Alahed
Le monstre se retourne contre ceux
qui croyaient pouvoir l’utiliser
Soraya Hélou
Samedi 16 juillet 2016
Une fois de plus, l’horreur frappe la
France. Une horreur sans nom et sans
limites qui choisit le jour de la fête
nationale, dans «la ville la plus
surveillée de France» ( en raison de la
multiplication des caméras de
surveillance à Nice) pour tuer des
innocents venus regarder le feu
d’artifice, sur la «Promenade des
Anglais», une corniche maritime célèbre
dans le monde entier. Le monde entier
est frappé de stupeur, à la fois par le
grand nombre de victimes (84 morts et 60
blessés dont certains graves), et par le
mélange de méchanceté et de simplicité
de l’odieux crime. Les forces de
sécurité françaises avaient commencé à
apprendre comment déceler d’éventuels
kamikazes mais il ne leur serait jamais
venu à l’esprit d’imaginer un tel
scénario. Les terroristes parviennent en
effet à surprendre encore les services
de sécurité par leur capacité à imaginer
de nouvelles méthodes d’attaques qui
leur permettent de contourner les
mesures de sécurité.
Selon le procureur de
Paris, le coupable n’était donc pas
fiché comme ayant des tendances
radicales. Il était père de trois
enfants et semblait mener une vie
normale, malgré quelques petits délits
de droit commun. Il avait loué le grand
camion blanc, avec des papiers tout à
fait légaux, quelques jours avant le
drame et l’avait garé tranquillement
jusqu’au soir du 14 juillet où il l’a
lancé dans la foule, tuant une dizaine
d’enfants venus admirer le feu
d’artifice de la mairie à l’occasion de
la fête nationale. Les autorités
françaises ont déclaré que le chauffeur
a été tué par les tirs de la police mais
à l’intérieur du camion, il y avait de
fausses armes. Si le tueur a réussi un
tel carnage avec de fausses armes, que
se serait-il passé s’il en avait de
réelles ? Il est de plus en plus clair
que la France semble démunie face à ce
nouvel ennemi monstrueux qui la frappe
sans pitié, tout comme il frappe dans le
monde entier, aux Etats-Unis, notamment
et surtout dans les pays du Moyen
Orient, au Liban, en Syrie, en Irak, en
Turquie, au Yémen etc...Cet ennemi
montre à chaque nouvel attentat
l’étendue de son génie malfaisant et
surtout sa capacité à rebondir et à
frapper atrocement, alors qu’on croit
lui avoir porté des coups durs.
En effet, depuis quelques
mois, et surtout depuis l’intervention
russe en Syrie, le terrorisme de «Daech»
a commencé à être circonscrit. Le
territoire contrôlé par Daech en Irak et
en Syrie s’est rétréci de 40% et l’étau
se resserre autour de «ce califat»,
surtout avec les pressions exercées sur
la Turquie qui a commencé à modifier sa
position à l’égard des groupes
terroristes. Les deux fiefs de «Daech»
en Irak et en Syrie, Mossoul et Raqqa ne
sont plus aussi sûrs qu’auparavant et,
dans son habituel double jeu, l’Occident
aurait pu croire que pour l’instant, il
ne faut pas aller plus loin, puisqu’il
s’agit pour lui d’affaiblir toutes les
parties pour pouvoir imposer les
solutions qui lui conviennent. En effet,
avec le recul, les choses deviennent
plus claires. Il apparaît ainsi que «Daech»
a été créé il y a deux ans pour couper
le lien territorial établi entre Téhéran
et la Palestine, en passant par l’Irak
et la Syrie. Il s’agissait donc
essentiellement d’affaiblir l’axe de la
résistance, après avoir échoué à le
briser à travers la guerre de 2006 puis
celle de l’Irak et de la Syrie. Comme
cela avait été le cas avec «Al Qaëda»
créée pour combattre l’URSS, l’Occident
et ses alliés n’avaient pas imaginé que
le sort pouvait se retourner contre le
sorcier et il a fallu les odieux
attentats de septembre 2001 pour que les
Etats-Unis décident vraiment de lutter
contre cette organisation terroriste.
Ils ont pourtant recouru aux mêmes
méthodes pour lutter contre l’axe de la
résistance et voilà que le monstre
qu’ils ont créé se retourne contre eux.
Combien de sang innocent doit-il encore
couler pour que l’Occident reconnaisse
ses erreurs et décide enfin de lutter
réellement contre ce nouvel ennemi
encore plus féroce et barbare que le
précédent ? Cet ennemi dont la haine n’a
pas de limites ne peut plus être
combattu avec des positions ambigües. Il
faut l’identifier clairement et admettre
qu’il est capable de tout et surtout du
pire pour pouvoir le combattre. Tous les
efforts doivent être mis en commun pour
lutter contre ceux qui n’ont qu’un
objectif : frapper là où ils peuvent,
déstabiliser les sociétés et les faire
douter d’elles-mêmes pour se proposer
ensuite comme l’unique solution dans la
radicalisation extrême des esprits, sans
craindre les pertes humaines ou
matérielles, puisqu’ils veulent semer le
chaos, la mort et la peur. Il n’est plus
permis de se cacher derrière des slogans
creux et de la compassion. C’est l’heure
d’agir pour préserver le monde de cette
barbarie d’un type nouveau qui dépasse
l’imagination. De Beyrouth à Paris, de
Nice à Tripoli (Lybie), d’Orlando à
Karrada ( Bagdad), de Qaa à Damas,
d’Ankara et Istanbul à Borj el
Brajneh, c’est un même combat. Le monde
n’a pas d’autre choix que celui de le
mener. Mais il faut commencer simplement
par admettre ses erreurs.
Source :
French.alahendews
Publié le
19
juillet 2016
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