Samedi 25 juin
2011
Près de Six mois se sont écoulés
depuis la révolution ; beaucoup de
choses ont changé et notamment la
réappropriation de l’espace public
par les citoyens et une parole libre
retrouvée pour un peuple.
Cependant, l’audiovisuel est
toujours accaparé par les mêmes
monopoles mis en place par la
volonté de l’ancien président ; les
médias alternatifs qui ont combattu
cet appareil et contribué à le
discréditer, en payant le prix fort,
demeurent rejetés hors de l’espace
médiatique légal, près de six mois
après la victoire de la révolution.
Ce paradoxe n’est pas le fait du
hasard. De solides résistances
concourent à entraver la
métamorphose de l’audiovisuel, dont
l’ouverture aux médias indépendants
constitue la pierre angulaire.
La scène publique a vu apparaître
près de 90 nouveaux partis
politiques ; mais AUCUN média
audiovisuel ! Nous avons tous salué
la mise en place, il y a trois mois,
de la nouvelle instance de réforme
de l’information et de la
communication (INRIC) qui compte
parmi ses membres de remarquables
défenseurs de la liberté
d’expression.
Elle a déçu en refusant l’appui
rapide, franc et précis qu’on
attendait d’elle, en cette période
transitoire qui configurera le futur
de notre pays.
Elle justifie cette inertie en
mettant en avant un louable «souci
d’équité», ainsi que la nécessité de
mettre en place un minimum de
critères pour pallier le vide
juridique.
Voilà près de 6 mois que Kalima
attend qu’enfin l’injustice du déni
de licence subie sous Ben Ali soit
levée ; voilà près de 2 mois que le
Premier ministre avait promis de le
lui délivrer dans 3 jours ; voilà 2
mois que l’INRIC devait rendre ce «
précieux » avis qui ne vient
toujours pas.
Après avoir édicté par voie de
presse et de façon arbitraire une
liste de conditions auxquelles la
direction de Kalima devait répondre,
à l’exception des radios qui ont
bénéficié des privilèges de l’ancien
régime - conditions auxquelles la
direction de Kalima a répondu
amplement – nous avons appris par
voie de presse que la réponse finale
serait communiquée au plus tard le 3
juin.
Voilà 20 jours que ce délai est
dépassé, sans que l’INRIC ou le
Premier ministère, ne ressentent le
besoin de s’expliquer sur ce
silence.
Tout ces mois passés à attendre la «
manne céleste » ont coûté à la radio
une perte en audience, une perte en
ressources financières et éprouvé le
moral des journalistes, notamment
ceux exerçant dans les régions, qui
ne sont pas en mesure d’expliquer à
ceux qu’ils interviewent pourquoi
ils ne sont pas en mesure d’écouter
leur reportage en tournant le bouton
de leur radio!
La société qui a été constituée est
toujours en instance et le compte
bancaire de la radio toujours
bloqué, attendant la « fameuse
licence ».
Les contrats des journalistes et
techniciens ainsi que leur
inscription à la sécurité sociale
sont toujours suspendus en attendant
la licence !
Certains nous ont même discrètement
« conseillés » d’utiliser des
fréquences pirates ! Nous leur
répondons que nous n’accepterons
jamais de recourir aux voies
illégales, ça serait une insulte à
la Révolution tunisienne !
Au contraire, notre combat pour la
légalité et pour que Kalima et
toutes les radios libres soient
reconnues et disposent de
fréquences, est un combat pour que
les objectifs de la révolution
soient respectés et triomphent des
basses manœuvres contre
révolutionnaires.
Pour protester contre ce déni
d’existence légale, le Directeur de
Radio Kalima, Omar Mestiri, a décidé
d’entrer dans une grève de la faim
illimitée à partir du 21 juin
jusqu’à ce que le droit de Kalima
aux fréquences soit enfin reconnu.
La rédaction de Kalima