Iran
Vers la paix au Proche-Orient
Thierry Meyssan
Mercredi 17 juin 2015
Pour Thierry Meyssan, la
signature probable, le 30 juin prochain,
d’un accord bilatéral entre Washington
et Téhéran —distinct de l’accord
multilatéral sur le nucléaire— devrait
apporter la paix au Proche-Orient « même
s’il aura aussi des conséquences
négatives dans la région ».
Les négociations
entre d’un côté les 5+1 (c’est-à-dire
les 5 puissances permanentes du Conseil
de sécurité + l’Allemagne) et de l’autre
l’Iran, se sont soudain transformées en
marchandage de tapis. La Russie et
l’Iran ont manifesté publiquement leur
agacement devant de nouvelles exigences
posées au dernier moment par les alliés
des États-Unis.
L’accord doit être conclu le 30 juin
et rien ne permet de penser que la
négociation pourrait se poursuivre au
delà de cette date. Il est habituel que,
dans ce genre de cas, l’un des
protagonistes tente d’obtenir quelques
avantages en profitant de la pression.
Mais il se peut aussi qu’une puissance
occidentale veuille faire échouer
l’accord.
Or, le sort du « Moyen-Orient
élargi » dépend de cet accord dans la
mesure où chacun a bien compris que le
nucléaire iranien n’est qu’un prétexte.
Après avoir répété le contraire
quotidiennement durant une décennie, les
dirigeants états-uniens ont admis que
l’Iran n’avait plus de recherche
nucléaire militaire depuis la fin de la
guerre Irak-Iran, c’est-à-dire depuis
plus d’un quart de siècle. Le président
Obama s’est publiquement référé aux
fatwas de l’imam Khomeiny et de
l’ayatollah Khamenei condamnant la bombe
atomique et toutes les armes de
destruction massive comme incompatibles
avec l’islam, et interdisant la
recherche, le stockage et l’usage de ce
type d’armement.
Dès lors, les négociations 5+1 ne
portent plus sur le fantasme d’une bombe
atomique iranienne, mais sur l’usage
militaire de techniques nucléaires
civiles. Par exemple, de même que les
États-Unis propulsent leurs porte-avions
ou la Russie ses brise-glaces avec des
moteurs nucléaires, de même l’Iran peut
utiliser des techniques nucléaires pour
des moteurs sans pour autant violer le
Traité de non-prolifération. La chose
est un peu plus compliquée avec
l’application aux nanotechnologies de
technologies nucléaires. On peut ainsi
fabriquer des bombes dont on peut
calculer à l’avance la zone d’impact au
centimètre près. C’est ce type d’arme
que les États-Unis, Israël et
l’Allemagne ont utilisé pour assassiner
Rafic Hariri, en 2005, ou faire exploser
l’hôtel Marriott d’Islamabad, en 2008.
Cette arme tactique n’existait pas au
moment de la rédaction du Traité de
non-prolifération, elle n’en représente
pas moins une technologie très avancée
dont les grandes puissances veulent
priver les autres, y compris l’Iran.
Quoi qu’il en soit, l’accord 5+1 sera
accompagné d’un accord bilatéral
États-Unis/Iran mettant fin à 37 ans de
lutte. Washington cesserait de dénoncer
la révolution de l’ayatollah Khomeiny et
de fabriquer le conflit wahhabo-chiite,
tandis que Téhéran abandonnerait sa
rhétorique contre le « Grand Satan ».
Ces accords, même s’ils auront aussi
des conséquences négatives dans la
région, se traduiront par la fin des
guerres, y compris au Liban et en Syrie,
mais peut-être pas au Yémen. Dans le cas
où ils seraient signés, l’Armée arabe
syrienne sera aidée non seulement par le
Hezbollah, mais aussi par des renforts
des Gardiens de la Révolution, pour
nettoyer le pays des mercenaires que les
Occidentaux et les monarchies du Golfe y
ont apportés sous couvert de
« révolution démocratique » pour les
premiers et de « jihad » pour les
seconds.
Cette période pourrait être plus
rapide que prévu compte tenu du
changement de gouvernement prévisible en
Turquie d’ici deux mois. De sorte que la
Syrie et le Liban pourraient retrouver
la paix et la sécurité d’ici la fin de
l’année.
Source
Al-Watan (Syrie)
Thierry
Meyssan,
Intellectuel français,
président-fondateur du
Réseau Voltaire et de la conférence
Axis for Peace. Dernier ouvrage en
français :
L’Effroyable imposture : Tome 2,
Manipulations et désinformations
(éd. JP Bertand, 2007).
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