Iran
Tentative (puis allégations) de fraude électorale en Iran:
les manœuvres israéliennes visant à déstabiliser l'Iran
au moyen de Twitter
on Chartingstocks.net, 15 juin 2009
http://www.chartingstocks.net/2009/06/proof-israeli-effort-to-destabilize-iran-via-twitter/
Des intérêts israéliens de droite sont
impliqués dans une guerre électronique totale, via Twitter, dans
l’espoir de faire accuser les élections iraniennes de trucage et
de provoquer une instabilité politique en Iran.
Quiconque a utilisé Twitter ces derniers
jours sait que la question des élections iraniennes était le
plus populaire. Des milliers de tweets et de retweets prétendant
que l’élection aurait été bidonnée, et appelant à des
manifestations de protestation en Iran, exhortant même parfois
les utilisateurs à des intrusions dans divers sites ouèbes
iraniens d’information (ce qu’ils firent, d’ailleurs, avec
succès). La popularité de Twitter a attiré l’attention de divers
blogues, comme
Mashable et
TechCrunch, et cette question a même été évoquée sur des
sites d’information consensuels.
Les gens à l’origine de ces messages
d’incitation à la rébellion étaient-ils vraiment des Iraniens,
ou s’est-il agi purement d’une machine de propagande ? Cela a
piqué ma curiosité, et j’ai décidé d’enquêter sur les sources de
ces informations. Cela m’a permis de cerner une poignée de
personnes qui ont été à l’origine de 30 000 tweets relatifs à
l’Iran ces derniers jours. Et il y avait, entre ces personnes
décidément prolixes, certains points communs frappants :
1 – ils avaient tous créé leurs comptes
tweeter le samedi 13 juin ;
2 – ils avaient tous un nombre extrêmement
élevé de tweets depuis la création de leur profil ;
3 – l’expression « élections iraniennes »
s’est avérée leur mot-clé présentant le plus d’occurrences ;
4 – à de très rares exceptions près, ils
affichaient tous des messages EN ANGLAIS ;
5 – la moitié d’entre eux avaient
exactement la même photo sur leurs fiches profil bidonnées ;
6 – chacun avait des milliers
d’aficionados, avec simplement une poignée d’amis. Ils étaient
tous, d’ailleurs, les amis les uns des autres…
Cornegidouille… pourquoi donc tous ces
tweets étaient-ils rédigés en anglais ? Bigre, pourquoi tous ces
profils étaient-ils ainsi obsédés par l’Iran ? Il était évident
qu’il s’agissait là de l’œuvre de gens ayant un intérêt dans la
déstabilisation et l’influence sur l’opinion publique en ce qui
concerne la légitimité des élections iraniennes.
Je décidai par conséquent de cylindrer mon
échantillon de spammers à trois des plus insistants :
@StopAhmadi
@IranRiggedElect
@Change_For_Iran
Ensuite, je procédai à une recherche sur
Google pour deux de ces trois-là :
@StopAhmadi et
@IranRiggedElect.
La première page ouèbe à s’afficher fut le
Jerusalem Post (JPost),
un quotidien de droite pro-israélien.
L’histoire du Jerusalem Post concernait
trois personnes « qui venaient de se joindre au réseau social
quelques heures auparavant seulement, et qui avaient déjà amassé
des milliers d’aficionados ». Pourquoi le site d’un quotidien
juge-il utile d’afficher un post au sujet de trois pékins qui
viennent tout juste de se connecter à Twitter, seulement
quelques heures auparavant ? Cela mérite-t-il d’être relevé ? Le
JPost a été la première (et à ma connaissance la seule) source
d’information majeure à avoir mentionné ces trois spammers.
Le JPost un média important, a fait la
promo de ces trois Twitteurs qui allaient devenir la source du
bombardement des élections iraniennes au moyen des bombes
Twitter… Pourquoi le JPost s’intéresse-t-il ainsi, tout soudain,
aux étudiants iraniens (étudiants, c’est tout du moins ce que
ces spammers prétendaient être…) ? Je dois reconnaître que
j’avais désormais certains soupçons. En fin de compte : Qui
Bono ? (A qui profitait le crime ?)
Incontestablement, Israël voit en l’Iran un
ennemi, sans doute encore bien plus qu’en tout autre pays.
D’après un sondage récent, plus de la moitié de la population
israélienne est favorable au recours à une intervention armée
contre l’Iran si ce pays ne cessait pas de développer son
énergie nucléaire (ce qui est parfaitement son droit,
conformément au traité de non-prolifération). Etrangement, ces
bruits de bottes proviennent d’un pays, Israël, qui n’en est pas
cosignataire, mais qui a le droit de développer son énergie
nucléaire et qui, de surcroît, possède un arsenal de BOMBES
nucléaires.
Bien sûr, Mousavi lui-même joue un rôle
indéniable dans le bordel iranien actuel. Vous avez vu ça
souvent, vous, un candidat se déclarant lui-même vainqueur avant
tout décompte des voix, puis, confronté à la défaite, qui
qualifie l’ensemble du processus électoral de fraude ??
Aussi évident ait été la fraude lors de nos
élections (présidentielles américaines) en 2000, Al Gore (le
candidat démocrate qui les a perdues) ne serait allé soulever le
lièvre de la fraude électorale ?! Aucun homme politique
important, aux Etats-Unis, n’aborde cette question, même avec de
longues pincettes. Ils savent parfaitement qu’une telle
accusation secouerait l’ensemble des fondations de notre
démocratie, et que cela menacerait les structures politiques en
place.
Ces spammers du Twitt ont commencé à crier
au scandale avant même le dépouillement des derniers bulletins,
bien dans la manière de Mousavi.
Le spammer @IranRiggedElect a créé son
profil avant qu’un quelconque vainqueur eut été annoncé, et il a
joué le rôle d’un service public nous informant, nous, aux
Etats-Unis, en anglais et toutes les dix minutes, du caractère
soi-disant irrégulier de ces élections.
Saluons son altruisme : il l’a fait avec une telle abnégation !
Et sans jamais se soucier le moins du monde de ses concitoyens
et soi-disant « amis » en Iran, qui ne connaissent pas l’anglais
et ne se sont jamais servi de Twitter de leur vie !
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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