Communiqué
Référendum en Turquie : le peuple turc,
coupé en deux, porte le deuil de la
démocratie
EÉLV
Lundi 17 avril 2017
Le peuple turc coupé en deux
entérine la victoire d’Erdoğan tout en
exprimant une profonde fracture au sein
de la société en Turquie. EELV demande
la suspension de l’accord de coopération
UE-Turquie et la fin de l’accord sur les
réfugié-es.
Depuis des années,
la Turquie s’enfonce dans l’autocratie.
La tentative de coup d’Etat du 15
juillet 2016 en Turquie est devenue un
prétexte supplémentaire à la mise en
œuvre d’une répression, d’une propagande
et d’une désinformation sans précédent
contre l’ensemble des opposant-es au
gouvernement d’Erdoğan et de son parti,
l’AKP.
Plusieurs dizaines
de milliers de personnes ont été
arrêtées en raison de leurs opinions,
dont des maires, des élu-es, des
fonctionnaires, des magistrat-es, des
militaires, des enseignant-es, des
chercheur-es, suspendu-es ou limogé-es,
des centaines de milliers de citoyen-nes
ont été sujet à des enquêtes ou à des
jugements hâtifs sans motifs fondés et
le pays vit une recrudescence des
violences, dont des meurtres envers les
opposant-es. Des députés du parti kurde
HDP, ainsi que des journalistes
d’opposition sont actuellement détenu-es.
174 médias sont fermés, la liberté
d’expression est muselée et 231
journalistes sont en détention. 98 000
personnes sont actuellement détenues
dans les geôles turque suite aux purges.
Le référendum tenu
ce jour, visant à transférer
l’intégralité des pouvoirs exécutifs au
Président de la Turquie, en supprimant
les contre-pouvoirs et en lui laissant
toute latitude pour nommer les
ministres, les juges et les
fonctionnaires, constitue une nouvelle
étape dans l’autoritarisme, qui ferait
de la Turquie une dictature
constitutionnelle.
Les résultats
sortis des urnes, avec le soupçon de
trucages en faveur du oui, montrent que
la société turque a su résister. De
grandes villes comme Istanbul, Smyrne,
Ankara ou Izmir ont voté contre et
pourtant la première est la ville dont
Erdoğan a été maire de 1994 à 1998. La
Thrace, la côte égéenne, le sud, et
certaines villes de l’est à importante
population kurde, des villes habitées
par des Alevis ont opté pour le non à
plus de 48,76%, tandis que le centre de
l’Anatolie et le nord ainsi que le
sud-est, soutiens de l’islam rigoriste
mis en marche par Erdoğan, ont voté oui
à 51,23%.
Loin du
raz-de-marée escompté par Erdoğan, la
faible avance du “oui” révèle les
divisions qui minent les populations sur
le modèle de société qu’il propose.
La vigueur du “non”, qui arrive
quasiment au coude à coude avec le
“oui’, relève de la résistance déployée
en silence sous la répression du régime
après la tentative de coup d’Etat est
réelle et démontre que l’attente de
démocratie est encore bien ancrée en
Turquie. Dans son discours de
dimanche soir, le Président s’est
d’ailleurs montré moins provocateur que
d’habitude, probablement par crainte
d’affrontements. Les forces
démocratiques exprimées, qui inquiètent
manifestement Erdoğan, doivent être
soutenues par les forces démocratiques
en dehors du pays, dont la France.
Europe Ecologie
– Les Verts rappelle que la Turquie a
toute sa place dans l’Union européenne,
dès lors qu’elle respecte les principes
fondamentaux de la démocratie et les
applique. Avec l’établissement d’un
régime autocratique défiant l’Occident,
Erdoğan choisit toutefois une voie
différente, plus proche du régime de
Vladimir Poutine que d’une alliance avec
l’UE. Tout accord de coopération
entre l’Union européenne et la Turquie
devrait être suspendu jusqu’au
rétablissement de l’Etat de droit et la
libération des opposant-es et des
personnes injustement arrêté-es ou
démis-es de leurs fonctions. Une
solution rapide devrait être également
trouvée au conflit turco-kurde.
Enfin, l’Union
européenne doit cesser de répondre au
chantage de la Turquie sur l’accueil des
réfugié-es : il est plus que jamais
nécessaire de mettre fin à l’accord
UE-Turquie en la matière, et de cesser
de considérer la Turquie comme un état
sûr pour les populations forcées de fuir
leur pays d’origine.
Julien Bayou et
Sandra Regol, porte-parole
Maire Toussaint, déléguée à l’Europe
Esther Benbassa, sénatrice du
Val-de-Marne
Le sommaire
des communiqués
Le dossier
Turquie
Les dernières mises à jour
|