Opinion
« Israël » n'est
pas éternel mais une entité éphémère
qui
disparaîtra
Dr Ramadan Shallah
Dr Ramadan
Shallah
Vendredi 5 octobre
2012 A l’occasion de la commémoration de
la fondation du mouvement du Jihad
islamique, il y a 31 ans, et du
début de la lutte armée il y a 25
ans et du martyre du fondateur du
mouvement, dr. Fathi Shiqaqi, il y a
19 ans, assassiné par le Mossad, à
Malte, le mouvement du Jihad
islamique a organisé un
rassemblement central dans la ville
de Gaza, place al-Katiba, où plus de
cent mille Palestiniens, jeunes et
moins jeunes, femmes et hommes,
combattants, employés, ou étudiants,
se sont dirigés pour affirmer le
choix de la résistance à
l’occupation. Dr. Ramadan Shallah,
secrétaire général du mouvement a
prononcé ce discours stratégique,
dans lequel il a remis en cause la
voie des négociations et l’illusion
d’un Etat palestinien obtenu à
partir d’un vote à l’ONU, tout comme
il a critiqué la coordination
sécuritaire avec l’ennemi sioniste
et l’état de trêve interminable,
pour affirmer la nécessité d’une
stratégie de lutte et de résistance,
qui tienne compte de l’ensemble de
la Palestine comme de l’ensemble de
la nation arabo-islamique, équation
résumée dans le slogan du
rassemblement : « toute la Palestine
pour toute la nation ». Ci-joint le texte du discours (4
octobre 2012) Au nom de Dieu, le Clément, le
Miséricordieux Louanges à Dieu, Celui qui brise les
puissants et avilit les arrogants.
Prières et paix sur le prophète de
la miséricorde et le guide des
combattants, notre maître Mohammad,
et sur sa famille et tous ses
compagnons. Aux nobles foules, aux fils de notre
peuple et de notre terre, répartis
dans le monde Je vous salue tous, que le salut de
Dieu, Sa miséricorde et Sa
bénédiction soient sur vous Au cours de cette commémoration du
mouvement du Jihad islamique, celle
de sa fondation, du début de sa
lutte armée bénie et du martyre de
son fondateur, Fathi Shiqaqi,
j’adresse les salutations à son âme
pure, et aux âmes de tous les
martyrs généreux, qui tombèrent en
défendant la nation, et sa première
cause sacrée, la Palestine. Mes
salutations vont également aux
prisonniers courageux, dont la
lumière de leur persévérance et
ténacité nous inonde tous les jours. Mes salutations à tous les
combattants qui empoignent les
braises et qui s’accrochent à
poursuivre la voie de la lutte
(jihad), malgré les difficultés et
les défis, malgré le maigre soutien
et le long trajet. Salutations à
vous, qui avez emprunté la voie du
jihad, le jour du jihad, et je vous
souhaite une bonne année, une année
bénéfique où la lutte et la
résistance seront bénéfiques, et où
la Palestine et la nation seront
dans un état satisfaisant, si Dieu
le veut. Chers frères, chères sœurs,
En cette occasion, et loin des
slogans et des émotions, je vous le
dis : la cause de la Palestine est
aujourd’hui dans une des étapes les
plus graves et les complexes de son
histoire, soit, en d’autres termes,
elle affronte une tentative de
liquidation totale. Suite à cette
description, il est nécessaire de
procéder à un examen global et à un
compte de l’ensemble de la situation
palestinienne, ce qui ne peut être
fait à présent, à cause du manque de
temps. Pour cela, je me contenterai
dans cette allocution de cerner
quelques points, répartis sur deux
axes : l’axe palestinien et l’axe
arabo-islamique. Premièrement : l’axe palestinien Il est clair que le projet national
palestinien qui a été défini et
réduit à la formation d’un Etat
palestinien sur les frontières de
1967, à travers le choix du
règlement et des négociations, est
arrivé à une impasse, ou même
terminé. Plus personne ne discute du
fait que le processus de règlement a
subi un échec cuisant. Ce qui
signifie, en toute clarté, que nous
avons besoin d’élaborer un projet
national et de reconstruire un
mouvement national. Le premier pas
dans ce processus d’élaboration du
projet national palestinien consiste
à nous mettre d’accord sur le
contenu de ce projet et sur sa
définition. Quelles doivent être ses
bases et ses références ? Quelle est
son identité ? Quels sont ses buts ?
Quelles sont ses composantes et ses
institutions ? Quel est son
programme politique ? Quelles sont
ses possibilités, ses alliances et
quel est son horizon ? En résumé, il
est demandé de reconstruire le
projet national selon une stratégie
nationale, globale et unifiante,
pour réaliser ce projet. Sinon, tout
autre projet n’est que vanité et
tromperie de soi-même et même une
mystification. Bien sûr, nous les
Palestiniens, nous nous sommes dupés
les uns les autres, et nous nous
sommes même punis avant de punir les
autres !! La division actuelle de la
scène palestinienne n’est-elle pas
une manifestation de cette
auto-punition ? Mais la punition la
plus dure est l’insistance à
poursuivre le chemin erroné et
l’orientation erronée, jusqu’à ce
que la politique palestinienne
atteigne le stade du somnambulisme
!! Dans le discours de la présidence
aux Nations-Unies, et ceci n’est pas
une polémique, celui qui a entendu
les préambules du discours et les
amères accusations contre Israël et
ses crimes, telles que la
colonisation, la judaïsation de la
terre et de l’humain, les violations
d’al-Quds et des lieux saints, tous
les gens généreux qui ont entendu ce
discours ont pensé que nous allions
emprunter une autre voie ou une
nouvelle stratégie. Mais que le
résultat soit une main tendue à
Israël qui menace cette main, qui
lie cette main ou qui mord cette
main, ou qui la coupe du matin au
soir, ceci n’est pas la solution, et
ce n’est pas ce qu’attend notre
peuple sinistré en Cisjordanie et à
Gaza, ou dans les régions occupées
en 48, ou en exil. La solution n’est
pas de tendre la main à Israël et à
refuser de la tendre à l’intérieur
palestinien, quelles que soient les
circonstances. Certainement, la situation
palestinienne se retrouve dans son
ensemble dans une grande impasse, et
cette impasse reflète l’échec du
projet national palestinien, réduit
à la Palestine dans les frontières
de 1967, à réaliser son objectif, la
formation d’un Etat palestinien
indépendant. La solution à cette
impasse ne consiste pas à insister
dans la voie des négociations, après
19 années d’échec et de piétinement
dans un cercle infructueux. La
solution n’est pas, comme le
proposent certains, de bâtir des
institutions avant de proclamer un
Etat sous occupation ! Dans les
équations politiques internationales
et les rapports de force entre
nations, ces paroles vaines n’ont
aucune valeur, mais suscitent la
dérision car les Etats ne peuvent
être offerts, ils sont arrachés par
le sang et les sacrifices. La solution à l’impasse n’est pas
d’organiser des élections sous
l’occupation, comme c’est le cas des
élections municipales en
Cisjordanie, ceci n’aboutit qu’à
consacrer la division et approfondir
l’impasse. La solution n’est pas
d’insister sur le rejet de la
violence, et cela veut dire le rejet
de la résistance, ou la fuite vers
ce qui s’appelle la résistance
populaire, qui signifie la
résistance pacifique ou civile, ce
qui est une façon de ruser pour
rejeter la résistance armée… Nous,
au mouvement du Jihad islamique,
nous sommes avec toutes les formes
de résistance, mais nous refusons
l’interdiction ou l’écart de la
résistance armée du programme de la
lutte nationale palestinienne. Oui,
nous pouvons nous entendre sur une
trêve, mais que cette trêve devienne
gratuite ou illimitée représente un
danger pour la résistance et la
cause. Nous tous, et de manière
responsable, nous sommes sollicités
à revoir cette politique. Mais que
l’esprit de la résistance s’évapore
entre la coordination sécuritaire en
Cisjordanie, et l’engagement
volontaire à cesser la résistance à
Gaza, cela s’éloigne de l’intérêt
national ! La solution à l’impasse
palestinienne n’est pas de
s’accrocher au pouvoir d’Oslo (les
accords d’Oslo) qui est devenu une
couverture à l’occupation, et une
alternative catastrophique au projet
national, devenant même pour
certains le projet national, et
pourquoi pas une alternative à la
Palestine ?!! La solution n’est pas de monopoliser
l’OLP et de fuir l’échéance de sa
reconstruction, en disant qu’elle ne
peut être partagée en deux, alors
qu’elle doit pouvoir rassembler tous
les fils et toutes les forces du
peuple palestinien, afin d’être le
cadre rassembleur et représentant
véritable de tous. La solution n’est
pas de réduire la cause nationale à
la réconciliation, et même si elle
est arrêtée pour toutes sortes de
raisons, tout est alors arrêté, tout
l’ensemble palestinien souffre
d’inaction, de paralysie, dans
l’attente de l’inconnu ! Et finalement, la solution n’est pas
d’accourir pour adopter le but que
le projet national a échoué à
réaliser, qui est la formation d’un
Etat palestinien dans les frontières
de 67, pour manifester son réalisme
et sa modération. Dans le cadre des
rapports de forces actuels, cette
solution est irréaliste et
impossible, et ce qu’Israël a refusé
de donner à l’équipe d’Oslo, il ne
le donnera à aucun autre
Palestinien, même s’il multiplie les
concessions et les reculs, car la
nature de cette entité ne le permet
tout simplement pas. Donc, quelle est la solution ?
Personne ne possède une formule
miracle de la solution, mais nous
disons que la seule issue disponible
aujourd’hui est la reconstruction du
projet national palestinien, afin
qu’il retrouve les débuts de la
lutte palestinienne, de rehausser le
niveau des revendications de ce
projet, afin qu’il parvienne au
niveau du droit palestinien qu’il
doit exprimer, et par conséquent,
afin que le projet national
palestinien revienne à ce qu’il
était, depuis la nakba, soit « toute
la Palestine », et non pas la
Cisjordanie et Gaza. Si nous tenons
compte de la dimension arabe et
musulmane et du droit de la nation
sur la Palestine, qui est la
première qibla des musulmans et le
lieu que leur prophète a visité, il
faut que le slogan soit « toute la
Palestine pour toute la nation »,
qui est le slogan de notre
rassemblement aujourd’hui. Nous
posons, ainsi, l’ensemble, les
Palestiniens, les Arabes, les
musulmans et le monde devant leur
responsabilité. Deuxièmement : l’axe arabo-musulman Face aux événements et révolutions
dans la région, il semble que ce qui
a été nommé « printemps arabe » est
une arme à double tranchant envers
la Palestine : la première est
négative, et concerne les
préoccupations éloignées de la
Palestine, ce qui accorde à Israël
l’occasion de faire ce qui lui
plaît, et de concrétiser ses plans
d’attaque et imposer de nouvelles
réalités sur le terrain. Quant au
second tranchant, positif, il s’agit
de l’espoir suscité par les
révolutions des peuples pour
soutenir et appuyer la cause de la
Palestine. Quel laps de temps
faut-il pour que cela arrive ? Dieu
Seul le sait ! Il est clair, et dans les meilleurs
des cas, que la Palestine est «
reportée », et nous ne disons pas «
annulée » dans les programmes des
nouveaux régimes et gouvernements,
issus du « printemps arabe ». Mais
jusqu’à quand ce report ?! Jusqu’à
ce qu’Israël avale le dernier mètre
de la terre et judaïse le dernier
carré dans al-Quds, sans que les
Arabes et les musulmans ne les
défendent ?!
Nous ne nous attendons pas, et nous
ne demandons à personne de déclarer
demain la guerre contre Israël en
faveur de la Palestine, même si cela
est un devoir, mais nous disons que
vous pouvez mener une bataille
politique en faveur d’al-Quds et de
la mosquée al-Aqsa, qui risque de
s’effondrer à cause des excavations
souterraines, menées en vue de
construire le temple présumé ! Aucun gouverneur arabe ou musulman,
et ni les peuples, ne doivent se
taire face aux incursions des
groupes juifs dans la mosquée al-Aqsa
pour y prier, et ils sont en train
de planifier son partage, comme ils
l’ont fait pour la mosquée Ibrahimie
dans al-Khalil. C’est alors que nous abordons
l’histoire du film malfaisant envers
notre prophète, Mohmmad, que les
prières de Dieu soient sur lui, et
envers notre religion. Beaucoup de
paroles ont été dites à propos de ce
film, mais il faut ajouter que ceux
qui ont produit cet acte d’une
grande bassesse avaient pour
objectif principal, entre autres,
d’en faire un ballon d’essai, et à
habituer les musulmans à accepter
l’humiliation de leurs symboles
religieux et leurs lieux saints,
sans susciter leur colère ou leur
révolte. Il s’agit, en cela, de
préparer le crime de la destruction
de la mosquée al-Aqsa, qu’ils
envisagent. Si le crime de
l’humiliation du prophète passe, il
est naturel que le crime de la
destruction de la mosquée al-Aqsa
passe également. C’est ce que
préparent les sionistes à partir du
film malfaisant envers le prophète,
que la paix soit sur lui. Quant à la poursuite du siège, la
fermeture des voies de passage et
les souffrances du peuple
palestinien à Gaza, depuis les
révolutions arabes, ceci est en
rapport avec le peuple frère
d’Egypte. La situation,
malheureusement, et en un seul mot,
n’est pas meilleure qu’elle ne
l’était avant la révolution, elle
est même, dans certains aspects,
plus difficile ou pire, comme l’ont
exprimé les frères responsables du
pouvoir à Gaza ! Nous ne voulons faire porter
l’insupportable ni à une personne ni
à un pays, et nous réalisons que le
legs laissé par les régimes
autoritaires est lourd, très lourd,
mais nous rappelons à ces régimes
issus du printemps arabe que s’ils
ignorent la Palestine, et
l’abandonnent, le jour viendra où
les masses qui se sont révoltées
pour leur liberté se révolteront à
nouveau pour questionner leur
nouveaux gouverneurs à propos de la
Palestine, qu’avez-vous fait pour la
Palestine ?
Concernant la situation arabe, la
tragédie syrienne reste l’événement
le plus important. Pour résumer, il
faut dire que ce qui se passe en
Syrie ensanglante les cœurs, mais
quiconque observe cet écoulement de
sang douloureux et cette blessure
ouverte, sait que la voie de la
solution militaire est fermée, dans
tous les sens. Il n’y a d’autre
issue à cette épreuve que la
solution politique qui préserve le
sang et satisfasse les
revendications et ambitions du
peuple syrien, sa liberté et sa
dignité, et qui protège l’unité de
la Syrie, son sol et son peuple, et
assure le maintien de son soutien et
son appui à la résistance et à la
Palestine. Chers frères, chères sœurs Les événements qui se déroulent dans
la région, les menaces qui pèsent
sur l’avenir de notre cause, ne
peuvent supporter l’attentisme et
l’inaction de la scène
palestinienne. Il nous faut prendre
l’initiative et lancer un dialogue
national global pour élaborer une
nouvelle stratégie qui reprenne la
construction d’un projet national
palestinien sur de nouvelles bases
et avec de nouveaux objectifs, et
sur la base de la lutte (jihad) et
de la résistance. Le mouvement du
Jihad islamique tend la main à tous,
aujourd’hui, pour contribuer à
lancer ce dialogue et réaliser cette
stratégie. Nous sommes dans une course avec le
temps, et nous devons arracher nos
épines nous-mêmes ; et les appels au
secours dans les tribunes
internationales ne servent à rien,
car la conscience du monde est
morte, et ses oreilles n’entendent
pas les faibles. La branche
d’olivier levée par une main doit
être protégée par le fusil tenu par
l’autre main, sinon, les moutons des
nouveaux fils d’Israël l’avaleront,
comme le projet sioniste a avalé
notre patrie la Palestine, et nous
sommes devenus les gardiens d’Israël
et les défenseurs de sa légitimité
dans le monde !! Finalement, à l’occasion de la
commémoration du jihad et de la
résistance, de Fathi Shiqaqi, Ahmad
Yassine, Abu Ammar et Abu Ali
Mustafa, ainsi que tous les
héroïques martyrs, je vous dis :
Israël n’est pas éternel, Israël est
une entité éphémère qui disparaîtra,
selon la promesse divine disant : «
Puis lorsque échut le terme de la
seconde prédiction, c’était pour
permettre à vos ennemis de vous
accabler de malheurs, de profaner
votre temple comme ils l’avaient
fait la première fois et de tout
détruire sur leur passage ». C’est
en vérité la promesse de notre
Seigneur. C’est également ce qu’a
dit notre grand poète, le disparu
Mahmoud Darwish : « ils sont de
passage, de passage, et ils sont
éphémères. Ils n’ont pas de place
sur cette terre, même si cela dure
le temps que cela dure.. » Salutations à vous tous, en ce jour
du jihad et de la résistance. Que la
bénédiction de Dieu soit sur vous,
paix, miséricorde et bénédictions de
Dieu sur vous.
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