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Appels urgents
Ça ne se passera pas comme ça
Pourquoi nous devons libérer les incarcérés de Villiers-le-Bel
Mardi 27 avril 2010
Le 21 juin prochain, ce ne sera pas l'été, ce ne sera pas la
fête de la
Musique; ce sera l'ouverture du procès de nos amis, de nos
frères. Quatre
de Villiers-le-Bel devront répondre de l'accusation d'avoir tiré
à la
chevrotine sur la police durant les émeutes de novembre 2007. Le
scénario
est déjà écrit : après l'opération de communication de février
2008 - 1500
hommes en armes dans la cité avec journalistes embarqués -,
après les «
sanctions exemplaires » exigées par Sarkozy, après les
condamnations
démesurées des émeutiers au printemps dernier - 3 ans ferme pour
jet de
pierre -, ce sera le procès de la « banlieue-tueuse-de-flics »,
chargé de
réconcilier le pouvoir avec l'électorat du Front National et
tous les
flippés de France.
On négligera que les deux seuls morts dans cette affaire, ce
sont Lakhamy
et Moushin, deux adolescents tués dans un curieux « accident »
avec une
voiture de police. On fera semblant d'oublier que les secours à
peine
arrivés, un porte-parole du ministère de l'Intérieur annonçait
déjà aux
médias que les policiers n'étaient pour rien dans ces morts. On
évitera
bien d'évoquer que c'est le déferlement de cars pleins de CRS
sur la cité
qui a déclenché l'émeute. Puisqu'il faut des «coupables» sur qui
déchaîner
la vengeance de l'Etat, il faut un procès, un procès pour
l'exemple. En
l'absence de la moindre preuve, ce sera un procès de
témoignages, ce sera
parole de flics et de délateurs anonymes rémunérés contre parole
de «
jeunes », devant un jury d'assises.
Jusqu'à la mort de Lakhamy et Moushin, Villiers-Le-Bel, c'était
une
petite ville discrète du Val d'Oise - la gare, la Cerisaie, la
ZAC, le
PLM, les Carreaux, les Burteaux... Depuis les émeutes, Villiers,
ce n'est
plus une ville, c'est un symbole, un enjeu, un fantasme. Le
pouvoir y
projette toutes ses angoisses sécuritaires, et d'abord sa
crainte qu'à
l'occupation policière des quartiers réponde l'émeute organisée,
que ceux
que l'on braque au flashball depuis dix ans finissent par mettre
les flics
dans le viseur. Chaque soir de l'année, les boulevards de
Villiers ne sont
plus qu'un ballet des différents corps de police - UTEQ, gardes
mobiles,
CRS, BAC, etc. -, en attendant l'inauguration du nouveau
commissariat de
360 hommes. C'est une expérimentation où l'on cherche à
déterminer le
niveau de pression policière, de provocations que peut supporter
un
quartier sans exploser. La sensation, ici, ce n'est pas de vivre
en marge
de la société, mais dans le laboratoire de son futur. S'il y a
dans
l'avenir proche un risque de soulèvement, ce qui est sûr c'est
que c'est à
Villiers que le pouvoir s'entraîne à le gérer. N'importe qui se
promène
ici dans la rue après 17 heures comprend: L'Etat et ses
patrouilles de
Robocops façon Gaza ne cherchent pas à ramener l'ordre là où
régnerait le
désordre, mais à provoquer le désordre au bon moment pour
pouvoir être vu
comme ceux qui ramènent l'ordre, quand s'approchent les
élections.
En vérité, cette société est devenue si incapable de dire
positivement ce
qu'elle est ni ce qu'elle veut, qu'elle ne sait plus se définir
que contre
la banlieue. C'est pourquoi le pouvoir veut faire du procès de
Maka et des
autres le procès des « tueurs de flics » : pour souder autour de
lui une
société en perdition. Nos amis n'ont pas à payer pour cette
perdition, ni
pour le salut des gouvernants. Le procès qui leur est intenté ne
vise pas,
au fond, à établir la responsabilité d'actes précis, c'est le
procès d'un
événement dans son entier, et plus que d'un événement encore,
celui d'une
séquence historique. Une séquence historique qui s'est ouverte
avec la
mort de Zyed et Bouna et les émeutes de 2005, et que le pouvoir
voudrait
finir d'étouffer par un procès d'assises à grand spectacle.
Le problème, c'est que la rage et la révolte qui se sont
exprimés là ne
s'y laisseront pas étouffer. Un autre est que ces explosions-là
ont
résonné et résonnent encore dans bien d'autres coeurs que celui
des dits «
jeunes des cités ». Un autre encore est que cette nouvelle
opération
d'isolement est peut-être en passe d'échouer définitivement. Des
cloisons
se sont brisées, des mains qui se cherchaient à tâtons se sont
trouvées.
Nous en appelons à tous ceux qui ne supportent plus l'occupation
de nos
vies par la police. Nous ferons tout pour que ce procès ne soit
pas une
nouvelle occasion de légitimer cette occupation par les
désordres qu'elle
produit.
Nous refusons que nos frères payent pour les angoisses des
gouvernants.
Cela fait déjà deux ans qu'on les tient enfermés.
Nous refusons que des dizaines d'années d'emprisonnement soient
distribuées sur la base de témoignages anonymes rétribués par la
police.
Nous refusons le scénario du gouvernement. Nous avons deux mois
pour le
chambouler.
Plusieurs dates sont déjà prévues dans cette tournée de soutien
qui se
déroulera du 20 mai au 15 juin 2010. Une manifestation partira
le samedi
19 juin à 14h de la gare de Pontoise. Un programme partiel sera
rendu
public dans les semaines qui viennent.
Prenez contact avec nous. Organisez des soirées de soutien, des
débats,
des projections, des actions. Rencontrons-nous.
Comité de soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel
Collectif Respect-Vérité-Justice de Villiers-le-Bel
Pour nous soutenir financièrement (avocats et campagne de
soutien), vous
pouvez obtenir les coordonnées bancaires du collectif de soutien
de
Villiers le Bel en écrivant à :
respectveritejustice@gmail.com
Pour toute information concernant la tournée et pour communiquer
les
différentes initiatives :
www.soutien-villierslebel.com
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