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Nouvelles d'Irak
Entretien
n°3 - FBI-Saddam Hussein
Gilles Munier
Gilles Munier
Mardi 16 février 2010
Baghdad Operation Center
10 février 2004
Entretien conduit par George L. Piro
Rapport traduit de l’arabe en anglais par le FBI
Traduction en français : Xavière Jardez
Titres, sous-titres et notes :
Gilles Munier
Pour l’Irak, l’OLP
était le seul représentant légal
du peuple palestinien
Saddam Hussein (Détenu de Haute
Valeur n°1) a été interviewé le 10 février dans un bâtiment
de détention militaire à l’Aéroport International de
Bagdad (AIB), Bagdad, Irak. Hussein a fourni les
informations suivantes :
Hussein a commenté la situation palestinienne.
Pour comprendre ses causes profondes, il faut tenter
de le faire d’un point de vue arabe, pas seulement palestinien.
Le problème n’est pas uniquement palestinien mais aussi arabe.
Dans les années 60, de nombreuses révolutions ont éclaté dans
les pays arabes parce que les peuples n’étaient pas satisfaits
de leurs dirigeants de l’époque. Une des raisons pour laquelle
ces derniers furent renversés a été leur incapacité à résoudre
la question palestinienne de façon adéquate ou parce qu’ils
l’avaient ignorée totalement. Toute solution doit être fondée
sur l’équité et le droit international. Le droit international
et son application ont engendré le problème en 1948 avec la
formation d’un Etat séparé juif d’Israël sur des terres
autrefois palestiniennes. Pour les personnes extérieures
ou internes au conflit, toute solution doit être présentée dans
ce cadre. Tout le monde a cherché une solution mais, a déclaré
Hussein « toute solution qui ne convainc pas la majorité des
Palestiniens échouera ». Le fondement de toute solution et
son résultat final doit être l’établissement d’un Etat
palestinien séparé.
A une question sur un discours qu’il a donné sur la
révolution de 1968 en Irak, Hussein s’accorde sur ce qu’il a
dit : « Nous ne nous sommes pas révoltés contre une
personne, mais contre un système de gouvernement ». Il a
ajouté que la révolution avait pour but de « faire avancer
le peuple irakien, le pays, le monde arabe dans son ensemble et
les Palestiniens » et le parti Baas a été le seul parti
politique à manifester contre ce gouvernement en 1967.
Nasser, le seul dirigeantà avoir des liens
étroits avec les
« masses arabes »
Lors de la guerre arabo-israélienne des Six Jours en 1967 (1),
Hussein a rappelé que les Arabes avaient espéré récupérer les
terres perdues en 1948. Hussein a constaté : « Nous étions
tristes quand cela n’arriva pas ». Même si les
chances de succès s’avéraient faibles, les nouvelles furent
particulièrement décourageantes quand les détails de la défaite
rapide des armées égyptienne et syrienne furent connus. Le
peuple arabe devint « triste et déprimé » et
développa un sentiment révolutionnaire.
Même après la défaite de 1967, Hussein a continué à
respecter le Président égyptien, Gamal Abdel Nasser. Pour
Hussein, Nasser « pouvait représenter les Arabes devant le
monde » alors que les autres étaient « faibles ».
A l’époque, Nasser était le seul dirigeant à avoir des liens
étroits avec les "masses arabes". En dépit de la
défaite, Nasser n'a pas perdu le respect du peuple.
Cependant, les espoirs du peuple arabe étaient plus grands que
ce que pouvait offrir Nasser et la défaite a montré les limites
des capacités de Nasser et des forces militaires égyptiennes.
Hussein a souligné que la guerre a aussi révélé les problèmes
internes à la direction égyptienne. Abdul Hakim Amer, chef des
armées, n’a jamais permis que Nasser, bien qu’à la tête du pays,
puisse « s’ingérer» dans les affaires militaires. Quand
plus tard, Nasser a voulu quitter le pouvoir, des millions
d’Egyptiens ont protesté et demandé qu’il reprenne sa charge de
Président. Pour Hussein, il semble que « Nasser dépendait
plus de la politique internationale que de la préparation
de son peuple et de son armée » à la guerre. Quand il est
mort en 1970, les Egyptiens « l’ont pleuré ».
Sadate,
« traître à la cause »
Sur la guerre de 1973 entre les Arabes et Israël, le
Président égyptien Sadate, qui était vice-président sous Nasser,
« ne pouvait raviver les espoirs des Arabes ». Sadate
ne semblait pas avoir une cause ou un but spécifique et fut
incapable de faire quoi que ce soit à propos de 1948 et « du
viol de la Palestine ». Comme Sadate n’était pas un
« homme avec une cause » ni les soldats égyptiens, ni le
peuple n’étaient motivés. En fait, à cette époque, les Egyptiens
se moquaient des soldats prétendant qu’ils ne s’étaient pas
battus en 1967. Sadate a cependant, de par sa
personnalité, pu convaincre les Etats-Unis et Israël qu’il
pouvait gagner une guerre contre Israël.
Interrogé sur les capacités de Sadate de faire, en
définitive, plus pour son peuple que Nasser, particulièrement
pour la paix et la reprise de territoire, Hussein a qualifié de
« minimal » l’impact de Nasser. Il a ajouté : «
Si vous dites aux Irakiens que le Koweït fera partie de l’Irak,
ils seront contents ». La nation arabe, des pauvres aux
riches, est une, avec une même langue, des frontières communes
et les mêmes buts. Il y a un monde arabe, de « l’homme
ordinaire aux législateurs et penseurs». La force d’un
membre d'une "famille" vient de la coopération avec les autres
membres de la "famille" et de l'amour en son sein. Si un membre
de la "famille" ne le comprend pas, il sera faible et tombera".
Sadate n’a pas été fidèle aux « affaires » familiales.
Avant la guerre de 1967, la Cisjordanie et Jérusalem étaient
sous le contrôle de la Jordanie tandis que l’Egypte administrait
Gaza. L’accord de paix de Sadate avec les Israéliens n’a pas
rendu ces territoires à leurs authentiques ayant-droits, les
Palestiniens. Aussi, Sadate a-t-il été « un traitre à la
cause ». Si Israël a rendu de bonne grâce le Sinaï c’est
parce que, pour eux, il représentait un poids militaire et que
c’était un bon « coup politique ».
Sadate a été déshonoré à la suite des accords avec
Israël. De plus, l’économie égyptienne a périclité sous sa
direction alors que, sous Nasser, elle avait été florissante
avec des marchés ouverts à tous les pays arabes.
Hussein a constaté que « la paix n’est pas
facile ». La paix sans une cause créera un déséquilibre.
A propos d’un commentaire à un journaliste britannique, fait il
y a environ deux ans, Hussein n’a pas voulu dire que la paix
pouvait être obtenue en perdant foi et prestige. En
revanche, elle doit être négociée à partir d’une « position
de force favorable ».
« Un perdant ne sait pas où sont ses pieds et sa tête »
Hussein a rappelé que l’Irak a combattu dans la guerre
de 1973 sur deux fronts, avec ses forces aériennes en Egypte et
Syrie et ses forces terrestres en Syrie. Est-ce que l’Irak
aurait pu faire davantage ? Hussein a répondu : « Que
pouvions-nous faire de plus. Nous avions envoyé toutes nos
forces militaires se battre sous commandement égyptien et
syrien ». Avant la guerre, le vice-président Moubarak était
venu en Irak demander que des appareils et des pilotes soient
envoyés pour attaquer les sites de missiles sol-air israéliens.
L’Irak les lui a fournis bien qu’à l’époque, ils combattaient
les Kurdes dans le nord. Les Syriens ont demandé l’aide aux
Irakiens dès le début de la guerre disant que sans cela
Israël occuperait la Syrie.
Sur le peu « d’enthousiasme des militaires syriens
face aux forces irakiennes en 1973 » Hussein a remarqué :
« Nul n’est aussi généreux que les Irakiens ».
Hussein a été questionné sur l’échec/le refus des militaires
syriens de fournir aux forces irakiennes les cartes,
l’équipement de communication, et autres soutiens nécessaires
pour combattre côte à côte. Hussein a répondu «Un perdant ne
sait pas où sont ses pieds et sa tête. Il était difficile d’être
ensemble de cette manière». «Peut-être les Syriens
n’avaient-ils pas de cartes » a-t-il suggéré. Les
officiers irakiens étaient habitués à un autre traitement au
sein de leurs rangs.
Nous avons toujours accueilli les Palestiniens
L’Irak a toujours accepté les réfugiés palestiniens
soit sous Hussein soit avant. Ces afflux de réfugiés se sont
produits après 1948 et la création d’Israël, après septembre
1970 (Septembre Noir en Jordanie), et en 1991 après la
première guerre du Golfe. Hussein a dit: « Nous les avons
toujours accueillis, leur avons donné du travail et le droit de
posséder une terre et une maison ». Cette dernière
politique était en contradiction avec celle de la Ligue arabe
qui ne permettait pas aux Palestiniens de posséder une
résidence. Selon Hussein, les membres de la Ligue arabe
supposaient que les Palestiniens ne partiraient pas s’il en
était ainsi. Hussein était en désaccord sur ce point « pour
des raisons d’humanité ». La direction politique irakienne
a accepté cette position quand Hussein la lui a présentée. Pour
les Palestiniens en Irak, cela « a permis d’avoir une vie
normale ».
Hussein a reconnu que le gouvernement irakien a
construit et/ou loué des maisons pour les Palestiniens à
des propriétaires irakiens. Hussein a déclaré : « Nous
étions soucieux de tous en Irak. Nous ne les aurions pas laissé
vivre dans les rues. Des choses comme la nourriture, le travail
et une maison sont indispensables à la fierté». Certains
ont accusé l’Irak, a-t-il ajouté, de vouloir chasser les
Palestiniens. Au contraire, « nous ne pouvions mettre un
invité à la porte ».
Hussein ne se souvient pas si le gouvernement irakien
a payé tout ou partie, tout le temps ou pour un certain temps,
le logement des Palestiniens en Irak. Hussein n’a pas
connaissance des procès faits au gouvernement par des
propriétaires, et perdus, pour des loyers impayés,
particulièrement dans les années 1990. Hussein dit : « si
nous avions promis de payer, nous l’avons fait. Si le procès a
été perdu, le gouvernement ne devait pas avoir promis de
payer ». Hussein nie qu’il y ait eu une loi permettant au
gouvernement de « louer » une maison sans vraiment
rétribuer le propriétaire. « Cela n’est pas vrai. C’est du
viol, ou la loi de la jungle ». Il a demandé à voir le
texte écrit de cette loi.
Le Fatah
a fermé ses bureaux à Bagdad
Hussein a donné son avis sur le Sommet de Rabat de
1974 où il avait été rapporté que le gouvernement irakien avait
abandonné l’idée de « la lutte armée » pour la
Palestine et accepté une « stratégie par phase ».
Hussein a indiqué que c’était la première fois qu’il participait
à cette conférence car d’habitude le ministre des affaires
étrangères représentait l’Irak. A ce sommet, l’Organisation
de Libération de la Palestine (OLP) a présenté une
stratégie globale demandant à la Jordanie, la Cisjordanie comme
pays. Auparavant, la Cisjordanie et Jérusalem étaient sous le
contrôle de la Jordanie et du roi Hussein. Hussein a affirmé :
« Nous avons accepté après le discours du roi Hussein ».
D’après Hussein, le roi n’avait pas objecté mais il semblait
« peu convaincu ».OLP comme le seul représentant légal du
peuple palestinien.
C’est alors que l’Irak a été d’accord
pour reconnaître l’OLP comme le seul représentant légal
du peuple palestinien.
Hussein a reconnu que des groupes palestiniens dont le
Fatah avaient des bureaux à Bagdad. En 1978, cependant,
le Fatah les a fermés après avoir, selon les dires,
distribué des tracts dont il ignore le contenu mais il croit
comprendre qu’ils étaient contre le gouvernement irakien. Les
relations entre le Fatah et le gouvernement irakien
« n’étaient pas bonnes ». En ce qui concerne les objectifs
des autres organisations palestiniennes, différents de
ceux de l’OLP et de l’Irak, Hussein a parlé de friction
entre des individus ou des groupes avec, pour résultat, que des
idées différentes sur les mêmes questions étaient mises en
avant. Selon Hussein, les Palestiniens avaient besoin d’une « autorité
centrale ». Les individus composant la direction des
différents groupes palestiniens n’étaient pas « sur la même
longueur d’ondes ». Quant aux Irakiens, il fut décidé, au
cours d’une réunion, de ne pas s’ingérer dans les affaires
intérieures de l’OLP mais l’Irak fournirait « une
aide autant que possible ». Cependant, les Palestiniens
furent informés des limites de cette aide. Toutes les structures
gouvernementales furent averties du caractère limité de cette
assistance. Pourtant, Hussein a qualifié de « bonnes »
les relations entre l’Irak et l’OLP entre 1978 et 2003.
« Nous appelons à la lutte militaire pour récupérer les terres
arabes »
Hussein a déclaré que des représentants du Front
de Libération de la Palestine (FLP) (2) et de l’Organisation
d’Abou Nidal (OAN) (3) étaient présents en Irak.
« Ils étaient nos invités ». Il leur avait été
recommandé de ne pas avoir d’activités anti-irakiennes et de
s’abstenir d’actes terroristes. Il leur fut aussi demandé de ne
pas s’immiscer dans les affaires intérieures de l’OLP. A
un moment, l’OAN a été invitée à cesser ses activités
terroristes. Hussein a reconnu la présence de Mohamed
Abbas, dit Abou Abbas (4), en Irak. Il n’a pas admis
avoir aidé Abbas spécialement. « Si quelqu’un est notre
hôte, nous nous devons de l’aider. Un invité ne peut pas choisir
son petit déjeuner, son déjeuner et son dîner ». Cependant,
Hussein a répété que, pour l’Irak, l’OLP était
l’organisation politique officielle pour la Palestine, les
autres groupes étant secondaires.
On rapporte à Hussein les détails d’une vidéo
d’une réunion entre Abbas et Tahir Jalil Habbush (5),
directeur des services secrets irakiens, il y a deux
ans. Abbas demandait l’aide de l’Irak, dont de l’argent, des
armes, de l’entrainement et le transport pour des attaques en
Israël. Hussein a été informé que la vidéo a été visionnée par
l’interviewer. On l’a questionné sur la nature des opérations
planifiées contre Israël, si elles constituaient une défense
légitime de la Palestine ou des actes terroristes, outrepassant
par là l’assistance normale fournie à « un invité ». Hussein a
demandé : « Qu’a fait le gouvernement ? Si vous possédez
l’enregistrement, vous le savez ». Hussein a réaffirmé que
sa position était de tenter de reprendre les terres arabes, y
compris celles qui ont été « violées et prises ».
Cela n’est ni un secret, ni un sujet de honte. Hussein a
ajouté : « Si Habbush et Abbas se sont rencontrés, c’est une
chose. Nous appelons à une lutte militaire pour récupérer les
terres arabes. » Hussein a continué : « Si Abbas a
demandé ces choses, cela ne veut pas dire que nous les lui avons
fournies. Si Abbas a mené des attaques en Israël, cela
veut dire que nous l’avons aidé. Sinon, nous ne l’avons pas
aidé ». Quand on lui a dit qu’Abbas avait exécuté ses
attaques, Hussein a répondu : « Elles ont eu lieu avant
qu’il ait demandé notre aide. C’était leur choix ». Il a
ajouté : « Nous avions, à n’importe quel moment, la
possibilité et le droit d’apporter notre aide à la lutte. Je ne
parle pas d’Abbas, mais des organisations palestiniennes. Les
étrangers ne sont pas sérieux ». Hussein a demandé à
l’intervieweur la réponse d’Habbush. L’intervieweur lui a
répondu que de l’argent avait été offert à Abbas, mais pas
autant que requis. Hussein a remarqué : « C’est ça le
travail des services secrets. Nous étions ouverts à la
Palestine ».
A la question de savoir si l’assistance à Abbas
aiderait à réaliser les buts des Palestiniens ou si elle irait à
l’encontre de ceux-ci, Hussein a remarqué qu’ « en tant que
jeune combattant » du Parti Baas, il pensait que toute
organisation devait se battre de l’intérieur et non de
l’extérieur. Pour lui, toute tentative d’opérer de l’extérieur
n’est que « paroles » et « n’est pas sérieuse ».
Hussein a suggéré que Habbush ou un autre visionnage de la
vidéo de la réunion pouvait fournir des détails complémentaires
sur Abbas.
Ceux qui négociaient avec Israël n’avaient pas le soutien de
l’Irak
Le directeur des Services Secrets Irakiens (SSI)
pouvait-il sans l’approbation des dirigeants irakiens discuter
d’une telle aide à Abbas ? Hussein a remarqué : « Est-ce que
le directeur des Renseignements Américains appelle le Président
Bush chaque fois qu’il a rendez-vous avec quelqu’un ? ».
Hussein a admis que c’est le Président qui, dans chacun des
pays, Irak et Etats-Unis, fixe le cadre de la politique de
chaque branche du gouvernement. Hussein a ajouté que même si
Abbas, selon l’interviewer, avait demandé de 1 à 2 millions de
dollars, il ne lui en aurait même pas donné « 10 000 $ ».
Il a ajouté : « Tout Palestinien qui voulait s’entraîner
pour se battre en Palestine, je disais de l’entraîner. L’argent
et les armes, c’est différent de l’entraînement ». A cause
des sanctions à l’encontre de l’Irak, le gouvernement ne pouvait
offrir autant d’aide qu’auparavant. « Si les Services
Secrets en avaient la capacité, cela est correct aussi longtemps
que la lutte se développe à l’intérieur ».
Il a été demandé à Hussein si la position officielle
de l’Irak reconnaissant l’OLP comme le seul
représentant de la Palestine n’entrait pas en conflit avec le
soutien fourni à d’autres groupes et à des individus tel
qu’Abbas. Hussein a répondu : « Je n’ai pas dit que j’avais
aidé Abbas. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ».
Hussein a ajouté : « Je pense que les questions
doivent faire partie d’un dialogue et non d’un interrogatoire »
Il a continué : « Si les SSI ont aidé Abbas et qu’il
s’est battu pour la Palestine, cela est juste. Si quelqu’un dit
vouloir se battre contre Israël mais qu’il ne représente pas
officiellement les Palestiniens, il n’y a pas de conflit avec la
politique irakienne ». Hussein a ajouté qu’en revanche si
cette personne voulait « négocier », comme le veulent
Arafat et l’OLP, elle n’obtiendrait aucun soutien de
l’Irak.
« Nous allons nous battre en secret ».
A la fin de l’entretien, Hussein a été interrogé sur
ses mouvements au début des hostilités en mars 2003. Hussein a
déclaré qu’il était resté à Bagdad jusqu’au 10 ou 11 avril 2003
quand il est apparu que la ville allait tomber. Avant cela, il
avait eu une dernière réunion avec les autres hauts dirigeants
pour leur dire « nous allons nous battre en secret ». Il
avait ensuite quitté Bagdad après avoir « dispersé »
petit à petit ses gardes du corps, pour ne pas attirer
l’attention, leur disant qu’ils avaient accompli leur devoir.
Notes :
(1)
George Piro reprend ici l’appellation
« guerre des Six Jours »
utilisée par Israël pour humilier les Arabes. Ces derniers -
et Saddam Hussein
- parlent de « guerre de
1967 » ou de
« guerre de juin ».
(2) Le
Front de Libération de la
Palestine (FLP) a fait
scission
du Front Populaire pour la
Libération de la Palestine Commandement général (FPLP-CG),
dirigé par Ahmed Djibril, en 1977. Le
FPLP-CG
est une scission du FPLP
de Georges Habache survenue en 1968.
(3)
L’Organisation dite d’Abou Nidal,
ou Fatah - Conseil
révolutionnaire, créée en 1974,
était une scission du Fatah
de Yasser Arafat. Abou Nidal ("le
père de la lutte", en arabe)
– de son vrai nom Sabri al-Banna
- était opposé à toutes négociations avec les Israéliens. Il est
mort en août 2002 à Bagdad. Il se serait suicidé pour échapper
au cancer qui le rongeait ou, selon certaines sources, aurait
été exécuté pour espionnage au profit des Etats-Unis.
(4)
Abou Abbas, de son vrai nom Muhammad
Abbas, chef du
FLP, est
surtout connu comme l’organisateur du détournement du paquebot
Achille Lauro (1986) et de l’attaque d’un commando de feddayin
débarqué de zodiacs sur une plage proche de Tel-Aviv en mai 1990
que Yasser Arafat avait refusé de condamner. Il a été membre du
Comité exécutif de l’OLP
de 1984 à
1991, le gouvernement palestinien en exil.
Abou Abbas est mort sous la torture le 8 mai 2004. Il avait été
arrêté par les
Forces spéciales
américaines
(et le Mossad)
le 15 avril 2003.
George Bush s’est refusé le concernant à respecter l’accord
israélo-palestinien de 1995 qui stipulait que des membres de l’OLP
ne pouvaient
être arrêtés pour des actes commis avant cette date. L’accord
avait pourtant été co-signé par Bill Clinton. Abou Abbas est
enterré à Damas.
(5)
Tahir Jalil Habbush al-Tikriti, chef des
services secrets irakiens, est en 16ème
position des dirigeants irakiens les plus recherchés par les
Etats-Unis. Sa tête est mise à prix 1 million de dollars.
Habbush ferait partie du nouveau commandement régional du parti
Baas irakien, et serait - selon
les Américains - un des
« financiers »
de la résistance.
A la demande de George Bush, George Tenet, directeur de La
CIA, a fait fabriquer en 2003 (avec la complicité de Iyad
Alloui, alors membre du Comité présidentiel créé par Paul
Bremer), une lettre manuscrite, datée du 1er
juillet 2001, où Habbush informait Saddam Hussein que Mohammad
Atta, un des cerveaux des attentats du 11 septembre, avait été
entraîné à Bagdad par le groupe d’Abou Nidal. Cette opération
destinée à prouver l’existence de liens entre Al-Qaïda et Saddam
Hussein a été révélée en août 2008 par le journaliste
d’investigation Ron Suskind dans « The way of the world ».
© X.Jardez et G. Munier – Traduction en français et notes
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 17 février 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
Entretien n°2 - FBI-Saddam Hussein
Entretien n°1 - FBI-Saddam Hussein
Entretiens FBI-Saddam Hussein (Introduction)
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