Nouvelles d'Irak
Facebook-Irak: ce que veut le peuple irakien (résumé)
Ihab G. Taha
Gilles Munier
Dimanche 6 mars 2011
Premièrement:
Nous voulons libérer notre patrie
Nous avons été envahis par une grande puissance (les
Etats-Unis), sans l’aval de la communauté internationale et,
bien que les dirigeants de ce pays aient reconnu avoir menti,
l’occupation perdure. En huit ans, nous avons perdu ce que nos
ancêtres ont bâti. Dans notre patrie, nous sommes devenus des
sans patrie.
Beaucoup d’Irakiens de notre génération sont morts pour libérer
le pays, des centaines de milliers ont été ou sont détenus. Nous
continuerons à protester jusqu’à ce que nos frères soient
libérés et que nous retrouvions notre patrie.
Deuxièmement:
Nous voulons renverser le système
Le système qui nous gouverne nous a été imposé par des
puissances étrangères. Il est basé sur le sectarisme et le
racisme. Nous n’en voulons pas. Les partis apparus depuis 2003
ne nous représentent pas. Indifférents à nos souffrances, ils ne
sont préoccupés que par l’enrichissement de leurs membres.
Nous voulons un système juste qui assure l’égalité et la justice
à tous les enfants de notre patrie, sans discrimination
religieuse, raciale et/ou sectaire.
Troisièmement:
Nous exigeons des services publics
Nous vivons dans un pays riche, mais, nous sommes pauvres! Les
habitants du Pays des deux fleuves n’ont pas d’eau potable! Les
habitants de la terre de naphte manquent de gaz et de kérosène,
et les prix de ces produits augmentent sans cesse !
Des centaines de milliers de patients, victimes de la guerre, ne
sont pas soignés, faute d’hôpitaux dignes de ce nom pour
les accueillir. Bon nombre de médecins ont été assassinés;
beaucoup ont été déplacés. L'électricité est presque
inexistante, malgré le budget de 17 milliards de dollars annoncé
pour moderniser les centrales électriques. Dans le centre de
Bagdad, les bâtiments sont des ruines. Dans les provinces, la
situation encore plus déplorable. Les conditions de vie des
citoyens y sont pires que dans les pays d’Afrique les plus
pauvres.
Quatrièmement:
Nous exigeons des emplois
Ceux qui ont dirigé ce pays l’ont fait au détriment de la
jeunesse. Pourtant les moyens de développer l’Irak existent.
Nous avons les diplômes universitaires et les compétences
nécessaires, mais pas de possibilité d’emploi. Nous vivons dans
une situation de chômage amère. Des jeunes brûlent leurs
diplômes par désespoir et frustration.
Les postes les plus élevés sont monopolisés par la direction des
partis politiques et par ceux qui leur sont proches, même
lorsqu’ils n’ont pas les diplômes requis ou les qualifications
demandées.
Tout citoyen a le droit d'avoir un toit, de vivre avec sa
famille ailleurs qu’à ciel ouvert ou jusque dans des cimetières.
Tout citoyen a le droit de vivre en sécurité, de ne pas être à
la merci de gangs du crime organisé, sans être obligé de tendre
la main pour manger ou se vêtir. Nos enfants ont le droit à un
autre avenir que la rue ou l’enrôlement dans des bandes.
Tout citoyen a le droit à un système de santé. Les mères ne
doivent pas mourir en accouchant, faute de soins médicaux, ni
les enfants … (…) …
Grâce à Dieu, notre pays flotte sur une mer de pétrole. Ceux qui
sont incapables de nous fournir un emploi doivent quitter le
leur.
Cinquièmement:
Nous voulons mettre fin à la corruption et juger les corrompus
La corruption a atteint une limite incroyable. Depuis
l'occupation de l’Irak, sous les gouvernements successifs,
environ 400 milliards de dollars ont disparu, un montant
suffisant pour reconstruire deux fois le pays et en faire modèle
de développement. Où est passé tout cet argent ? Il est allé
dans les poches des corrompus. Qui sont-ils ? Ce sont les agents
gouvernementaux, les ministres, les dirigeants des partis, les
membres de gangs et des milices sur les activités desquelles le
Premier ministre refuse d’enquêter.
Dans les autres pays, la corruption est pratiquée en secret. En
Irak, elle est publique! Le dernier cas de corruption a été la
disparition de 45 milliards de dollars du fonds de
développement. A la question : « Ou est passé l’argent ? »,
les fonctionnaires répondent simplement : « Nous n’en savons
rien ». Les dossiers de corruption doivent être rendus
publics. Nous protesterons jusqu’à ce que les coupables soient
emprisonnés.
Aujourd’hui, nous disons:
- que nous en avons marre de la poudre jetée aux yeux du peuple,
- que les promesses en l'air ne satisfont pas ceux qui ont faim,
- que nous ne resterons plus jamais silencieux.
- combien de temps les Irakiens seront-ils divisés entre ceux
qui consomment de la viande, et ceux qui n’ont que des
feuilles pour se nourrir ?
- combien de temps encore certains percevront-ils des
traitements multiples, un seul salaire couvrant les besoins de
toute une tribu, alors que d’autres n’ont pas un centime des
richesses de leur patrie ?
- combien de temps un groupe se chauffera-t-il à la chaleur de
l'incendie provoquée par le processus de combustion des fonds
publics, alors que d'autres meurent de froid la nuit, l'hiver ?
- combien de temps certains boiront-ils de l’eau glacée dans la
chaleur de l'été, alors que d’autres n’ont pour étancher leur
soif que de l'eau d'égout ?
Nous avons foi en Dieu…
Jamais plus nous ne serons silencieux.
* Texte original résumé par Gilles Munier : The Iraqi Revolution
(Our Demands)
http://www.facebook.com/topic.php?uid=179025415465838&topic=812
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 6 mars 2011 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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