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Benazir
Bhutto élargit son alliance aux islamistes
Hassane Zerrouky
Benazir Bhutto - Photo AP
Jeudi 15 novembre 2007 Pakistan
. En résidence surveillée, l’ex-premier ministre a proposé
aux fondamentalistes musulmans de rejoindre le front anti-Musharraf.
Benazir Bhutto, qui a réclamé publiquement le départ du président
Musharraf, et qui a passé hier sa deuxième journée en résidence
surveillée, a dénoncé, dans une tribune libre publiée par le
Washington Post d’hier, « l’État policier » sévissant
au Pakistan. « Ce n’est pas seulement une dictature
militaire, c’est un État policier typique (…). La seule
terreur à laquelle le régime de Musharraf semble capable de se
confronter est la terreur de sa propre illégitimité », écrit-elle.
N’étant pas à un revirement prêt, la veille de la publication
de sa tribune, elle a contacté plusieurs leaders de
l’opposition : son adversaire intime, l’ancien premier
ministre Nawaz Sharif, et la Mutahida Majliss al-Amal (MMA),
coalition de six partis islamistes dont certains sont réputés
proches des taliban ; leur dénominateur commun étant leur
opposition au régime de Moucharraf.
« Nous essayons de trouver un point de convergence pour
une stratégie commune : le rétablissement de la
Constitution, du système judiciaire, la liberté des médias et
l’organisation d’élections libres »,
a expliqué Safdar Abbasi, conseiller de Mme Bhutto. Et
pour dénouer cette crise, plus qu’embarrassante pour la
Maison-Blanche, Washington a annoncé la visite en fin de semaine
au Pakistan du numéro deux du département d’État, John
Negroponte, pour réitérer sa demande de lever de l’État
d’urgence au président Musharraf.
Pour l’heure, Mme Bhutto est empêchée de sortir de la
maison où elle se trouve à Lahore, encerclée par plus d’un
millier de policiers. Une décision motivée officiellement par
« des menaces d’attentats graves et spécifiquement dirigés
contre elle », assure la police pakistanaise. Selon l’AFP,
citant un responsable du gouvernement s’exprimant sous couvert
de l’anonymat, qua- tre services de renseignements ont rapporté
à Lahore la présence d’au moins deux Égyptiens mem- bres
d’un réseau terroriste islamiste, dont la cible est Mme Bhutto
ou un rassemblement de son parti.
Reste que ce bras de fer entre les deux ex-alliés a lieu alors
que le Parlement pakistanais achève son mandat jeudi prochain à
minuit. « C’est un moment historique pour nous tous parce
que c’est la première fois en 22 ans que l’Assemblée
nationale achève normalement son mandat », s’est félicité
le ministre adjoint de l’Information et porte-parole du
gouvernement, Tariq Azeem. Les assemblées des quatre provinces,
qui doivent être renouvelées au suffrage universel à la même
date que le Parlement, seront, elles, dissoutes le 20 novembre,
a-t-il ajouté.
© Journal l'Humanité
Publié le 16 novembre avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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