurs, en d’autres
lieux, dans une affaire autrement trouble. Elle ne l’a pas fait.
Toujours dans le même
communiqué justificatif, le Quai indique qu’il est intervenu
auprès de l’Autorité palestinienne pour lui demander de « relayer
auprès d’Israël son souhait que M. Hamouri soit inclus dans les
listes de prisonniers à libérer par Israël ». Mais il sait
bien que l’Autorité palestinienne n’a aucun moyen concret
d’imposer quelque liste que ce soit à Israël qui agit
unilatéralement en ce domaine comme en d’autres. Par contre la
France qui est un Etat dispose, elle, de moyen d’imposer sur ce
point. Nous sommes intervenus dans ce sens en juillet dernier et
force est de constater que Salah est toujours en prison.
Bref, à lire le dernier communiqué du Quai
d’Orsay, si Salah est en prison, c’est au moins triplement de sa
faute, c’est aussi la faute de l’Autorité palestinienne, c’est
la faute à tout le monde sauf… celle d’Israël et de la France.
Les bras m’en tombent devant tant d’irresponsabilité et de
mauvaise foi.
A ne pas vouloir admettre, pour en tirer les
conclusions, que la situation de Salah est le résultat d’une
occupation militaire israélienne armée, condamnée
internationalement, notre pays se place de facto en marge du
droit international et il en vient, du même coup, à manquer de
volonté vis-à-vis d’Israël.
Son absence de détermination relativement au
cas de Salah en porte témoignage. Car ce n’est pas tant clémence
dont a besoin Salah, c’est de justice. La France se devrait
d’être exemplaire. Elle peut être l’amie d’Israël sans être pour
autant accepter le fait accompli contraire au droit
international. Et on peut être ami d’Israël sans négliger à
aucun moment d’être un défenseur résolu d’un de nos compatriotes
injustement frappé.
Le communiqué du Quai d’Orsay nous conforte dans notre décision
de continuer à agir en faveur de Salah Hamouri. En agissant pour
lui nous agissons pour le droit sans lequel il ne peut y avoir
de justice ni pour un individu ni pour un peuple. Nous
continuerons donc nos efforts, jusqu’au succès, quelles que
soient les manigances d’où qu’elles viennent.
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Le
21 octobre 2008
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