Russie
Crimée, un an après : Deux discours
historiques de Vladimir Poutine lors de
l'accession de la Crimée à la Fédération
de Russie
Photo:
D.R.
Mardi 17 mars 2015
Il y a un an
jour pour jour, le 18 mars 2014,
Vladimir Poutine a prononcé deux
discours historiques reproduits
ci-dessous : le premier, au Kremlin, a
acté officiellement le rattachement de
la Crimée à la Fédération de Russie. Le
second (VOSTFR), prononcé lors d’un
rassemblement à Moscou derrière le
slogan « Nous sommes ensemble ! »,
constituait une célébration de ce retour
de la Crimée au berceau russe.
Discours du
Président Vladimir Poutine sur
l’intégration de la Crimée à la
Fédération de Russie – 18 mars 2014
Traduction :
http://www.sayed7asan.blogspot.fr
(depuis
http://eng.kremlin.ru/news/6889)
Vidéo complète :
https://www.youtube.com/watch?v=mhrPXMQUNBA
18 mars 2014 –
Kremlin, Moscou
Vladimir Poutine
s’est adressé aux députés de la Douma,
aux membres du Conseil de la Fédération,
aux délégués des régions russes et aux
représentants de la société civile au
Kremlin.
Président
Vladimir Poutine : Membres du
Conseil de la Fédération, députés de la
Douma, je vous souhaite le bonjour. Les
représentants de la République de Crimée
et de la municipalité de Sébastopol sont
ici parmi nous. Citoyens de Russie,
habitants de Crimée et de Sébastopol !
(Standing ovation)
Chers amis,
Nous sommes réunis
ici aujourd’hui au sujet d’une question
qui est d’une importance vitale, d’une
portée historique pour nous tous. Un
référendum a été organisé en Crimée le
16 mars, dans le plein respect des
procédures et des normes démocratiques
internationales en vigueur.
Plus de 82% de
l’électorat a pris part au vote. Plus de
96% d’entre eux se sont prononcés en
faveur de la réunification avec la
Russie. Ces chiffres parlent
d’eux-mêmes. (Applaudissements)
Pour comprendre la
raison d’un tel choix, il suffit de
connaître l’histoire de la Crimée et ce
que la Russie et la Crimée ont toujours
signifié l’une pour l’autre.
Tout en Crimée
évoque notre histoire et notre fierté
communes. C’est l’emplacement de
l’ancienne
Chersonèse Taurique, où le
Grand-prince
Vladimir Ier a été
baptisé. Son exploit spirituel, à savoir
l’adoption du christianisme orthodoxe, a
prédéterminé la base globale de la
culture, de la civilisation et des
valeurs humaines qui unissent les
peuples de la Russie, de l’Ukraine et de
la Biélorussie. Les tombes des soldats
russes dont la bravoure a permis
l’intégration de la Crimée à l’Empire
russe se trouvent également en
Crimée. C’est aussi
Sébastopol – une ville légendaire
ayant une histoire exceptionnelle, une
forteresse qui constitue le lieu de
naissance de la
Flotte russe de la mer Noire.
(Applaudissements). La Crimée est
Balaklava et
Kertch,
Malakhov Kurgan et le
mont Sapoun. Chacun de ces lieux est
cher à nos cœurs, symbolisant la gloire
de l’armée russe et sa bravoure
exceptionnelle.
La Crimée est un
mélange unique de cultures et de
traditions de différents peuples. Elle
est en cela similaire à la Russie dans
son ensemble, où pas un seul groupe
ethnique n’a été perdu au cours des
siècles. Russes et Ukrainiens, Tatars de
Crimée et personnes d’autres groupes
ethniques ont vécu côte à côte en
Crimée, en conservant leurs propres
identités, leurs traditions, leurs
langues et leurs confessions.
Il faut noter que
la population totale de la péninsule de
Crimée est aujourd’hui de 2,2 millions
de personnes, dont près de 1,5 million
sont Russes, 350 000 sont des Ukrainiens
qui considèrent majoritairement le russe
comme leur langue maternelle, et environ
290 000-300 000 sont des
Tatars de Crimée, qui, comme le
référendum l’a montré, sont eux aussi
favorables à un rapprochement avec la
Russie.
Certes, il fut un
temps où
les Tatars de Crimée étaient traités
injustement, tout comme un certain
nombre d’autres peuples de l’URSS. Il
n’y a qu’une seule chose que je puis
dire ici : des millions de personnes de
différentes ethnies ont souffert durant
ces répressions, et principalement
des Russes.
Les Tatars de
Crimée retournèrent dans leur patrie.
J’estime qu’il est de notre devoir de
prendre toutes les décisions politiques
et législatives nécessaires afin de
finaliser la réhabilitation des Tatars
de Crimée, de les restaurer dans leurs
droits et de rétablir pleinement leur
renom. (Applaudissements)
Nous avons
énormément de respect pour les membres
de tous les groupes ethniques vivant en
Crimée. C’est leur foyer commun, leur
patrie, et il serait juste – je sais que
la population locale y est favorable –
que la Crimée ait trois langues
nationales sur un même pied d’égalité :
le russe, l’ukrainien et le tatar.
(Applaudissements)
Chers collègues,
Dans les cœurs et
les esprits des gens, la Crimée a
toujours été une partie inséparable de
la Russie. Cette conviction profonde est
fondée sur la vérité et la justice et a
été transmise de génération en
génération, au fil du temps, en toutes
circonstances, malgré tous les
changements dramatiques que notre pays a
connus tout au long du XXème
siècle.
Après la
révolution, les bolcheviks, pour
diverses raisons – que Dieu les juge –
ont ajouté de grandes sections du Sud
historique de la Russie à la République
d’Ukraine. Cela a été fait sans tenir
compte de la composition ethnique de la
population, et aujourd’hui, ces zones
forment le Sud-Est de l’Ukraine. Puis,
en 1954, il a été décidé que la région
de Crimée serait transférée à l’Ukraine,
ainsi que Sébastopol, en dépit du fait
qu’il s’agissait d’une ville fédérale.
Ce fut là l’initiative personnelle du
chef du Parti communiste Nikita
Khrouchtchev. Déterminer ce qui a motivé
sa décision – un désir de gagner le
soutien de l’establishment politique
ukrainien ou d’expier les répressions de
masse des années 1930 en Ukraine – est
la tâche des historiens.
Ce qui importe
maintenant, c’est que cette décision
avait été prise en violation flagrante
des normes constitutionnelles qui
étaient en vigueur à l’époque même. La
décision avait été prise dans les
coulisses. Naturellement, puisque cela
se passait dans un Etat totalitaire,
personne n’avait pris la peine de
demander l’avis des citoyens de Crimée
et de Sébastopol. Ils ont été mis devant
le fait accompli. Les gens, bien sûr, se
sont demandés pourquoi tout d’un coup la
Crimée devenait une partie de l’Ukraine.
Mais dans l’ensemble – et nous devons le
dire clairement, car nous le savons tous
– cette décision a été considérée comme
une simple formalité parce que le
territoire de Crimée était transféré à
l’intérieur des limites d’un seul et
même État [l’URSS]. À l’époque, il était
impossible d’imaginer que l’Ukraine et
la Russie pouvaient se séparer et
devenir deux États distincts. Cependant,
c’est ce qui s’est produit.
Malheureusement, ce
qui semblait impossible est devenu une
réalité. L’URSS s’est effondrée. Les
choses ont évolué si rapidement que peu
de gens ont réalisé à quel point ces
événements et leurs conséquences
allaient prendre des proportions
véritablement dramatiques. Beaucoup de
gens en Russie et en Ukraine, ainsi que
dans d’autres républiques, espéraient
que la
Communauté des États indépendants
qui a été créée à ce moment deviendrait
la nouvelle forme commune de l’Etat. On
leur a dit qu’il y aurait une monnaie
unique, un espace économique unique, des
forces armées conjointes ; mais tout
cela n’a pas dépassé le stade des
promesses vides, alors que le grand pays
avait disparu. Ce n’est que lorsque la
Crimée a fini en tant que partie d’un
autre pays que la Russie s’est rendue
compte qu’elle n’était pas simplement
spoliée, mais bel et bien pillée.
Dans le même temps,
nous devons reconnaître qu’en lançant le
mouvement des souverainetés, la Russie
elle-même a contribué à l’effondrement
de l’Union soviétique. Et lorsque cet
effondrement a été légalisé, tout le
monde a oublié la Crimée et Sébastopol –
la base principale de la Flotte de la
mer Noire. Des millions de personnes se
sont couchées dans un pays et se sont
réveillées dans d’autres, devenant du
jour au lendemain des minorités
ethniques dans les anciennes républiques
de l’Union, tandis que la nation russe
est devenue l’un des plus grands, sinon
le plus grand groupe ethnique au monde à
être divisé par des frontières.
Maintenant, des
années plus tard, j’ai entendu des
résidents de Crimée dire qu’en 1991, ils
ont été abandonnés comme un sac de
pommes de terre. Il est difficile d’être
en désaccord avec cette affirmation.
Qu’a fait l’Etat russe ? Qu’a fait la
Russie ? Elle a accepté humblement la
situation. Ce pays traversait alors des
temps si difficiles qu’il était alors
absolument incapable de protéger ses
intérêts. Cependant, les gens ne
pouvaient pas se résigner à cette
injustice historique scandaleuse. Durant
toutes ces années, des citoyens et de
nombreuses personnalités sont revenus
sur cette question, affirmant que la
Crimée est une terre historiquement
russe et que Sébastopol est une ville
russe. Oui, nous le savions tous dans
nos cœurs et dans nos esprits, mais nous
devions agir selon la réalité existante
et construire nos relations de bon
voisinage avec l’Ukraine indépendante
sur une nouvelle base. Durant toutes ces
années, nos relations avec l’Ukraine,
avec le peuple ukrainien frère ont
toujours été et resteront de toute
première importance pour nous.
(Applaudissements)
Aujourd’hui, nous
pouvons en parler ouvertement, et je
voudrais partager avec vous quelques
détails concernant les négociations qui
ont eu lieu au début des années 2000. Le
Président de l’Ukraine d’alors, M.
Koutchma, m’a demandé d’accélérer le
processus de délimitation de la
frontière russo-ukrainienne. À ce
moment, le processus était pratiquement
à l’arrêt. La Russie semblait avoir
reconnu la Crimée comme une partie de
l’Ukraine, mais il n’y avait pas de
négociations sur la délimitation des
frontières. Malgré la complexité de la
situation, j’ai immédiatement donné des
instructions aux organismes
gouvernementaux russes afin d’accélérer
leur travail pour documenter les
frontières, de sorte que tout le monde
ait une compréhension claire du fait
qu’en acceptant de délimiter la
frontière, nous admettions de facto
et de jure que la Crimée était un
territoire ukrainien, mettant ainsi un
terme à cette question.
Nous avons donné
satisfaction à l’Ukraine non seulement
en ce qui concerne la Crimée, mais aussi
sur une question aussi complexe que les
frontières maritimes dans la
mer d’Azov et le
détroit de Kertch. Les
considérations qui motivaient alors nos
actions étaient qu’avoir de bonnes
relations avec l’Ukraine était
primordial pour nous et que cela ne
devait pas être compromis par une
impasse dans des conflits territoriaux.
Toutefois, nous nous attendions à ce que
l’Ukraine reste notre bon voisin, et
nous espérions que les citoyens russes
et russophones d’Ukraine, en particulier
le Sud-Est et la Crimée, vivraient dans
un Etat ami, démocratique et civilisé
qui protégerait leurs droits,
conformément aux normes du droit
international.
Cependant, ce n’est
pas la manière dont les choses ont
évolué. Maintes et maintes fois, des
tentatives ont été faites pour priver
les Russes de leur mémoire historique et
même de leur langue, et pour les
soumettre à une assimilation forcée. En
outre, les Russes, tout comme d’autres
citoyens de l’Ukraine, souffrent de la
crise politique et institutionnelle
constante qui a secoué le pays depuis
plus de 20 ans.
Je comprends
pourquoi le peuple ukrainien voulait un
changement. Il en a eu assez des
autorités au pouvoir durant les années
de l’indépendance de l’Ukraine.
(Applaudissements) Les présidents,
les Premiers ministres et les
parlementaires changeaient, mais leur
attitude à l’égard du pays et de ses
habitants restait la même. Ils ont
dépouillé le pays, se sont battus entre
eux pour obtenir du pouvoir, des actifs
et des liquidités et ne se sont guère
souciés des gens du quotidien. Ils ne se
sont pas demandés pourquoi des millions
de citoyens ukrainiens ne voyaient
aucune opportunité chez eux et partaient
dans d’autres pays pour travailler comme
journaliers. Je tiens à souligner cela :
ils n’ont pas fui en direction d’une
quelconque Silicon Valley, mais
pour devenir journaliers. L’an dernier
seulement, près de 3 millions de
personnes ont trouvé de tels emplois en
Russie. Selon diverses sources, en 2013,
leurs revenus en Russie ont totalisé
plus de 20 milliards de dollars, ce qui
représente environ 12% du PIB de
l’Ukraine.
Je tiens à répéter
que je comprends ceux qui sont venus sur
la place Maïdan avec des slogans
pacifiques contre la corruption, la
mauvaise gestion de l’Etat et la
pauvreté. Le droit à la manifestation
pacifique, à des procédures
démocratiques et à des élections
pacifiques existe dans le seul but de
remplacer les autorités qui ne donnent
pas satisfaction au peuple par d’autres.
Cependant, ceux qui étaient derrière les
derniers événements en Ukraine avaient
un ordre du jour différent : ils
préparaient un nouveau renversement du
gouvernement ; ils voulaient s’emparer
du pouvoir et ne reculaient devant rien.
Ils ont eu recours à la terreur, à
l’assassinat et aux pogroms. Des
nationalistes, des néo-nazis, des
russophobes et des antisémites ont
exécuté ce coup d’Etat. Ils continuent à
donner le ton en Ukraine jusqu’à ce
jour.
Les nouvelles
soi-disant autorités ont commencé par
l’introduction d’un projet de loi de
révision de la politique linguistique,
qui était une violation directe des
droits des minorités ethniques.
Cependant, ils ont été immédiatement «
rappelés à l’ordre » par les bailleurs
de fonds étrangers de ces soi-disant
politiciens. Il faut admettre que les
mentors de ces autorités actuelles sont
intelligents et savent bien à quoi ces
tentatives de construire un Etat
purement ukrainien peuvent conduire. Le
projet de loi a été mis de côté, mais
clairement gardé en réserve pour
l’avenir. Aujourd’hui, pratiquement plus
aucune mention n’est faite de cette
tentative, probablement sur la
présomption que les gens ont la mémoire
courte. Néanmoins, nous pouvons tous
clairement percevoir les intentions de
ces héritiers idéologiques de
Bandera, le complice d’Hitler
pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il est également
évident qu’il n’y a pas d’autorité
exécutive légitime en Ukraine à présent,
il n’y a personne à qui parler. De
nombreux organismes gouvernementaux ont
été saisis par les imposteurs, mais ils
n’ont aucun contrôle sur le pays, alors
qu’eux-mêmes – et je tiens à le
souligner – sont souvent contrôlés par
des radicaux. Dans certains cas, vous
avez besoin d’un permis spécial des
militants de la place Maïdan pour
rencontrer certains ministres de
l’actuel gouvernement. Ce n’est pas une
plaisanterie : c’est la réalité.
Ceux qui se sont
opposés au coup d’Etat ont été
immédiatement menacés de répression.
Bien entendu, la première ligne a été la
Crimée, la Crimée russophone. Face à ces
événements, les habitants de Crimée et
de Sébastopol se sont tournés vers la
Russie pour qu’elle les aide à défendre
leurs droits et leurs vies et à empêcher
la propagation des événements qui se
déroulaient et sont toujours en cours à
Kiev, Donetsk, Kharkov et dans d’autres
villes ukrainiennes.
Naturellement, nous
ne pouvions pas laisser cet appel sans
réponse ; nous ne pouvions pas
abandonner la Crimée et ses habitants en
détresse. Cela aurait été une trahison
de notre part. (Applaudissements)
Tout d’abord, nous
avons dû les aider à créer des
conditions telles que les habitants de
la Crimée puissent, pour la première
fois dans l’histoire, exprimer
pacifiquement leur libre arbitre quant à
leur propre avenir. Cependant, qu’est-ce
que nous entendons de la part de nos
collègues en Europe occidentale et en
Amérique du Nord ? Ils disent que nous
violons les normes du droit
international. Tout d’abord, c’est une
bonne chose qu’ils se souviennent enfin,
au moins, qu’il existe une telle chose,
à savoir le droit international – mieux
vaut tard que jamais.
(Applaudissements)
Deuxièmement, et
plus important encore – qu’est-ce que
nous violons exactement ? Certes, le
président de la Fédération de Russie a
reçu l’autorisation de la Chambre haute
du Parlement d’utiliser les forces
armées en Ukraine. Cependant, à
proprement parler, personne n’a encore
donné suite à cette autorisation. Les
forces armées russes ne sont jamais
entrées en Crimée ; elles étaient déjà
là, conformément à un accord
international. Certes, nous avons
rehaussé nos forces en présence, mais –
c’est quelque chose que je voudrais que
tout le monde entende et sache – nous
n’avons pas dépassé la limite en
personnel pour nos forces armées en
Crimée, qui est fixée à 25 000 hommes,
parce qu’il n’y avait pas besoin de le
faire.
Point suivant.
Lorsqu’il a déclaré son indépendance et
a décidé d’organiser un référendum, le
Conseil suprême de Crimée s’est référé à
la Charte des Nations Unies, qui parle
du droit des nations à
l’autodétermination. A ce propos, je
tiens à vous rappeler que lorsque
l’Ukraine a fait sécession de l’URSS,
elle a fait exactement la même chose,
presque mot pour mot. L’Ukraine a
utilisé ce droit, mais les habitants de
la Crimée se le voient dénié. Pourquoi
donc ?
En outre, les
autorités de Crimée se sont référées au
précédent bien connu du Kosovo – un
précédent que nos collègues occidentaux
ont créé de leurs propres mains dans une
situation très semblable, quand ils ont
convenu que la séparation unilatérale du
Kosovo d’avec la Serbie, exactement ce
que la Crimée est en train de faire en
ce moment, était légitime et n’avait pas
besoin d’une quelconque autorisation des
autorités centrales du pays.
Conformément à l’article 2 du chapitre 1
de la Charte des Nations Unies, la Cour
internationale de l’ONU a approuvé cette
approche et a fait le commentaire
suivant dans sa décision du 22 juillet
2010, et je cite: « Aucune interdiction
générale ne peut être déduite de la
pratique du Conseil de sécurité en ce
qui concerne les déclarations
d’indépendance ». Et encore : « Le droit
international général ne contient aucune
interdiction contre les déclarations
d’indépendance. » Clair comme de l’eau
de roche, comme ils disent.
Je n’aime pas à
recourir à des citations, mais dans ce
cas, je ne peux pas faire autrement.
Voici une citation extraite d’un autre
document officiel : l’exposé écrit des
Etats-Unis d’Amérique du 17 avril 2009,
soumis à la même Cour internationale des
Nations Unies dans le cadre des
audiences sur le Kosovo. Encore une
fois, je cite : « Les déclarations
d’indépendance peuvent – et c’est
souvent le cas – violer la législation
nationale. Toutefois, cela n’en fait pas
des violations du droit international. »
Fin de citation. Ils ont écrit cela, ils
l’ont disséminé partout dans le monde,
ils ont obtenu l’accord de tous, et
maintenant, ils sont scandalisés.
Qu’est-ce qui les outrage ainsi ?
(Applaudissements) En l’occurrence,
les actions du peuple de Crimée sont
tout à fait conformes à ces
instructions. Pour une raison
quelconque, des choses que les Albanais
du Kosovo (et nous avons beaucoup de
respect pour eux) ont été autorisés à
faire, les Russes, les Ukrainiens et les
Tatars de Crimée ne sont pas autorisés à
le faire. Encore une fois, on se demande
pourquoi.
Nous ne cessons
d’entendre de la part des États-Unis et
de l’Europe occidentale que le Kosovo
est une sorte de cas particulier.
Qu’est-ce qui le rend si spécial aux
yeux de nos collègues ? Il s’avère que
c’est le fait que le conflit au Kosovo
ait donné lieu à tant de pertes en vies
humaines. Est-ce là un argument
juridique ? La décision de la Cour
internationale ne dit rien à ce sujet.
Ce n’est même pas un « deux poids deux
mesures » ; c’est du cynisme brutal,
primitif, colossal. Il ne faut pas
essayer aussi crûment de tout adapter à
ses intérêts particuliers, caractérisant
une même chose comme « blanche »
aujourd’hui et « noire » demain. Selon
cette logique, nous devrions faire en
sorte que tous les conflits conduisent à
des pertes en vies humaines.
Je vais l’affirmer
clairement : si les forces locales
d’auto-défense de Crimée n’avaient pas
pris la situation en main, il y aurait
également pu y avoir des victimes.
Heureusement, cela n’est pas arrivé. Il
n’y a pas eu la moindre confrontation
armée en Crimée et il n’y a eu aucune
victime. (Applaudissements)
D’après vous, pourquoi les choses se
sont-elles passées ainsi ? La réponse
est simple : parce qu’il est très
difficile, pratiquement impossible de
lutter contre la volonté du peuple. Ici,
je tiens à remercier l’armée ukrainienne
– et il s’agit de 22 000 militaires
portant les armes. Je tiens à remercier
les membres des forces de sécurité
ukrainiennes qui se sont abstenus de
répandre le sang et qui n’en ont pas
tâché leurs uniformes.
(Applaudissements)
D’autres réflexions
viennent à l’esprit à cet égard. Ils
n’arrêtent pas de parler de quelque
intervention russe en Crimée, d’une
sorte d’agression. Il est étrange
d’entendre cela. Je ne connais pas un
seul cas dans l’histoire où une telle
intervention se soit produite sans un
seul coup de feu et sans faire de
victimes.
Chers collègues,
Comme un miroir, la
situation en Ukraine reflète ce qui se
passe et ce qui s’est passé dans le
monde au cours des dernières décennies.
Depuis la dissolution de la bipolarité
sur la planète, nous n’avons plus de
stabilité. Les principales institutions
internationales ne sont pas renforcées ;
au contraire, dans de nombreux cas,
elles se dégradent gravement. Nos
partenaires occidentaux, menés par les
États-Unis d’Amérique, préfèrent ne pas
être guidés par le droit international
dans leurs politiques concrètes, mais
par la force des armes. Ils en sont
venus à croire en leur exclusivité et à
leur exceptionnalisme, à croire qu’ils
peuvent décider eux-mêmes ce que doivent
être les destinées du monde, à croire
qu’ils sont les seuls à être toujours
dans leur bon droit. Ils agissent à leur
guise : ici et là, ils utilisent la
force contre des États souverains,
créant des coalitions sur la base du
principe « Si vous n’êtes pas avec nous,
vous êtes contre nous. » Afin de donner
un semblant de légitimité à leurs
agressions, ils forcent les
organisations internationales à adopter
les résolutions nécessaires, et si pour
quelque raison cela ne fonctionne pas,
ils ignorent tout simplement le Conseil
de sécurité de l’ONU et même l’ONU dans
son ensemble.
Cela s’est produit
en Yougoslavie ; nous nous souvenons
très bien de l’année 1999. Il était
difficile de croire, même en le voyant
de mes propres yeux, qu’à la fin du XXe
siècle, l’une des capitales de l’Europe,
Belgrade, était soumise à une attaque de
missiles pendant plusieurs semaines,
avant que l’intervention réelle n’ait
lieu. Y a-t-il eu une résolution du
Conseil de sécurité de l’ONU sur cette
question, autorisant de telles actions ?
Rien de tel. Puis ils ont frappé
l’Afghanistan, l’Irak, et ils ont
franchement violé la résolution du
Conseil de sécurité de l’ONU sur la
Libye, quand, au lieu d’imposer la zone
dite d’exclusion aérienne au-dessus de
ce pays, ils ont également commencé à le
bombarder.
Il y a eu toute une
série de révolutions « colorées »
contrôlées depuis l’extérieur. De toute
évidence, les populations de ces pays,
dans lesquels ces événements ont eu
lieu, en avaient assez de la tyrannie et
de la pauvreté, de leur manque de
perspectives ; mais ces sentiments ont
été cyniquement mis à profit. Des normes
qui ne correspondaient en aucune façon
aux modes de vie, aux traditions ou aux
cultures de ces peuples leur ont été
imposées. En conséquence, au lieu de la
démocratie et de la liberté, il y eut le
chaos, les flambées de violences et une
série de bouleversements dramatiques. Le
« Printemps arabe » s’est transformé en
« Hiver arabe ».
Des événements
similaires se sont déroulés en Ukraine.
En 2004, pour faire passer leur candidat
aux élections présidentielles, ils ont
concocté une sorte de troisième tour qui
n’était pas prévu par la loi. C’était un
simulacre absurde, un détournement
grossier de la constitution. Et
maintenant, ils ont jeté au pouvoir une
armée de militants organisés et bien
équipés.
Nous comprenons
parfaitement ce qui se passe ; nous
comprenons que ces actions ont été
dirigées contre l’Ukraine et la Russie
et contre l’intégration eurasienne. Et
tout cela alors que la Russie
s’efforçait d’engager un dialogue avec
nos collègues de l’Ouest. Nous proposons
constamment la coopération sur toutes
les questions clés ; nous voulons
renforcer notre niveau de confiance et
nous voulons que nos relations se
fassent sur un pied d’égalité, et soient
ouvertes et équitables. Mais nous
n’avons vu aucune mesure réciproque.
Au contraire, ils
nous ont menti à plusieurs reprises, ils
ont pris des décisions dans notre dos,
ils nous ont placés devant des faits
accomplis. Cela s’est produit avec
l’expansion de l’OTAN vers l’Est, ainsi
qu’avec le déploiement d’infrastructures
militaires à nos frontières. Ils nous
répétaient à chaque fois la même chose:
« Eh bien, cela ne vous concerne pas. »
Facile à dire.
Cela s’est produit
avec le déploiement d’un système de
défense antimissile. En dépit de toutes
nos appréhensions, le projet a été mis
en place et va de l’avant. Cela s’est
produit avec les atermoiements
sempiternels dans les négociations sur
les questions de visa, les promesses
d’une concurrence loyale et le libre
accès aux marchés mondiaux.
Aujourd’hui, nous
sommes menacés de sanctions, mais nous
subissons déjà de nombreuses limitations
qui ont un impact majeur pour nous, pour
notre économie et pour notre nation. Par
exemple, toujours à l’époque de la
guerre froide, les États-Unis et par la
suite d’autres nations ont dressé une
grande liste de technologies et
d’équipements qui ne pouvaient pas être
importés par l’URSS, créant pour cela le
Comité de coordination pour le contrôle
multilatéral des exportations.
Aujourd’hui, il a officiellement été
dissout, mais seulement formellement, et
en réalité, de nombreuses limitations
sont toujours en vigueur.
En bref, nous avons
toutes les raisons de supposer que
l’infâme politique d’endiguement
conduite aux XVIIIe, XIXe
et XXe siècles se poursuit
aujourd’hui. Ils sont constamment en
train d’essayer de nous confiner dans un
coin parce que nous avons une position
indépendante, parce que nous la
maintenons et parce que nous appelons
les choses par leur nom et ne nous
engageons pas dans l’hypocrisie. Mais il
y a une limite à tout. Et avec
l’Ukraine, nos partenaires occidentaux
ont dépassé les bornes, en jouant les
durs et en agissant de façon
irresponsable et non professionnelle.
(Applaudissements)
Après tout, ils
étaient pleinement conscients du fait
qu’il y a des millions de Russes vivant
en Ukraine et en Crimée. Ils doivent
avoir vraiment manqué d’instinct
politique et de bon sens pour ne pas
avoir prévu toutes les conséquences de
leurs actes. La Russie s’est trouvée
dans une position d’où elle ne pouvait
pas se retirer. Si vous compressez le
ressort au maximum, il se détendra avec
vigueur. Vous devez toujours vous
souvenir de cela.
Aujourd’hui, il est
impératif de mettre fin à cette
hystérie, de réfuter la rhétorique de la
guerre froide et d’accepter l’évidence :
la Russie est un participant indépendant
et actif dans les affaires
internationales ; comme d’autres pays,
elle a ses propres intérêts nationaux
qui doivent être pris en compte et
respectés. (Applaudissements)
Dans le même temps,
nous sommes reconnaissants envers tous
ceux qui ont compris nos actions en
Crimée ; nous sommes reconnaissants
envers le peuple chinois
(Applaudissements), dont les
dirigeants ont toujours considéré la
situation en Ukraine et en Crimée en
tenant compte de tout le contexte
historique et politique, et nous
apprécions grandement la réserve et
l’objectivité de l’Inde.
Aujourd’hui, je
voudrais m’adresser au peuple des
États-Unis d’Amérique, ce peuple qui,
depuis la fondation de sa nation et
l’adoption de la Déclaration
d’Indépendance, s’est toujours
enorgueilli de placer la liberté
par-dessus tout. Le désir des habitants
de Crimée de choisir librement leur sort
n’est-il pas basé sur une valeur
similaire ? Je vous prie de nous
comprendre.
Je crois que les
Européens, surtout les Allemands,
pourront aussi me comprendre.
Permettez-moi de vous rappeler que dans
le cadre des consultations politiques
sur l’unification de l’Allemagne de
l’Est et de l’Ouest, les experts –
pourtant placés à un très haut niveau de
responsabilités – de certains pays qui
étaient alors et sont maintenant les
alliés de l’Allemagne n’ont pas soutenu
l’idée de l’unification. Notre nation,
cependant, a soutenu sans équivoque le
désir sincère et irrésistible des
Allemands pour une unité nationale. Je
suis convaincu que vous n’avez pas
oublié cela, et je m’attends à ce que
les citoyens d’Allemagne soutiennent
également l’aspiration des Russes, de la
Russie historique, à restaurer l’unité.
(Applaudissements)
Je tiens également
à m’adresser au peuple d’Ukraine. Je
souhaite sincèrement que vous nous
compreniez : nous ne voulons vous nuire
en aucune façon, pas plus que nous ne
voulons blesser vos sentiments
nationaux. Nous avons toujours respecté
l’intégrité territoriale de l’Etat
ukrainien, contrairement – il faut le
souligner – à ceux qui ont sacrifié
l’unité de l’Ukraine à leurs ambitions
politiques. Ils affichent des slogans
sur la grandeur de l’Ukraine, mais ce
sont eux qui ont tout fait pour diviser
la nation. L’impasse civile
d’aujourd’hui repose entièrement sur
leur conscience. Je veux que vous
m’écoutiez, mes chers amis. Ne croyez
pas ceux qui veulent que vous ayez peur
de la Russie, et qui crient que d’autres
régions suivront la Crimée. Nous ne
voulons pas diviser l’Ukraine ; nous
n’avons pas besoin de cela. Quant à la
Crimée, elle était et demeure une terre
russe, ukrainienne et tatare.
(Applaudissements)
Je le répète, tout
comme elle l’a été durant des siècles,
elle sera un foyer pour tous les peuples
qui y vivent. Ce qu’elle ne sera et ne
fera jamais, c’est suivre la voie de
Bandera ! (Ovation)
La Crimée est notre
héritage historique commun et un facteur
très important pour la stabilité
régionale. Et ce territoire stratégique
devrait faire partie d’une souveraineté
forte et stable, qui, aujourd’hui, ne
peut être que russe. (Ovation)
Sinon, mes chers amis (je m’adresse à la
fois à l’Ukraine et à la Russie), vous
et nous – les Russes et les Ukrainiens –
pourrions perdre complètement la Crimée,
et cela pourrait se produire dans une
perspective historique proche. Je vous
prie de réfléchir à cela.
Permettez-moi de
souligner également que nous avons déjà
entendu des déclarations de Kiev selon
lesquelles l’Ukraine allait bientôt
rejoindre l’OTAN. Qu’est-ce que cela
aurait impliqué pour la Crimée et
Sébastopol dans l’avenir ? Cela aurait
signifié que la marine de l’OTAN serait
juste là, dans cette ville de la gloire
militaire de la Russie, et cela ne
créerait non pas une menace illusoire
mais une menace parfaitement réelle pour
l’ensemble du Sud de la Russie. Ce sont
des choses qui auraient pu devenir
réalité sans le choix qu’a fait le
peuple de Crimée, et je tiens à le
remercier pour cela.
(Applaudissements)
Mais permettez-moi
également de vous dire que nous ne
sommes pas opposés à la coopération avec
l’OTAN, parce que ce n’est certainement
pas le cas. Malgré tous les processus
internes à l’œuvre dans cette
organisation, l’OTAN demeure une
alliance militaire, et nous sommes
contre le fait qu’une alliance militaire
prenne ses quartiers dans notre
arrière-cour ou dans notre territoire
historique. Je ne peux tout simplement
pas imaginer que nous allions rendre
visite aux marins de l’OTAN à
Sébastopol. Bien sûr, la plupart d’entre
eux sont des gens merveilleux, mais il
serait préférable que ce soit eux qui
nous rendent visite et soient nos hôtes
[à Sébastopol], plutôt que l’inverse.
(Applaudissements)
Permettez-moi de
dire très franchement que ce qui se
passe actuellement en Ukraine nous
touche profondément, et qu’il est
douloureux pour nous de voir la
souffrance de la population et son
incertitude sur la façon de s’en sortir
aujourd’hui et sur ce qui l’attend
demain. Nos préoccupations sont
compréhensibles parce que nous ne sommes
pas simplement de proches voisins, mais,
comme je l’ai dit plusieurs fois déjà,
nous sommes un même peuple. Kiev est la
mère des villes russes.
(Applaudissements) La
Rus’ de Kiev ancienne est notre
source commune et nous ne pouvons pas
vivre l’un sans l’autre.
Permettez-moi de
dire encore une autre chose. Des
millions de Russes et de russophones
vivent en Ukraine et continueront à y
vivre. La Russie défendra toujours leurs
intérêts par des moyens politiques,
diplomatiques et juridiques.
(Applaudissements) Mais il devrait
être avant tout dans l’intérêt de
l’Ukraine elle-même de garantir que les
droits et les intérêts de ces personnes
soient pleinement protégés. C’est la
garantie de la stabilité de l’Etat de
l’Ukraine et de son intégrité
territoriale.
Nous voulons être
amis avec l’Ukraine et nous voulons que
l’Ukraine soit un pays fort, souverain
et autonome. Après tout, l’Ukraine est
l’un de nos principaux partenaires. Nous
avons beaucoup de projets communs et je
crois en leur succès, malgré les
difficultés actuelles. Plus important
encore, nous voulons que la paix et
l’harmonie règnent en Ukraine, et nous
sommes prêts à travailler avec d’autres
pays et à faire tout notre possible pour
faciliter et soutenir ces objectifs.
Mais comme je l’ai dit, seul le peuple
de l’Ukraine lui-même peut redresser sa
propre maison.
Résidents de Crimée
et de la municipalité de Sébastopol, la
Russie tout entière a admiré votre
courage, votre dignité et votre
bravoure. (Applaudissements)
C’est vous qui avez décidé de l’avenir
de la Crimée. Nous étions plus proches
que jamais durant ces jours, nous
soutenant mutuellement. C’étaient des
sentiments sincères de solidarité. C’est
lors de tournants historiques tels que
ceux-ci qu’une nation démontre sa
maturité et sa force d’esprit. Le peuple
russe a démontré sa maturité et sa force
par son soutien uni en faveur de ses
compatriotes. (Applaudissements)
Sur cette question,
la politique étrangère de la Russie a
tiré sa fermeté de la volonté de
millions de personnes parmi notre
peuple, de notre unité nationale et du
soutien des principales forces
politiques et publiques de notre pays.
Je tiens à remercier tout le monde pour
cet esprit patriotique, tout le monde
sans exception. Maintenant, nous devons
continuer dans cette voie et maintenir
ce genre de consolidation afin de
résoudre les tâches auxquelles notre
pays est confronté sur le chemin qu’il a
à parcourir.
Evidemment, nous
rencontrerons une opposition externe,
mais c’est une décision que nous devons
prendre pour nous-mêmes. Sommes-nous
prêts à défendre systématiquement nos
intérêts nationaux, ou bien allons-nous
toujours céder, nous retirer Dieu sait
où ? Certains politiciens occidentaux
nous menacent déjà non seulement de
sanctions, mais aussi de la perspective
de problèmes de plus en plus graves sur
le plan intérieur. Je voudrais savoir ce
qu’ils ont précisément à l’esprit : des
actions par une cinquième colonne, ce
groupe disparate de « traîtres à la
nation » ? Ou bien ont-ils l’espoir de
nous mettre dans une situation sociale
et économique qui se dégrade de manière
à provoquer le mécontentement populaire
? Nous considérons de telles
déclarations comme irresponsables et
clairement agressives dans leur ton, et
nous allons y répondre en conséquence.
Dans le même temps, nous ne
rechercherons jamais la confrontation
avec nos partenaires, que ce soit à
l’Est ou à l’Ouest, mais au contraire,
nous ferons tout notre possible pour
bâtir les relations civilisées et de bon
voisinage que l’on est censé avoir dans
le monde moderne.
Chers collègues,
Je comprends le
peuple de Crimée, qui a posé la question
du référendum dans les termes les plus
clairs possibles : la Crimée
devrait-elle être avec l’Ukraine ou avec
la Russie ? Nous pouvons affirmer avec
certitude que les autorités de Crimée et
de Sébastopol, les autorités
législatives, lorsqu’elles ont formulé
la question, ont mis de côté les
intérêts de groupe et les intérêts
politiques, faisant des seuls intérêts
fondamentaux du peuple la pierre
angulaire de leur tâche. Les
circonstances particulières de la Crimée
– historiques, démographiques,
politiques et économiques – auraient
rendu toute autre option proposée, si
tentante qu’elle puisse être à première
vue, seulement temporaire et fragile, et
auraient inévitablement conduit à une
nouvelle aggravation de la situation
locale, ce qui aurait eu des effets
désastreux sur la vie des habitants. Le
peuple de Crimée a donc décidé de poser
la question dans des termes fermes et
sans compromis, sans zones d’ombre. Le
référendum a été équitable et
transparent, et le peuple de Crimée a
exprimé sa volonté de manière claire et
convaincante et a déclaré qu’il veut
être avec la Russie.
(Applaudissements)
La Russie devra
maintenant elle aussi prendre une
décision difficile, en tenant compte des
diverses considérations internes et
externes. Qu’en pense le peuple ici en
Russie ? Ici, comme dans tout pays
démocratique, les gens ont différents
points de vue, mais je tiens à faire
remarquer que la majorité absolue de
notre peuple soutient clairement ce qui
se passe.
Les sondages les
plus récents de l’opinion publique menés
ici en Russie montrent que 95 % de notre
peuple pense que la Russie doit protéger
les intérêts des Russes et des membres
d’autres groupes ethniques vivant en
Crimée – 95 % de nos concitoyens.
(Applaudissements) Plus de 83 %
pensent que la Russie devrait le faire
même si cela devait compliquer nos
relations avec d’autres pays.
(Applaudissements) Un total de 86 %
de notre peuple considère la Crimée
comme étant toujours un territoire russe
et une partie des terres de notre pays.
(Applaudissements) Et un chiffre
particulièrement important, qui
correspond exactement aux résultats du
référendum de Crimée : près de 92 % de
notre peuple soutient la réunification
de la Crimée avec la Russie.
(Applaudissements)
Ainsi, nous voyons
que l’écrasante majorité du peuple de
Crimée et la majorité absolue du peuple
de la Fédération de Russie sont
favorables à la réunification de la
République de Crimée et de la ville de
Sébastopol avec la Russie. (Standing
ovation)
Maintenant, c’est
la propre décision politique de la
Russie qui doit intervenir, et toute
décision ici ne peut être fondée que sur
la volonté du peuple, car le peuple est
la source ultime de toute autorité.
(Applaudissements)
Membres du Conseil
de la Fédération, députés de la Douma
nationale, citoyens de Russie, habitants
de Crimée et de Sébastopol, aujourd’hui,
conformément à la volonté du peuple, je
soumets à l’Assemblée fédérale une
demande pour envisager une loi
constitutionnelle sur la création de
deux nouvelles entités constitutives de
la Fédération de Russie : la République
de Crimée et la municipalité de
Sébastopol (Standing ovation), et
pour ratifier le traité d’admission de
Crimée et de Sébastopol à la Fédération
de Russie, qui est déjà prêt à être
signé. Je suis persuadé de votre
soutien. (Standing ovation)
Discours du
Président Vladimir Poutine lors du
rassemblement de soutien à l'adhésion de
la Crimée à la Fédération de Russie
« Nous sommes ensemble! » – 18 mars 2014
Source :
http://eng.kremlin.ru/transcripts/6892
Version
française et vidéo :
http://www.sayed7asan.blogspot.fr
Vidéo sous-titrée :
https://www.youtube.com/watch?v=rFtE97gktNs
PRESIDENT DE LA
FEDERATION DE RUSSIE VLADIMIR POUTINE :
Mes chers amis,
C’est un jour de
grande joie et de bonheur pour nous !
Citoyens de Russie,
habitants de Crimée et de Sébastopol !
Après un long
périple, difficile et épuisant, la
Crimée et Sébastopol sont de retour dans
leur foyer, dans leur terre natale, dans
leur port d’attache, la Russie !
Je tiens à
remercier les habitants de Crimée et de
Sébastopol pour leur prise de position
cohérente et décisive et pour leur
volonté clairement exprimée d’être avec
la Russie. Nous avons tous ressenti de
l’émotion pour eux, et la Russie leur a
donné sa chaleur, s’est tournée vers eux
et leur a ouvert son cœur.
Nous sommes
extrêmement préoccupés par les
événements qui se déroulent en Ukraine,
mais je crois que l’Ukraine surmontera
toutes ces difficultés. Nous ne sommes
pas de simples voisins, nous sommes une
famille, et notre réussite future dépend
de nos deux pays, à la fois de la Russie
et de l’Ukraine.
Je voudrais encore
une fois remercier les habitants de
Crimée et de Sébastopol pour leur
courage et leur persévérance, pour être
restés fidèles à la mémoire de leurs
ancêtres héroïques et pour avoir
maintenu leur amour pour notre mère
patrie, la Russie, à travers les
décennies.
Ensemble, nous
avons accompli de grandes choses, mais
il reste encore beaucoup à faire, plus
de tâches à mener à bien. Cependant, je
suis certain que nous allons surmonter
tous ces problèmes, et nous le ferons
parce que nous sommes ensemble.
Vive la Russie !
Le rassemblement
s’est conclu par l’hymne national de la
Fédération de Russie :
Russie ô notre
patrie sacrée,
Russie ô notre
pays bien-aimé.
Une volonté
puissante, une gloire immense
Seront ton
héritage à jamais !
Rossiya –
svyashchennaya nasha derzhava,
Rossiya – lyubimaya
nasha strana.
Moguchaya volya,
velikaya slava –
Tvoio dostoyanye na
vse vremena !
[Refrain]
Sois
glorieuse, ô notre libre Patrie,
Alliance éternelle de peuples frères !
Sagesse ancestrale de notre peuple !
Sois glorieux, ô notre pays ! Nous
sommes fiers de toi !
Slav’sya,
Otechestvo nashe svobodnoye,
Bratskih narodov
soyuz vekovoi,
Predkami dannaya mudrost’ narodnaya !
Slav’sya, strana ! My gordimsya
toboi !
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