Communiqué
Le MRAP inquiet des dérives sécuritaires
MRAP
Mercredi 4 février 2015
Le MRAP s’inquiète des dérives
auxquelles on assiste depuis l’attentat
contre Charlie Hebdo et la prise
d’otages dans le magasin Casher :
enfants de moins de dix ans convoqués au
commissariat, un professeur de
philosophie suspendu sans qu’il sache ce
qui lui est exactement reproché, agents
municipaux suspendus pour ne pas avoir
respecté la minute de silence. En deux
semaines, 117 procédures ont été
ouvertes pour « apologie de
terrorisme ».
Si l’apologie du
terrorisme constitue bien un délit, les
pratiques policières et judiciaires qui
s’installent n’ont rien à voir
avec la pénalisation de ce délit : un
enfant de 8 ans ne sait pas ce qu’est le
« terrorisme », ne pas respecter une
minute de silence imposée ne signifie
pas une approbation du crime. Quand Jean
Marie Le Pen provoque « je ne suis
pas Charlie, je suis Charlie Martel »
est- il convoqué au commissariat ?
Nous avons été des
millions le 11 janvier pour dire «Nous
sommes Charlie » mais aussi pour
défendre la liberté de parole et de
pensée. C’est pour cette liberté que les
journalistes de Charlie Hebdo sont
morts. Le tout répressif ne fera pas
reculer le terrorisme et n’assurera pas
notre sécurité ; il ne fera
qu’accroître les fractures qui existent
dans la société française qui, comme
l’ensemble de l’Europe, est malade
de la crise, du chômage, du mal vivre,
du racisme. Il renforcera un
climat délétère de suspicion et de rejet
d’une partie de la population et
encouragera la délation.
Le MRAP en appelle
à la raison pour sauvegarder les valeurs
de la République de liberté et de
fraternité.
Paris, le 4 février
2015
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