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Les nouveaux voleurs de Bagdad
Les députés irakiens s'empiffrent
!
Gilles Munier
Gilles Munier
Dimanche 6 décembre 2009
Les députés
irakiens s’accrochent à leur siège. On comprend pourquoi depuis
que leurs privilèges, exorbitants, ont été rendus publics. Ils
touchent 25 500$ par mois, auxquels s’ajoute une prime de 8 500$
- également mensuelle - pour rémunérer une trentaine de
secrétaires et de gardes du corps. La plupart des « élus »
conservent cette somme pour eux - ou sa majeure partie
– car, vivant à l’étranger, ils n’emploient des miliciens ou des
membres de leur tribu - généralement sous payés – qu’à
l’occasion de passages éclairs à Bagdad, dans la Zone verte. Le
quorum de 138 députés n’étant jamais atteint, les lois sont
votées à la majorité des présents, ou à main levée - comme
en octobre 2006 - pour empêcher tout décompte et faire
passer en force celle instaurant le fédéralisme.
Ce n’est
pas tout : lors de sessions interdites aux médias, ils se sont
dispensé de rembourser une avance de 60 000$, exceptionnellement
versée pour acheter une voiture blindée et les véhicules de
protection l’accompagnant. Les élections législatives
approchant, ils se sont alloué chacun un terrain à bâtir de 600
m2, et ont décidé que les députés sortants percevront 80% de
leur salaire actuel pendant 10 ans. Chacun d’entre eux, et sa
famille, disposeront, en outre, d’un passeport diplomatique.
On imagine le
tollé qu’ont provoqué ces informations dans les milieux
populaires. D’autant que depuis l’invasion américaine d’avril
2003, la misère n’a cessé de gagner du terrain. Selon l'Autorité
centrale des statistiques, un organisme public irakien :
23% des Irakiens - c'est-à-dire un habitant
sur quatre - vivent en dessous du seuil de pauvreté avec
moins de 2$ par jour. De 18 à 30 % de la population sont au
chômage. Le salaire moyen d’un fonctionnaire est de 150 $, celui
d’un ouvrier beaucoup moins. Les cadres supérieurs touchant
entre 500 et 1 000$ par mois font figure de privilégiés.
L’Irak n’est pas seulement devenu un des pays les plus
corrompus du monde ; en dehors du pétrole dont la vente alimente
les comptes en Suisse des dirigeants, finance les milices et les
organes répressifs, les industries les plus florissantes sont
les enlèvements contre rançon, la drogue, la prostitution, les
trafics d’organes … et les pompes funèbres.
Publié le 9 décembre 2009 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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